Jeter de l’huile sur le feu

Les expériences économiques que l’on tente ici ont des répercussions ailleurs

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Jeter de l’huile sur le feu

Publié le 31 janvier 2011
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Par David Descoteaux.

L’Égypte pour moi, c’est encore les pyramides. Les pharaons et les parchemins. C’est loin, l’Égypte.

Je n’ai pas la prétention de pouvoir expliquer en quelques lignes ce qui se passe là-bas. Ni en Tunisie ou ailleurs en Afrique du Nord. Je laisse ça aux experts en politique internationale. Ici, on parle d’économie.

Or il se trouve que l’économie joue un rôle dans cette histoire.

Les gens se révoltent en Afrique du Nord pour la liberté, contre la dictature et la corruption. Mais si ça éclate aujourd’hui au lieu d’hier, c’est en grande partie à cause de la crise économique. À cause du chômage, de la pauvreté et des prix astronomiques de la nourriture.

On a exporté la crise

Nous avons exporté la crise économique dans ces pays. Depuis 2009, les revenus du tourisme – principal moteur économique – chutent en Égypte. Les revenus perçus par le canal de Suez, notamment, ont grandement diminué. Moins de bateaux y passent depuis deux ans.

Mais en plus d’exporter la crise à ces pays, nous sommes en train d’y exporter notre « solution » (quand je dis nous, je parle surtout des Américains). Celle d’imprimer un tas de billets de banque, en inonder la planète, et espérer que les problèmes disparaissent comme par magie.

Cette solution entraîne des effets secondaires, comme l’expliquait récemment l’analyste vedette de Wall Street, David Einhorn. D’une part, les milliards de dollars fraîchement imprimés finissent par trouver leur chemin dans les marchés des pays pauvres, et font grimper les prix. Mais surtout, quand on donne des milliards à des banquiers, on invite la spéculation. Surtout sur les matières premières. Quand l’économie va mal, parier sur une hausse du café, du blé ou du pétrole peut s’avérer plus payant que de prêter au commerce du coin.

Depuis un an et demi, le prix des céréales a grimpé de 32%, selon l’ONU. La viande : 18%. Les produits laitiers, 30%, et les huiles et gras, 43%. Dans des pays comme la Tunisie ou l’Égypte, la nourriture pèse lourd dans le panier de consommation. Une hausse du prix des denrées peut vite se transformer en drame humain, et pousser à la révolte.

Nous sommes tous liés

Bien sûr, la poussée des prix alimentaires vient d’une foule de facteurs. Hausse de la demande, sécheresses en Amérique du Sud, inondations en Australie, et autres caprices de la nature. Mais les politiques monétaires des pays développés — auxquelles on peut ajouter les plans de relance gigantesques en Chine — jettent de l’huile sur le feu.

En novembre dernier dans les pages du quotidien The Guardian, plusieurs économistes et politiciens accusaient la banque centrale américaine d’empirer la crise alimentaire avec sa politique d’« assouplissement quantitatif » — la création de 600 milliards de nouveaux dollars, à être injectés dans l’économie.

Depuis que les émeutes ont commencé, certains commentateurs vont jusqu’à dire que Ben Bernanke, le patron de la banque centrale américaine, a « du sang sur les mains ».

C’est un peu fort. Et ce serait réducteur de limiter ce qui se passe en Afrique du Nord aux politiques économiques des pays riches. Mais gardons en tête qu’en cette ère de mondialisation, nous sommes tous liés. Et les expériences économiques que l’on tente ici, en ce moment, ont des répercussions ailleurs.

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