Vers une école libre et dépolitisée !

La politisation croissante de l’éducation inquiète. Face à cette tendance, deux solutions émergent : la liberté scolaire et la communication active.

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Source : Flickr, _Aurore_

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Vers une école libre et dépolitisée !

Publié le 31 octobre 2023
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Un article de La Nouvelle Lettre.

David Lisnard et Lisa Kamen-Hirsig ont eu raison de dénoncer la politisation de l’école dans l’article paru au journal Le Figaro mercredi dernier [1]. Le livre de Lisa Kamen-Hirsig, La grande Garderie, mérite d’être lu par tous les Français qui ont su raison garder, et ils sont une majorité, fût-elle silencieuse.

Mais je souhaite aller plus loin dans la démarche, car je crois que le constat des erreurs actuelles – constat nécessaire mais courageux parce qu’il heurte la pensée unique – doit s’accompagner de propositions pour des réformes urgentes et réalistes, souvent méconnues.

Je veux ici revenir sur deux réformes que j’ai déjà évoquées, mais qu’il est opportun de rappeler puisqu’elles répondent fondamentalement aux erreurs constatées.

 

La liberté scolaire

Sans doute existe-t-il au sein du corps enseignant actuel un très grand nombre de professeurs et chefs d’établissements qui, à l’instar de Lisa Kamen-Hirsig, font leur possible pour inverser la tendance, aider les enfants et les familles à tirer pleinement parti de l’école. Mais les chants désespérés, s’ils sont les plus beaux, ne sont pas ceux qui sont entendus.

Lisa Kamen-Hirsig le reconnaît dans son livre : la lutte est inégale avec une administration qui compte 350 000 non-enseignants qui « gèrent » 1 250 000 fonctionnaires. Le « mammouth » crée un système centralisé, ce qui est ancien, mais un système politisé, ce qui est nouveau depuis que les hommes de l’État mettent l’école à leur service, alors que ce devrait être à l’État de se mette au service de l’école – et il en a les énormes moyens financiers.

Lisa Kamen-Hirsig trouve à juste titre scandaleux que des fonctionnaires, bénéficiant d’un statut qui leur garantit l’emploi à vie, en arrivent à faire valoir des clauses personnelles (sur leur lieu de travail, leur transport, leurs horaires, et finalement leurs salaires) comme s’il s’agissait d’un contrat. Elle ne croit pas davantage à la recommandation de l’institut Montaigne qui voudrait que les meilleurs enseignants (issus de la botte des concours) soient envoyés dans les écoles les plus difficiles, dans les ZEP. Lors d’un séminaire sur les modalités d’affectation des professeurs, Lisa Kamen-Hirsig a entendu un représentant du ministère déclarer que les meilleurs candidats ne devaient pas aller aux meilleures écoles (ni aux plus mauvaises, version Montaigne), ce sont les moins bons qui doivent y être affectés. En effet, les meilleurs « sont capables de réussir ailleurs », et n’ont pas à faire leur carrière dans l’enseignement. C’est le mépris dans lequel le ministère tient les enseignants : une armée servile chargée de former de « bons citoyens », acquis aux « valeurs de la République » (dont Lisa Kamen-Hirsig se demande d’ailleurs ce qu’elles sont).

Elle met en relief les qualités de responsabilité et de concurrence. Mais je crois qu’elles ne peuvent se cultiver dans le climat d’un monopole public jacobin et politisé comme l’Éducation nationale. Voilà pourquoi les libéraux et la plupart des économistes qui ont écrit sur la famille (et notamment Gary Becker) concluent à la nécessité de la liberté scolaire. La liberté scolaire signifie :

  • La liberté de créer des établissements qui peuvent choisir leur programme, leurs enseignants, leur pédagogie, leur financement ;
  • La liberté pour les parents de choisir l’école de leurs enfants.

 

Nous connaissons ce qui s’est fait dans un grand nombre de pays libres. Il y a en particulier de nombreuses façons d’offrir l’école de leur choix à des parents qui n’en n’auraient pas les moyens. La liberté scolaire exclut le monopole des titres et grades, l’État ne peut intervenir que dans le cas où l’hygiène et la sécurité des enfants seraient menacés[2].

 

La communication active

Lisa Kamen-Hirsig insiste sur le rôle éducatif de l’école, en complément et si possible en harmonie avec ce que font les familles.

Ce rôle est celui du savoir, du savoir grandir, du savoir vivre. Le savoir est entièrement sacrifié dans l’Éducation nationale ; on « leur farcit la tête » en passant le temps aux « fondamentaux », comme disent le président de la République et les ministres successifs de l’Éducation nationale. Mais l’école est également le lieu où les enfants devraient savoir grandir, connaître et développer leur personnalité avec l’aide des enseignants. Cette mission éducative, cette formation du capital humain, sont confiées aux enseignants. Le résulta attendu est la disparition du harcèlement et de la drogue, fléaux actuels et mortels.

J’ai abordé le sujet à propos de la façon dont le président Macron entendait orienter la lutte contre la drogue à Marseille.

Je reprends les termes de mon article :

« Je suis depuis des années partisan d’une autre approche : pourquoi une demande de drogue ? Pourquoi cette demande est-elle, de plus en plus, celle de jeunes ? Voilà à mon sens la vraie question. Et elle a une réponse, et une réponse efficace.

La réponse est l’éducation reçue depuis les premiers âges. Il est possible d’éradiquer toutes les addictions si d’une part on brise le mimétisme, la tendance des enfants à faire comme les autres, et à subir le réflexe de bande (il faut imiter le chef), et si d’autre part on enseigne aux enfants quelques valeurs morales, leur apprendre qu’il y a un bien et un mal, qu’il faut respecter les autres. Je trouve inadmissible que le harcèlement soit si fréquent dans de si nombreux établissements où les directions et les enseignants ont ignoré, démissionné, voire même toléré.

Cette réponse est efficace. Elle a été organisée par les pionniers du programme Quest, diffusé dès les années 1970 par le Lions Club International. Les premières interventions en France, dans des établissements privés, mais aussi publics dans six académies, ont été couronnées de succès, mais la pression des syndicats d’enseignants, mécontents de voir des programmes venus d’un autre monde et d’une autre approche pédagogique, ont amené le ministre de l’Éducation nationale de l’époque Lionel Jospin  (sous les gouvernements de Michel Rocard et Édith Cresson) à interdire Quest, l’interdiction ne sera levée qu’en 2010. En ce moment même, des programmes très voisins, souvent dénommés « communication bienveillante » ou « communication non violente » se multiplient en France, dans les établissements privés, mais aussi publics.

Dans le monde entier plus de dix millions d’élèves ont appris à ne pas céder au mimétisme et à échapper au harcèlement. La drogue des jeunes a été totalement éradiquée en Australie et en Corée du Sud. Le succès de l’opération est bien simple : développer l’individualité de l’enfant (apprendre à dire non, être fier de ce qu’il aime), respecter la personnalité des autres, développer l’esprit d’équipe et de service. Ce qui pourrait passer pour une innovation n’est jamais qu’un retour aux leçons de morale et aux hussards de la République. »

Il va de soi que le savoir grandir prépare au savoir vivre.

Des jeunes éduqués auront appris le travail, l’effort, le mérite, la discipline, le respect des autres, l’esprit d’équipe. Ils sont prêts pour la vie[1]. Voilà la réponse au risque majeur que nous avons créé actuellement : des jeunes sans aucun projet, sans aucun espoir autre que celui de tout casser, aucune aptitude à l’emploi, à l’entreprise, aucun respect des valeurs morales les plus élémentaires (ne pas mentir, ne pas tricher, ne pas blesser et finalement ne pas tuer).

À juste titre, David Lisnard et Lisa Karmen-Hirsig font le rapprochement avec la façon dont l’hitlérisme s’est répandu en Autriche et Allemagne : tous les jeunes devenus « camarades ».

Je crois que cette espérance d’une école libérée et moralisée s’articule naturellement avec la volonté de la dépolitiser.

 

[1] Lorsque j’ai réintroduit le programme Quest en France en 2002, je l’ai rebaptisé « PPLV : prêt pour la vie » afin de ne pas rouvrir certaines plaies et d’avoir un titre plus accessible en français. En 2020, le titre « Quest » a été rétabli. Mais nombre d’animateurs de PPLV ont reçu une formation et officient aujourd’hui sous la rubrique de « communication active »

Sur le web.

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  • La France doit définitivement basculer dans le socialisme et seule l’éducation nationale peut y arriver en formatant les esprits malléables dès le plus jeune âge. Cette notion très efficace a été mise en œuvre par les ministres de l’Éducation nationale de Mitterrand (Chevènement puis Jospin). Plus personne aujourd’hui ne veut éduquer les élèves autrement que par la négation de l’individu et de sa personnalité propre : il s’agit de créer des clones de la pensée unique. La négation de leur personnalité propre crée le malaise de chacun. Et ce malaise se traduit par l’attrait des drogues, la violence en bande, le harcèlement des plus faibles car tous sont mals dans leur peau et beaucoup font exploser ce mal-être par ces actes antisociaux. Mais heureusement, ça ne peut pas arriver à la progéniture de nos élites qui ont droit à une éducation différente : cette progéniture doit pouvoir prendre la relève de ses parents pour que la nomenklatura du socialisme reste en place et conserve ses privilèges.

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