Livret A à 2 % : pas suffisant face à l’inflation

Le taux du livret A va donc doubler. Mais cette bonne nouvelle est à relativiser car elle intervient dans un contexte économique particulier : c’est le grand retour de l’inflation.

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Livret A by François Hollande(CC BY-NC-ND 2.0)

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Livret A à 2 % : pas suffisant face à l’inflation

Publié le 20 juillet 2022
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C’est officiel, le taux de rémunération du livret A passera à 2 % dès août prochain contre 1 % précédemment. Le taux du livret A va donc doubler. Mais cette bonne nouvelle est à relativiser car elle intervient dans un contexte économique particulier : c’est le grand retour de l’inflation.

Or, les livrets réglementés (le livret A en fait partie) ne permettent pas de protéger efficacement son épargne de l’envolée des prix. Faut-il pour autant se détourner du livret A ? Comment se protéger de l’inflation ? On fait le point sur la situation.

 

La hausse du taux de rémunération des livrets réglementés

Le ministre de l’Économie Bruno Le Maire l’a officiellement annoncé le 14 juillet dernier : le taux de rémunération du livret A et du livret développement durable et solidarité passera de 1 % à 2 % dès le 1er août 2022. Le taux de rémunération du livret d’épargne populaire (LEP) passera quant à lui de 2,2% à 4,6%. Il s’agit de taux nets puisque les intérêts perçus sur ces livrets ne sont pas imposés.

Rappelons que le LEP n’est pas accessible à tous les épargnants. Il est conditionné au niveau de ressources financières. À titre indicatif, pour pouvoir ouvrir un LEP en 2022, le revenu fiscal de l’année 2020 (consultable sur l’avis d’imposition 2021) ne doit pas dépasser 20 297 euros pour une personne avec une part fiscale. Près de 19 millions de foyers français seraient éligibles. Les versements sur le LEP sont plafonnés à 7700 euros, contre 22 950 euros pour le livret A et 12 000 euros pour le livret développement durable et solidarité.

La hausse des taux de rémunération des livrets est une fausse bonne nouvelle, car les épargnants vont continuer à perdre du pouvoir d’achat face à la violence de l’inflation. Quel maigre cadeau de consolation. Pour ne pas subir l’inflation, les épargnants devront se tourner vers de meilleurs placements, des investissements résistant mieux à l’inflation.

En effet, fin juin 2022, l’inflation sur les 12 derniers mois atteint 5,8 % en France. Un taux bien supérieur à 2 %… L’inflation en Europe avoisine même les 8 % sur la même période !

 

L’inflation est-elle réellement plus faible en France qu’ailleurs ?

L’inflation en France est plus faible que celle mesurée dans d’autres pays européens. Cela s’explique en bonne partie en raison du bouclier énergétique mis en place par le gouvernement.

Certes, les mesures temporaires prises pour limiter la hausse du prix de l’électricité, du gaz et des prix à la pompe protègent le pouvoir d’achat des ménages, mais elles ne sont pas sans contrepartie. Le budget de la France est largement déficitaire, les dépenses de l’État sont très supérieures à ses rentrées d’argent. De fait, une partie de l’inflation a été transformée en dette. Les Français (ou leurs enfants) paieront plus tard.

La dette publique français représentait 114,5 % du PIB au premier trimestre 2022. Ce chiffre ne va malheureusement pas aller en s’améliorant dans les trimestres à venir.

Mettons de côté le tour de passe-passe que constitue ce bouclier fiscal pour en venir à la question de la performance réelle du livret A.

 

La performance réelle du livret A

Quand il s’agit d’évaluer la performance d’un placement, on distingue la performance nominale et la performance réelle, c’est-à-dire la performance corrigée de l’inflation.

Dans le cas du livret A, la performance nominale a été de 0,50 % entre le 1er février 2020 et le 31 janvier 2022, puis de 1 % depuis le 1er février 2022. Pour mesurer la performance réelle de ce placement, il suffit de soustraire le taux d’inflation à cette performance nominale.

En l’espèce, avec une inflation mesurée à 5,8 % sur 12 mois glissants fin juin 2022, la performance réelle de l’épargne placée sur un livret A est donc de l’ordre de -5 %. Dit autrement la valeur réelle de l’épargne placée sur le livret, c’est-à-dire que ce les épargnants peuvent acheter avec ce capital, est en fort retrait.

Prenons le panier de biens et de services tel que celui suivi par l’INSEE pour mesurer l’inflation. Si la valeur de ce panier était de 100 euros l’année dernière, elle est désormais de 105,80 euros. Dans le même temps, 100 euros placés sur un livret A au 1er juillet 2021 n’auraient même pas atteint 101 euros fin juin 2022 puisque le taux de rémunération du livret A n’a été ramené à 1 % que le 1er février dernier.

Ainsi, le livret A ne permet pas de protéger son épargne de l’inflation. Qu’il soit rémunéré à 1 % ou à 2%.

L’inflation est là. Toute la question est maintenant de savoir combien de temps elle durera.

Pour parer à toute éventualité, une question se pose : comment protéger son épargne de l’inflation ?

 

Comment se protéger de l’inflation ?

L’inflation est la hausse généralisée des prix des biens et services. Une façon de se protéger de l’inflation peut alors consister à investir dans des entreprises vendant des biens et services.

Dans le détail, toutes les entreprises n’offrent pas le même niveau de protection. Si l’inflation trouve son origine dans l’envolée du prix de l’énergie, alors les marges des entreprises grosses consommatrices d’énergie sont davantage impactées. Les entreprises s’en sortant le mieux sont celles ayant la capacité d’augmenter leur prix sans que cela n’entraîne une diminution de leurs ventes. Cette capacité des entreprises à augmenter leurs prix sans compromettre leurs ventes s’appelle le pricing power dans le jargon des financiers.

Pour investir dans des entreprises, le plus simple est de se tourner vers des fonds diversifiés en actions. Le souci est que ces placements sont relativement volatils.

La protection contre l’inflation atteint aussi ses limites en cas de trop forte inflation. En effet, une envolée incontrôlée des prix entraînerait à coup sûr une diminution de la consommation des ménages, et donc une diminution de l’activité des entreprises et incidemment une baisse de la valeur des actions. Pour ces raisons, les actions sont des placements réservés à l’investissement long terme.

Une autre classe d’actifs protégeant relativement bien de l’inflation est l’immobilier. Sur le long terme, les études ont montré que la valeur du foncier et des loyers suit l’inflation.

De fait, il n’existe pas de placement sans risque permettant de se protéger de l’inflation. Même l’or est volatil. Faute de mieux, les épargnants peuvent donc privilégier le livret A et le livret développement durable et solidaire (LDDS) pour sécuriser une épargne sur le court terme. Tandis que si l’épargne est investie sur le long terme, il est opportun d’envisager de diversifier ses placements sur des classes d’actifs plus risquées, mais offrant une meilleure protection contre l’inflation sur le long terme : les actions et l’immobilier.

 

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  • Bonne nouvelle pour la dette, elle ne représente que 114,5% du PIB, d’après d’autres informations, elle serait de 125% du PIB mais qui serait atténué par les milliards d’euros générer par la gestion du Franc CFA

    • Comme les dépenses publiques représentent les 2/3 du PIB, les efforts pour faire diminuer significativement la dette seront à peu près vains. Le chemin est étroit, très étroit… (et trois, treize et trois ça fait à peu près vingt 🙂 )

  • L’inflation est un phénomène monétaire. C’est le phénomène qui se produit lorsque le total de la monnaie devient supérieur au total de la valeur des biens achetables, ce qui diminue le pouvoir d’achat de l’unité de monnaie. Une de ses conséquences est l’augmentation générale des prix.
    Les médias appellent « inflation » cette augmentation des prix. C’est incorrect. La confusion provient de ce que le total de la monnaie et le total de la valeur des biens achetables n’étant évidemment pas des grandeurs accessibles, on est conduit à mesurer l’inflation en mesurant l’augmentation de certains prix qu’on espère représentatifs. Mais en réalité, on confond le thermomètre et l’évolution de température.
    Ainsi, paradoxalement, l’augmentation du prix du baril de pétrole n’est pas, au départ, génératrice d’inflation. (Je suis sûr que vous ne vous attendiez pas à celle-là). Mais elle le devient si cette augmentation incite les banques à créer de la monnaie pour que les acquéreurs puissent acheter ce pétrole.

  • Pour le moment, j’ai du 7% sur le Tether. Ne protège pas complètement, mais ces branleurs de politiciens nous obligent à prendre ce genre de risque.

    • L’ennui c’est que le theter est indexé au USD, qui doit chuter lui aussi car la FED imprime encore plus que la BCE…

      Mais l’USD résistera mieux, du fait qu’il reste encore la monnaie mondiale (ses jours sont maintenant comptés, l’administration Biden lui ayant infligé « le coup de grâce »). Les USA vont se nourrir du cadavre de l’Europe ce qui leur permettra de tenir encore un peu.

      Si vous avez des c***les, achetez du bitcoin (c’est le moment) . La base est solide (pas de contrôle direct des politiciens dessus) mais on peu s’attendre a ce que les états lui fassent une guerre sans merci. Une monnaie libre n’a pas de place ni en dictature ni en démocrature… (C’est donc l’ensemble des nations qui vont lutter contre…).

    • 7% sur l’action TotalEnergies, sans prendre de risque.

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