Après l’Amérique, l’Armageddon?

Une lecture mi amusée, mi sérieuse de l’ouvrage de Mark Steyn, After America: Get Ready for Armageddon

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Après l’Amérique, l’Armageddon?

Publié le 18 septembre 2011
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Une lecture mi amusée, mi sérieuse de l’ouvrage de Mark Steyn, After America: Get Ready for Armageddon, 2011.

Par Daniel Hannan, depuis Oxford, Royaume-Uni

Ne vous laissez pas avoir par son style d’écriture à l’américaine: il parle comme un anglais.

Même lorsque Mark Steyn a totalement tort, c’est un régal de le lire. En 2002 par exemple, il était parvenu à me convaincre qu’Oussama ben Laden avait été réduit en cendres par un missile américain. C’était son thème de prédilection durant de nombreuses années. Dès lors, quand ce vieux monstre fut effectivement abattu en Mai, je me suis rendu directement sur le site web de Steyn pour lire ce qu’il en disait : « J’avais déposé les armes, tout comme la femme d’Oussama à Abbottabad. »

Notez qu’il a régulièrement tort. Lors de la campagne pré-électorale de l’an 2000 aux États-Unis, lorsque tout le monde prévoyait une victoire démocrate, Steyn était tellement sûr de ses calculs qu’il avait promis d’abandonner son statut d’expert si les républicains perdaient. Combien d’éditorialistes à avoir fait de tels paris connaissez-vous? Pourtant, comme le faisait remarquer un chroniqueur de la rubrique d’opinions d’un site démocrate avec qui il collaborait : « Steyn est censé être le gars qui divertit, mais c’est effarant de noter à quel point ses prédictions se réalisent souvent. »

Si ses prédictions dans After America se réalisent, alors, comme le dit le poète, quittons tout et donnons nos vignes aux barbares (sauve qui peut !). En effet, sa thèse est qu’en gros c’est fini les beaux jours pour l’Occident. L’Europe a déjà baissé pavillon et les États-Unis sont en passe de suivre. On vit un changement d’époque qui voit le pouvoir se déplacer des démocraties occidentales vers d’effrayantes autocraties asiatiques et nous regarderons bientôt en arrière avec mélancolie la page d’histoire de 250 ans de l’empire anglo-américain qui touche aujourd’hui à sa fin. L’État Boulimique a infantilisé ses citoyens. Les travailleurs du privé seront écrasés par une nouvelle classe, financée par l’État, à l’image des Eloïs (pour ceux qui ont lu La Machine à explorer le temps d’HG Wells, ouvrage auquel Steyn se réfère tout au long de sa publication). Les hommes deviennent inhumains, les femmes abandonnent la maternité, et nous nous retrouvons face à un irrémédiable déclin démographique. L’Europe finira par être gouvernée dans un système du genre de la Sharia, de larges parties du Sud-Ouest américain rejoindront l’Amérique Latine et d’autres États feront sécession afin de sauver ce qui peut encore l’être.

Personne d’autre ne pourrait vous faire rire comme lui lorsque vous lisez de tels malheurs. Steyn a le don de tourner des idées complexes en phrases courtes amusantes. Dans mes articles, je lutte depuis des années pour faire comprendre que les politiciens qui parlent d’équité ne veulent pas dire égalité de traitement, ou de justice, ou de quoi que ce soit mais bien montrer, avec votre argent, à quel point ils sont des gens biens. « L’équité », en jargon politique, signifie une forme de narcissisme. Steyn résume brillamment cette notion en onze mots: « Miroir, miroir, dis-moi qui est le plus équitable de tous? »

Bref, a-t-il raison? Sommes-nous tous foutus? Dans The Rational Optimist, Matt Ridley prétend que les livres de ce genre contiennent invariablement des erreurs. Les lecteurs aiment la morosité et un auteur qui suggère que les choses iront probablement mieux – de façon imperceptible peut-être et sans éclat mais néanmoins mieux – aura du mal à trouver un éditeur. Durant chacune des dernières décennies, il y a eu des livres à grand succès prophétisant la surpopulation, l’effondrement démographique, des virus résistant aux vaccins, des collisions d’astéroïdes, une ère glacière, un réchauffement global, la famine, la peste et la guerre. Ils ont tous eu tort. L’espérance de vie augmente effrontément, le PIB par capita continue d’augmenter, les gens prestent moins d’heures et ont un meilleur niveau de vie que ce que leurs ancêtres auraient pu imaginer comme possible. De plus, cette dernière phrase aurait pu être écrite plus ou moins n’importe quand au cours des 400 dernières années. Est-ce que les jérémiades de Steyn sont simplement un exemple de plus de ce genre de « déclinisme » à côté de la plaque?

Par certains aspects, peut-être. Le fait que les taux de natalité européens ont baissé par exemple ne veut pas nécessairement dire que l’Europe est condamnée. Bien sûr, les gens ne pourront prendre leur retraite que plus tard. Mais encore une fois, s’attendre à ce qu’un septuagénaire continue un peu plus longtemps à taper sur un clavier d’ordinateur n’est pas exactement pareil qu’avoir attendu de son grand-père septuagénaire qu’il abatte du charbon. La transition apportera de nombreuses difficultés mais, toutes choses égales par ailleurs, le ratio travailleurs-retraités reviendra finalement à sa normale. Je pourrais imaginer bien pire que le gentil déclin/retour au niveau du début du vingtième siècle de la population dans ma ville surpeuplée. Ah, dites-vous, mais ça n’arrivera pas: les espaces que nous abandonnons de par notre stérilité seront comblés par des immigrés, ce qui créera d’autres problèmes en brisant notre socle commun identitaire. C’est certainement un futur possible mais pas inévitable. Les nations insulaires contrôlent bien leurs frontières, les Japonais s’en sortent aussi.

Pour ce que ça vaut, je ne crains pas non plus la mexicanisation de la Californie. Les gens ne passent généralement pas par le chemin ardu de l’expatriation pour ensuite vouloir recréer à l’identique les conditions qu’ils viennent de fuir. Déjà au milieu du dix-neuvième siècle, des américains écrivaient des pamphlets sur le fait que les précédentes vagues d’immigrés étaient bien et dandy, mais que l’immigration future briserait l’équilibre de la mixité. Comme dit Matt Ridley, aucun écrivain ne devient plus pauvre en prédisant le pire.

Là où Mark Steyn a absolument raison malgré tout, c’est sur l’argent. Ses chiffres sur les montagnes de dettes sont vraiment terrifiants même s’ils sont servis accompagnés de plaisanteries. Les habitants des démocraties occidentales ont réduit leur vie active à une poignée de décennies, entre de longues études post graduat et une retraite anticipée. Une part de plus en plus grande de ce qu’ils gagnent durant cette courte vie active est confisquée afin de gonfler la bureaucratie d’État. Pour maintenir leur niveau de vie, les Européens et les Américains ont dû emprunter des sommes inimaginables. Leurs enfants qui ne sont pas encore nés ni même conçus devront en payer le prix.

Il est difficile de mettre en œuvre beaucoup d’optimisme Ridleyesque face à cela. Alors que Ridley démontre de façon assez convaincante qu’en général, les niveaux de vie continuent d’augmenter, il démontre également que les foyers d’innovation et de prospérité se déplacent. Les civilisations connaissent leur essor puis leur déclin. Et il y a peu de doutes quant à identifier qui est en plein essor actuellement et qui est en plein déclin.

Les jérémiades ne sont pas toutes à côté de la plaque, demandez à Jérémie. Pour rappel, voici où en est la dette britannique. Les États-Unis sont objectivement peu mieux placés. Est-ce qu’un gouvernement pourrait réduire assez ses dépenses afin d’éviter la catastrophe? En théorie, oui; en pratique, vous voulez rire?

Les civilisations atteignent généralement leur apogée lors de leurs pires moments. Comme l’affirme Steyn, une puissance sur le déclin peut être un endroit plaisant à vivre. J’ai lu son livre à Bruxelles, une ville séduisante et confortable, dont les immeubles en art-déco rappellent le bref moment impérial de la Belgique. Il est vrai qu’il s’agit également d’une ville connaissant tous les problèmes liés à une immigration non contrôlée, un État Boulimique, l’assistanat et le crime en hausse, mais cela ne devrait pas vous déranger si vous restez dans la partie fréquentée par les Eurocrates.

Tous ensembles en un endroit ignoré,
Des hordes de rennes se déplacent à travers
Des kilomètres et des kilomètres de mousse dorée,
Silencieusement et à la vitesse de l’éclair.

—-
Sur le web.
Traduction : Newbie pour Contrepoints.

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