Pour une monnaie forte !

La Suisse encore une fois, vient à notre secours.

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Pour une monnaie forte !

Publié le 7 septembre 2011
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Plaider pour une monnaie forte et, encore mieux, réputée pour telle sur la longue durée, est une entreprise difficile et nécessaire tant l’idée erronée des dévaluations réputées compétitives est ancrée dans les esprits par une propagande incessante. La Suisse encore une fois, vient à notre secours.

Un des facteurs principaux du succès suisse est l’existence d’une monnaie forte. Depuis des lustres et très régulièrement, le franc suisse se trouve réévalué dans les faits par rapport aux autres monnaies et ceci pour le bien de la richesse nationale. D’ailleurs, ces temps-ci, cela n’empêche pas des industriels suisses de protester contre une nouvelle appréciation du franc : personne ne leur reprochera de céder aux difficultés du court terme.

L’intérêt d’une monnaie forte est double. D’abord, dans la compétition mondiale, que la Suisse ne refuse pas bien au contraire, les entrepreneurs sont conduits à l’excellence à la fois dans les décisions et dans les investissements : c’est cette course à l’excellence qui crée la vraie richesse. Le petit pays est à l’origine de firmes tout à fait considérables dans le domaine pharmaceutique, dans la haute technologie ou dans d’autres domaines : ce n’est pas un hasard.

Un autre avantage est de donner aux acteurs économiques la possibilité de faire des investissements à l’étranger dans des conditions perpétuellement favorables étant donnée la force de la monnaie nationale. Là aussi, la compétitivité issue de la liberté joue un rôle et permet justement aux firmes suisses de devenir des géants mondiaux sans payer trop cher la place à conquérir. Ce point est essentiel car la richesse d’une nation repose largement sur des investissements en capital bien conduits. Un de mes livres s’intitule « Tous capitalistes ou la réponse au socialisme ».

Les dévaluations inefficaces
Il faut ajouter un point essentiel et que personne ne met en lumière. Les dévaluations pratiquées par le pouvoir politique sont immorales. Il y a bien longtemps, Moïse reçut sur le Mont Sinaï les commandements de Dieu, dont le célèbre : « Tu ne voleras pas ». Depuis ce fait historique, toutes les législations ont imposé, à la fois aux croyants et aux incroyants, le respect des contrats privés et de la propriété. Or, la dévaluation imposée par les pouvoirs politiques est une rupture de contrat et une atteinte à la propriété. Comme l’exemple de la Suisse le montre, elle est inopérante ; ceci est une conséquence de cela et ce n’est donc pas non plus un hasard. Le capitalisme réussit par ses qualités intrinsèques et aussi parce qu’il est moral, reposant sur la fiabilité des contrats.

En outre, la dévaluation revient à donner la clé de la monnaie aux politiques et c’est donc ouvrir la boite de Pandore, ceux-ci agissant selon leur bon plaisir momentané et changeant, avec toutes les combines possibles.

Ces constatations sont fort utiles dans l’actualité immédiate. En effet, beaucoup parlent de sortir de l’euro et, dans la foulée, de l’Europe avec comme argument principal le prétendu avantage de dévaluer la nouvelle monnaie. Or tenter ces sorties en pratiquant une dévaluation, serait courir droit à l’échec.

La ruine par l’euro
Nous partageons, certes, le jugement négatif sur l’euro mais pas du tout à cause de la politique de Trichet, très souvent vilipendée.

La ruine générée par l’euro est venue d’abord des formidables investissements de départ. A l’époque, j’avais montré comment ce déluge d’investissements avaient été considérablement minoré par les adorateurs de la nouvelle idole. L’argent perdu ne se retrouve jamais et, à présent, la faiblesse des économies européennes porte toujours les traces du gaspillage initial.

La ruine est venue aussi par la tendance à l’inflation. Malgré les calculs lénifiants et trafiqués de la BCE, chacun a bien l’impression que l’euro pousse à l’inflation, ne serait-ce que par le « coup de pouce » inévitable que les professionnels ont su utiliser en alignant les prix vers le haut. La fixation des parités initiales avec la monnaie de chaque pays fut une décision arbitraire ne pouvant en aucun cas correspondre à la réalité des prix consacrée partout par l’usage : il y eut nécessairement des moyennes de moyennes. Le désordre ainsi créé a facilité ces « coups de pouce ».

Vient maintenant un véritable ouragan dévastateur. Le parapluie de l’euro a permis, hélas, la poursuite de la ruine organisée par les pouvoirs successifs par le truchement des 35 heures et celui de la retraite à 60 ans, ainsi que d’autres folies ordinaires. Une monnaie indépendante aurait du subir des sanctions brutales conduisant à des révisions déchirantes. C’est à ce moment même que les statistiques officielles montrent qu’en 2009 8,2 millions de personnes, soit 13% de la population, vivaient en dessous du seuil de pauvreté. En 2008, c’était 7,84 millions et 13%. Certes, cette situation intolérable a d’autres raisons en plus de l’euro mais la coïncidence est troublante.

Des aveux officiels

Monsieur Trichet, soi-même, ne s’apercevant sans doute pas de l’aveu tragique qu’il prononçait, a déclaré, il y a deux ans, que sans l’euro la France n’aurait pas pu faire les 35 heures ! Monsieur Giscard d’Estaing a écrit, le 12 novembre 1997, dans le Herald Tribune :

« Je ne vois pas à quoi l’euro va servir sinon à perturber gravement le monde des affaires. A chaque fois que je pose la question de savoir si c’est une bonne chose de réaliser la monnaie commune, j’entends toujours la même réponse : il faut le faire parce que nous ne pouvons pas nous permettre le luxe d’être laissés de coté. Les responsables des gouvernements portugais, espagnols et italiens m’ont tous fait cette réponse, sans m’apporter la moindre explication. Je n’ai jamais entendu sur ce problème que de mauvais arguments ».

Si cette phrase condamnait le projet, cela n’a pas empêché son auteur de promouvoir l’euro quand son intérêt personnel l’y invitait !

Investissements immenses et création de foyers de pertes, la « rentabilité » est négative en quelque sorte et il est légitime de parler de ruine.

D’ailleurs, un rapport de Bruxelles, peu diffusé, vient de décrire en détail la catastrophe. Les trois premiers pays d’Europe pour la compétitivité sont la Suède, la Grande-Bretagne et le Danemark, pays en dehors de l’euro. La France, l’Allemagne et l’Autriche sont les lanternes rouges. Dans l’Euroland, l’inflation est relancée.

Pour faire bonne mesure ajoutons que la création de l’euro est le type de l’action révolutionnaire par laquelle un quarteron de politiques imposent leurs volontés propres à des millions de personnes au lieu de laisser jouer les marchés.

Elle s’inscrit fort bien dans la mise en place accélérée d’un pouvoir totalitaire mondial, à forte connotation socialiste, dont l’Europe n’est qu’un élément, et qui vise à la disparition des nations. Sortir de l’euro et, le cas échéant de l’Europe supranationale seraient des objectifs raisonnables.

Il serait indispensable que l’équipe en charge soit crédible dans la durée pour maintenir à un niveau élevé la valeur de la monnaie et, ceci, par le choix de techniques adéquates. Indépendamment de cette crédibilité personnelle, il est une autre condition. Il faut renoncer au socialisme, à ses pompes et à ses œuvres. Depuis des décennies, fausse droite et vraie gauche parlent à tort et à travers de défendre la compétitivité des entreprises. Ayant ainsi bien dit, les mêmes tirent à vue sur les entreprises, les industries, l’emploi, les propriétaires, les riches et écrabouillent la nation par leurs impôts et charges.

Beaucoup de pays ont inversé la tendance avec succès par une réduction très forte des dépenses publiques. Citons, à titre d’exemples, le Canada, la Suède, la Finlande, le Danemark.

Les proverbes chinois sont bien commodes. L’un d’entre dit « Quand le riche maigrit, le pauvre meurt de faim » !

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  • « Le parapluie de l’euro a permis, hélas, la poursuite de la ruine organisée par les pouvoirs successifs ». Cet argument est totalement hypothétique. Le franc dévalué aurait été bien plus efficace que l’euro surévalué pour atteindre cet objectif. On ne peut pas reprocher à l’euro d’être à la fois sous-évalué et surévalué.

    « La création de l’euro est le type de l’action révolutionnaire par laquelle un quarteron de politiques imposent leurs volontés propres à des millions de personnes au lieu de laisser jouer les marchés ». Bel exemple de réécriture historique de mauvaise foi, mais passons. Surtout, qu’est-ce que c’est que ce marché où s’affrontent de façon anarchique des monopoles étatiques illégitimes (les monnaies publiques) ? Où sont l’individu et l’entreprise, là dedans ? Ce « libéralisme » est le libéralisme des administrations toutes puissantes, certainement pas celui des individus.

    « Sortir de l’euro et, le cas échéant de l’Europe supranationale seraient des objectifs raisonnables. » Là, au moins, c’est clair et honnête. Que la monnaie soit forte ou faible, peu importe ! Ce qui compte avant tout, c’est de recouvrer la souveraineté fantasmée de la France. L’argument de la monnaie n’est qu’un instrument pour revenir au nationalisme le plus étroit, au souverainisme le plus obtus, celui qui nous a plongé dans les deux massacres mondiaux, celui qui in fine fonde tous les constructivismes, socialistes ou pas. C’est libéral, ça ?

    Mais au fait, si on sort de l’Europe, pourquoi donc revenir à la France ? Si on ne doit plus être « solidaires » avec les grecs ou les finlandais, qu’est-ce qui justifie de l’être plus avec des marseillais ou des lillois, des bretons ou des auvergnats ?

    • Surtout, qu’est-ce que c’est que ce marché où s’affrontent de façon anarchique des monopoles étatiques illégitimes (les monnaies publiques) ?
      -> Quitte à avoir des monnaies publiques, la concurrence c’est mieux.

      • Il n’y a aucune concurrence réelle entre les monnaies publiques. Il n’y a pas de marché là où les décisions souveraines s’imposent irrémédiablement aux investisseurs à chaque instant. Les Etats ne sont pas des acteurs économiques légitimes : on ne peut être à la fois joueur et arbitre. Quitte à avoir des monnaies publiques, autant qu’il n’y en ait qu’une seule.

  • « fausse droite et vraie gauche  »

    Même auteur et même expression stupide qui m’énerve au plus haut point, alors je vais me contenter de faire un copier-coller de ce que j’avais écrit la dernière fois:

    Et encore un texte qui présuppose que la droite française serait par nature économiquement libérale et que lorsqu’une fois au pouvoir elle met en place des politiques anti-libérale, c’est que c’est une « fausse » droite.

    Mais bon sang de bonsoir quand est-ce que ces (quelques?) libéraux là comprendront enfin que la droite française n’est PAS libérale, PAR NATURE??? C’est la même chose depuis la deuxième guerre mondiale (voire avant), combien d’années leur faudra-t-il encore pour s’en rendre compte?

    La droite française est TRADITIONNELLEMENT étatiste, dirigiste, interventionniste. Il n’y a rien à attendre d’elle pour les libéraux. RIEN.

    Allez, je le répète encore une fois: la VRAIE droite (française) n’est pas libérale, elle ne l’a pour ainsi dire jamais été, et ne le sera sans doute jamais. Elle est ANTI-libérale.

    • Exact, F. Bastiat, libéral du XIX, était progressiste (de gauche).

    • exact, mais la gauche française non plus n’est pas libérale. il n’y a RIEN à attendre d’elle non plus. Alors on fait quoi ? on boude dans un coin ?

      • Non la gauche n’est pas libérale non plus (ça se saurait!).

        Et pourquoi « faire » quelque chose? J’ai juste dit que parler de « fausse » droite quand la droite pratique une politique anti-libérale était idiot. Donc la seule chose à « faire », c’est arrêter d’utiliser cette expression.

  • Avec une même monnaie, l’Allemagne et la Grèce ont fait des choix diamétralement opposés, avec les résultats que l’on sait. Le problème n’est pas d’abord l’euro.

    Quant à savoir si la France aurait au final plus ou moins déconné si elle avait gardé le franc, chacun ira de son petit scénario, mais personne n’en saura jamais rien !

  • c’était une option, où on créait une « monnaie commune » et non « une monnaie unique » (c’est à dire une monnaie en plus des autres et non à la place des autres). A tort ou a raison, on a penser qu’une « monnaie commune » ne s’imposerait pas face aux anciennes monnaies.

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