Du rififi dans l’air concernant les fonds euros

Le gouverneur de la Banque de France, le président de la FFSA et le secrétaire général de l’ACPR incitent les assureurs à la prudence.

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Du rififi dans l’air concernant les fonds euros

Publié le 3 novembre 2014
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Par Thibault Doidy de Kerguelen

euro-création monétaire CC Pixabay geralt
euro-création monétaire CC Pixabay geralt

Le gouverneur de la Banque de France monte au créneau

Mardi dernier, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a fait une déclaration dans laquelle il a estimé nécessaire que les assureurs fassent baisser significativement la rémunération de leurs contrats d’assurance vie, pour prévenir le risque d’une variation importante des taux d’intérêt.

« Il est très important que les compagnies d’assurances soient capables de faire baisser leur taux de rémunération et j’attends cette année une baisse significative », a-t-il déclaré lors d’une audition devant la commission des finances du Sénat. Le gouverneur a toutefois précisé qu’il s’attendait à ce que les taux d’intérêt évoluent « en douceur ».

La version officielle de ce risque énoncé est que la persistance des taux d’intérêt bas pèse sur les compagnies d’assurances car les obligations qu’elles achètent sont moins rémunératrices, ce qui réduit leurs marges. Il y a en réalité deux autres raisons à cette annonce. La première c’est le risque que représentent ou pourraient représenter dans les mois ou les années qui viennent les obligations françaises, colonne vertébrale des fonds euros. La seconde est que les placements en unités de compte rapportent beaucoup plus aux compagnies qui perçoivent des commissions d’achat et de vente, ne s’engagent à aucun rendement garanti et reportent le risque sur les actions.

Pour mémoire, l’an passé, les fonds euros – à capital garanti – ont rapporté en moyenne 2,8%.

Le président de la FFSA embraie derrière

Vendredi dernier, c’est Bernard Spitz, président de la fédération des assureurs, qui y est allé de son petit couplet : « Les épargnants peuvent être rassurés » de savoir que les taux de l’assurance-vie « allieront prudence et rentabilité ». Je ne sais pas si le terme « rassurés » est celui qui convient le mieux.

Deux déclaration à trois jours d’intervalle, cela n’augure rien de bon. La profession s’attendait à des rendements de l’ordre de 2,5% ou 2,6% pour 2014. Aurons-nous des rendements plus faibles, voire au plancher des garanties dès cette année ?

Le secrétaire général de l’ACPR en rajoute une couche

Dans Les Échos de vendredi, Fabrice Pesin, le secrétaire général adjoint du régulateur de la banque et de l’assurance, l’ACPR, évoque à son tour, fidèle aux éléments de langage, « un contexte unique dans l’histoire de l’assurance-vie, compte tenu des taux très bas ». Il appelle donc comme le gouverneur de la Banque de France et le  président de la FFSA, à la « prudence » et demande aux assureurs de se « constituer des réserves pour gérer cet épisode de taux bas, ce qui implique de ne pas tout redistribuer aux assurés au titre de l’année 2014 ». Et voilà, c’est dit (en novlangue), les taux de 2014 ne seront pas fidèles parce qu’il faut se constituer une réserve en vue des événements à venir.

Bon, même si vous ne croyez pas au risque sur les obligations françaises, la baisse des rendements des fonds euros devrait tout de même vous encourager à envisager d’autres placements, non ?


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  • Rien ne vaut la diversification : un peu de fonds euro (malgré tout), fonds euro croissance (pas beaucoup hein), fonds euro immobiliers (il y en a quelques un et rapportent près de 4 %), puis des OPCVM flexibles (pas beaucoup non plus ) et un peu de SCPI. avec toujours 12 mois de salaires de liquidités sur les livrets bancaires.

    Rappelons qu’avec l’inflation basse, même la baisse des rendements des fonds euros ne remettra pas en cause des taux réels particulièrement haut.

    une baisse des rendements ne doit pas être un prétexte à une prise de risque inconsidérée.

  • Je ne suis pas certain, mais si les fonds euro, investis majoritairement en obligations françaises donnent des rendements de 3% alors que les taux 10 ans sont à 1% c’est que les Assurances Vie évaluent leurs produits au marché et ne donnent qu’un taux correspondant à peu près à la moyennne de leur concurrents.
    Les conséquences sont les suivantes :
    – ceux qui sont rentrés il y a longtemps auraient du recevoir des rendements bien supérieurs ( car le prix des obligations a explosé avec la baisse des taux)
    – ceux qui rentrent maintenant, profite des « réserves » non distribuées aux précédents investisseurs pour avoir un taux attractif … mais supportent le risque énorme de remontée des taux qui les feraient rapidement perdre une partie de leur capital.
    Je pense que c’est cela qui fait flipper Noyer.

    • Une remontée des taux serait bonne pour les assureurs vie : la remontée brusque est douloureuse l’année en question mais sera amortie par les réserves de capitalisation constituées lors de la baisse des taux.
      Des taux bas persistants sont beaucoup plus dévastateurs, notamment pour des assureurs qui ont promis des taux garantis viagers élevés à leurs assurés (scénario à la japonaise).

      Il faut juste se rendre compte qu’il y a une guerre des lobbies entre banquiers qui aiment les taux bas et assureurs qui aiment les taux élevés.

      • Banquiers qui aiment les taux bas? En etes-vous si sur?

        Selon moi, c’est l’Etat incapable de supporter la charge de la dette qui aime les taux bas. Un banquier emprunte sur le marche pour preter sur le marche : le banquier doit gerer des taux et des maturites au prix de marche, a l’heure actuelle, il ne sait plus ou donner de la tete car il est incapable de trouver un prix de marche qui fasse sens (j’ai lu sans bien comprendre si c’etait apres inflation ou en nominal que les taux allemands sont negatifs, une absurdite : il suffirait d’investir dans un bon coffre-fort pour ameliorer le rendement…)
        Quand un banquier achete une OAT 10 ans a 1.20%, il ne devrait pas dormir de la nuit si il utilise un financement par depot 24h a 0%, encore moins si il emprunte a Euribor 3 mois a 1% !

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