Et si notre modèle social adoré était en fait l’artisan de nos difficultés ?

Dans un rapport publié lundi dernier (21 novembre 2022), le FMI suggère à la France de mettre un frein au « quoi qu’il en coûte » tous azimuts, de mieux cibler ses aides et de faire baisser son déficit.

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Bruno Le Maire by Fondapol Nigel Dickinson (CC BY-NC-ND 2.0)

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Et si notre modèle social adoré était en fait l’artisan de nos difficultés ?

Publié le 24 novembre 2022
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Les rapports de notre propre Cour des comptes comme ceux des grands organismes économiques internationaux se suivent et se ressemblent : la France doit impérativement mettre un terme à sa fuite en avant dans la dépense publique, les déficits et la dette.

Qu’on s’illusionne tous collectivement au point de voir dans cette folle cavalcade de notre modèle économique et social l’aboutissement sublime de la solidarité, de l’égalité et du « quoi qu’il en coûte » propre à une France supérieurement juste et généreuse ne change rien à l’affaire. Faute de procéder enfin et en profondeur à de vraies réformes structurelles, le pays manquera de marges de manœuvre budgétaires pour encaisser les chocs à venir ; il verra ses services publics se dégrader encore plus et il s’enfoncera pour longtemps dans une atonie économique désastreuse pour la prospérité de ses habitants.

Aujourd’hui, c’est le FMI qui nous le dit. Dans un rapport publié lundi dernier (21 novembre 2022), il suggère à la France de mettre un frein au « quoi qu’il en coûte » tous azimuts, de mieux cibler ses aides et de faire baisser son déficit dès l’an prochain afin de commencer à stabiliser la dette et non pas attendre 2024 comme prévu par le gouvernement (le déficit resterait plongé à 5 % du PIB en 2023 comme en 2022).

Si rien n’est fait, le FMI prévoit que la France se retrouverait avec un déficit de 5 % toujours en 2027 (et non 3 % comme espéré par Bercy) et donc avec une dette désespérément calée sur une trajectoire de hausse, tandis que dans le même temps la zone euro reviendrait en moyenne à 2,5 % de déficit et l’Allemagne à 0,5 % (voir graphe extrait du site Les Échos).

Quelles actions prendre pour contrecarrer cette évolution déprimante et appauvrissante ? Toujours les mêmes, ressassées depuis des années par l’Union européenne, l’OCDE ou la Cour des comptes, mais perpétuellement oubliées, reportées ou négligées.

Compte tenu de la « pression fiscale déjà élevée » qui prévaut en France, ce sont les dépenses qu’il faut absolument réduire, les courantes, les exceptionnelles et les structurelles. Et cela passe inéluctablement par une réforme des retraites, une réforme de l’assurance chômage, une « rationalisation » des aides fiscales et sociales, une« rationalisation » des effectifs de la fonction publique et une « rationalisation » de l’organisation de nos nombreuses administrations. Ajoutons les lourdeurs persistantes de notre marché du travail qu’il conviendrait de lever ainsi que les faiblesses scolaires criantes de nos élèves qu’il faudrait réparer de toute urgence.

À utiliser ainsi à plusieurs reprises le terme de « rationalisation », ne dirait-on pas que le FMI suggère sans le dire que la France évolue dans un système parfaitement irrationnel ? Probablement pas. Même les acteurs publics ne parlent que de rationaliser leurs actions et d’introduire de l’efficience dans le service public. Même notre Cour des comptes n’envisage nullement de remettre en cause notre modèle économique et social. Ses remontrances récurrentes n’ont d’autre objectif que de l’amender afin d’en assurer la pérennité.

C’est pourtant exactement ce que je pense ; nous vivons, la France vit dans l’irrationalité la plus totale.

Rappelons à toutes fins utiles qu’en 2021, la France a terminé l’année avec un taux de dépenses publiques sur PIB de 59 %, un taux de prélèvements obligatoires de 44,3 %, un taux de déficit public de 6,5 % et un taux de dette publique de 113 %, soit un niveau particulièrement élevé, parfois le plus élevé du monde développé pour toutes ces grandeurs (ici comparaison OCDE sur les dépenses publiques en 2020). Ce n’est pas pour rien que la France est connue pour être la championne du monde des taxes et des dépenses. Ce n’est pas pour rien qu’on a vu surgir la colère des premiers Gilets jaunes.

Rappelons que son taux de chômage, le plus bas depuis longtemps, mais néanmoins le double de celui de ses grands voisins, se situe aux alentours de 7,4 % contre 3 à 3,5 % pour l’Allemagne et les Pays-Bas.

Rappelons que tous les tests internationaux sans exception placent la France à la traîne de ses pairs quant au niveau éducatif des élèves. Rappelons en outre que la dégringolade des connaissances et des compétences observée dans nos écoles depuis plus de 30 ans affecte les enfants de tous les milieux socioprofessionnels dans un nivellement par le bas des plus trompeurs.

Rappelons enfin que notre système de santé, quoique allant de plan de sauvetage en plan de sauvetage qui se comptent en centaines de millions d’euros, est perpétuellement en crise et de moins en moins attractif pour les soignants. Les pénuries de médicaments ne sont pas rares et les délais pour obtenir des rendez-vous chez les spécialistes s’allongent.

Et bien sûr, pas question, ou si peu, d’aller chercher de l’éducation, de la santé ou des formules de retraite en dehors de nos monopoles étatiques, au nom de cet état d’esprit « collectif » issu du Conseil national de la Résistance qui serait moralement si supérieur à l’initiative privée et à la prise de responsabilité individuelle.

Résultat des courses, plus la France dépense, plus elle s’enfonce. Plus elle porte haut les valeurs de solidarité et de justice sociale, plus elle est injuste. Plus elle redistribue, plus elle est en réalité inégalitaire. Plus elle est stratège, plus les ratés industriels s’accumulent. Plus elle veut protéger les citoyens, plus elle les infantilise. Tel est le douloureux paradoxe français.

D’où la question : et si notre modèle économique et social adoré était en fait le principal artisan de nos difficultés ? Voici le débat qui aurait dû prendre la première place lors de la campagne pour la dernière élection présidentielle. Voici le débat que je n’hésite pas à qualifier de civilisationnel et qu’il faudra bien lancer un jour. Mais aujourd’hui, à l’Assemblée nationale, on préfère examiner le cas crucial de l’abolition de la corrida. Vous parlez d’une révolution ! Ça promet.

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  • Ce modèle social français que le Monde nous envie mais… Que personne ne copie !

  • Bonjour, ou comment faire un bond d’un demi-siècle en arrière tout en prenant les citoyens pour des abrutis ! (débat sur la corrida, nation-vélo,…) ; la soi-disant démocratie française devient une juxtaposition de partis dictatoriaux dont les leaders ne pensent qu’à prendre la place du calife aux dépens d’une vision à moyen/long terme. De plus, toutes ces institutions payées par nos impôts parlent beaucoup mais ne font strictement rien…bizarre qu’aucune de ces « élites » ne pense à remettre les systèmes à plat (santé, éducation,…) pour leur redonner un sens et éliminer les scories, et là je crois qu’il y a véritablement un boulot essentiel pour sortir la tête haute des pays dits développés plutôt que de doucement rejoindre le tiers-monde (crise énergétique latente versus la start-up nation, et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres)

  • Le modèle social français est une parfaite illustration de ce que Bastiat a écrit: « L’Etat c’est la grande fiction par laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde. »
    http://bastiat.org/fr/l_Etat.html

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  • Tous les lieux de pouvoirs sont phagocytés par les énarques (7.000 je crois en activité et 70 environ qui arrivent chaque année) avec la même culture de la réglementation et de la taxe assortie d’un fort sens keynésien permanent. Ainsi Bruno Le Maire avec son agrégation de lettres modernes et deux ans à l’ENA se retrouve au ministère de la dépense publique quoi qu’il en coûte sans vergogne car il ne connaît rien d’autre et avec son visage benêt et ses arguments creux viendra pour 2027 chercher nos suffrages pour continuer la détestable politique qu’un Édouard Philippe ou un autre François Bayrou réclameront aussi. Ça suffit.
    Les chiffres de Nathalie sont les preuves de leur ratée, ils ne savent rien faire d’autre. Qu’ils s’en aillent tous

  • Mais comment faut-il encore le dire: ce pays est foutu et les Français continueront de payer. En fait non, ce sont les entreprises qui vont payer. En fait si, ce sont les consommateurs. En fait je n’en sais rien….
    Que faire?

    • Ce sont bien les consommateurs qui payent en dernier lieu les cotisations, taxes et impôts.
      Les entreprises ne sont que collectrices, en subissant au passage une dégradation de leur compétitivité.

  • Lorsque l’on compare ce que touche réellement un salarié et ce qu’il coûte à l’entreprise ( coefficient applicable env. 2.5 +) on comprend, entre autre, que l’Etat après s’être servi doive en redistribuer un peu (et ce grâce à une armée de fonctionnaires qui etc…) . Comme aujourd’hui la fonction publique détient tous les pouvoirs, les rouages de décisions et de fonctionnement (les gros comme les petits, même tout petits), je vois mal comment on va pouvoir s’en sortir.

  • Pour être complet il faudrait dire notre modèle politique, économique et social. Sinon les réponses apportées ne pourraient être suffisantes. Car même le meilleur des pilotes ne fera pas de miracle avec une voiture has been.

  • Pas d’inquiétude notre modèle n’est pas figé il évolue sans cesse et le pire est à venir. Le mot social devrait normalement disparaître du modèle, et le modèle disparaître après vente, non soumission de l’ensemble aux businessmen anglo-saxons.

    -1
  • 90% des français soutiennent la sécu. Et même 85% disent qu’aimer la sécu, c’est une caractéristique d’être français. Ainsi, pour 85% des français, se poser ces questions, c’est envisager de détruire le pays.
    Cela implique que ces solutions ne seront discutées que lorsqu’on sera au fond du trou. Et il va falloir encore du temps. Mon oncle disait (à l’époque à propos d’Alcatel…): « On voit que ça perd des pièces de partout, que tout se décroche, mais c’est comme un train, même sans moteur ça continue à rouler longtemps par inertie ».

  • Dans son principe lidée etait bonne, avec deux milloins de clandos minimum en vadrouille dans le pays, Avec un chomage maintenu volontairement Haut, deefini comme la seule variable d’ajustement avec bien plus d’un million de presonnes qui gagnent plus avec des aides qu’en bossant, Il est normal que tout ce casse la gueule !
    Du social oui mais pas pour le monde entier et vec de regles tres dissuasives appliquées tres severement. Les Guignols qui ont touchés des allocs alors qu’ils combattaient pour Daech, ne devraient plus avoir la moindre existance légale dans nos fichiers, c’est un modeste exemple.

    • Ne dites pas cela mon bon Monsieur, vous allez être traité de facho. Ainsi l’a été celui qui avait le programme économique le plus fiable lors de la dernière élection. Bien qu’étatiste, mais comme ils le sont tous… Mais voilà, l’apparence primant, il ne fait pas bon dire leurs vérités à notre système, à nos concitoyens, il ne fait pas bon vouloir que « percevoir » suive le fait de cotiser, non non, la France doit être généreuse avec la Terre entière car nous sommes le pays des Droits de l’Homme, liberté-égalité toussa toussa.
      On attendra d’avoir le nez dans l’ruisseau…

  • Est-ce le modèle social français le problème ou l’utilisation qui en est fait comme moyen de détournement de richessesau profit de mafias étrangères qui l’ont infiltré par le biais des règles profitables aux Immigrés non contributeurs mais résidents en France, dont les données sont invérifiables….Réduire certaines prestations n’y changera rien, sauf spolier des contributeurs honnêtes….tout en continuant à gaver les profiteurs…..In fine on cotisera pour ne rien recevoir, autrement dit nous serons rackettés par la faute de la lâcheté de nos dirigeants

  • Les commentaires sont fermés.

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