Législatives 2022 : pourquoi un second tour ?

Combien de députés de la Nupes, d’Ensemble !, du RN ou encore de LR auraient été élus le 12 juin 2022, si nous avions adopté le scrutin uninominal à un tour.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 2
Photo by Arnaud Jaegers on Unsplash

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Législatives 2022 : pourquoi un second tour ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 16 juin 2022
- A +

À l’occasion de chaque élection législative qui voit se conforter la dynamique présidentielle ressurgit le débat sur la réforme du mode de scrutin.

Un mode de scrutin établit la méthode utilisée pour désigner les candidats ou les listes de candidats qui emportent une élection. On distingue principalement trois types de scrutin :

  • majoritaire,
  • proportionnel,
  • mixte.

 

Le scrutin majoritaire permet l’élection de celui ou de ceux qui ont obtenu le plus de voix. Quand il s’agit d’attribuer un siège, on dit que le scrutin est uninominal. Quand plusieurs sièges sont à pourvoir, on parle de scrutin plurinominal. Le vote ou scrutin peut être organisé en un ou deux tours.

Dans le scrutin majoritaire à deux tours, la victoire dès le premier tour requiert l’obtention d’une majorité absolue des voix, avec parfois l’obligation de réunir un nombre minimal d’électeurs inscrits. Si ces conditions ne sont pas remplies, un second tour est organisé. Le scrutin actuel de désignation des députés français est uninominal majoritaire à deux tours. Cela signifie concrètement que pour être élu un candidat aux législatives doit obtenir la majorité absolue des suffrages exprimés représentant au moins le quart des électeurs inscrits – il sera alors élu au premier tour comme cinq députés l’ont été en 2022 – ou recueillir le plus de voix au second tour parmi tous les candidats qui ont obtenu au moins 12,5 % des suffrages des électeurs inscrits.

Dans le cas du scrutin majoritaire à un tour, le candidat ou la liste qui obtient le plus de voix emporte le siège ou l’ensemble des sièges. Le scrutin uninominal majoritaire à un tour présente un double mérite : d’une part, il est remarquablement simple ; d’autre part ce système favorise les partis qui ne veulent ou ne peuvent s’allier, ce qui semble correspondre au paysage politique actuel marqué par trois blocs équivalents mais idéologiquement et sociologiquement étanches.

Ainsi, en partant des résultats au premier tour des élections législatives de 2022, un scrutin majoritaire à un tour aurait permis l’élection d’une Assemblée nationale le 12 juin 2022 de :

  • 201 députés Ensemble !
  • 187 députés de la Nupes
  • 110 députés du Rassemblement National
  • 41 députés de Les Républicains
  • 14 députés divers gauche
  • 9 députés divers droite
  • 9 députés régionalistes
  • 3 députés divers centre
  • 3 députés autres

 

Note de l’auteur : cette réflexion est largement inspirée de Alain Zamaria : « Pourquoi nous devons adopter le scrutin majoritaire à un tour »

Voir les commentaires (9)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (9)
  • Je pense que vous vous trompez. Le système a un tour induit automatiquement une forte bipolarisation. Supposons en effet qu’il y ait deux groupes de candidats autour de 50% , chaque groupe ayant deux nuances autour de 25%. Si les 4 candidats se présentent, le résultat est aléatoire. Si l’un des groupes se coalise et présente un seul candidat, il gagne à coup sur. Et bien entendu si l’autre groupe n’est pas idiot, il fait de même et il ne reste donc au final que 2 candidats. Les petits partis sont laminés dans ce système et ne peuvent espérer au mieux que l’élection d’un petit nombre de candidats très fortement implantés.
    Pour que les petites forces soient représentées et puissent participer aux décisions, il n’y a guère que la proportionnelle intégrale. Et pour que la proportionnelle ne fasse pas élire systématiquement des têtes de listes pas forcément populaires dans leur électorat, il faut pouvoir rayer des noms dans les listes.

    • C’est en effet le risque. Mais ça permettrait un plus grande représentation dans la majorité des cas.
      Les gens voteraient peut être différemment avec un tel système et peut être qu’il y aurait moins d’abstention. Car il faut regarder la réalité en face : au final, les gens ne vont pas voter car ils savent que leur candidat n’ira pas au second tour ou ne sera pas élu.
      Mais je suis d’accord avec vous concernant le fait que les petits partis risquent de ne jamais être représentés.
      Ou alors que ça soit un vote de parti et non pas de personne ? Comme ça, on grossit les circonscriptions, avec n candidats élus en fonction du nombre d’habitant : pourquoi pas faire au niveau département, avec 1 à 3 représentants par départements, donc si 3 candidats, on prend les 3 premiers du classement ?
      Bref, pas facile de trouver une solution qui marche à tous les coups, mais je suis persuadé qu’il y a des trucs à essayer pour changer notre système actuel qui lui ne marche absolument pas !

  • Même comme ça, on constate un blème. Un RN largement sous-dimensionné par rapport à son poids électoral national. Un LR surdimensionné.
    Les législatives figurent-elles un oral de rattrapage pour les cancres ? Ou leurs résultats doivent-ils représenter la nation ?
    L’affaire est bancale car ambiguë : au fond, qu’est un député ? Un représentant local ou un membre du pouvoir législatif ? Selon l’approche, la réponse est différente, mais toujours insatisfaisante.
    Les Français risquent bien de la trancher à la manière d’Alexandre le Grand, affairé à défaire son noeud : en n’accordant qu’une majorité relative au Président.

    • En soi, est-ce un pire blème que le fait de ne voir dans le député que le parti sous les couleurs duquel il se présente ?

      • Là, on est face au 3ème étage de la fusée. Si le député n’est plus qu’un membre de parti, alors on peut aussi se dispenser du 1er tour des législatives !

  • Les députés sont élus par circonscription. Ils représentent donc la circonscription. Ils sont donc censés représenter la voix d’un territoire, non de la France entière.
    On pourrait donc penser que cette circonscription serait une échelle de gouvernement très importante. Mais en fait non, je n’arrive même pas à trouver de plans précis et en plus elles changent régulièrement. Rappelons que quand un député vote, sa voix impacte toutes les circonscriptions. On peut imaginer avoir une assemblée dominée par un parti pour lequel on ne pouvait même pas voter.
    En fait ce mode de scrutin est adapté à un état décentralisé où ces circonscriptions ont une large autonomie. En France c’est une vaste blague car cela ne correspond à rien. Le système donne un avantage massif aux grands partis, ce qui est le vrai objectif. Avec ce système, il suffit d’avoir 25% des voix pour avoir 50% des députés. Et on peut avoir 49% des voix et aucun député.
    Mais là le système se fissure, car ceux qui sont sensés être petits et donc ne rien avoir se rapprochent de la barre. Je sens que quelqu’un va devoir redessiner la carte des circonscriptions… Macron, à l’aide!

    • Où avez-vous lu qu’un député représente une circonscription ? Un député est élu dans le cadre d’une circonscription mais a toute légitimé pour agir pour le compte de tous les Français, y compris ceux qui n’ont pas voté pour lui.
      Perso, j’estime que la qualité du travail l’emporte sur l’origine géographique.

      • Cela voudrait dire que le pire travail, venant d’un député élu dans une circonscription de complaisance, serait légitime à s’appliquer aussi partout en dehors de cette circonscription ?

  • L’ambiance n’a pas l’air d’être aux reports de voix, et pour une fois, le résultat final pourrait être bien plus proche de ces chiffres qu’anticipé. Ce serait une excellente chose.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Pour Frédéric Sawicki, professeur de science politique à l’Université Paris 1, la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre signale la concrétisation d’une alliance entre Emmanuel Macron et Les Républicains, mais aussi la position de force du Rassemblement National. Entretien.

 

Michel Barnier vient d’être nommé Premier ministre. Que signifie ce choix d’Emmanuel Macron ?

Frédéric Sawicki : La première chose à souligner, c’est que Michel Barnier vient de la droite et qu’il a forcément reçu le soutien d... Poursuivre la lecture

Alors que son voisinage du Sahel a été secoué ces dernières années par une série de coups d’État militaire et que son voisin sénégalais a opté pour un net changement d’orientation, la Mauritanie, elle, a renouvelé le mandat de son président en place depuis 2019. L’un des principaux succès fut d’écarter la menace djihadiste qui n’a cessé de gonfler dans cette région sensible à la jointure entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne.

En reconduisant Mohamed El Ghazouani, qui a emporté l’élection présidentielle du 29 juin avec 56,1... Poursuivre la lecture

Jusqu’à présent, lors des élections précédentes, comme nous l’expliquaient tous les médias, on devait officiellement choisir entre la continuité et le chaos. Manque de pot ou petites boulettes malencontreuses de nos élites maladroites, sur les sept dernières années, nous eûmes surtout la continuité dans le chaos, ce dernier prenant maintenant une place prépondérante.

Et ce chaos s’est parfaitement illustré avec la décision lunaire d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée au soir du 9 juin 2024, suite à une déculottée saignante aux él... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles