Le FMI lance-t-il des menaces en l’air?

Crise de la dette souveraine grecque: le FMI pourrait-il revenir sur son engagement de verser les fonds du plan de sauvetage?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le FMI lance-t-il des menaces en l’air?

Publié le 21 septembre 2011
- A +

Crise de la dette souveraine grecque: le FMI pourrait-il revenir sur son engagement de verser les fonds du plan de sauvetage?

Un article d’Open Europe

Il y a eu beaucoup de tergiversations au cours des dernières semaines concernant la prochaine tranche de financement devant être réglée au titre du plan de sauvetage original grec. L’UE et le FMI s’étaient engagés à payer €8 milliards à la Grèce (respectivement €5,8 Mds et €2,2 Mds) d’ici fin Septembre. Cependant, les ministres des Finances de l’eurozone ont annoncé le 16 Septembre que ce serait repoussé à début Octobre (avec les fonds libérés autour du 15 Octobre). La plupart des rapports indiquent que la Grèce a assez d’argent pour durer jusqu’à la mi-Octobre.

Mais quelles chances avons-nous que les fonds ne soient pas dilapidés?

Nous avons vu Christine Lagarde, directrice du FMI, appelant jeudi dernier à des coupes budgétaires plus importantes en Grèce et à davantage de fermeté dans la définition des conditions préalables au sauvetage. Nous avons vu l’équipe en charge d’auditer le dossier, dépêchée par l’UE, le FMI et la BCE, quitter la Grèce et laisser au gouvernement davantage de temps pour mettre en œuvre les mesures d’austérité nécessaires. Nous avons également entendu pléthore de commentaires de la part des dirigeants et des politiciens de la zone euro suggérer que si la Grèce était insolvable, les fonds seraient retenus. Cela indique qu’il existe un risque significatif que l’argent ne soit pas débloqué.

Toutefois, dans les coulisses, cela semble improbable. Nous avons déjà assisté à une situation similaire au début de l’été avec la tranche précédente, qui a conduit à la conclusion du second accord de sauvetage. Dans une certaine mesure, le dévoiement cette fois-ci est moins important, puisque le FMI ne peut pas se plaindre que le financement à long terme n’est pas assuré dans la mesure où il a contribué à forger ce second accord de sauvetage — en réalité nous savons tous que la Grèce fera défaut et que le second plan de sauvetage ne sera pas suffisant mais nous nous plaçons ici dans la perspective de l’UE et du FMI. La Grèce a déjà accepté de prélever un nouvel impôt de solidarité sur la propriété, qui, selon ce qui est prévu, devrait couvrir tous les trous budgétaires pour le reste de l’année. Encore une fois, en réalité, cela est peu crédible de la part d’un pays qui échoue par ailleurs à collecter les impôts de façon efficace (notamment les impôts fonciers), mais cela semble être suffisant pour apaiser les technocrates européens, qui ont déjà l’air désireux de terminer l’audit et de disperser les fonds.

La part des fonds en provenance de l’eurozone devrait être assurée. De son côté, le FMI semble tenir bon, mais en réalité c’est certainement plus une stratégie de négociation pour obtenir davantage de concessions qu’un blocage à part entière à propos de la solvabilité du pays (bien que le FMI perde clairement patience avec la Grèce – cf. son hésitation à s’impliquer dans le second plan de sauvetage). Même si le FMI n’apportait pas sa contribution, l’UE pourrait encore payer sa part et choisir de couvrir celle du FMI. La Banque Centrale grecque pourrait aussi s’abreuver de liquidités via le système bancaire grâce à l’Assistance d’Urgence à la Liquidité (ELA en anglais – Emergency Liquidity Assistance), qui peut être utilisée pour acheter quelques dettes à court terme de l’État grec. Il y a donc encore quelques options.

En tout cas, le laps de temps qu’il reste pour l’UE et le FMI est trop court pour prévoir une procédure de défaut de paiement pour la Grèce – et, tant pour l’une que pour l’autre, accepter un défaut de façon désordonnée serait incroyablement douloureux.

Il y a de nombreux facteurs qui pourraient précipiter la Grèce dans une situation de défaut de paiement (un effondrement du secteur bancaire, une extension des problèmes sociaux, etc.), mais en ce moment, le fait de ne pas dilapider des fonds de sauvetage, ce qui ne ressemble pas aux pratiques de l’Union européenne ou du FMI, pourrait être l’un d’entre eux (nous sommes évidemment d’accord avec l’idée que la Grèce finira par faire défaut). Que ces fonds parviennent à temps et en montant suffisant pour que la Grèce puisse tenir jusqu’à la prochaine tranche de Décembre reste encore à voir…

—-
Sur le web.

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
Après un contentieux de sept ans avec Bruxelles, la Pologne prend les commandes du Conseil de l’UE sous de bons auspices

 La Pologne est aujourd’hui un pays phare de l’Europe. Trente-cinq ans après la chute du communisme, elle semble prendre sa revanche. Ni Berlin, ni Bruxelles, ni même Moscou ne lui font peur. Elle est parvenue à retrouver une voix libre et autonome. N’était son rôle majeur aux frontières du vieux continent depuis le début de la guerre entre la Russie et l’Ukraine, sa bonne santé économique s’ajoute en effet à ses atouts aux... Poursuivre la lecture

L’élection de Prabowo Subianto en Indonésie survient à un moment crucial pour l’Union européenne (UE). Alors que les tensions géopolitiques s’intensifient et que le protectionnisme gagne du terrain dans les grandes économies comme la Chine et les États-Unis, l’UE est en quête de nouvelles alliances. Dans ce contexte, renforcer les liens avec le Sud global, et en particulier avec les pays d’Asie du Sud-Est, devient une nécessité stratégique. Certains pays européens l'ont bien compris, adaptant leurs politiques économiques pour promouvoir une s... Poursuivre la lecture

L’Union européenne, c’est vraiment une réussite : non seulement elle nous permet de faire l’expérience sur le sol européen d’une guerre essentiellement paisible, mais en plus, elle nous garantit une économie en croissance maîtrisée, bien à l’abri des tonitruantes innovations qui menacent régulièrement les citoyens européens de leurs bienfaits un peu trop positifs.

Ouf ! Sans les subtils efforts du commissaire Breton et de toute la Commission européenne derrière lui, les citoyens européens auraient été confrontés à l’arrivée de l’iPhone... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles