La dette publique, héritage des Trente Glorieuses

On dit souvent que la dette publique est une façon de faire payer les petits enfants pour leurs grands parents. Et on le dit généralement en pensant à nos propres petits enfants. Eh bien non, les petits enfants, c’est nous !

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La dette publique, héritage des Trente Glorieuses

Publié le 31 mai 2012
- A +

On dit souvent que la dette publique est une façon de faire payer les petits enfants pour leurs grands-parents. Et on le dit généralement en pensant à nos propres petits -nfants. Eh bien non, les petits-enfants, c’est nous ! Démonstration.

Par Acrithène.

L’attribution de la dette publique à tel ou tel gouvernement se fait généralement de manière grossière et inéquitable. Elle consiste à comparer le volume de la dette à son entrée en fonction et à la fin de son mandat. Un tel calcul conduit à attribuer pas loin d’un tiers de l’endettement public à la présidence de Nicolas Sarkozy, et 95% aux gouvernements qui se sont succédé depuis l’élection de François Mitterrand en 1981.

Pourquoi cette méthode est-elle « inéquitable » ? Parce que dans le déficit d’un gouvernement en exercice, on trouve les intérêts versés au titre des dépenses impayées de leurs prédécesseurs. Tant que ces vieilles factures ne sont pas honorées, leur montant croît de manière géométrique par le mécanisme des intérêts composés.

Je vous propose une méthode de ventilation de la dette publique qui conduit à un résultat totalement différent et attribuant la plus grande part de la dette publique aux gouvernements qui ont précédé Valérie Giscard d’Estaing. Ce qui peut sembler absurde quand on sait qu’en 1974, la dette publique était de quelques dizaines de milliards d’euros seulement.

Ma méthode de calcul utilise la règle suivante. À son entrée en fonction, un gouvernement se voit attribuée une dette publique de 0. Ensuite, pour chaque année au pouvoir, s’ajoute la part du déficit public (ou dans certains cas la soustraction de l’excédent) du budget de l’État hors charges des intérêts, ainsi que la part des intérêts au pro rata de sa responsabilité pour les années passées. Une fois que le gouvernement a perdu le pouvoir, seule sa part des intérêts lui est ajoutée d’une année sur l’autre. Cela signifie qu’une partie du déficit constaté l’an dernier est attribuée à François Mitterrand, au titre des intérêts versés sur ses dépenses non financées d’il y a 25 ans.

Le tableau suivant illustre ces calculs en prenant l’exemple de Valérie Giscard d’Estaing entre 1974 et 1983. Les données en bleu sont fournies par la comptabilité publique. Un déficit négatif est un excédent.

Avec cette méthode de calcul, on arrive à des résultats très différents de ce qui est généralement admis.

D’abord la droite ne produit certainement pas moins de déficit durant ses mandats que la gauche. On remarque même que Lionel Jospin apporte une contribution négative à la dette publique, non qu’il n’ait fait voter des budgets à l’équilibre, mais parce qu’il a en partie payé les intérêts de la dette de ses prédécesseurs sans avoir à emprunter.

Enfin, et surtout, plus de la moitié de la dette publique est attribuable aux Trente Glorieuses. On dit souvent que la dette publique est une façon de faire payer les petits enfants pour leurs grands-parents. Et on le dit généralement en pensant à nos propres petits-enfants. Eh bien non, les petits-enfants, c’est nous !

Il faut cependant se garder de faire de l’équilibre des comptes publics le critère primordial d’une bonne gestion… en tout cas tant qu’on reste loin de la détresse financière. La bonne gestion de l’État consiste à ne réaliser que des dépenses dont l’utilité pour la société l’emporte sur la renonciation imposée au contribuable, et sur le découragement créé par la fiscalité. L’arbitrage entre payer maintenant et plus tard est plus une question d’équité entre générations que d’efficacité de la politique publique.

—-
Sur le web.

Voir les commentaires (29)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (29)
  • Intéressant mode de calcul, malgré ses limites, qui démontre une fois de plus que la gauche n’a rien à envier à la droite en terme d’efficience dans la gestion publique.

  • « … faire payer les petits enfants pour leurs grands-parents »

    C’est précisément pourquoi il y a excès, et aussi pourquoi il y aura défaut.
    Comme la dette privée, la dette publique est décidée par les bénéficiaires; mais au contraire de la dette privée, elle engage d’autres gens que les bénéficiaires.
    Qui refuseront évidemment de payer.

    Mark Stey dit que les politiciens spolient le futur pour acheter le présent (loot the future to bribe the present).

    L’étude est intéressante mais la dette est entièrement due aux dépenses sociales et donc au socialisme pour une raison qui n’y transparaît pas: Les dépenses sociales sont récurrentes pour un bénéfice provisoire (leur efficacité est annulée par la reconfiguration qu’elles engendrent), et infiniment plus faciles à instaurer qu’à abroger.

    De sorte que les gouvernements de droite sont pris au piège des dispositions sociales instaurées par tous leurs prédécesseurs de gauche, qui, eux, bénéficient de la relative prospérité résultant de ce que leur prédécesseur de droite s’est abstenu d’en instaurer de nouvelles.

    Inutile d’illustrer mon propos tant les exemples abondent.

  • Bien tenté mais votre méthode de calcul est totalement foireuse, c’est du grand n’importe quoi. Jusqu’à présent je croyait que seul les extrême-gauchiste étaient capable de ce genre de révisionnisme financier, je me trompais…
    il y a tellement d’erreurs que je ne suis même pas sûr de toutes les voir
    1)attribution foireuse. Le chef de l’Etat a de grands pouvoirs mais il n’est pas omnipotent, il n’est responsable que du déficit et des dettes de l’Etat, et non de celles de l’ensemble des dettes « publiques » incluant la sécu, le budget de la ville de Montpellier, etc. Inversement, il est bel et bien responsable du remboursement des emprunts précédents, que ça lui plaise ou pas il lui appartient de trouver de quoi les rembourser (y compris éventuellement par emprunt nouveaux, mais c’est son choix, pas de la responsabilité de ses prédécesseurs)
    2) non prise en compte des actifs ;
    3) non prise en compte des changement de périmètre
    Pour illustrer les point 2 et 3 : par exemple et notamment le déficit de 1982 incluait les dettes de EDF (financement des extraordinaires cash machine que sont les centrale nucléaire), des PTT (dont on a extrait France Telecom), des banques, assurances et industries nationalisées (financées par émissions d’obligations), des autoroutes, etc.
    Parler de la dette brute ça revient à dire que Dupont qui doit encore 100 000 € sa banque pour l’achat de sa maison de 200 000 € est plus mauvais gestionnaire que Durant qui ne doit rien à sa banque mais ne possède pas son logement. C’est stupide.
    4) double compte des intérêts à la dette et effet boule de neige

    Ce qui donne un résultat final totalement absurde, où 50 milliards (la dette pré-1973) finissent par valoir plus de trois fois plus que 500 milliards (la dette Sarkozy). 8-!

    Le mieux serait sans doute d’effacer purement et simplement cette article horrible, et de recommencer proprement.
    Pour ça, il ne faut même pas regarder la dette, mais le patrimoine public.

    • Il y a des points justes dans votre critique. Mon évaluation n’a pas vocation à être parfaite, et c’est d’ailleurs impossible. Je pense juste que l’analyse perd en pouvoir de conviction lorsqu’elle est sujette à toute une série d’interprétations, même si elles ont leur valeur. Donc j’accepte vos points 1), 2), 3) et j’en étais conscient. En revanche, pour votre information, les dettes locales (Montpellier) ne sont comptées dans la dette de l’Etat.

      En revanche, le résultat n’a rien d’absurde comme le dit votre 4ème point. 50 milliards de 1973 peuvent donner 500 milliards en 2011. Cela s’appelle l’actualisation des flux financiers, c’est une technique fondamentale dans l’étude de l’intertemporalité en économie, Et c’est aussi le fondement le plus essentiel de la finance. Concrètement, cela veut juste dire que si quelqu’un avait placé 50 Mds € en 1973 en obligations d’Etat, il aurait 1500 Mds € aujourd’hui. Ce qui net de l’inflation n’est pas une performance exceptionnelle. Une multiplication par 10 en 40 ans ne correspond qu’à un taux moyen nominal de 8%, ce n’est en rien extravagant quand on sait les périodes d’inflation à 2 chiffres qui ont existé. Au début des années 1990, même l’Allemagne avait encore des taux proches de 8% !

      • Pour précision sur le cas de Montpellier, je veux juste dire que comptablement la dette des administrations centrales est séparée des dettes des collectivités. Le tout est regroupé dans la dette publique. Ce qui était votre point, j’avais lu en diagonal. Les composantes de la dette sont publiées, et prendre la  » dette publique » ou la « dette d’Etat » ne change franchement pas grand chose.

      • l’actualisation c’est bien mais alors il faut la faire proprement. Pas comme vous avez fait, car si vous aviez pousser votre raisonnablement en remontant encore plus loin dans le temps vous nous auriez démontré que 1000 F de dette hérités de Napoléon expliquaient 10 fois la dette actuelle…
        Pour faire une actualisation correcte il suffit d’utiliser la VAN de l’emprunt. Et dans ce cadre les 50 G€ d’avant 1973 ne valent jamais que 50 G€, pas plus, pas moins ; exactement comme dans votre portefeuille les 2 € qui y trainent depuis 2002 ne valent que 2 €, pas plus, pas moins.

        • Les 50G€ de 1973 valent 50G€ en 1973, et par application du taux d’actualisation plusieurs centaines en 2011, et des milliers de milliards 2100

    • « Inversement, il est bel et bien responsable du remboursement des emprunts précédents, que ça lui plaise ou pas il lui appartient de trouver de quoi les rembourser »

      ?!? Ce n’est pas parce que le Président doit trouver de quoi rembourser la dette de ses prédecesseurs qu’il peut en être tenu responsable! Il est responsable du remboursement et de la gestion de cette dette certes, mais pas de la décision de la contracter.

      • Ce que je veux dire, c’est que les dettes sont contractées pour une période limitée au terme de laquelle on rembourse. Un bon gestionnaire emprunte pour investir et rembourse avec les gains de ces investissement. Un mauvais gestionnaire jette l’argent par les fenêtres, et le gâchis reste identique quelle que soit l’origine de l’argent : taxe, réserve préalable, emprunt, vente d’un actif …

        La dette en elle-même ne dit rien sur les qualités de gestionnaire du responsable

        • Vous avez absolument raison sur ce dernier point. Et si vous relisez le dernier paragraphe de l’article vous verrez que c’est ce que je pense aussi.

          Je me cite :

          « Il faut cependant se garder de faire de l’équilibre des comptes publics le critère primordial d’une bonne gestion… en tout cas tant qu’on reste loin de la détresse financière. La bonne gestion de l’État consiste à ne réaliser que des dépenses dont l’utilité pour la société l’emporte sur la renonciation imposée au contribuable, et sur le découragement créé par la fiscalité. L’arbitrage entre payer maintenant et plus tard est plus une question d’équité entre générations que d’efficacité de la politique publique. »

  • Ou dit autrement aujourd’hui l’essentiel de la dette provient de l’obligation de payer une dîme aux banques privées.

    Durant les trente glorieuses, l’Etat empruntait directement à la Banque de France. Aujourd’hui, l’Etat emprunte à des zinzins qui se refinancent à la banque centrale. Du point de vue de la création monétaire, c’est exactement la même chose, la différence c’est que depuis 1973 les banques prélèvent un impôt.

    Si on était resté au système pré-1973, il n’y aurait pratiquement pas de dette – à supposer certes que l’Etat n’en aurait pas profité pour emprunter plus, hypothèse lourde je le reconnais.

  • Quelque soit l’étatiste responsable de cette chaîne de Ponzi qu’est la dette, c’est un étatiste qui est responsable. (Tautologie qu’il est bon de rappeler.) C’est donc l’état qui est responsable, puisque la dette est inhérente à sa fonction et sa survie.

  • Et Jospin il rembourse la dette de Giscard ou de Tonton ? Parce qu’apparemment ça aura un impact sur la contribution à t+1 de l’un ou l’autre. Je ne comprends pas tellement l’intérêt.

    La contribution de telle ou telle gvt à la dette doit être analysée en fonction des mesures.
    Jospin n’a réduit le déficit qu’en s’appuyant sur toutes les hausses d’impôts votées par Juppé.
    Les 35h + les masses de fonctionnaires embauchées (tjs pas évacuées soit dit en passant) laissent à penser selon cette méthode que celui qui hérite des mesures couteuses est un mauvais gestionnaire.

    • C’est exactement mon point de vue. Peu importe le parti au pouvoir, la question est de savoir qui a instauré les dépenses récurrentes qui exigent l’endettement.

      Réponse: La gauche.
      Il est horripilant de la voir systématiquement instaurer de nouvelles dépenses sociales qui plombent la mandature de droite subséquente, laquelle rétablit légèrement les comptes pour le plus grand bénéfice de la gauche à son retour, etc.
      C’est pourquoi cette analyse politico-économique n’a pas de sens.
      Sous qui la dette croît n’a aucun rapport avec à cause de qui la dette croît – la vraie questioin.

  • Bien au dela du plan strictement financier, les « 30 glorieuses » ont été le fondement de la déchéance Française. la création des innombrables monopole, la gestion de l’économie par l’état sont porteur des germes de la maladie qui est en train de terrasser notre pays.

  • Je ne suis pas spécialiste, mais quelque chose me dérange dans cette analyse.
    La dette des 30 glorieuses était certes très faible, il a fallu arriver à Mitterand pour la voir s’envoler.
    Mais n’était-ce pas le rôle des Mitterrands et les suivants que de payer la dette d’avant plutôt que de la faire rouler.
    S’ils ont tous fait rouler la dette, ils sont les responsables et dans ce cas je ne vois pas comment on peut accuser ceux qui avaient en fin de compte une gestion relativement saine.
    Comment dans cas peut-on accuser les 30 glorieuses, ce n’est pas sérieux.

  • Cette étude est une projection sur le poids des dettes s’accumulant, mais elle donne lieu à des comparaisons sur le travail des présidents trés critiquables. Ainsi à vous lire, Giscard (ou Barre) aurait été le premier à ne pas bien gérer les dettes existantes et laisser à son (ses) successeurs une dette supplémentaires importantes, alors que Jospin – comme noté dans votre article – aurait non seulement remboursé mais fait trés peu de dettes.
    Il est vrai que Barre a eu droit à 2 chocs pétroliers (pétrole et dollar) donnant lieu à une crise structurelle, l’obligeant à des investissements (nucléaires, aéronautique, industrie) colossaux. Alors que le vertueux Jospin (et DSK) ont pu bénéficier d’un pétrole à l’équiv de 11€, et généreusement laisser aux suivants des mesures telles que les 35h…

  • C’est très savant mais ça ne tient pas debout !
    Quand on a des dettes,c’est qu’on dépense plus que ce qu’on gagne,n’est-ce pas ?
    Or,depuis le 18° siècle,c’est bien connu, c’est la droite qui remplit les caisses et la gauche qui les vide !
    Tant par ses dépenses somptuaires que par un assistanat délirant.
    C’est le plus souvent sur un gvt de droite que tombent les dettes de gauche,ça,merci de le faire remarquer,on sait depuis longtemps.
    Encore,si la gauche se contentait de faire des dettes,mais c’est elle qui plombe par principe le développement économique et le rapport gains/dépenses par l’augmentation des impôts.
    Que des gvt de droite,aient été piégés par les régimes sociaux instaurés par la gauche,le responsable est encore la gauche !
    Qu’ensuite les Français aient été trompés par des arrivistes faussement de droite ne simplifie pas la question telle qu’elle est posée !

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un article de l'IREF.

En janvier dernier, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, annonçait la fin du « quoi qu’il en coûte ».

L’examen parlementaire en cours des projets de loi de finances de fin de gestion pour 2023, et de loi de finances pour 2024 montrent à l’inverse que, loin d’être fini, le « quoi qu’il en coûte » se poursuit. Et ce en dépit d’un goulet d’étranglement appelé à se resserrer du fait de l’aggravation de la charge de la dette dans les prochai... Poursuivre la lecture

Un article de l'IREF.

En 2022, pour alimenter un fonds pour le climat et la transformation énergétique  – KTF – de 212 milliards d’euros, le gouvernement allemand avait puisé à due concurrence dans les réserves non utilisées d’un autre compte, constitué en 2021 pour contribuer à l’amortissement de l’impact du coronavirus. Mais celui-ci avait bénéficié d’une suspension des règles du « frein à l’endettement », en raison de la pandémie. Ce qui ne pouvait plus être le cas du fonds KTF.

La CDU/CSU, les conservateurs dans l’opposition... Poursuivre la lecture

gouvernement électricité carburants taxes remaniement Bruno Le Maire
1
Sauvegarder cet article

Un article de l'IREF

La dette publique française a dépassé le seuil de 3000 milliards d'euros.

Elle a atteint 3013,4 milliards d’euros le 31 mars 2023, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee).

Le gouvernement voudrait réduire le déficit public de 4,9 % en 2023 à 4,4 % dans le budget 2024. Mais le défi est considérable, alors qu’en août 2023 les taux d’emprunt de l’État français à dix ans ont dépassé le seuil de 3,25 %.

Selon les prévisions de Bercy, la charge annuelle de la det... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles