Le libéralisme est fondamentalement moral

Pour nos contemporains, « moral » et « libéral » sont antinomiques et incompatibles. Pourtant il n’existe pas de morale sans liberté

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Le libéralisme est fondamentalement moral

Publié le 11 août 2011
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Le libéralisme récompense naturellement les bons et sanctionne les mauvais grâce à la concurrence et à la responsabilité personnelle. Le libéralisme est moral, optimiste et créateur.

Par Patrick de Casanove
Article publié en collaboration avec l’Insttut Coppet

Communication au 3e week-end de la liberté à Dax (voir les vidéos ici).

Pour nos contemporains, « moral » et « libéral » sont antinomiques et incompatibles.  Pourtant il n’existe pas de morale sans liberté. La morale de la contrainte n’existe pas ou c’est une perversion. Mais la liberté est exigeante : chacun est libre de faire ce qu’il veut avec ce qu’il a, tout en respectant tous les Droits Naturels d’autrui. Ce respect est du domaine de la Responsabilité morale Personnelle. Seule sa transgression est du domaine de la Loi.

 

Nécessité de la morale

L’Homme est un être social qui vit naturellement en groupe. Sans morale c’est impossible. Pour vivre en communauté, il faut des règles qui reposent sur le respect de l’autre. Personne ne lèse autrui ou ne le contraint. Ainsi, grâce à ces règles morales, les gens vivent ensemble et s’épanouissent paisiblement.

La morale s’applique à tous les Hommes dans leur diversité. « Il n’y a rien de plus injuste que de traiter également des choses inégales. » (Aristote)

Les hommes sont inégaux, physiquement et intellectuellement, tous ont des talents différents. Il y a égalité de chance mais pas égalité de résultat. Les inégalités économiques n’ont rien à voir avec l’injustice et l’inégalité est un puissant moteur d’amélioration sociale. L’inégalité injuste est celle où la justice impersonnelle du marché est remplacée par l’arbitraire du décideur politique.

Les Hommes sont imparfaits. Le libéral n’est pas naïf, ni aveugle. Il sait que « L’homme répugne à la Peine, à la Souffrance » et qu’ « il peut vivre et jouir en s’assimilant, en s’appropriant le produit des facultés de son semblable. De là la Spoliation », disait Bastiat. Il sait qu’il y a des bons qui respectent autrui et des mauvais qui ne le respectent pas. L’État libéral laisse faire les bons et punit les mauvais. Ce sont ses fonctions régaliennes. Mais l’État ne change pas les bons en mauvais ni les mauvais en bons. L’État socialiste sanctionne celui qui lui désobéit et récompense celui qui se soumet. Il a tendance à profiter des vices s’ils le servent.

Heureusement les Hommes sont perfectibles. L’individu doit avoir des repères, des références qui peuvent être des personnes édifiantes, des événements remarquables, des principes.

 

Les principes de la morale

La morale naturelle repose sur des principes simples :

  • Tu aimeras ton prochain : c’est la Souveraineté individuelle et la Coopération spontanée, c’est la Charité gratuite et le respect de la Personne.
  • Tu ne tueras pas : par exemple le concurrent économique, le rival politique
  • Tu ne voleras pas : par exemple les clients, les consommateurs, les actionnaires, les citoyens contribuables.
  • Tu n’envieras pas le bien d’autrui : la politique socialiste repose sur ce vice.
  • Tu ne mentiras pas : par exemple aux clients, aux consommateurs, aux actionnaires, aux collaborateurs, aux électeurs.
  • Tu honoreras ton père et ta mère : la famille est l’élément de base de la société des Hommes.

 

Le fondement objectif de la morale

La morale naturelle a des fondements universels : ce sont les Droits Naturels

  • La propriété : elle ne se limite pas au foncier. Un individu est libre quand il peut entièrement contrôler son travail et sa propriété. La morale libérale c’est le respect strict du droit de propriété « Droit inviolable et sacré ». La libre propriété permet de disposer de son bien, sans nuire au voisin. Elle permet l’échange volontaire, qui est équitable sinon il n’aurait pas lieu. La libre disposition de la propriété profite à tous, y compris aux plus humbles. La propriété protège les plus fragiles.
  • La liberté : chacun est libre de faire ce qu’il veut avec ce qu’il a. Il en supporte les coûts et les conséquences, il ne porte pas atteinte aux droits naturels d’autrui.
  • La personne, la vie : « Le bien consiste à conserver et à favoriser la vie ; le mal consiste à détruire la vie ou à l’entraver » écrit Albert Schweitzer qui pensait que le respect de la vie est le dénominateur commun susceptible d’unir toute l’humanité.

 

Les principes du libéralisme

Le libéralisme laisse agir l’intérêt personnel dans le cadre du droit naturel : c’est le puissant moteur du progrès social, et il profite à tous. Il a deux garde-fous aussi puissants :

  • La responsabilité personnelle : chaque Homme est libre et responsable de ses actes et c’est la responsabilité qui permet de progresser. L’homme s’instruit de l’expérience et de ses erreurs parce qu’il n’échappe pas à leurs conséquences.
  • La concurrence : c’est l’absence de contrainte, d’arbitraire dans les choix. C’est la justice.  C’est elle qui rend impossible les monopoles, rentes de situations et privilèges.

Le libéralisme récompense naturellement les bons et sanctionne les mauvais grâce à la concurrence et à la responsabilité personnelle.

Grâce à ces règles peu nombreuses, l’homme vit en société où s’organise une coopération spontanée qui permet la division du travail et le progrès. En vivant en société nous bénéficions de services incommensurablement supérieurs à ceux que nous pourrions produire seuls. Ils sont en telle abondance que la majorité d’entre nous nous ne pourra jamais les rendre.

La société libre est faite pour le bien de la personne. Celle-ci n’est pas faite pour être soumise à la collectivité incarnée par ses chefs, même élus. Les institutions sont bonnes dans la mesure où elles facilitent l’accomplissement de la personne. Ces institutions partent de la souveraineté de l’individu, lequel délègue librement et de manière réversible, ses pouvoirs à des groupements susceptibles d’accomplir ce qu’il ne peut accomplir au mieux lui-même. Leur pouvoir doit être strictement borné et la Propriété strictement respectée.

 

Le social est-il toujours moral ?

Pour les collectivistes, le libéralisme écraserait les plus faibles, n’aiderait pas les plus démunis. Il ne serait donc pas social et ne pourrait être moral. Ce que l’on nomme social c’est quand « la Loi prend aux uns ce qui leur appartient pour donner aux autres ce qui ne leur appartient pas », quand « la Loi accomplit, au profit d’un citoyen et au détriment des autres, un acte que ce citoyen ne pourrait accomplir lui-même sans crime ». C’est « la spoliation légale. » (Frédéric Bastiat, La Loi). La loi collectiviste est pervertie et organise la spoliation légale, c’est la fameuse « justice sociale ». Or la spoliation légale est aussi immorale que l’illégale. Ce que les socialistes appellent social, c’est soulager la misère, qu’ils ont créée, avec l’argent qu’ils ont pris à d’autres. Une société bâtie sur le vol est mortifère et condamné à l’échec dans le totalitarisme et la misère.

Le libéralisme seul incarne ces valeurs accomplies sans contraintes, donc véritablement morales. Il ne repose pas sur le vol mais la coopération. Il engendre croissance et prospérité ce qui est véritablement social. Les plus démunis existent mais sont beaucoup moins nombreux. Personne n’est à l’abri d’un problème. Pour que le groupe fonctionne chaque membre sait pouvoir compter sur l’aide de ses compagnons en cas de difficulté, et chaque individu sait qu’il est de sa responsabilité personnelle d’aider Autrui. C’est la charité libre qui est bien plus efficace que la solidarité contrainte. Elle soude la communauté humaine. La valeur humaine et la coopération spontanée préexistent à la loi.

 

Le socialisme légalise l’immoralité

Le socialisme est pessimiste. Pour lui, l’Homme est incapable et doit être pris en main par une élite éclairée. Dans sa logique, il n’est aucun domaine qui n’échappe à l’État. Il n’en est aucun où son action est une réussite. L’État se mêle de tout, mais ses fonctions régaliennes sont en déshérence. Parce que quand l’État sort de ses fonctions régaliennes il légalise l’immoralité : la spoliation légale contre la propriété, la contrainte contre la liberté, l’arbitraire contre le libre choix, la soumission contre la souveraineté de l’individu, l’irresponsabilité collective contre la responsabilité personnelle, les barrières et la guerre contre le libre échange, la contrainte et la violence contre la coopération spontanée, le mépris de l’Homme contre la dignité et la vie, la méfiance et la haine contre la confiance et la charité.

Le socialisme est matérialiste. Il ne conçoit l’homme et ses besoins que comme matériels. Il suffit de l’écouter proclamer que tous les problèmes de notre société sont liés à un manque de moyens et de règlementation. Il ne conçoit l’Homme que comme un rouage interchangeable d’une mécanique qu’il contrôle. Le facteur humain, et l’infinité des comportements humains sont niés. Les besoins spirituels ne sont acceptés que sous forme de culture d’État, ou de religion d’État. Le socialisme se fixe le bien matériel, temporel de la collectivité. Au nom de ce bien collectif, il autorise, légitime et justifie les pires atrocités et perversions. La Loi peut faire faire des choses horribles et récompenser pour cela. Même dans notre démocratie, les pensées et les opinions sont combattues par la loi. Il n’y a pas de morale d’État, pas plus qu’il n’y a de morale politique.

 

La loi ne crée pas la morale

De toute éternité, les hommes se sont battus pour la justice qui sanctionne naturellement les atteintes à la liberté, aux personnes et à la propriété. L’État ne le fait pas. La loi dit ce qui est légal, ce qui est réglementaire. La morale c’est ce qui est Juste. La loi ne crée pas la morale. C’est la morale qui doit inspirer la loi. Chacun sent qu’il y a une justice, une morale naturelle. Celle-ci a été découverte au fur et à mesure de l’évolution, elle doit être enseignée et transmise. Le vecteur de la morale c’est l’individu, le foyer de base de l’individu c’est sa famille. L’État n’a pas à se substituer à la famille.

 

Le sens véritable de la liberté : servir son prochain

Le libéralisme est moral, optimiste et créateur. Tout homme a des capacités et des talents utiles à l’Humanité. Il faut le laisser s’épanouir. Notre rôle sur cette terre est de rendre des services, matériels et immatériels, à notre prochain et ainsi de faire progresser l’humanité. Grâce à cela le plus petit, le plus misérable, le plus handicapé d’entre nous a sa place et sa dignité. Seule une société de liberté permet cela. Cette société est la seule qui ne prend en compte que la valeur de la personne, l’Homme ne se réduit pas à une masse de matière, fut elle animée. Le libéralisme n’est pas limité à l’économie. Chaque homme est unique et digne de par sa qualité d’être humain. Celui qui est très diminué et dépendant, voire est dans un coma prolongé, a un rôle, un dessein : celui de rendre l’homme meilleur. L’honneur de chacun est d’aider son prochain, donc d’être librement charitable avec tous. La charité libre permet à l’homme de sublimer son destin dans l’amour du prochain, qui est le fondement de la morale authentique.

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  • 1/ Parler de Droit Naturel, de morale naturelle me parait une position bien théologique et dangereuse, car on sanctifie quelque chose qui n’est au final qu’un construction humaine. Il y a quelques siècles nous nous sommes demandé si les femmes avaient une âme, et très récemment si elles étaient habilitées à voter. Et je ne parle pas des noirs dont l’humanité et l’égalité ont longtemps été mis en question. Preuve que le consensus sur beaucoup de points de morale n’est pas figé dans le temps, mais évolue avec le temps. Il n’y a donc pas de droit plus Naturel que d’autres, mais des droits admis comme étant fondamentaux en un lieu et à une époque.

    2/ « Pour que le groupe fonctionne chaque membre sait pouvoir compter sur l’aide de ses compagnons en cas de difficulté, et chaque individu sait qu’il est de sa responsabilité personnelle d’aider Autrui. C’est la charité libre qui est bien plus efficace que la solidarité contrainte. Elle soude la communauté humaine. La Valeur humaine et la coopération spontanée préexistent à la loi. »

    C’est un tissu de conneries. Dans une société de petite taille, effectivement les liens interpersonnels vont permettre de constituer une sorte d’assurance tacite entre les individus, permettant de pourvoir aux besoins des plus démunis par la charité.

    Mais l’évolution naturelle de cette assurance tacite, avec l’accroissement de la communauté, est bien de la transformer en assurance explicite. En effet, à une petite échelle, il est très difficile d’être « passager clandestin » d’un bien commun, et de ne pas contribuer à la charité mais de la recevoir en retour.
    Quand le « bien commun » qu’est le système d’assurance tacite prend de l’ampleur, il devient possible d’en être passager clandestin, et donc d’en tirer les fruits sans en payer le prix. Ainsi, il devient rationnellement plus rentable d’opter pour cette position, et l’augmentation du nombre de passagers clandestins fait disparaitre peu à peu le système d’assurance tacite.
    Il devient alors nécessaire de passer à un système d’assurance explicite, où chacun paye une prime pour recevoir des prestations en cas de sinistre.

    Quand on parle de sinistres ne mettant pas en jeu la survie de l’individu, on peut parfaitement comprendre que cette assurance soit facultative et librement choisie.

    Quand la vie de l’individu est menacée, il devient moralement insupportable de le laisser gérer seul son sinistre et donc probablement mourir (de faim, de maladie) parce qu’il ne s’était pas assuré, par choix ou par manque de moyens.
    Or, si un consensus se dégage pour dire qu’un malade doit être pris en charge par l’hôpital si sa vie est menacée, nourri s’il est en train de mourir de faim, personne à titre individuel n’a envie de passer régler la facture par charité quand les autres ne participent pas (ou alors le succès de votre charité impose de changer la nature humaine, ce qui me semble être une tâche difficile).
    C’est dans ce cadre qu’il devient important d’organiser une assurance obligatoire (et donc spoliatrice) pour permettre de fournir les services de charité qui nous semblent être indispensables mais auxquels nous ne souhaitons pas contribuer volontairement car ils seraient alors condamnés à l’échec par les « passagers clandestins ».

    Je ne vais pas m’étendre plus sur cet article que je trouve globalement verbeux, démagogique, utopiste, et empreint de religiosité, mais conclure par le fait qu’il existe de nombreux biens communs (ressource halieutique, assurance maladie, environnement et climat), et que pour la pérennité de ces biens communs, la seule puissance légitime à les défendre, que ce soit par la loi ou par l’impôt, est la puissance publique.
    Toute autre stratégie entrainera un développement des passagers clandestins, qui à terme condamneront ce bien commun à la disparition, au même titre que le thon rouge en Méditerranée.

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