Immobilier et lobbyisme : interdire la vente entre particuliers

Le lobbyisme par l’exemple dans l’immobilier, ou comment le socialisme a pourri tous les esprits.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Immobilier et lobbyisme : interdire la vente entre particuliers

Publié le 15 mars 2013
- A +

Aujourd’hui, je ne vais pas vous parler de Holy François (même s’il remonte vigoureusement la moyenne après Friendly François). Non. Aujourd’hui, ce sera « travaux pratiques » : débusquer du bon gros lobbying bien gras et en tirer quelques conclusions sur la mentalité assez pénible d’une partie des Français…

nopapPour notre atelier détente de ce vendredi, je vous propose de vous pencher (prudemment) sur le cas rigolo et symptomatique de NoPAP (qui n’a, je le redis, aucun lien avec François Premier). Il s’agit d’un joli site web, agréable à l’œil, qui propose aux internautes qui le veulent de rejoindre le joyeux groupement que lance un certain Claude Bas, patron d’un réseau d’agences immobilières, et qui a été méchamment confronté aux problèmes que posent les ventes de Particulier à Particulier.

Car voyez-vous mes petits amis, des gens, en France, vendent des appartements, des maisons voire des immeubles entiers directement à d’autres gens, comme ça, comme des fous, sans passer par des agences immobilières. Outre que ceci frise la folie pure et simple parce que bon, chacun sait que le monde est rempli de voleurs et d’aigrefins qui vendent n’importe quoi et n’importe comment, ce genre d’opérations (quasiment sous le manteau, parfois contre des valises de billets !) signe l’arrêt de mort de toute une délicate et fragile profession, celle d’agent immobilier. Le fait que l’agent immobilier serve d’intermédiaire essentiellement pour des raisons d’accès à l’information et que son intérêt ne coïncide pas franchement avec celui du vendeur ou celui de l’acheteur ne rentre pas en ligne de compte, scrogneugneu, et je ne dis pas ça parce que c’est très bien expliqué par Steven Levitt et Stephen Dubner dans Freakonomics :

Bref : jugeant que trop c’est trop, qu’avec les prix actuels trop élevés, la bulle trop gonflée, le marché qui est tout bloqué de chez bloqué et les transactions qui s’effondrent version Twin Towers, Claude Bas est parti en guerre contre les impétrants qui ne passent pas par chez lui. Sa solution ? Du bon gros lobbying de base, avec de la proposition de loi à la clef.

Attention ici : je tiens à le dire, je n’ai rien personnellement contre ce brave agent immobilier qui doit actuellement passer par des phases pénibles alors que le marché de l’immobilier est complètement en berne, que l’année 2013 s’annonce légère et amusante comme une intervention d’Aymeric Caron, et qu’en plus, une bonne partie de l’Europe est concernée. Il essaie manifestement, avec son joli site tendrement constellé de fautes d’orthographe, de trouver un moyen de s’en sortir.

Seulement voilà : ce moyen est, comme trop souvent en France, une démonstration parfaite d’incompréhension économique, une demande d’interventionnisme étatique de plus, le reflet d’une vision particulièrement collectiviste de la société, et un pas de plus vers le socialisme décontracté qui a fait tant de bien à Cuba, en Corée du Nord, en URSS, en Chine, au Vietnam ou au Vénézuela. Il s’agit en effet pour notre agent immobilier d’interdire, à terme, la vente de logements de particuliers à particuliers. Et pour compenser l’obligation de passer par des agents, on imposera des qualifications minimales à ces derniers, des diplômes, un label, des formations, un petit macaron « Etat Inside ». Et pof : plus de vente entre particuliers, c’est l’assurance que les agences immobilières retrouveront des couleurs, pardi ! Cela va créer plein d’emplois jolis mignons, c’est une évidence (et le fait que le différentiel de prix, parti dans les intermédiaires immobiliers au lieu de partir dans d’autres postes de dépenses préférés, ce différentiel passe à la trappe, pardon, à travers la vitre cassée). Tout ceci n’est pas du tout l’assurance que les gens vont se crisper sur leurs biens. Non, il n’y aura pas d’effets de bords ; aucune institution étatique ne va s’ajouter aux processus de vente déjà assez pénibles, aucun nouvel impôt et pas de nouvelles taxes pour justifier l’existence de ces administrations de contrôle, bref : ce sera forcément un bon gros bénéfice. Pour les agents immobiliers.

Encore une fois, ce raisonnement montre que le socialisme marque des points dans les esprits économiquement embrumés de nos concitoyens.

Or, le socialisme n’a pas réussi parce que cette idéologie serait intrinsèquement bonne. Il n’a pas réussi parce que ses principes seraient, comme on l’entend parfois dans la bouche de ses thuriféraires, (avec de la musique éthérée dans le fond, ou les chœurs de l’Armée Rouge qui chuchotent) humanistes et sains, altruistes ou destinés à sauver la veuve et l’orphelin.

Si c’était vrai, les caciques socialistes seraient des personnages toujours dans la pauvreté et l’abnégation, toujours à deux doigts de la faillite personnelle pour avoir tout claqué dans quelque œuvre charitable (et toujours aussi discrètement que possible). Et si c’était vrai, si le socialisme était à ce point une grande et belle motivation, les gens qui s’en réclament ne sauraient être vils, corrompus, lâches, cyniques, loin des préoccupations populaires. Pétris de cette hauteur d’âme qui font les saints (ou les grands hommes), aucun repris de justice ne trouverait place dans les rangs socialistes. Même pas en rêve. Mais la réalité n’est évidemment pas celle-là. Les socialistes, et peu importe l’étiquette de leur parti, sont tous aussi veules, couards, dépravés ou inconséquents les uns que les autres.

Winston Churchill SocialismEn fait, si le socialisme a réussi, à tel point qu’il est maintenant également réparti autant sur la droite (toute la droite) que sur la gauche (toute la gauche), c’est parce qu’il s’est basé sur les instincts les plus animaux de l’homme : le besoin atavique de protection, de sécurité, et par dessus-tout, l’envie, la jalousie. C’est, au choix, la peur de l’inconnu, la panique à l’idée d’une prise de risque, ou la jalousie, l’envie de contrôler ce que font les autres qui poussent les uns à demander des barrières sur les activités des autres, les autres à taxer les premiers pour « compenser » des différences de capacité, d’intelligence, de destin ou que sais-je.

Le socialisme, c’est cette idée que ses propres défauts peuvent être amoindris en gommant les qualités des autres. Le socialisme, c’est cette idée d’assurer à tout le monde les mêmes prouesses en imposant le plus petit dénominateur commun à tous, et en tranchant les têtes de ceux qui dépassent.

La proposition de NoPAP est exactement, méticuleusement, obstinément, parfaitement et mortellement socialiste : il s’agit d’interdire à certains d’exercer une liberté pourtant fondamentale sur leur propriété (fructus, usus et abusus) au prétexte que cela nuirait à leur commerce. Et les arguments sont si faibles qu’on peut les transposer pour n’importe quelle vente de particulier à particulier (voiture, mobilier, matériel divers, vêtements, nourriture même). Selon ces arguments, chaque professionnel du secteur marchand correspondant devrait pondre un site web et monter une association de lobbying en vue d’interdire ces arrangements inter-personnels.

Bien sûr, la petite poussée d’urticaire « NoPAP » est un peu ridicule et semble presque inoffensive. Mais elle permet d’offrir une nouvelle opportunité de légiférer, de créer, éventuellement, une nouvelle administration de contrôle. Or, cette musique est très douce à l’oreille des élus ; ce projet est délicieux pour qui veut accroître son pouvoir. Ne vous méprenez pas : à mesure que la France gravit les dernières marches vers un socialisme pervasif mais total, triomphant et imposé à tous, ce genre d’initiatives va se multiplier.

Si l’enfer est pavé de bonnes intentions, les dalles sont découpées par les lobbyistes et elles sont posées par les élus.
—-
Sur le web

Voir les commentaires (17)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (17)
  • Je pense que cette obligation de passer par un professionnel existe déjà: le notaire.

    • l’Europe pousse les pays latins a adopter le modèle anglo-saxons*, qui rend la passage chez le notaire facultatif … espérons que la résistance corporatiste de la France cède ! vite !

      • Le notaire sert à récupérer les taxes sur la vente au nom de l’Etat. Une taxe complètement injustifiable. Tout comme la taxe dont il faut s’acquitter lors de l’achat d’un véhicule lorsqu’il faut établir la carte grise.
        C’est injuste, c’est cher, c’est anti-libéral, c’est la France.

    • Les actes sous seing privé permettent dans une certaine mesure de se passer du notaire. En outre, rien n’empêche une société de détenir un bien immo. L’achat et la vente des actions d’une société ne sont pas soumis aux mêmes règles notariales… On peut se passer de notaire.

  • En tant que liberal-conservateur ascendant libértatien (anar de droite) et eurosceptique, je pense que ce type abus de pouvoir cad interdire les ventes directes entre particuliers, ou plus sournoisement, mettre une administration intermédiaire de « tutelle » pour « réguler » les ventes de p-à-p se verrait défoncer le derche par la commission européenne qui est libéral-libertaire mondialiste (ultra-liberal comme disent les gôchistes) ! … donc, pas d’inquiétude, mais restons vigilant contre ces corporatismes qui nous asphyxient !

  • J’aime beaucoup l’article, mais comme j’ai travaillé dans l’immobilier, j’aurais une petite remarque à partager: les particuliers s’adressent aux agences immobilières pour faire estimer la valeur net vendeur de leur bien et ensuite ajoutent les 10% de marge que l’agence aurait perçu.
    Lorsque je recherchais un appartement à acheter pour moi-même, à chaque fois j’appelais les particuliers, ils me demandaient d’abord si j’étais une agence – j’ai pensé qu’il devaient avoir des grosses failles dans leurs appartements – mais c’était juste pour pouvoir encaisser la commission eux-mêmes.
    Perso je préfère me tourner vers une agence car ce n’est pas pareil d’acheter un appartement et un produit de consommation – s’il y a des malfaçons, s’il y a un arrété préféctoral de péril, etc… C’est vrai que les commissions des agences paraissent élevées, mais elles sont compensées par l’appréciation du bien, parfois en une seule année.
    J’ajoute qu’il est aussi scandaleux que l’Etat perçoive 8% de la valeur de chaque bien à chaque revente, sous forme de frais de notaire – cette manne est dépensée par les collectivités locales et elles ne sont jamais assez gavées…

    • Creusons un peu…

      « s’il y a des malfaçons, s’il y a un arrété préféctoral de péril, etc… »

      Qu’apporterait l’agence immobilière dans une telle situation que la transaction PAP n’apporterait pas ?

    • L’article n’est absolument pas un brûlot contre les AI. C’est un brûlot contre le lobbyisme 😉

  • Excellent comme d’hab!

  • La majorité des agents immobiliers ne sont pas comme nopap. C’est évidemment à la profession de changer (et de se former) et pas aux consommateurs.

  • Je viens de finir de lire « socialisme, études économiques et sociologiques » de ludwig von mises.

    Tout est dit, démontré, analysé dans ce livre, et facile à lire en plus !!!

    Von Mises démontre amplement que le socialisme est l’idéologie de la haine de l’autre.

  • Quand on a vendu, on a pu constater la moins value qu’ils représentent… ensuite, quand la bulle a commencé à se dégonfler en 2008, on en a revu un, devenu vendeur de sacs à main… comme quoi, ils vendent n’importe quoi sans connaître le produit !

  • Mais c’est une dystopie : http://fr.wikipedia.org/wiki/Dystopie
    J’aime bien le style viril par rapport au socialisme; c’est presque poétique. Il ne manque pas un bout là : « Il n’a pas réussi parce ses principes seraient », ou c’est mes yeux, je commence à me faire vieux.

  • Je ne pourrais même pas expliquer toute la haine que m’inspirent de telles politiques. Que les gens responsables subissent la justice divine ! Je remercie l’UE pour son travail de libéralisation des marchés, bien que, elle devrait se calmer sur les règlementations. Une arme à double tranchant. Il faudrait que de tel agissements puissent devenir inconstitutionnels en laissant le fantôme de Mises refaire notre constitution (ah le rêve).

  • Toujours aussi bon fouineur! L’article est excellent et j’ajouterai qu’ayant déjà procédé à l’achat de plusieurs appartements à Paris, je n’ai jamais trouvé ce que je cherchais dans les agences mais toujours en consultant les annonces de PAP! Et je n’ai jamais rencontré de problème. Alors , à la trappe le noPAP.

  • Un article très intéressant à lire vraiment. Mais pourquoi interdire la vente entre particuliers…. J’ai lu un article justement sur la vente entre particuliers et ses bienfaits http://gouv.tv/102 , si des particuliers décident de se passer des services d’un agent immobilier, c’est qu’il y a des raisons comme par exemple éviter des frais d’agence. Comme il y a des particuliers qui préféreront tout déléguer à un agent immobilier car ils ne veulent pas s’en occuper. Tout dépend de la situation à chacun et de sa situation économique du moment. Pour moi, il n’y a pas de bonne ou mauvaise pratique.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

 « Le Maire demande de nouvelles coupes budgétaires après le dérapage du déficit. »

Bruno Le Maire ne comprend pas pourquoi le déficit 2023 a explosé. La réponse est qu’il est mauvais. Et cynique. Bruno Le Maire voudrait nous faire croire que Le Maire Bruno, son patron Macron et sa clique, qui depuis sept ans conduisent la France à l’effondrement pourraient nous en sortir.

Il veut donc faire des économies « massives »... dix milliards... C’est en effet impressionnant, rapporté aux 154 milliards d’euros du déficit 2023, au défic... Poursuivre la lecture

4
Sauvegarder cet article

Les militants socialistes et les élites écolos aisées ont utilisé leurs réseaux et leur influence pour transformer le discours occidental en une crise avec une seule solution : nous devons sortir du capitalisme, du commerce mondial, de la croissance industrielle et de la finance internationale. Ils prêchent du point de vue de la justice sociale, de la responsabilité environnementale et se concentrent sur la diversité. Ils prêchent également du haut de leurs préjugés, leur ignorance, et leur intérêt personnel.

Un article du Risk-Monger<... Poursuivre la lecture

Au cours du XXe siècle, le Venezuela est passé de l'un des pays les plus pauvres d'Amérique latine à l'un des plus riches. En 1970, il figurait parmi les 20 pays les plus riches du monde, avec un PIB par habitant supérieur à celui de l'Espagne, de la Grèce et d'Israël, et inférieur de 13 % seulement à celui du Royaume-Uni.

Le revers de fortune économique du Venezuela a commencé dans les années 1970. À partir de 1974, les réglementations du marché du travail y ont été renforcées à un niveau sans précédent presque partout ailleurs dans l... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles