Russie : un tournant asiatique risqué

Le conflit en Ukraine a accentué le tournant asiatique de la Russie. La coupure politique et économique avec l’Occident pousse Moscou à chercher des alternatives géopolitiques en Asie.

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Russia-India-China trilateral meeting between Prime Minister, President of Russia Vladimir Putin and President of China Xi Jinping on the sidelines of G20 Summit 2019 in Osaka, Japan (June 28, 2019) by MEAphotogallery (Creative Commons CC BY-NC-ND 2.0)

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Russie : un tournant asiatique risqué

Publié le 15 septembre 2022
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La Russie sera-t-elle encore un pays européen dans les années à venir ? Le conflit en Ukraine a accentué le tournant asiatique de la Russie. La coupure politique et économique avec l’Occident depuis le 24 février 2022, pousse Moscou à chercher des alternatives géopolitiques en Asie, et plus précisément avec la Chine et l’Inde. Le récent exercice militaire commun entre les trois pays en est un exemple.

Cette posture russe, bien qu’ancienne, va dans le sens d’un tournant asiatique de l’ordre mondial avec en toile de fond, la rivalité entre les États-Unis et la Chine. Et un continent européen qui devient périphérique.

 

Une Sibérie convoitée

Le tournant de la Russie vers l’Asie n’a rien de nouveau de par la géographie même du pays à cheval entre l’Europe et l’Asie. Si la partie européenne reste la plus peuplée et concentre le cœur de l’économie russe, la Sibérie n’est pas à négliger. Véritable réservoir de ressources et matières premières, elle fait l’objet de l’attention du gouvernement russe mais aussi de la Chine. En effet, les Chinois investissent massivement dans cette région. Ainsi, en 2015, l’entreprise chinoise Huae Xinban a loué 115 000 hectares à la région Zabaikalsky pour un bail de 49 ans.

Le décalage économique entre la Chine (seconde puissance mondiale) et la Russie (onzième puissance) fait craindre à certains une sinisation de la Sibérie. Toutefois, cette aisance chinoise au niveau des affaires ne doit pas être surestimée : les entrepreneurs chinois rencontrent des difficultés à s’installer. Même si le Forum Économique Oriental organisé à Vladivostok depuis 2015 montre une volonté de Moscou d’attirer des investissements étrangers en Sibérie.

 

Un tournant vers l’Asie qui n’est pas nouveau

La Russie n’a pas attendu la guerre en Ukraine pour se tourner vers la Chine et le reste de l’Asie. En 2001 a été créée l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS) entre la Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan, l’Ouzbékistan et le Tadjikistan. Ce forum vise une coopération économique entre ses membres. En 2016, l’Inde et le Pakistan l’ont rejointe et il est question d’une adhésion de l’Iran qui pourrait être discutée à la fin du mois de septembre. Elle couvre 60 % du territoire eurasiatique, 40 % de la population mondiale et 20 % du PIB mondial.

Au fils des années, elle a ainsi pris de l’importance et tout particulièrement après la crise de 2008. Complétant les BRICS dont l’Inde, la Chine et la Russie font aussi partie, l’OCS montre un tournant du centre de gravité vers l’Asie.

Les sanctions occidentales en 2014 contre la Russie suite à l’affaire de la Crimée avaient déjà poussé la Russie à resserrer ses liens avec la Chine. Le conflit en 2022 a cette fois amené une vraie cassure avec l’Occident.

 

Un tournant asiatique risqué

Le décalage de puissance entre la Chine et la Russie joue en faveur de la première. Il faut toutefois pointer le fait que la Chine risque de connaître une crise économique liée à la stratégie zéro covid et à la bulle immobilière. Le triangle Russie-Chine-Inde peut ainsi apparaître comme un contrepoids puissant à l’Occident mais ses fondations sont fragiles.

D’autant plus que si le duo Russie et Chine est désormais adversaire des États-Unis, ce n’est pas le cas de l’Inde dont la posture est plus neutre.

Dans tous les cas, ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’Europe qui risque d’étre poussée en dehors du centre de gravité mondial.

 

 

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  • Poutine était pro occidental (du moins jusque en 2007). ça doit fortement le contrarier d’en être arrivé la. Il est très probable que le prochain dirigent russe sera fortement anti occidental… Avec les conséquences qui iront avec…

    Dégommer le shah d’iran, Kadafi,Sadam, Bachar & CIE, c’est bien, mais avant de le faire il faudrait être sur que le remplaçant sera mieux, parce que l’histoire montre que c’est rarement le cas…

  • « La Russie sera-t-elle encore un pays européen dans les années à venir ? »
    Moi je me pose la question opposée : « Nos pays d’Europe occidentale sont-ils encore européens ? »
    La Russie a moins changé mentalement, civilisationnellement, ethniquement que nos pays.

  • L’Europe est déjà sortie de l’Histoire, elle n’est plus qu’une colonie US.

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