Mixité sociale : illusion face à l’effondrement étatique

Dans un pays marqué par des décennies de pensée industrielle et collectiviste, Didier Cozin remet en question l’efficacité de la mixité sociale comme solution aux lacunes des institutions étatiques.

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Mixité sociale : illusion face à l’effondrement étatique

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 19 août 2023
- A +

En France, depuis l’après Seconde Guerre mondiale, les systèmes social et politique ont été largement dominés par une pensée à la fois industrielle (normal, nous étions encore au XXe siècle, dans un pays largement rural) et collectiviste (symbolisé par un État qui s’occuperait de tout, et qui prendrait en charge la totalité de la vie des citoyens, du berceau au cercueil).

 

Les anciennes structures de solidarité ont explosé depuis mai 68

Il aura fallu démanteler (ou pour le moins dévaloriser) les anciennes structures qui intégraient dans notre pays : la famille, le mariage, l’armée, l’école, l’entreprise et le monde du travail (les associations professionnelles, le compagnonnage, l’entraide, la valeur travail) pour laisser l’individu seul, pieds et poings liés, face à un État se prétendant bienveillant, omnipotent, compétent en tout, et seul représentant du bien commun.

Las, les humains, la société, l’économie, l’écologie ne répondent pas longtemps aux normes idéologiques, et face à l’effondrement contemporain de la plupart des organisations étatiques (les institutions, l’école, l’hôpital, les grandes agglomérations) le socialisme, en quête de nouveaux gadgets, a développé un concept miracle censé corriger les excès ou les manquements de l’État : la mixité (scolaire, sociale, professionnelle…).

Dans les écoles, les facs, les quartiers, les entreprises, il suffirait de mélanger le bon grain (les bons éléments) et l’ivraie (ceux en « difficulté ») pour faire monter en compétences l’ensemble du corps social, redonner du sens et du bonheur de vivre en commun.

 

Le désastre indépassable du collège unique et inique

Dans le secondaire, en 1977, on est parti du principe que le mélange des bons élèves (ou ce qu’il en reste dans le secteur public) via le collège unique allait réenchanter le monde scolaire, donner leur chance à tous (et non-dit très important : créer de nombreux postes d’enseignants).

Sauf que les enfants ne fonctionnent pas comme cela : un enfant est souvent à la fois conformiste et influençable. Si dans une classe de 30 élèves, un ou deux élèves tentent de mettre le bazar, de saboter le cours, de ridiculiser les adultes, il y a fort à parier que la réprobation générale (surtout si les profs s’en mêlent) et la force du groupe auront raison des éléments perturbateurs qui n’auront comme alternative que de se plier à la loi du groupe, ou de se retirer.

Malheureusement, il y a aujourd’hui en France bien peu de bons élèves susceptibles de faire corps et de tirer vers le haut l’ensemble des classes de France.

Non seulement la plupart des enseignants ne font plus la loi en classe (ils font désormais le gros dos ou signent une paix sociale comportant l’abandon de toute sollicitation à travailler), mais le mauvais élève est devenu la norme depuis l’avènement et la généralisation d’Internet (haut débit + Google et désormais ChatGPT).

Face à l’impuissance de l’école, l’injonction à la mixité scolaire et au mélange des publics est devenue un vœu creux et pieux, une impossibilité dans le chaos quasi généralisé qui règne dans les classes de France. Selon les enquêtes PISA, c’est en France qu’on déplore un des plus mauvais climats scolaires au monde.

 

Le brassage social, même dans les piscines

Hier matin, sur France culture, on évoquait des piscines publiques (presque toutes en faillite) qui contribueraient au « brassage (sic) social ».

Face aux inconséquences et imprévoyances de l’État providence (désormais sans le sou ni forces, car trop sollicité) les thuriféraires du service public pensent avoir trouvé une roue de secours sociale qui comblerait toutes les lacunes et manques de budgets : la mixité.

Plutôt que de tenter d’élever le niveau des moins bons, on mélange tout et tous en espérant que le miracle de la mixité remontera l’ensemble de la population.

 

Les ghettos et la ghettoïsation, un autre concept fourre-tout

Pour qui connaît un peu l’histoire, invoquer le terme de ghettos pour parler des banlieues en France, y compris la Seine-Saint-Denis, c’est pratiquer un raccourci trompeur.

En France, il n’y a ni enfermement ni oppression physique de personne. Si au cours du temps, les Juifs furent effectivement enfermés dans des ghettos (ghetto de Venise, ghetto de Varsovie durant la Seconde Guerre mondiale), ou si des ghettos noirs ont existé aux États-Unis, parler de ghettos en France est trompeur et inapproprié.

Personne en France n’est assigné à résidence, sauf peut-être les élèves du public à cause de la carte scolaire. Personne n’est empêché de faire des études, de devenir médecin, professeur ou ingénieur, de progresser socialement. Par contre, si on compte bien des victimes, ce sont d’abord et surtout celles du socialisme et de l’assistanat tous azimuts qui empêchent, victimisent et misérabilisent certains, les empêchant de prendre leur vie en main, de devenir mobiles, de s’assumer, de travailler et de choisir leur travail.

 

La mixité et la diversité ne se décrètent pas, elles existent quand on laisse faire, quand on cesse de contraindre le travail, les travailleurs, les citoyens, quand on fait confiance à ceux qui ont leur vie pour prouver qu’ils sont capables du meilleur, loin d’un État nounou qui déresponsabilise, infantilise et décourage.

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  • Avatar
    jacques lemiere
    19 août 2023 at 8 h 30 min

    oui.. l’état allait s’ocupper d’education… il ya des gens qui savent..et en plus ils ont en poste.. et fonctionnaires..
    tiens jeancovivi dit que l’énergie relève du régalien..
    d’autres trouvent que laisser la nutrition dans les mains et bouches de simple plebeians coute cher à la collectivité..on est encore au stade du conseil et de la taxe…mais pour combien de temps..

    quand l’etat s’en mêle, il détruit la véritable competence car une competence ou une hiérarchie qui ne repose pas sur la concurrence a une valeur indéterminée.

  • Il n’y a que l’occident dégénéré pour croire que la mixité sociale fonctione.

    Les mouvements de populations ont toujours existés dans l’histoire de l’humanité et ne se termine que de 2 façons : l’assimilation, ou l’invasion.

    L’idée de mixité où chacun vit selon sa culture/coutume mais « en même temps » respecte les autres, n’a jamais existé, et n’existera jamais.

    • A propos du « en même temps », la laîcité est du même tonneau . Alors, a-t’elle jamais existé ?

      -2
    • Oui et curieusement dès qu’on pointe du doigt les arabes, on est modéré pendant 3 jours sur ce site, et sur celui de l’iref absolument tous mes posts ont ete supprimés…
      Censure de bobos, refus de voir la réalité en face ?
      Nous devons expulser les arabes de france, car leur culture ne vise qu’à nous éradiquer sur notre propre sol, contrairement aux africains que je pratique de près également, ils n’ont aucun souhait de rentrer au pays, seulement celui de transformer la France en terre d’islam

    • ce n’est pas que ça fonctionne…

      la mixité sociale ou l’egalité de revenu ( ou le pib, le taux d’industrialisation le taux de chomage etc.. ) ne sont pas pour, des personnes libérales, des objectifs.. ce sont juste des paramètres ,collectif g utiles ou pas, pour analyser commet les Sociétés fonctionnent..

      le but du communisme est le bonheur du peuple qui est confondu avec..avènement du communisme..

      les vraies questions à poser quand de l’argent public fiance un truc c’est quel est le but… combien ça coute , comment on voit is ça marche et comment on sait que ça vaut ça… parce que sinon… quand à qui vous avez commencé à dépenser de l’argent pour financer un truc public.. vous ne savez pas quand arresters de le faire…

      A mon opinion, les piscines publiques ne devraient simplement pas exister… la mixité sociale qui y règnent ou pas est un non sujet…

      • S’il n’y avait pas de piscine publique, il n’y aurait simplement pas de piscines du tout court car leur construction n’est pas rentable financièrement, et leur gestion non plus : on l’a bien vu quand les piscines privées ont pris l’augmentation du gaz, elles ont toutes fermées ou restées ouvertes sous perfusion.
        Or ces équipements sont nécessaire pour le bien être sportif et l’éducation (privée comme publique), et les nappes phréatiques n’ont pas la capacité de multiplier les petites piscines individuelles à volonté.

  • Le but de la mixité sociale n’est pas d’élever le niveau scolaire. En effet, plus ce niveau est élevé, moins ces futurs adultes voteront socialiste. Car chacun aura appris sa valeur individuelle et son potentiel d’évolution et d’enrichissement personnel. Et cette formation humaine est anti collectiviste par essence. La preuve en est que le niveau d’étude n’a cessé de diminuer, à l’exception de celui de nos édiles qui mettent leurs enfants dans des écoles privées très très fermées.
    L’école des cancres crée les futurs assistés sociaux qui vénèreront ceux qui leur jettent des miettes pendant qu’ils se gaveront de richesses comme Holland ou Mélenchon pour ne citer qu’eux comme exemple.
    Il fut un temps où un élève ayant eu son baccalauréat pouvait entrer dans n’importe quelle façon étrangère. Aujourd’hui, ils doivent suivre des cours de rattrapage durant l’été et passer un examen de niveau. Les élèves n’ont ainsi plus que la fac française pour continuer leurs études, accompagnée de l’endoctrinement politique qui va avec : pas question de présenter une thèse économique qui ne vante pas le collectivisme, d’analyser objectivement l’écologie ou de condamner l’immigration.

    • Je ne vois pas ce qu’ il y a d’ anti collectiviste dans la primauté de la valeur individuelle. Ou vous sous entendez ce que pensent les gens de gauche. Bien au contraire, il est toujours question de vivre en harmonie avec les autres dans la philosophie libérale. La question me semble-t-il est plutôt de savoir si le but d’ une politique est la mixité sociale et le bonheur « républicain » ou de poser et se conformer à un cadre stricte et conservateur tout en laissant libres les gens talentueux pour enseigner et éduquer. Dans l’ absolu, la mixité sociale qui en découlera élèvera forcément l’ ensemble. La rencontre de l’ autre est toujours enrichissante.

      •  » la mixité sociale qui en découlera élèvera forcément l’ ensemble. La rencontre de l’ autre est toujours enrichissante. »
        les 10000 dernières années de l’Histoire montrent le contraire.

         » il est toujours question de vivre en harmonie avec les autres dans la philosophie libérale »
        Oui, mais quand les 90% restants de la population veulent vous couper la tête, vous dépouiller, vous forcer à vivre comme eux, etc.. la réalité revient au galop. Et c’est précisément pour ça que la mixité sociale ne marche

        • En somme il n’y a plus qu’à supprimer ou enfermer les 90% de la population problématique..
          Depuis les premiers temps de l’humanité il y a eu de la redistribution d’une manière ou d’une autre, plus ou moins selon les expériences, car tous les humains ne sont pas pareils même éduqués, intégrés, etc. Ce qui compte c’est de trouver le bon équilibre, une certaine harmonie qui ne lèse personne. Les excès sont corrigés par des excès.

      • Un bon communiste doit obéir au parti et à ses décisions. Tout individu ayant des idées doit les oublier. Voyez donc comment l’individu est traité dans les pays communistes que nous vendent Mélenchon et autres gauche caviar. Leur model, c’est l’URSS, la Chine de Mao, Cuba,…
        L’individu doit donc apprendre à obéir et surtout ne pas développer de capacités individuels.

  • «Las, les humains, la société, l’économie, l’écologie ne répondent pas longtemps aux normes idéologiques, et face à l’effondrement contemporain de la plupart des organisations étatiques..»

    C’est vrai l’Etat, trop grossier et brutal, ne peut pas répondre à certains besoins humains.
    En revanche, concernant les structures anciennes, notamment la famille, le mariage voire l’armée, je leur reprocherai d’avoir été trop codifié et figé (bien aidé par l’Etat déjà), les rendant de plus en plus obsolètes.

    Schématiquement pour moi le laisser faire , c’est pour les progressistes d’accepter qu’il y a des conservateurs, et, pour les conservateurs qu’il y a des progressistes. C’est donc affaire de compromis.

  • La mixité sociale est un leurre.
    On s’assemble toujours avec qui nous ressemble.
    S’il y a mixité, elle ne peut être qu’accidentelle, secondaire ou inutile.
    J’appartiens à l’Amicale des Boulistes de ma région. Certes je peux avoir des amis possiblement d’un autre rang social. Mais tous sont des boulistes, car c’est cela qui nous préoccupe tous.
    Je pars vivre à l’étranger dans un pays aux moeurs, coutumes, cultures, centres d’intérêt différents des miens. Avec qui vais-je naturellement frayer ? L’autochtone avec qui un dialogue pointu est hasardeux ? Les Français du coin ?
    Je suis un cycliste, smicard, n’aimant pas la musique. Ma ville propose des soirées, gratuites, à l’opéra. Pour éveiller la plèbe à la « musique de classe ». Alors. Opéra ou bistrot avec les fans de la petite reine ? La question, elle est vite répondue.
    Contrainte ou facultative, désirée ou subie, la mixité ne doit pas être un horizon, et ne peut être une réalité.
    En forçant le trait.
    Le ghetto physique et culturel est la vraie norme de l’humanité.

    • Je suppose que cette « mixité sociale » ne se réduit pas au « brassage obligatoire » comme par exemple notre service militaire d’antan qui après tout peut conduire à des amitiés improbables ou stimulations révélatrices. L’élément qui le transforme en désastre est cet aspect de redistribution égalitariste qui en fait un système de pillage généralisé où au lieu de donner une vraie chance aux « défavorisés » on leur offre mielleusement sans contrepartie ce qui est confisqué sans ménagement aux mieux lotis. Cette dérive vers l’extinction finale est irréversible dès que la pègre au pouvoir a ainsi créé suffisamment d’insatisfaits jaloux pour assurer sa réélection.

      • Notre service militaire d’antan était tout le contraire du brassage social moderne. C’était un brassage aveugle, avec des possibilités de promotion au mérite qui faisaient émerger les bons et les avantageaient par rapport aux autres. En revanche, il n’y avait aucune pitié pour les mauvais, aucune excuse, et leur incompétence était révélée aux yeux de tous. Leur seul avenir était de rengager…

  • « Personne en France n’est assigné à résidence, sauf peut-être les élèves du public à cause de la carte scolaire. Personne n’est empêché de faire des études, de devenir médecin, professeur ou ingénieur, de progresser socialement ».
    C’est un peu vite dit. Ce n’est pas interdit, mais défavorisé. Pour l’assignation à résidence, c’est le HLM. Vous habitez dans un quartier horrible, mais le loyer est dérisoire. Si vous partez, vous ne pourrez pas revenir, et subirez des loyers doubles ou triple.
    Les études. Après un mauvais collège et lycée (carte scolaire oblige), vous voulez continuer les études. Mais vous avez énormément de retard, les CPGE sont impossibles, et toute formation sélective d’ailleurs. Vous vous inscrivez donc pour toucher les aides du CROUS. Les perspectives limitées ne vous encouragent pas à travailler vos études, dealer est plus intéressant par exemple.
    La progression sociale. Vous voilà avec votre diplome en poche, vers 25 ans (après moult redoublements). Vous découvrez qu’il ne correspond pas au marché du travail, et donc un salaire pas terrible. Ou sinon il y a les aides sociales, un HLM de la cité, le tout complété avec dealer (vous avez les compétences et les relations pour).
    Vous avez un escalier, les premières marches sont très hautes, et le premier étage est sans intérêt.

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