Que savez-vous des listes noires du PCF?

Le PCF publia des listes de traîtres à la cause pour avoir fréquenté les mauvaises personnes ou divergé de la ligne du parti

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Listes noires du PCF

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Que savez-vous des listes noires du PCF?

Publié le 27 juin 2011
- A +

Les listes noires du Parti Communiste Français désignent les listes de noms que la direction du parti publia de 1933 à 1945. Elles y listaient les anciens militants communistes, jugés traîtres à la cause pour avoir fréquenté les mauvaises personnes ou divergé de la ligne du parti. 2.300 personnes furent inscrites sur ces listes et nombre d’entre elles furent assassinées à ce titre pendant la seconde guerre mondiale. Comme le résume Rémi Kauffer :

«Deux mille trois cents noms et 22 listes noires de supposés « traîtres » ou « provocateurs », jetés en pâture par le PCF entre 1933 et 1945. Le but, parfaite application des dogmes léninistes : mettre au pilori les « ennemis de classe » au sein du « mouvement ouvrier ». Une terreur quotidienne, qui trouvera son aboutissement pendant la Seconde Guerre mondiale, avec les « liquidations physiques » de dissidents mis dans le même sac que les collaborateurs. »
— Rémi Kauffer, Le Figaro Magazine, 14 novembre 2008

Ces listes noires étaient un des moyens utilisés par l’appareil du PCF pour montrer aux chefs de section le sort qui les attendaient s’ils sortaient du rang. Le Parti entendait explicitement écraser l’individu en lui rappelant que seul compte le Parti. Le journal L’Humanité d’écrire ainsi [1] :

«Dans notre Parti que la bataille révolutionnaire n’a pas complètement épuré du vieux fond social-démocrate, l’influence des personnalités joue encore un trop grand rôle. […] C’est dans la mesure où toutes les survivances petites-bourgeoises du « Moi » individualiste seront détruites que se formera l’anonyme cohorte de fer des blocheviks français. […] s’il veut être digne des traces glorieuses du Parti Russe, le Parti communiste Français doit briser sans faiblesse tous ceux qui, dans son sein, refuseraient de se plier à sa loi! »
— , L’Humanité, 19 juillet 1924

Elles sont également une illustration des rapports du communisme avec la trahison, comme l’ont souligné Sylvain Boulouque et Franck Liaigre dans Les Listes noires du PCF paru en 2008. Dans leurs propres mots, « la hantise du traître est constitutive de la représentation du monde telle que Lénine l’a lui-même défini. Le monde est en guerre, il n’y a que deux clans : qui n’est pas avec nous est contre nous ». Là où le libéralisme propose une société ouverte, fondée sur l’échange libre et la diversité, le modèle communiste est l’opposition guerrière dans une perspective de lutte des classes.

Ces listes ne furent plus diffusées à partir de 1945; le PCF, tenant à se présenter comme l’unique figure de la lutte antifasciste ne pouvait pas reconnaître que certains de ses membres avaient collaboré.

—-

Notes et références

  1. Tel que cité par Stéphane Courtois et Jean-Louis Panné in Le Livre noir du communisme, p.317

Bibliographie

Liens wikiberal

Lien externe

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
3
Sauvegarder cet article

François Kersaudy est un auteur, historien reconnu, spécialiste de la Deuxième Guerre mondiale et de l’histoire diplomatique. Auteur de De Gaulle et Churchill (Perrin, 2002), De Gaulle et Roosevelt (Perrin, 2004), il a aussi écrit une biographie de Churchill pour Tallandier, et une autre consacrée à Lord Mountbatten pour Payot. Il est aussi l’auteur d’ouvrages consacrés à l’Allemagne nazie.

Tout au long de Dix faces cachées du communisme, Kersaudy explore une série de dix questions variées, principalement liées aux actions de l'URSS de... Poursuivre la lecture

0
Sauvegarder cet article

Le lourd bilan humain du « socialisme réel » n’a visiblement servi à rien. Les vieux débris d’extrême gauche mêlant leurs voix aux tendres générations « insoumises » et « antifa » n’en démordent pas. Octobre 1917 fut un moment radieux. Le mythe révolutionnaire continue d’exercer sa fascination même s’il rayonne sur un cercle plus restreint qu’autrefois.

Mais au fond que s’est-il passé le 25 octobre 1917 ? Peu de choses, si on considère les événements en eux-mêmes, d’une squelettique indigence. Mais ces péripéties, médiocres en soi, dev... Poursuivre la lecture

"Il a mis une cible dans mon dos » dixit Yaël-Braun Pivet au sujet d’un tweet récent de Mélenchon dans lequel il écrivait qu’elle était partie « camper à Tel-Aviv ». La poésie made in Jean-Luc.

C’est un classique, la gauche se déchire. Au siècle dernier, le rapport de force se jouait entre gauche socialiste et communiste. La première voulait asphyxier la seconde, qui voulait garder une place chèrement acquise après la Seconde Guerre mondiale. Après le congrès d’Épinay, coup de maître de François Mitterrand, la gauche s’est unie jusqu’à... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles