L’appel du 18 juin 1940 : être libre, c’est résister

Aujourd’hui, l’appel du 18 juin 1940 enseigne que de l’espoir peut naître un régime libre, même dans une situation qui paraît désespérée.

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De Gaulle Statue By: Reading Tom - CC BY 2.0

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L’appel du 18 juin 1940 : être libre, c’est résister

Publié le 18 juin 2021
- A +

Par Frédéric Mas.

Le 18 juin 1940 naissait l’esprit qui allait irriguer toute la Résistance française face à la barbarie nazie. L’appel lancé par le général de Gaulle au micro de la BBC ne s’adressait à l’époque qu’aux militaires en poste en Grande-Bretagne, et soutenait essentiellement la nécessité pour eux de continuer le combat avec les alliés anglais.

Cet appel fut suivi de plusieurs autres déclarations radiophoniques, appels à la mobilisation des Français contre la résignation et la défaite incarnées par le régime de Vichy qui finirent par prendre un sens beaucoup plus large.

Le geste du général de Gaulle est en quelque sorte la réponse à l’étrange défaite de Marc Bloch : un pays paralysé par ses lourdeurs internes et la démission de ses élites a rendu les armes alors que le combat pouvait continuer. Une poignée d’aventuriers, de militaires en rupture de ban et de révoltés plus lucides que la masse des défaitistes se révoltent pour que la France libre puisse continuer à vivre.

Ce symbole se semble pas avoir été compris par les esprits embrumés qui aujourd’hui dégradent les statues du général partout en France.

L’esprit de défaite d’aujourd’hui

Comment ne pas faire le parallèle avec l’esprit de défaite et de résignation qui règne aujourd’hui ? Le modèle social et politique français est totalement bloqué. Toute réforme visant à libérer le pays de son carcan bureaucratique se transforme invariablement en couches supplémentaires de socialisme.

Les écuries politiques qui se succèdent au pouvoir sont impuissantes à endiguer la montée de la violence, l’appauvrissement généralisé et les divisions sociales qui gangrènent le pays. La nomenklatura qui nous dirige est à bout de souffle et navigue à vue.

Qui pour incarner l’esprit de Résistance face à la lassitude générale ? Qui pour retrouver la flamme de la Résistance face à la résignation généralisée ? Plus qu’un homme, ce sont aujourd’hui les principes qui nous manquent, ceux qui commandent un peuple libre. C’est cet enseignement que les libéraux doivent porter aujourd’hui.

Appel du général de Gaulle : légalité et légitimité

Si Charles de Gaulle s’élève en 1940 contre le gouvernement français qui signe l’armistice le 22 juin, c’est qu’il prétend incarner une légitimité plus haute que le gouvernement légal du maréchal Pétain. En quelque sorte, le renoncement est positiviste et le droit naturel est du côté de la Résistance : l’esprit des institutions républicaines s’est envolé à Londres et permettra à la France, quelques années plus tard, de défiler aux côtés des vainqueurs une fois la guerre finie.

Cet esprit de Résistance critique en creux le légalisme fantoche du gouvernement de Vichy, qui se pose comme toujours souverain mais est en pratique soumis aux injonctions de l’occupant allemand. Il n’est pas un idéalisme totalement délié des contingences de la politique.

Civilisation libre ou barbarie

Il est le guide de la Résistance gaulliste pendant toute la Seconde Guerre mondiale, et orientera son action quand il s’agira de s’opposer à l’ennemi, négocier avec les alliés et rassembler l’ensemble des forces françaises libres. De de Gaulle à Friedrich Hayek le Viennois qui fuit le nazisme, la question essentielle qui se pose aux hommes libres en 1940 est toujours la même : voulons-nous conserver et défendre une civilisation qui protège et encourage la liberté ou nous laisser prendre à la servitude et la barbarie ?

Aujourd’hui, l’appel du 18 juin 1940 enseigne que de l’espoir peut naître un régime libre même dans une situation qui paraît désespérée. C’est cette leçon essentielle que retiendra l’Histoire de la liberté.

Article publié initialement le 18 juin 2020.

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  • Bainville a écrit: « Mais nous ressortir le sauveur, enfui à Londres, et déversant ses calomnies et sa haine inextinguible contre le gouvernement légal et légitime de la France

    Hein ? LOL !
    Je vous reconnais, c’est bien vous qui faisiez l’éloge du régime Iranien il y a quelques semaines. Ne changez rien surtout !
    .
    Bainville a écrit: « voilà le travail de chaque jour du gouvernement, permettre aux français d’éviter de crever de faim, de froid de misère.

    C’est clair, les paysans n’ont plus produit, c’est l’État, c’est vichy qui a nourri la France…
    En vrai, l’Allemagne avait besoin de l’industrie française, elle ne pouvait pas laisser la population crever de faim et elle ne méprisait pas les Français comme les Polonais.
    Historiquement on ne peut pas tout jeter chez Pétain, mais de là à nous ressortir la propagande nazie de l’époque… J’ai l’impression que vous aimez beaucoup le bruit des bottes, surtout quand elles se dirigent du côté d’un certain peuple.

    • Hitler avait un profond mépris pour la France, ce qui l’a conduit à balayer d’un revers de main toutes les propositions de Vichy, notamment celles de Darlan de reprendre le combat contre les anglais…

      • Profond mépris…je ne sais pas. Voyez ce qu’il dit sur le soldat français

      • Non, pour savoir ce qu’était vraiment le mépris allemand il faut étudier un peu le sort de la Pologne.
        Pour la France le registre était plus dans la concurrence, la jalousie, l’amour/haine avec un respect qui était inexistant pour les Polonais qui étaient des « untermenschen », de simples insectes à écraser.

      • A part Speer et Goebbels, Hitler méprisait tout le monde, y compris « der dicke Hermann (Goering), la Wehrmacht et ses généraux, appréciait les SS tout en se méfiant de Himmler, un mal nécessaire.
        Il l’a bien prouvé en déclarant juste avant la chute que ce peuple de lâches (les Allemands) n’ont que ce qu’ils méritent…

        Mais s’il méprisait les Français, les peuples à l’Est n’étaient simplement pas humains pour lui.

        Pas de mot pour le qualifier…

  • encore un qui n’a pas compris que le « génie » du nazisme était de faire garder leurs prisonniers par les prisonniers eux-mêmes : grâce à Vichy et la politique de collaboration, l’Occupation leur a coûté beaucoup moins cher et Vichy a ainsi efficacement contribué à l’effort de guerre nazi.

  • La « planqué de Londres » a fait en sorte que la France compte de nouveau comme une puissance mondiale et indépendante à l’issue de la guerre, alors que cela n’était pas acquis avec Roosevelt et Churchill. La France ne sera d’ailleurs jamais assez reconnaissante envers Anthony Eden à ce sujet.

    Je ne suis pas un inconditionnel de De Gaulle, mais vous ne pouvez pas qualifier de « planqué » l’attitude difficile d’homme politique d’un pays vaincu en exil. Il s’en est pas si mal tiré, grâce aussi aux victoires de ses généraux sur le terrain.

  • Comme le gouvernement de Vichy, l’actuel se pose en souverain mais est en pratique soumis aux injonctions de l’occupant. Occupant ausuel a fait allusion E. Macron lui-même: l’Etat profond. A savoir des structures de pouvoir non soumises aux processus démocratiques et dont l’organisation éhappe au plys geand nombre.
    Ces structures de pouvoir sont inféodées à des organes internationaux qui font de moins en moins mystère de vouloir instaurer un gouvernement mondial.

    • Allons, rassurez vous, 007 va zigouiller les méchants comploteurs internationaux, comme toujours.
      Plus sérieusement, ces structures de pouvoir sont juste en roue libre, personne ne les contrôle, elles font ce qu’elles savent faire, à savoir pondre du Cerfa. Ca fait des années qu’elles font ça et elles ne savent rien faire d’autre.

    • Et désormais « l’état profond » aura un puissant allié : les Comités de personnes tirées au sort, les ONG etc…
      La Démocratie convulse avant de mourrir.

  • Les analyses de Jacques Bainville (le vrai) sont lumineuses, certes, mais l’Histoire a tranché depuis longtemps. De Gaulle a amené la France dans le camp des vainqueurs, merci à lui.
    Il a sa part d’ombre aussi, d’autant plus grande qu’il l’était, grand, au propre comme au figuré, mais à ce petit jeu le vieux Maréchal ne part pas gagnant.
    Quand à nos amis anglais, ils n’ont été toujours à la hauteur avant que l’orage ne s’abatte mais ils ont tenu bon pendant la tempête et notre dette à leur égard est immense, malgré les drames de cette époque terrible.

    L’Empire colonial, base de la reconquête ? Si vous voulez parlez de ses hommes, soldats valeureux morts par milliers pour nous, je suis d’accord. Mais croyez bien que si les Américains ont rééquipé à neuf les FFL, ce n’est pas pour rien, l’Empire était bien incapable de pourvoir à l’équipement d’une armée moderne.

  • J’apprécierais vraiment votre article s’il était réellement objectif.
    Deux petits mots me gênent, parce qu’ils sont porteurs d’un système de valeurs :
    – « la masse des défaitistes » : j’eusse préféré « la masse des vaincus »
    – « le légalisme fantoche du gouvernement de Vichy » : « le légalisme » eut suffi, à la limite « le légalisme sous contrôle ».

    Ces deux réserves mises à part, bel article.
    Notamment pour vos superbes et lucides « les esprits embrumés qui aujourd’hui dégradent les statues du général », « l’esprit de défaite et de résignation qui règne aujourd’hui », « La nomenklatura qui nous dirige est à bout de souffle et navigue à vue »,…
    J’ajouterais simplement le propos de Guillaume Ier d’Orange-Nassau à votre chute : « C’est cette leçon essentielle que retiendra l’Histoire de la liberté » car “il n’est pas nécessaire d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer”.
    C’est cette détermination que possédait le Général, et dont nos « élites » (à mon sens débiles du fait de leur formation cadenassée) ne comprendraient même plus le sens.

    • J’aimerai rajouter à votre propos cet extrait de ‘La normalité du communisme selon Zinoviev’, d’ Alain Besançon :

       » Le communisme fournit aux individus des plaisirs inférieurs, mais qui n’en sont pas moins des plaisirs.
      Si, préalablement avilis, les hommes finissent par se plaire dans la paresse et l’irresponsabilité crasses, s’ils finissent par aimer une vie végétative de clochard, d’asilaire ou de relégué, le socialisme leur donne d’infinies possibilités de les réaliser.
      La loi du moindre effort qui aboutit au socialisme règle aussi le socialisme.
      Une fois qu’on y est, on n’a plus envie d’en sortir et l’on tâche seulement d’aménager sa bauge confortablement.  »

      Cela parle du communisme et, en bons communistes qui s’ignorent, n’atteint malheureusement pas la conscience des Français…

    • Je ne suis pas d’accord, et je soutiens Frédéric Mas dans l’usage des termes défaitistes et fantoche, qui retranscrit exactement l’état d’esprit qui régnait alors, au niveau de l’état, et au niveau du peuple aussi pour une part. Si Pétain est honni aujourd’hui, il avait alors le soutien d’une bonne partie de la population.

  • « Plus qu’un homme, ce sont aujourd’hui les principes qui nous manquent, ceux qui commandent un peuple libre. C’est cet enseignement que les libéraux doivent porter aujourd’hui. »

    On ne saurait mieux dire.

  • Le débat sur cette période de notre histoire est loin d’être clos et il convient de se départir de tout manichéisme.
    Toutefois le Général, ce jour là, a défini une esprit, celui de la résistance pour La Défense de la liberté, de la patrie. Il a insufflé dans l’esprit de certain le courage d’agir contre notre envahisseur au risque de sa vie pour des valeurs supérieures qu’il semble que nous ayons oublié aujourd’hui.

  • « Être libre c’est résister »

    Et pour résister il faut être contraint.
    Donc la contrainte stimule la liberté.
    Sinon on s’avachit.

  • Les commentaires sont fermés.

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