Roberto Ampuero : Quand nous étions révolutionnaires, ou la faillite du communisme cubain

Voici une charge irréfutable et bienvenue contre le communisme cubain. Un rare document, efficace, édifiant.

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Roberto Ampuero : Quand nous étions révolutionnaires, ou la faillite du communisme cubain

Publié le 9 octobre 2013
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Voici une charge irréfutable et bienvenue contre le communisme cubain. Un rare document, efficace, édifiant.

Par Thierry Guinhut.

Trop souvent, on a présenté le castrisme comme une espérance opprimée par le blocus des États-Unis. Voici une charge irréfutable et bienvenue contre le communisme cubain, un rare document, efficace, édifiant. En un double « désenchantement », amoureux et politique, le second domine et rend irremplaçables ces pages autobiographiques.

Jeune Chilien communiste balayé par la dictature infecte de Pinochet – qui d’ailleurs n’a fait que remplacer celle déjà bien mûre d’Allende – il parvient à fuir son pays. Pour l’Allemagne de l’est d’abord, où quelques doutes au-devant de l’autre côté du mur de Berlin commencent à effleurer sa foi idéologique. Soudain amoureux de Margarita, belle Cubaine aux yeux verts, il la suit dans son île caraïbe pour l’épouser. Sous les yeux protecteurs de son beau-père, Cienfuegos, grand officier de Castro et assassin sans remords d’opposants et de traitres, il est sommé de participer à la construction du socialisme. Ce en quoi Margarita n’a aucun doute : « À ses yeux de fonctionnaire, la Révolution était parfaite, sans tâche, et elle était persuadée qu’elle habitait le meilleur des mondes possibles, attribuant les limites du processus à l’embargo américain. » Mais au contraire de sa femme qui devient un pilier du régime, il découvre censure et médiocrité intellectuelle, mensonge, pauvreté, terreur, sans compter les privilèges éhontés des dignitaires castristes.

Cuba, grâce à Fidel et ses sbires, est en effet devenue terre de rationnement, de geôles immondes et d’absence de toute liberté politique. « La pauvreté dans laquelle se débattaient les gens depuis le triomphe de la Révolution était inexplicable et parfois effrayante », dit-il, avant d’en avoir découvert l’explication, qui tient en un seul concept : une économie dirigée par les idéologues incultes du parti communiste, en un mot, par Castro lui-même. Ce qui n’est pas sans contribuer au déboulonnage du mythe Che Guevara, meurtrier sanguinaire de surcroit.

Rejeté, divorcé de force et privé de son fils, le narrateur, remué par sa vocation d’écrivain, devient l’ami d’un poète dissident menacé d’être condamné pour l’« avoir détourné du chemin révolutionnaire ». Les travaux alimentaires de traduction, mais aussi agricoles et collectifs harassants, les péripéties idéologiques et picaresques s’enchaînent avec le soin d’un réel conteur, aux notations aussi précises que colorées, qui n’omet pas les aventures érotiques : « Un spasme profond nous unit dans la pénombre parfumée de la forêt de La Havane ». Ainsi, l’écriture est sensuelle, contrastée, à l’image des touffeurs de la politique et de la nature, de ses habitants, tyranniques ou tyrannisés. Désabusé, lisant cependant « les romans interdits », il travaille à fuir cette île-prison qu’il est obligé de comparer sans ambigüité avec la dictature de Pinochet : rêvant des États-Unis, y parviendra-t-il grâce à une barque cachée, ou en retrouvant officiellement, quoiqu’en rusant, l’Allemagne de l’Est ?

Autobiographie, ou « roman autobiographique » (où « tout souvenir est fiction »), ce « genre le plus subversif qui soit, et le plus détesté par les dictatures », tel que le qualifie son auteur ? S’il lui a été nécessaire de changer les noms des personnages pour raison de sécurité, dissuadant ainsi de « brutales représailles », le parcours de ce narrateur nostalgique de la démocratie chilienne est bien le sien, précieux témoignage personnel et tableau exemplaire de la tyrannie castriste, d’ailleurs salué à sa juste valeur par Mario Vargas Llosa qui se fait son préfacier. En ce récit aux riches péripéties, à l’exacte observation et analyse, presque sans faute, Roberto Ampuero, « interdit de séjour à Cuba », ne va cependant pas au bout de son raisonnement : alors qu’il n’a pas pensé à remettre en question le communisme d’Allende, lui faut-il ou non préférer le capitalisme libéral ?

— Roberto Ampuero, Quand nous étions révolutionnaires, traduit de l’espagnol (Chili) par Anne Plantagenet, JC Lattès, septembre 2013, 496 p.


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