Contrats d’Airbus : la prochaine bulle financière ?

L’économiste doit rester humble face au futur et aux phénomènes complexes et garder un œil ouvert à ce qui pourrait se révéler être du malinvestissement.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Airbus A318 Air France (Crédits : Philippe-Noret-AirTeamimages, licence Creative Commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Contrats d’Airbus : la prochaine bulle financière ?

Publié le 28 juillet 2011
- A +

Par Mathieu Bédard

Un Airbus A318 d'Air FranceOn demande souvent aux économistes de faire des prédictions, en particuliers quelle sera la prochaine bulle financière, faisant suite à la bulle des subprimes aux États-Unis. Bien entendu, les économistes ne peuvent pas répondre à ces questions, ils ne connaissent pas plus l’avenir que vous. On peut toutefois se montrer méfiant comme le fait Jerry O’Driscoll, sur la base de certaines observations qui semblent aberrantes.

Petit rappel technique sur les bulles financières ; ce sont des clusters d’erreurs d’investissement à grande échelle. On parle de bulle quand tout un marché s’est emballé autour d’un type de projet, et que ces projets ne pourront pas être portés jusqu’au bout. Selon l’explication Hayek-Garrison, il y a alors eu malinvestissement, c’est-à-dire que les décisions ont été guidées par une illusion monétaire sur la disponibilité des ressources investissables. Cette illusion monétaire a lieu lorsque la création monétaire laisse supposer que certains secteurs seront plus rentables qu’ils ne le seront réellement. Les taux d’intérêts américains ayant été maintenus très bas pendant une très longue période par une création monétaire à grande échelle de la Fed, on peut supposer qu’il y a en ce moment des malinvestissements qui sont réalisés ; des bulles latentes.

La société AMR, maison mère d’American Airlines et une petite dizaine d’autres filiales apparentées, a passé un contrat record de 460 avions avec Airbus et Boeing, dont 365 avions pour le constructeur français. Ce marché permettra à AMR de passer de la plus vieille flotte du marché américain à la flotte la plus récente en à peine 5 ans. Les contrats chez les sociétés aéronautiques sont des montages financiers complexes ; les 230 premiers avions seront entièrement financés par les fabricants aéronautiques pour la rondelette somme de 13 milliards de dollars, et loués sous forme d’un crédit-bail à AMR. Le but de cette opération est de ne pas alourdir son bilan déjà mal en point. Et en effet, AMR a annoncé plus de 236 millions de dollars de pertes parmi ses filiales au dernier trimestre. Elle n’a pas réalisé de profits depuis 2007. Comme le fait remarquer Holman Jenkins dans le Wallstreet Journal, c’est comme si les deux plus grandes banques du marché accordaient un prêt immobilier « subprime » à AMR, sans lui demander d’apport personnel, pour 115% de la valeur de son bien. On se retrouve dans une situation qui rappelle celle ayant mené à la crise immobilière aux États-Unis, sans bien sûr que cela ne prouve quoi que ce soit.

Il existe évidemment beaucoup d’autres bons candidats pour les bulles financières (l’or, le pétrole, le marché de l’immobilier à nouveau, etc.). L’économiste doit rester humble face au futur et aux phénomènes complexes, tout en gardant un œil ouvert à ce qui pourrait se révéler être du malinvestissement.

—-
Sur le web

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • Je pense que l’aéronautique est relativement résistante aux effets de bulle violent qu’elle subit. Tout d’abord, les constructeurs sont très conscient de la cyclicité de leur marché. En conséquence, même si les carnets de commandes subissent des variations importantes, les quantité d’avions produites sont elles relativement constantes. Une partie des méga-commandes concernent des avions livrés en 2015 (5 ans de visibilité, certains en rêve …). Ce n’est pas comme un constructeur automobile ou immobilier qui vend ses véhicules en flux tendus et est immédiatement obliger de cesser la production en cas de Krach.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Comme chaque année, des dizaines de millions de Français prennent le chemin des vacances estivales et comme chaque année, l’État fait ce qu’il peut pour leur mettre des bâtons dans les roues. Petit tour d’horizon.

 

Les autoroutes

Les Français aiment autant l’autoroute qu’ils aiment se plaindre de ses tarifs.

Force est de constater que malgré les appels nombreux à renationaliser, les Français sont prêts à payer chaque année pour être coincés dans les bouchons plutôt que d’utiliser le réseau secondaire gratuit. Le 8 j... Poursuivre la lecture

Fini de rire ! L’exécutif a pris des décisions, il est formel, et ça ne va plus se passer tout seul : Gabriel Attal, le blanc-bec en charge de ce qui reste de budget à la France, a annoncé la future mise en œuvre d’un grand plan de « lutte contre la fraude sociale », parce que ça suffit après tout, scrogneugneu.

L’idée n’est pas neuve : différentes études, des services de l’État et les observations régulières de citoyens pas trop endormis aboutissent tous à la même conclusion que les distributions d’aides sociales françaises ne... Poursuivre la lecture

Pour qui s’intéresse à l’actualité, les derniers jours ont particulièrement été riches en évènements énergétiques.

Mardi 7 février 2023, le Sénat a définitivement adopté le projet de loi relatif à l'accélération de la production d'énergies renouvelables. Rappelons que ce projet vise à accélérer l'installation d’ENR en limitant les recours jugés trop nombreux. Une loi « indispensable » selon les parlementaires pour atteindre les « ambitieux objectifs fixés par le président lors de son discours de Belfort » : 100 GW de photovoltaïque, 40... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles