Fifi : la magie émancipatrice d’une rencontre

« Fifi », réalisé par Jeanne Aslan et Paul Saintillan traite la question sociale avec finesse et originalité, évitant ainsi les clichés du film social.

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Fifi : la magie émancipatrice d’une rencontre

Publié le 17 juin 2023
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*Film réalisé par Jeanne Aslan et Paul Saintillan avec Céleste Brunnquell, Quentin Dolmaire.
Sortie mercredi 16 juin 2023.

 

C’est le début des vacances d’été. Fifi habite chez sa mère un appartement HLM de la banlieue de Nancy.

La cohabitation avec son petit frère, ses sœurs, dont la plus grande a un bébé, et le compagnon de sa mère est mouvementée. Fifi, étonnamment mature pour ses 15 ans, semble échapper aux passions du quotidien qui animent cette joyeuse famille. Débrouillarde et pragmatique, elle participe à la vie domestique, à mi-chemin entre l’agacement et le détachement.

Lorsqu’elle rencontre une ancienne camarade de classe qui l’invite à prendre un verre dans sa belle maison, juste avant de partir en vacances, Fifi ne peut résister : elle subtilise un jeu de clefs en un geste quasi automatique, fait-précipice bretonnien.

Pensant pouvoir se réfugier dans le calme de cette harmonieuse maison d’architecte, Fifi n’avait pas prévu le retour de Stéphane, 23 ans, le fils de la famille.

S’ensuit une rencontre toute en subtilités entre ces deux personnages que ni leur âge ni leur milieu n’étaient censés rapprocher.

Au-delà de l’histoire et de son déroulé rohmérien, c’est le traitement de la question sociale qui est ici original et franchement rafraichissant. Loin de tomber dans les clichés du film social, les réalisateurs s’attachent à dépeindre des milieux certes différents, mais fonctionnels et attachants.

Pas d’ostentation de mépris ou d’indifférence chez les plus aisés ; eux aussi ont leurs lots de problèmes existentiels, tel l’ami de la famille de Stéphane qui essaye de prendre avec légèreté l’hostilité de sa fille adolescente. La culture leur est offerte, mais sont-ils à la hauteur de cette facilité ?

Chez les plus pauvres, pas de victimisation : la cité hlm n’est pas misérable, l’ascenseur fonctionne, l’appartement n’est pas petit, même s’il l’est trop pour la famille. Chacun participe aux combines qui permettent d’assurer le quotidien.

Le désir d’émancipation de Fifi ne ressemble en rien à de la jalousie. La justesse sociale sans le spectre vindicatif de la justice sociale ! Quel bonheur de se laisser porter par ce film à la mise en scène impeccable, aux dialogues soignés, porté par des acteurs remarquables. Fifi est interprétée par Céleste Brunnquell. Elle est ici un peu plus jeune que dans la série En thérapie et par Quentin Dolmaire qui jouait un assistant lunaire dans la série OVNI. Même les seconds rôles sont tous excellents.

Premier film d’un couple de réalisateurs plus tout jeunes qui, après des années de galère, ont enfin trouvé un producteur, Fifi a obtenu le premier prix, à l’unanimité du jury, dans la catégorie « nouveaux réalisateurs » au festival de San Sebastian.

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