L’inflation ne vient pas de l’égoïsme des entreprises, mais de l’interventionnisme

Alors que le gouvernement se concentre sur les marges des producteurs, la véritable cause de l’inflation pourrait se trouver dans son interventionnisme.

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L’inflation ne vient pas de l’égoïsme des entreprises, mais de l’interventionnisme

Publié le 3 octobre 2023
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Le ministre de l’Économie a l’impression que dans le secteur de l’alimentation, les producteurs de biens gagnent trop d’argent, et souhaitent une baisse des marges.

Le gouvernement accuse les industriels de manque de solidarité.

Un représentant du ministère affirme à Capital :

« Il y a eu trop de rigidité de la part des industriels au cours des derniers mois, et pas de baisse de tarif pour les consommateurs. Donc pour lutter contre l’inflation, le gouvernement a pris les mesures nécessaires pour faire baisser les prix au plus vite ».

Selon Le Monde :

« Bercy, qui, depuis des mois, tente en vain d’obtenir des industriels et des distributeurs qu’ils renégocient leurs tarifs à la baisse, est contraint de passer par la loi. »

En effet, le gouvernement et la presse rendent les entreprises responsables des hausses de prix. Ils réclament des concessions de la part des producteurs, comme la vente de produits à prix réduits.

En réalité, les hausses de prix viennent non des entreprises, mais des gouvernements.

Ils créent sans cesse plus d’argent via les déficits. Le résultat est que la valeur de l’euro tend à la baisse, avec pour conséquence que les coûts de produits sur le marché mondial, comme le pétrole ou le maïs, partent à la hausse. La hausse des prix reflète, non un changement chez les producteurs, mais la chute de la valeur de la monnaie – à cause des dirigeants.

Le problème n’a pas pris fin, en dépit des hausses de taux des banques centrales.

Le déficit du gouvernement de cette année dépasse le montant de l’année dernière. À présent, le gouvernement émet des quantités de dette sans précédent – la garantie d’un retour des mesures de soutien par la banque centrale, aux dépens de l’euro.

Selon Les Échos :

« Selon nos informations, malgré le reflux attendu du déficit, l’État empruntera en 2024 un montant sur les marchés supérieur aux 270 milliards programmés pour cette année, et qui constituait déjà un record – ce serait compris entre 280 et 290 milliards selon plusieurs sources. »

De plus, le gouvernement continue des mesures pour injecter davantage d’argent.

Par exemple, le président annonce cette semaine une ristourne à la pompe.

Dans l’immobilier aussi, le gouvernement veut davantage de création de crédits, afin de fournir une illusion de richesse, et générer de l’activité, même lorsqu’elle ne présente pas d’intérêt.

Dans une interview accordée cette semaine au journal Le Parisien, le ministre de l’Économie évoque l’idée de subventions pour l’achat de logement, via des aides à l’emprunt pour les particuliers !

Ainsi, ceux-ci auront « des conditions de financement de crédit plus attractives que celles du marché ».

Le gouvernement ne prend pas les mesures nécessaires. Il continue les injections d’argent, puis fait pression sur les producteurs de biens – comme l’alimentaire – afin d’en masquer les conséquences.

 

Incompréhension sur les marges

La recherche de l’optimisation des marges fait partie du fonctionnement de base des entreprises, et des humains en général.

Chacun espère le plus de retour sur l’usage de son temps, son argent et ses ressources.

Le ministre espère un abaissement des prix du côté des producteurs, sans contrepartie, et en dépit de la situation de l’offre et de la demande dans les marchés.

Dans l’objectif d’une baisse des prix en supermarché, le gouvernement fait pression contre les sociétés de production dans l’alimentaire, comme Nestlé, Lactalis ou Danone.

Les autorités changent ainsi les règles sur la négociation des contrats, afin de pousser à des baisses de prix en début d’année prochaine. La limite pour la négociation entre les supermarchés et les producteurs de biens passe de mars à janvier.

Les sociétés de la distribution – les supermarchés, comme Leclerc ou Intermarché – reçoivent l’appui des autorités dans les négociations.

Voyez, les supermarchés ont suivi les directives sur les prix, même sans l’intervention d’une loi sur les marges, avec un gel de prix sur 5000 produits en rayon, selon les journaux. En contrepartie du soutien du gouvernement dans les négociations, les distributeurs ont promis de conserver les mêmes types de marges qu’aujourd’hui. En somme, en cas de baisse des prix des biens de la part des industriels, les supermarchés ont l’obligation d’afficher les mêmes types de baisses en rayon.

Cet été, Libération a expliqué :

« Au terme de réunions avec les acteurs de la chaîne alimentaire française, le ministre de l’Économie a annoncé un blocage des prix sur de nouveaux produits et une obligation pour les distributeurs de répercuter les baisses de tarifs consenties par leurs fournisseurs. Les négociations entre industriels et supermarchés pour 2024 vont être anticipées. »

Les supermarchés ne produisent pas de biens.

Ainsi, ils ne portent pas le risque de hausse du coût du blé ou du soja. Ils achètent les produits aux industriels.

Les concessions des distributeurs au gouvernement coûtent sans doute peu de choses – elles dépendent d’une baisse des prix des producteurs, et ne forcent pas à des ventes à perte.

La proximité avec les dirigeants peut porter ses fruits pour les entreprises.

Le raccourcissement du délai de renégociation pour les entreprises sert l’intérêt des supermarchés.

En effet, le rythme de progression des prix baisse un peu pour le moment, et le coût des matières premières revient vers la norme après deux ans d’explosion des coûts.

Le coût du blé tombe par exemple autour des niveaux de l’été 2021, après une explosion des prix l’année dernière. Les distributeurs espèrent ainsi des concessions sur les prix des aliments.

 

Déficits et hausses de prix : coût du dirigisme

Les tentatives de contrôle du gouvernement font partie d’un mode de pensée sur l’entreprise et le fonctionnement d’une économie.

La presse et les dirigeants pensent que les entreprises servent, non pas l’intérêt général, mais seulement le bien des actionnaires ou des cadres. Les tentatives d’accroître les bénéfices proviennent d’une recherche de profit, sans égard au bien-être des consommateurs.

Ainsi, croient-ils que les lois compensent le manque de solidarité des entreprises, avec des règles sur les prix en magasin, des limites aux marges ou l’imposition de conditions de négociation entre les supermarchés avec les fournisseurs.

Pour eux, la production de biens revient juste à la transformation de matière brute – le blé, l’orge, ou le lait – en produits pour la consommation, comme les pâtes ou le pain. Les marges des entreprises reviennent à un surcoût pour l’ensemble de l’économie, sans intérêt pour le reste des citoyens.

En pratique, les marges dans la production de biens en magasins – dans l’alimentaire ou les produits ménagers – marchent de la même façon que dans la fabrication de voitures, ou la production de pétrole.

Les marges servent de mécanisme pour l’élimination des déséquilibres entre l’offre et la demande.

D’une part, les marges fournissent des capitaux aux sociétés, afin de poursuivre des investissements sur la production. Par exemple, le secteur des porte-conteneurs affiche en ce moment une hausse inédite des commandes de navires de transport. En effet, de 2021 à 2023, ce secteur a engrangé des centaines de milliards de dollars de bénéfices, une situation inédite. L’argent sert à présent à la construction de navires – un accroissement de l’offre des capacités de transport.

D’autre part, les marges attirent plus d’acteurs vers un secteur, et mènent ainsi à plus d’offre de produits, et de concurrence.

Ainsi, les consommateurs bénéficient d’un plus grand nombre de produits à leur disposition, et de prix en baisse.

Une hausse des profits conduit en général à une hausse de l’offre et un retour à l’équilibre au bout du compte.

Par contre, les dirigeants voient le déclin des prix de matières premières par rapport aux sommets de l’an dernier, et en concluent une mauvaise foi de la part des producteurs. Ils mènent à présent une campagne de pression, et de menaces de lois.

La presse reprend le refrain.

Le gouvernement lutte contre les hausses de prix, disent les journalistes.

En réalité, la hausse des coûts de produits en magasin découle de la perturbation de l’offre et de la demande en raison des mesures des gouvernements depuis les confinements.

Avec la création d’argent – via le déficit – le gouvernement continue une politique de dévalorisation de l’euro. Les consommateurs verront encore pour des années l’impact sur les prix en magasin.

 

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  • inflation..
    première définition trouvée sur le net…
    Inflation
    L’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Elle correspond à une augmentation générale des prix des biens et services dans une économie.
    on remarque le concept de » pouvoir d’achat de la monnaie »…et par dessus le marché ici pas de mention des revenus en unité monétaire juste les prix pas le pouvoir d’achat… ni bien ni mauvais donc..

    je n’ai quant à moi qu’une question.. si la production de monnaie n’est pas arbitraire.. pourquoi donner ce role à un des humains? Ensuite…si elle est arbitraire comment la rendre neutre et qu’elle ne soit pas un moyen de spolier tel ou tel groupe..?

    • L’inflation, par définition c’est la gonflette, qu’il s’agisse de gonfler un pneu ou la masse monétaire.
      Ce terme désigne par extension, et par confusion entre effet et cause, la hausse des prix qui résulte arithmétiquement de l’émission de monnaie (planche à billet) non compensée par une hausse d’activité, biens et services. Cette fausse monnaie, indiscernable de la vraie à laquelle elle se mélange progressivement, finit par augmenter les prix puisqu’il en circule plus pour acheter la même chose.
      Le peuple dont « on » a ainsi acheté les suffrages en s’endettant lourdement ne se rend pas compte qu’il finit par en payer la facture par la hausse des prix qui en résulte.

  • Si je suis bien d’accord que l’inflation est due essentiellement aux décisions gouvernementales, tout ne date pas des confinements.
    Le calendrier veut qu’il y a eu une acceleration des interdictions et normes dans tous les domaines grandement du à la transition écologique: fin du diesel et mise en place des zfe, obligation de mise au norme des logements, mise en place des dispositifs de prime énergie au détriment des distributeurs, politique de 0 artificialisation des sols, interdiction de certains produits agricoles, etc.

    • Exactement. L’inflation est due à l’influence du gouvernement qui introduit des inefficacités dans le processus de création de richesses, par des obligations réglementaires empêchant le chemin le plus court et par du grippage dans le libre jeu de fixation des prix (lequel serait le meilleur garant du choix naturel de l’efficacité). La même création de richesse « coûte » plus de détours, et donc le choix est entre créer moins de richesses ou apporter de la monnaie artificiellement créée pour l’occasion pour payer les détours. Comme créer moins de richesses est politiquement suicidaire, c’est la deuxième solution qui est choisie.

    • Et une fois créée, le gouvernement alimente cette inflation : il pousse les entreprises à augmenter les salaires. Et cette augmentation de salaire augmente les produits (en France, 90% du prix d’un produit provient des salaires et des taxes associées). Bruno Lemaire crée ainsi la spirale d’inflation sans fin des années 70 ; sauf qu’à cette époque on pouvait d’évaluer le franc. Pour dévaluer l’euro, ça va être dur de se mettre d’accord à 27.

      • « Pour dévaluer l’euro, ça va être dur de se mettre d’accord à 27. »
        Je ne suis pas économiste, ni spécialiste financier, mais il me semble que l’Euro s’est dévalué mécaniquement et régulièrement par rapport au dollar, alors que chacun des 27 pays qui utilisent l’€uro essaie de tirer la couverture à lui depuis deux décennies! L’accord n’est pas tacite, mais intrinsèque au fonctionnement de l’Europe à 27 mélangeant carpes et lapins!

        • Non, l’euro n’a pas été dévalué. Il fluctue en fonction de son attraction du moment. Une d’évaluation est formellement décidée par une Banque centrale. À sa création, l’euro était à parité avec le dollar. Il y est revenu.

      • Vu l’absence de qualité de bien des produits français, même si on payait le client, il n’achèterait pas. Alors dévaluer ne sert à rien. Dans les années 70 ou 80, on bénéficiait encore d’une certaine compétence résiduelle et de la réputation qui va avec. C’est fini. La déconfiture devient particulièrement apparente depuis l’ère Macron, elle est imitée par l’Allemagne, et même les USA sont mal barrés. Regardez les commentaires des économistes, nous devrions être au point où la suppression des projets à faible rentabilité par la hausse des taux aurait assaini la situation, mais soutenus par les états et les écolos, ces projets persistent et donc l’inflation aussi.

  • Il y a cent façon de disserter sur l’inflation et ses causes. Mais ce qui est certain, c’est que la cause principale qui fait monter le coût de la production de quoi que ce soit, biens ou services, c’est le coût de l’énergie, laquelle est l’ingrédient indispensable et inévitable d’absolument tout, sans énergie pas de vie.
    Et tant qu’on la gaspille dans des politiques aberrantes de « transition écologique », soi-disant pour sauver la planète ou « maitriser » le climat, lesquels s’en fichent complètement, on n’aura pas fini de parler de l’inflation.

  • Les commentaires sont fermés.

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