Chômeurs ou esclaves… ou entrepreneurs ! Par Philippe Simonnot

Voulant éviter l’aliénation des ouvriers, la France a abouti à l’aliénation de tous, salariés, patrons, et chômeurs, au bénéfice de la bureaucratie. Critique de Chômeurs ou esclaves: Le dilemme français, de Philippe Simonnot.

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Chômage recherche d'emploi (Crédits : TaxCredits.net, licence CC-BY 2.0), via Flickr.

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Chômeurs ou esclaves… ou entrepreneurs ! Par Philippe Simonnot

Publié le 19 mars 2013
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Par Pierre Chappaz.

J’ai commandé Chômeurs ou Esclaves, le dilemme français, le nouveau livre de Philippe Simonot, dont j’ai fait la connaissance récemment lors de sa remarquable conférence sur la monnaie à Genève. Je vous invite à prendre le temps de regarder sa vidéo ci-dessous si vous avez un peu de temps pour réfléchir au salariat et à son rapport avec l’esclavage.

Présentation de Chômeurs ou esclaves : le dilemme français

La thèse de Philippe Simonnot peut être résumée ainsi – j’espère sans le trahir : L’hyper-réglementation du travail en France est une vaine tentative pour chasser le fantôme de l’esclavage. Le résultat en est un énorme Code du travail, qui grossit depuis 1860. Toute cette réglementation produit des salariés “protégés” mais “angoissés”, et des chômeurs de longue durée qui n’ont plus aucun espoir de rentrer dans le système.

Depuis 150 ans, les politiques français, de droite comme de gauche, se sont donc appliqués à édicter des règles censées protéger les salariés…. et aujourd’hui les entrepreneurs français s’arrachent les cheveux pour appliquer le Code du travail, 3600 pages, qui continue d’augmenter d’une page tous les 3 jours.

Pour les taxes sur le travail, aussi appelées charges sociales, c’est comme pour l’épaisseur du Code : la France détient le record du monde. Ces taxes y sont égales à 82% du salaire net.

Une situation qui empire

Et ça monte encore, puisqu’on compte déjà trois augmentations des charges sociales depuis l’élection de Hollande : la première pour financer la retraite à 60 ans, la seconde pour décourager les contrats à durée déterminée, et la troisième annoncée il y a peu pour boucher le trou des retraites complémentaires. Il parait qu’un crédit d’impôt les fera baisser en 2014 pour les salaires de moins de 2,5 fois le Smic, on attend le mode d’emploi.

Marc Simoncini le fondateur de Meetic tweetait ce matin.


Un système aliénant

Dans mon entreprise, nous avons 200 salariés dans toute l’Europe. La réglementation du travail est différente dans chaque pays et je peux vous dire que ce n’est pas simple à gérer, et la France encore moins que les autres.

Les “bons sentiments”, nés à l’époque du capitalisme de Zola et renouvelés à la Libération en 1945, y ont abouti à créer une énorme machinerie : sécurité sociale (300.000 employés, c’est l’un des plus grands employeurs du monde, qui détient également le record de l’absentéisme), Ursaff, ministères et comités en tous genres…

Voulant éviter l’aliénation des ouvriers, la France a abouti à l’aliénation de tous, salariés, patrons, et chômeurs, au bénéfice de la bureaucratie. Car le système français ruine ceux qui ont un emploi (les charges leur coûtent près de la moitié de leur salaire – rappelons-le, c’est 82% du net, avant impôt !), cependant qu’il désespère ceux qui sont au dehors, au chômage. Les patrons, au milieu, ne savent plus trop comment faire vivre leur entreprise.

Pourtant c’est tout simple. Comme nous le savons en Suisse, ou le taux de chômage est à 3%, et où il n’y a pas de Code du travail ni de sécurité sociale étatique, le meilleur moyen de lutter contre les quelques employeurs aux tendances esclavagistes est de créer les conditions d’un marché du travail dynamique. Dans un marché normal, j’allais dire libéral, les salariés s’estimant mal traités ont l’opportunité de voter avec leurs pieds en changeant facilement d’emploi. Et ceux qui perdent leur emploi en retrouvent un rapidement.

Chacun son chemin

Pour finir ce billet sur une note plus personnelle, je dois dire que le sujet du rapport entre salariat et esclavage me touche particulièrement, car mes parents, tous deux enseignants et communistes, m’ont élevé dans l’idéologie du refus de l’aliénation. Quand j’étais ado, imaginer de travailler pour un patron, c’était accepter d’être aliéné par le grand capital. Vendre sa “force de travail” c’était quasiment perdre son âme. Ma mère, qui était prof de Latin, me répétait souvent que travail vient du mot latin tripalium qui signifiait torture.

Cette idéologie anti-entreprise m’a sérieusement perturbé dans ma jeunesse. Quand j’ai commencé à travailler, je comptais les années, en expliquant à mes amis que je prendrais certainement ma retraite au plus tard à 35 ans. Évidemment à cet âge-là j’étais toujours salarié, j’avais un job intéressant, mais toujours un patron avec lequel je m’entendais plus ou moins bien. Je ne me sentais pas suffisamment libre.

Ce n’est qu’en devenant entrepreneur à 40 ans que j’ai pu me libérer tout à fait de ce sentiment d’aliénation.

Aujourd’hui, je n’ai plus de patron, j’ai des associés, des actionnaires et des salariés. Je ne suis pas totalement libre, car je travaille beaucoup et je ressens fortement ma responsabilité vis-à-vis des hommes et des femmes qui participent à l’entreprise, les salariés, et aussi les actionnaires qui nous ont fait confiance. Mon rapport au travail a plus à voir avec l’addiction qu’avec l’esclavage, car mon travail me passionne, je ne fais plus vraiment la distinction entre travail et loisir.

Au sein de l’entreprise, j’essaye de créer les conditions pour que nos salariés soient heureux et s’épanouissent le plus possible. J’essaye de promouvoir les meilleurs. Et pour ceux d’entre eux qui un jour décident de tenter leur chance et de créer eux aussi leur société, je les applaudis.

C’est à chacun d’entre nous de trouver sa voie pour se réaliser.

 


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