Trente pensées de Montesquieu à méditer

Gérard-Michel Thermeau nous rappelle la vision progressiste de Montesquieu sur la politique, la société et la liberté, jetant ainsi une lumière nouvelle sur les enjeux contemporains.

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Trente pensées de Montesquieu à méditer

Publié le 23 août 2023
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Montesquieu est souvent considéré comme un des auteurs des Lumières qui a le plus contribué à fonder le libéralisme français, avec notamment sa théorie de la séparation des pouvoirs.

L’auteur des Lettres persanes et de L’Esprit des Lois a laissé diverses notes manuscrites non insérées dans ses ouvrages publiés, ou constituant la base d’ouvrages projetés et jamais achevés. Voici trente citations qui sont autant d’éléments de réflexion qui gardent toute leur pertinence aujourd’hui.

À l’exception de la première citation, elles sont extraites de Quelques réflexions ou pensées détachées que je n’ai pas mises dans mes ouvrages publiées à Bordeaux en 1899 et 1901, le numéro étant celui de cette édition.

 

1. Thucydide disait que les gens médiocres étaient les plus propres au gouvernement (De la politique)

2. Ce sont les perpétuelles réformes qui font que l’on a besoin de réforme. (Vie, 48)

3. Il y a des sots qui ont de la pesanteur, et des sots qui ont de la vivacité ; mais ce sont les sots qui ont de la vivacité qui accouchent des projets les plus stupides. (Vie, 60)

4. Je ne juge jamais les hommes par ce qu’ils ont fait ou ce qu’ils n’ont pas fait à cause des préjugés de leur siècle. […] Je ne juge point de Saint-Louis par ses croisades. (Écrits, 87)

5. Comme, parmi les Asiatiques, la servitude des femmes a fait naître une plus grande servitude, leur liberté, parmi nous, a fait naître une plus grande liberté. (Sur la jalousie, 580)

6. C’est un principe bien faux de Hobbes : que, le Peuple ayant autorisé le Prince, les actions du Prince sont les actions du Peuple, et, par conséquent, le Peuple ne peut se plaindre du Prince, ni lui demander aucun compte de ses actions : parce que le Peuple ne peut pas se plaindre du Peuple. […] Il est faux que celui qui est délégué ait autant de pouvoir que celui qui délègue, et qu’il ne dépende plus de lui. (Pensées morales, 601)

7. Il ne faut point faire par les lois ce qu’on peut faire par les mœurs. Les lois inutiles affaiblissent les nécessaires. (Maximes générales de politique, 630, IV et VI)

8. Le point fondamental de la bonne administration est facile : il ne consiste qu’à ajuster la dépense avec la recette. Si celle-ci ne peut augmenter, celle-là doit descendre, et jusqu’à ce que cela soit fait, aucun projet ne peut être utile… (Les Princes, 662)

9. Les observations sont l’histoire de la physique et les systèmes en sont la fable. (Sciences Physiques et naturelles, 681)

10. Avec les richesses de tous les climats, nous avons les maladies de tous les climats. (Découvertes et inventions, 736)

11. Il ne faut pas mettre du vinaigre dans ses écrits ; il faut y mettre du sel. (Art d’écrire, 806)

12. Si l’imprimerie était venue dans ce temps, où la langue est si chaste, nous aurions presque tous les ouvrages des Anciens mutilés. (Littératures diverses, 846)

13. Si on ne voulait être qu’heureux, cela serait bientôt fait. Mais on veut toujours être plus heureux que les autres, et cela est presque toujours difficile, parce que nous croyons les autres plus heureux qu’ils ne sont. (Plaisirs et bonheurs, 1003)

14. L’amitié est un contrat par lequel nous nous engageons à rendre de petits services à quelqu’un, afin qu’il nous en rende de grands. (Affections, 1092)

15. Je dirai de l’argent ce qu’on disait de Caligula, qu’il n’y avait jamais eu un si bon esclave et un si méchant maître. (Cupidité et libéralités, 1127)

16. La dévotion trouve pour faire une mauvaise action des raisons qu’un simple honnête homme ne saurait trouver. (Dévotion et intolérance, 1150)

17. J’envie la témérité des sots : ils parlent toujours. (Sottises et préjugés, 1191)

18. La vieillesse nous ôte les sottises et les vices de la jeunesse ; mais elle ne nous donne rien. (Vertus et vices, 1210)

19. Moins on pense, plus on parle. (Conditions et professions, 1310)

20. J’aime les paysans : ils ne sont pas assez savants pour raisonner de travers. (Conditions et professions, 1313)

21. La Suisse est indomptable, parce qu’il n’y a pas un homme en Suisse qui ne soit armé et ne sache manier les armes ; et il n’y a guère d’État à qui la politique permette d’armer tous ses citoyens. (Allemagne, Hollande et Suisse, 1698)

22. De deux partis, celui de ceux qui ne suivent pas le torrent est ordinairement le meilleur. (Préceptes, 1723)

23. Quand vous aurez fait tout ce qu’il faut pour avoir de bons esclaves, il ne vous restera plus que de mauvais sujets. (Puissance des États, 1768)

24. La raison pourquoi la plupart des gouvernements de la Terre sont despotiques, c’est que cela se fait tout seul. (Diverses espèces de gouvernements, 1793)

25. La liberté, ce bien qui fait jouir des autres biens. (Liberté, 1797)

26. Ce qui fait que les gens de commerce sont plus indépendants, c’est que leurs biens sont plus hors de portée des mains du Souverain. (Liberté, 1807)

27. Les ministres travaillent toujours contre la liberté : ils haïssent les lois, parce qu’elle gênent toutes leurs passions. (Ministres et agents du Prince, 1867)

28. Une chose n’est pas juste parce qu’elle est loi ; mais elle doit être loi parce qu’elle est juste. (Législation, 1906)

29. L’esclavage est contre le Droit naturel, par lequel tous les hommes naissent libres et indépendants. (Esclavage, 1935)

30. Toute loi inutile est une loi tyrannique. (Droit pénal, 1950)

 

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  • « 1. Thucydide disait que les gens médiocres étaient les plus propres au gouvernement (De la politique) »

    Ah la « médiocratie » n’avait pas encore changé de nom!

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