États-Unis : le triomphe incontesté du complexe militaro-industriel

Fin 2020, les généraux ont refusé l’ordre de Donald Trump de retirer les troupes américaines d’à peu près toutes les bases de l’Oncle Sam sur la planète. Et rien ne s’est passé.

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Donald Trump by Gage Skidmore (creative commons) (CC BY-SA 2.0)

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États-Unis : le triomphe incontesté du complexe militaro-industriel

Publié le 27 mai 2021
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Par Pierre-Guy Veer.

À son départ de la présidence, Dwight Eisenhower a solennellement mis en garde les États-Unis contre « le complexe militaro-industriel » et l’influence qu’il pourrait acquérir.

Eh bien, 60 ans après ce discours, ledit complexe a finalement triomphé.

Le YouTubeur socialiste Secular Talk (Kyle Kulinski) a récemment rapporté une nouvelle, à peine reprise par les médias de masse, selon laquelle, fin 2020, les généraux ont refusé l’ordre de Donald Trump de retirer les troupes américaines d’à peu près toutes les bases de l’Oncle Sam sur la planète. En d’autres termes : une insubordination massive de militaires envers leur commandant en chef n’a absolument pas fait de vague dans les médias.

En fait, les seuls médias qui ont mentionné la nouvelle – et du bout des lèvres – l’ont fait sur la base habituelle du « méchant homme orange. »

The Independant prend le parti des généraux, en affirmant simplement qu’un retrait américain de l’Afghanistan (supporté par Biden) pourrait créer un régime totalitaire taliban.

NPR, la radio publique américaine, prend visiblement le parti du statu quo en se plaignant que les talibans pourraient reprendre le contrôle.

Axios, qui a rapporté la nouvelle relayée par Kulinski, a intitulé son article « Trump en guerre contre ses généraux. » Ainsi, Trump est l’agresseur…

MSNBC, qui a interviewé le journaliste d’Axios, trouve non seulement marrant (en arrière-fond) que Trump veuille retirer les troupes, mais le simple fait qu’il dénonce que les États-Unis jouent au gendarme planétaire est risible. Dans les commentaires, les gens « s’accordent » pour dire qu’une telle action a été commandée par Vladimir Poutine.

 

Un empire qui déstabilise

Est-ce que le « plan » – si c’en était un – de Trump était impulsif ? Oui, sans doute. Il adore être sous les feux de la rampe, et un tel coup d’éclat aurait détourné l’attention de Joe Biden vers lui.

Était-il mal pensé ? Oui. Même le libéral le plus anti-guerre sait qu’en toute situation, les incitatifs importent grandement. Retirer des troupes militaires du jour au lendemain crée un vide immense. Et si les locaux ne sont pas préparés, l’ennemi va facilement gagner.

Mais est-ce que l’idée de base était bonne ? Mille fois oui. Depuis que la « Destinée Manifeste » est montée à la tête de nombreux Américains, la politique mondiale s’en est trouvée négativement affectée. De l’Iran à l’Irak, en passant par le Cambodge, la Libye et le Mexique, l’interventionnisme à outrance des États-Unis a déstabilisé plusieurs pays. En fait, les États-Unis ne savent même plus qui combattre, tellement leurs agences sont impliquées partout. Sans compter qu’ils aident ainsi les États-providence de l’Europe.

Les États-Unis sont censés être une république constitutionnelle, et non un empire. Toutes ces guerres ont non seulement un coût humain exorbitant, mais aussi financier. Le « président du changement » Joe Biden a récemment proposé un budget de la défense de 753 milliards de dollars.

N’en déplaise aux partisans de l’Empire, ne pas intervenir n’est pas de l’isolationnisme. Cette non-intervention des États-Unis dans les affaires mondiales (hors quelques-unes en Amérique) avant le XXe siècle est justement ce pourquoi le pays est devenu si puissant : il laissait faire à ses citoyens ce que bon leur semblait. Le racisme et l’esclavage ont certes laissé une marque indélébile, mais même les Noirs ont mieux prospéré avant que Lyndon Johnson ne déclare sa guerre à la pauvreté, et que l’État-providence n’augmente exponentiellement.

Bref, l’attitude des médias qui ont daigné évoquer ce qui aurait été le meilleur coup d’éclat de Donald Trump montre, hors de tout doute raisonnable, la partisanerie aveugle affligeant les États-Unis. Si un Démocrate avait fait la même déclaration, ce serait l’euphorie totale. Et si cette personne avait renié sa promesse, ça n’aurait été que de l’eau passant sous les ponts.

Pas besoin d’imaginer une telle situation, elle s’est déjà produite. Qui se souvient de la promesse d’Obama, répétée par son vice-président Joe Biden, de quitter l’Afghanistan en 2014 ?

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  • il faut dire que on a la dominance chez certains de l’absolue nécessité de cracher sur trump quitte à renier ce qu’ils pensent…

    je dois dire que c’ets un cauchemar que de savoir des gens « intelligents  » que sacrifier toute autre considérations et d’accpeter de s’allier à des ennemis juste pour faire du mal à un type élu..

    • trump n’est pas mon président était une attaque contre la constitution américaine ..

      • Biden est une attaque à la constitution, les démocrates considèrent que la consitution est un document non contraignant qui peut être revu au bon vouloir du dirigeant en place, là où les républicains et en particulier les républicains jacksoniens et jeffersoniens considèrent que la constitution est quelque chose d’absolument incontournable et indépassable.

        Pareillement, les démocrates comme Obama et Biden considèrent que les USA ne sont pas une fédération de nations et que seul l’état fédéral prime*…manque de chance pour eux, ils ont un cailloux dans leur chaussure, le Texas, seul état a avoir eu une constitution au moment de leur rattachement à la fédération…si vous avez des amis texans, ils vous auront sans doute expliqué pourquoi ils sont les seuls à avoir le droit de faire flotter leur drapeau au meme niveau que le drapeau américain…

        * ce qui explique probablement pourquoi de nombreux états démocrates abandonnent le financement de la police…ils veulent une situation hors de contrôle pour justifier la création d’une police fédérale, en sus du FBI

    • Cela démontre à quel point ils ne sont PAS intelligents, mais des abrutis aveuglés par la haine!

  • Nos grands esprits anti US seront les premiers à blâmer ces mêmes US de s’être retirés d’Europe le jour où un Vlady fera un tour chez nous. On peut déjà imaginer Merluchon, Garrido et Pulvar défiler contre les chars russes avec leur parapluie ☔☔☔

    • Ce sera plus drôle encore, ils iront pleurer auprès des anglais de venir les aider…vu comment Ursula Van der Balayette et Mickael « Kael » Dernier ont traité ces derniers lors de la négociation des accords du brexit…et vu comme l’UE respecte absolument ses engagements d’attribution de permis de pêche aux bâteaux anglais…en reprochant aux anglais de ne pas respecter les leurs quand ils arrêtent d’en attribuer suite au peu de coopération de l’UE (plusieurs centaines de permis accordés par les anglais, contre très exactement 0 par l’UE)…je pense que les suisses pourront sortir le popcorn, pour observer tout cela du haut de leurs montagnes 🙂

  • Modération : pas d’insultes

  • On est bien au-delà d’un lobby militaro-industriel. L’armée US elle-même est en train d’être endoctrinée et purgée au nom de l’inclusivité intersectionnelle, i.e. le néo-soviétisme. Ce que vous dénoncez, à juste titre, est l’un des tentacules du mélange malsain deep state + capitalisme de connivence.

    • Je dirais que c’est un faux problème quant à la politique intérieure. La troupe est en grande parti issue des états ruraux conservateurs ou des latinos. Si en cas de guerre civile, leurs officiers leur demandaient de mettre sur la gueule de leur communauté, de leurs parents, de leurs frères ou sœurs, je ne suis pas du tout certain que cela se passerait comme les officiers le souhaitent.

      Les américains au Vietnam ont inventé le fragging.

  • Un général qui passe 6 mois dans une base à l’ étranger est payé beacoup plus et bénéficient de bien autres avantages

    • Un général qui passe 6 mois dans une base à l’ étranger est payé beacoup plus et bénéficie de bien autres avantages……..Tu m’ étonnes qu’ ils aiment ça.

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