Par Johan Rivalland
Adaptation au cinéma du roman Le Passeur, de Lois Lowry, The giver ne m’a personnellement pas déçu, bien au contraire.
La retranscription m’a semblé assez fidèle. Quelques petites adaptations, en particulier la fin, la distinguent, certes, de l’œuvre originale, mais on peut penser qu’il s’agissait pour les producteurs de rendre celle-ci plus compatible avec le grand public qui fréquente les salles, en particulier aux États-Unis j’imagine. Mais l’esprit du roman demeure intact, le thème fondamental.
La Cité Idéale
Bienvenu dans un monde qui, par bien des aspects, semble idéal. Une sorte de monde égalitaire à la Thomas More, où ni la guerre, ni la pauvreté, ni les sentiments mauvais n’existent et où tout le monde semble vivre en bonne harmonie. En quelque sorte le meilleur des mondes (certaines analogies avec le roman d’Aldous Huxley sont à noter).
Mais une telle société ne risque-t-elle pas surtout de ressembler à une sorte de monde aseptisé (à la Fahrenheit 451), où chacun occupe une fonction qui lui semble parfaitement correspondre (à l’instar de celui de Divergente, mais aussi de la Cité Idéale de Platon), un Comité des Sages ayant pris soin d’observer toute la vie de chacun (une version bien plus douce de 1984) ?
Une société régulée et sans passé
Pour y parvenir, il a été nécessaire de faire quelques concessions et de retirer à la Nature certains de ses attributs. La liberté, notamment, devient l’ennemi à abattre. L’homme est un loup pour l’homme (Hobbes) et mieux vaut la contrôler. Ici, cela semble plutôt réussi, dans la mesure où le passé n’existe plus (voir Anthem d’Ayn Rand).
Et, comme dans Les fils de l’Homme de P.D James, la vie humaine doit être régulée (les cérémonies très pacifiques de « l’élargissement », dont personne ne sait exactement, au juste, ce qu’elles signifient), ce qui évite toutes les imperfections.
C’est dans cette société harmonieuse à la Fourier ou Owen qu’un jeune garçon, Jonas (ne cherchez pas son nom de famille, celle-ci ne ressemblant pas tout à fait à ce que l’on connait), va être choisi pour devenir le dépositaire de la mémoire, le seul membre de la société qui sait comment le monde était avant.
Et il ne sait pas encore à quel point cela va le surprendre et bouleverser sa vie…
Je n’en dis pas plus. Laissez-vous guider. Un film un peu court à mon goût (le roman, sorti dans la catégorie jeunesse, l’était aussi), mais de qualité. Pour les amateurs du genre.
- The Giver, film de science-fiction américain réalisé par Phillip Noyce (sortie le 29 octobre 2014), d’après le roman de Lois Lowry,, avec Jeff Bridges, Meryl Street, Brenton Thwaites, Odeya Rush, Katie Holmes. Durée : 1h37.
À la question posée dans un roman de science-fiction :
« Que serait un monde sans émotions ? »,
libre exercice intellectuel, bien sûr, mais néanmoins un peu vain,
je préfère cette lumineuse pensée exprimée par François Jacob :
« Nous sommes faits de macromolécules… et d’émotions. »
C’est surtout une question à laquelle il est simple de répondre.
« Que serait un monde sans émotions ? »
Un monde dans lequel on n’agirait pas.
Les émotions émergent des macromolécules, lorsqu’elles sont suffisament complexes…
Que serait un monde sans émotions? Un monde dans lequel les gens seraient rationnels sans réagir par stimuli préprogrammés. On peut toujours rêver, surtout dans nos contrées…
en gros, un monde dans lequel on s’emm… ferme 🙂