États-Unis : détérioration des problèmes frontaliers

La frontière sud des États-Unis demeure le théâtre d’une crise migratoire complexe, avec des tentatives désespérées de traversées irrégulières malgré les politiques restrictives.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 1
image générée par IA

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

États-Unis : détérioration des problèmes frontaliers

Publié le 20 mai 2023
- A +

Malgré ce qu’on peut dire contre le pays, les États-Unis demeurent une force d’attraction pour l’immigration. Mais à moins d’être très riche ou d’épouser un Américain, d’avoir une famille déjà présente, s’intégrer à la société « légalement » semble plus difficile que d’obtenir le laisser-passer A38.

C’est pourquoi des millions de personnes tentent de traverser la frontière sud, souvent au péril de leur vie. Le titre 42, imposé par Donald Trump par « urgence sanitaire » durant la pandémie, est échu depuis vendredi matin, faisant craindre une nouvelle augmentation des tentatives de traversées irrégulières. Les quelque 400 soldats et 24 000 agents de l’immigration déployés pour tenter de contrôler ce flot risquent vite d’être débordés.

Au moment d’écrire ces lignes (14 mai), il ne semble pas que la situation soit plus chaotique que d’habitude. Le secrétaire Mayorkas au Homeland Security affirme même que les traversées ont diminué. Mais pour combien de temps ?

Car depuis l’entrée au pouvoir de Joe Biden, n’en déplaise à sa porte-parole, les tentatives de traversée ont augmenté de façon exponentielle. Selon les derniers chiffres des services frontaliers, ce sont près de 192 000 personnes qui ont tenté de traverser la frontière sud du pays. C’est plus de dix fois le creux d’avril 2020, que Trump a associé à sa politique de séparation des familles – « les familles ne viendront pas si elles savent qu’elles seront séparées » a-t-il dit récemment.

Toutefois, l’administration Biden n’a guère fait mieux depuis 2021. Que ce soit la séparation des familles, un favoritisme indu envers certains pays – ce à quoi Karine Jean-Pierre se référait dans une citation plus haut – ou de fortes restrictions envers les demandeurs d’asile, elle a continué les politiques de ses prédécesseurs.

Qui plus est, elle a fermé les yeux face à des rapports alarmants citant l’exploitation d’enfants migrants. Une lanceuse d’alerte, qui s’inquiétait d’un manque patent d’examen des commanditaires, a perdu l’accès au site qu’elle supervisait lors de son déjeuner. Une autre, qui a témoigné devant la Chambre des représentants, fut mutée hors de son poste au département de la Santé malgré sa demande de protection en tant que lanceur d’alerte.

 

Frontière bel et bien fermée

Il ne peut en être autrement puisque, malgré les apparences et n’en déplaise aux conservateurs qui répètent le même mensonge ad nauseam, la frontière est bien fermée.

Ainsi, à court de recours pour traverser la frontière « légalement », les gens utilisent des moyens désespérés et fortement dangereux pour tenter d’améliorer leur condition et celle des leurs. Cela inclut de contracter une forte dette envers des passeurs (surnommés coyotes) dont ils devront s’acquitter.

Le sénateur Ted Cruz et plusieurs de ses collègues dénoncent ces agissements, que le secrétaire Mayorkas semble complètement ignorer. Mais Cruz ne cesse de dire que les personnes cherchant asile aux États-Unis « envahissent » le pays, fermant ainsi la porte à toute réforme pour atténuer la crise à la frontière et favorisant les coups d’éclats de gouverneurs de son parti.

En effet, las de devoir faire face à une crise humanitaire apparemment sans fin, la Floride et le Texas se sont mis à renvoyer des bus pleins d’immigrants vers des villes sanctuaires comme Chicago et New York. Malgré leur grosseur, ces villes connaissent déjà des difficultés avec cette recrudescence d’immigrants ; elles se rabattent déjà vers leurs banlieues pour y envoyer les migrants.

Ces dernières protestent, ainsi que les habitants des villes susmentionnées. Plusieurs affirment que les migrants ont pris leur place sur les listes d’attentes de logement. Et les migrants logés dans un hôtel de New York sèment le chaos et font les difficiles, selon un employé.

Bref, malgré la fin du titre 42 de la loi sur l’immigration, on peut dire que la situation à la frontière sud des États-Unis demeure stable, c’est-à-dire chaotique. Des migrants cherchant désespérément à améliorer leur sort et pour qui les moyens « légaux » sont impossibles continueront de choisir des moyens désespérés pour aller vers ce qu’ils considèrent comme une oasis de liberté et d’opportunités.

Des pluies torrentielles récentes et à venir dans le secteur du Rio Grande – la frontière mexicano-texane – pourraient causer de nombreuses noyades. L’on pourra ainsi blâmer les deux principaux partis, incapables de simplifier le byzantin système d’immigration et qui continuent de se renvoyer la balle en ignorant le drame humain qui se dessine à chaque jour.

Voir les commentaires (5)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (5)
  • Avatar
    PhilippeHermkens
    20 mai 2023 at 9 h 36 min

    Les conservateurs mentent : la frontiere est fermee. Avec des millions d’individus qui la franchissent illegalement chaque ?
    Est-ce etre extremiste que vouloir le respect d’une legislation sur un tel sujet apprement discute sur la scène politique ?
    Est-ce etre raciste ou xenophobe que de ne pas vouloir une transformation radicale :religieuse ou linguistique de la population d’accueil ?

  • Sans doute les partis politiques américains ignorent un drame humain à leurs frontières mais ils n’en sont pas responsables. Les pays d’Amérique latine se tournent de plus en plus vers un socialisme dirigé par une nomenclatura, à l’image du régime stalinien ou castriste, paupérisant ainsi leurs populations qui crèvent la faim.
    Beaucoup de ces pays ont des richesses mais aucun de leurs dirigeants n’a voulu développer leurs pays. Cela fait combien d’années que ces pays sont indépendants et libres de leurs développement mais toujours sous-développés ? C’est la seule question à se poser ; et ce n’est pas à l’Amérique d’en subir les conséquences.
    Ce phénomène est le même en Europe face à l’Afrique. Sauf qu’en Europe s’ajoute un conflit de civilisation avec l’islam qui, de part sa nature, ne peut pas accepter que les lois des hommes soient supérieures aux lois de Dieu dictées au prophète.

  • Avatar
    PhilippeHermkens
    20 mai 2023 at 10 h 14 min

    Chaque annee

  • Les Mexicains ne font que rentrer chez eux, ayant été dépossédé de leurs territoires aux 19eme siècle, Le mur de Berlin tant critiqué par les USA, la guerre en Ukraine, l ‘Europe sera-t-elle responsable de la troisième guerre mondiale

    • Si les mexicains ne font que rentrer chez eux, les Russes le font aussi en ukraine.
      Les mexicains ne veulent pas rentrer chez eux en allant aux USA, ils veulent fuir la misère de leur pays pour l’Eldorado américain.

      -2
  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

La campagne de Joe Biden ne se déroule pas bien. Bien qu’il semble se diriger vers la nomination de son parti, sa cote de popularité ne cesse de chuter, laissant croire que Donald Trump le vaincra s'il obtient la nomination. Son bilan économique mitigé ne sera pas la seule raison pour laquelle plusieurs de ses électeurs en 2020 s’abstiendront ou changeront de camp.

En effet, le récent rapport d’un procureur spécial affirme que Biden a bel et bien été négligent avec des documents confidentiels qu’il a conservés secrètement. Et à l’insta... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles