Sous le signe du Cancer

Au Venezuela, comme à Cuba, l’échiquier politique est actuellement ouvert depuis qu’on est à analyser les scenarii de la succession de Chávez

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Hugo Chavez adressant un message à la nation, lu à La Havane, le 30 juin 2011 - Capture d'image de la télévision vénézuélienne Telesur

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Sous le signe du Cancer

Publié le 7 juillet 2011
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De la Havane, Cuba

Hugo Chavez adressant un message à la nation, lu à La Havane, le 30 juin 2011 - Capture d'image de la télévision vénézuélienne Telesur

Des millions de personnes avaient essayé de décrypter pendant plusieurs jours ce qui se passait dans la chambre d’hôpital où se trouvait Hugo Chavez, car plus que la robustesse d’un individu se joue là une partie de la déroute de cette île et de tout un projet régional dans lequel plusieurs nations sont concernées. Un tel sujet transcende ainsi la gravité d’une tumeur, la souffrance regrettable et triste d’un individu pour se transformer en un véritable bouleversement politique. La chirurgie pratiquée n’a pas seulement fouillé la chair du pensionnaire de Miraflores mais apparaît comme une blessure à travers laquelle transparait la fragilité de son action. Au Venezuela, l’échiquier politique est actuellement ouvert et on en est à analyser les scenarii de sa succession. Sur la Place de la Révolution de La Havane, les supputations sont également intenses.

Pour le gouvernement cubain, la bonne santé d’Hugo Chavez s’est érigée comme garantie de la conduite des réformes économiques au rythme et à la vitesse permettant d’en assurer le contrôle. Les 100 millions de barils de pétrole qui arrivent quotidiennement du pays d’Amérique du Sud soutiennent le processus de « perfectionnement » du système impulsé par Raoul Castro et permettent à celui-ci de gagner du temps face au mécontentement citoyen et à la pression internationale. C’est pourquoi soigner Chavez c’est pour lui préserver son assise présidentielle ; le perdre pourrait précipiter sa propre chute. Au cours des dernières semaines la hiérarchie de l’île a à nouveau connu le vertige de l’abîme dans lequel nous nous sommes enfoncés avec le démembrement de l’Union soviétique, et senti que l’on ne pourrait pas survivre à la perte d’un autre puissant allié. La vitalité du caudillo sécurise son propre futur, sa fragilité lui fait rapidement perdre un soutien.

Nous assistons également à une authentique leçon sur la fragilité des personnalismes qui devrait faire se remettre en question ceux qui copient la verticalité du système chaviste. Sans l’orateur incendiaire des forums internationaux, sans le leader aux attaques verbales quasi hebdomadaires, la région paraîtrait rapidement plus repliée et plus centrée sur elle-même. C’est comme si, dans un groupe choral, la voix du baryton qui ne permettait pas d’entendre les autres s’était subitement tue. Il ne faut pourtant pas exclure que reviennent ses discours sous le soleil, ses longues péroraisons pour démontrer qu’il est entièrement rétabli, les heures face à la caméra de son « Allo président » pour qu’on le voit en pleine santé. Hugo Chavez voudra se mettre de nouveau dans le rôle de la figure invincible mais quelque chose d’irrémédiable lui est arrivé. Quelque chose que n’avaient pas prévu ni les opposants, ni les conseillers cubains qui l’entourent, ni les exégètes qui amplifient ses idées. Quelque chose en relation avec la composition fragile de l’être humain, avec un petit détail de son anatomie qui a refusé de continuer à le seconder dans ses pompeuses campagnes.

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