Ouf, enfin de l’argent gratuit pour la presse !

Heureusement qu'on aide la presse ! Imaginez si des magnats milliardaires devaient en prendre le contrôle ! L'horreur !
Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ouf, enfin de l’argent gratuit pour la presse !

Publié le 31 août 2020
- A +

par h16

Avec la solennité qui convenait compte tenu de la gravité des événements, notre Président l’avait dit, clairement, dès mars dernier : « Létapéra! » Ceci, en l’espèce, se traduit, après quelques nécessaires semaines de petits calculs pointus, par un magnifique Plan de Relance couillu et particulièrement bien doté, bien pensé et bien ciblé qui, on le sait, permettra évidemment au pays de se redresser d’un coup dans une turgescence aussi ferme que l’ensemble des actions prises jusqu’à présent.

Car oui, les plans de relance, ça marche ! Regardez la façon dont l’économie française s’est littéralement envolée en 2008 après le plan de relance mis en place à l’époque, a tel point que la Cour des comptes estime (à bon droit) qu’il a coûté plus qu’il n’a rapporté !

Rappelez-vous du coup de fouet que le plan de relance de Mauroy aura donné à la France en 1981, si puissant que le pays a frôlé la faillite complète, ou celui de Giscard en 1975 qui se sera soldé par une inflation galopante et un gros déficit du commerce extérieur ! Pas de doute, vu l’historique, on sait que ce plan va merveilleusement fonctionner, tout comme le plan de relance européen qui n’est pas du tout une solide arnaque sucrée.

Et c’est d’autant plus vrai que, point important, la presse, elle aussi, bénéficiera d’un petit coup de pouce salvateur. Ouf. Il était temps.

D’une part, ceci garantira que le bilan qui sera dressé (par la presse) de ce plan de relance (dont elle bénéficie) sera immanquablement le reflet exact de la réalité. Voilà qui rassurera tous les contribuables puisqu’on va clairement leur expliquer, quel que soit le résultat réel, que leurs deniers ont été éparpillés et cramés avec diligence pour les meilleures raisons. Au moins en dormiront-ils mieux.

D’autre part, ce plan de relance pour la presse permet enfin de consacrer un peu d’argent gratuit des autres pour sauvegarder ce secteur économique en péril à mesure que les outils numériques se développent, voyez-vous ma brave dame.

Il faut en effet comprendre que la presse, en France, est le parent pauvre de la distribution de pognon magique puisqu’au contraire de beaucoup trop d’associations lucratives sans but, elle est tenue de présenter un résultat palpable sous forme de journaux, de magazines ou d’enquêtes journalistes palpitantes.

Et puis, tout le monde le sait : ces dernières années, la concurrence du numérique a beaucoup fait de mal aux petits éditeurs de presse, aux organes régionaux autant qu’aux nationaux et à toute la profession journalistique qui a dû continuer à vivre très chichement comme autant d’Albert Londres à chacun de ses reportages au milieu de l’action. Ce fut particulièrement tendu tant les petits robinets d’argent public étaient obstinément fermés.

Mais si.

Dès lors, on ne peut que se réjouir – comme le font d’ailleurs nos journaux récipiendaires – que le gouvernement, dans son extraordinaire munificence, se soit décidé à larguer plus de 480 millions d’euros à ce secteur en difficulté : le président Macron a en effet présenté un vaste plan ayant pour but d’accompagner sa transformation numérique et lui permettre de supporter les lourdes pertes enregistrées depuis le début de la crise sanitaire.

Vraiment, il était temps : on sent bien que l’informatisation, les intertubes, les autoroutes de l’information, tout ça, ça va pulser grave dans quelques temps – c’en est fini du minitel, m’ame Ginette, que voulez-vous ! – et qu’il ne va pas falloir louper le virage numérique.

Dès lors, rien de plus normal que la Puissance Publique claque votre pognon investisse l’argent du contribuable pour aider les journaux, dès 2020, à s’adapter à la nouvelle donne numérique qui a déboulé sans crier gare il y a à peine un quart de siècle.

Un autre aspect, rappelé par le président Macron, impose qu’une aide précieuse soit dévolue à notre grande presse : en effet, il ne faudrait pas que l’actuel pluralisme de nos journaux s’éteigne suite à la crise !

Réfléchissez deux secondes, M’ame Ginette : grâce à une aide judicieuse de l’État, on peut enfin garantir que tous les journaux favorables à cet argent magique survivront, les autres (opposés à ce genre d’aides) ne pouvant alors que reposer sur leur lectorat. Voilà assurément garantie la pluralité d’expression de l’opinion qu’il faut des aides à la presse !

Mieux encore : en gommant ainsi les difficultés financières de ces organes, à grand renfort d’argent des autres pioché dans les larges poches contribuables, on ne leur impose pas du tout de dépendre des fortunes personnelles de magnats de l’industrie qui pourraient ainsi acheter des titres et en orienter le contenu à leur guise ! Pas de ça en France, m’ame Ginette, le président Macron s’en assure ici encore une fois avec le zozotant brio qu’on lui connaît !

Enfin, cette foisonnante pluralité de la presse, heureusement largement visible dans l’écosystème actuel où toutes les tendances du socialisme et du politiquement correct s’expriment en toute liberté, permet à chaque contribuable de financer indirectement, au travers de l’impôt, des idées qui lui sont chères : l’antimilitariste est heureux de retrouver une partie de son obole fiscale au Figaro de Monsieur Dassault ; le chrétien pratiquant se réjouit de la pièce donnée aux anticléricaux de Charlie Hebdo ou de Libération par le truchement de son Cerfa n°2042 ; quant aux communistes, même s’ils ne s’abonnent plus trop à L’Humanité (dont le lectorat n’existe plus, à vrai dire), au moins seront-ils heureux d’apprendre qu’ils participent indirectement à la survie de La Croix ou d’autres journaux chrétiens.

Car c’est cela, la grandeur de la France, m’ame Ginette, c’est ça, ce viol moral des consciences pour une pluralité inexistante de la presse et cette survie d’épaves journalistiques tenues par des milliardaires qui les font renflouer par l’argent public. Et ça, franchement, m’ame Ginette, on ne peut pas, on ne doit pas s’en passer, d’autant que, je vous le rappelle, l’étapéra quoi qu’il arrive. Ce qui veut dire vous, m’ame Ginette.

Sachant enfin que ce plan exceptionnel de 483 millions d’euros s’ajoute au 840 millions d’euros d’aides annuelles sous forme directe et indirecte dont les aides postales, ce serait vraiment dommage de s’en priver, m’ame Ginette.

Alors on compte sur vous. Et ne vous abonnez pas, ce n’est pas nécessaire, l’État vous a abonné à la source.
—-
Sur le web

Voir les commentaires (29)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (29)
  • il faut bien préparer le terrain pour 2022 et conditionner l’électeur sinon lui laver le cerveau.

  • en revanche , l’état ne risque pas de subventionner  » valeurs actuelles  » , qui nous en apprend tout les jours sur ce qu’il se passe dans notre pays , ( et c’est pas joli joli ) , contrairement  » aux autres perroquets  » dont l’utilité laisse plus qu’à désirer ;

  • La photo « Ouest France / Le Telegramme » est géniale. Et un bon résumé de ce qu’on nous vend : Soit un copié-collé, soit du n’importe quoi

  • Rajouter à ces aides l’avantage fiscal des journalistes qui rompt l’égalité devant l’impôt,ça commence à faire chère cette presse qui met en permanence en avant la sacro sainte liberté de la presse;
    La première des libertés est financière!

  • Les subventions abyssales à la presse française sont un moyen subtil de nationaliser le secteur au profit du gouvernement en place, et en s’assurant l’amitié indéfectible des milliardaires qui possèdent les différents titres de journaux et chaînes de télé !
    Manu c’est Ceaucescu parfaitement maquillé et poudré !

  • Bah, il faut bien que les polytocards tiennent la presse en laisse. C’est la clef de leur pouvoir.
    Qui relayerait leurs mensonges et âneries sinon?

  • Moins on les achète et moins on les lit,plus ils touchent…le parfait exemple étant Libération,dont le titre pour un journal étant à ce point dépendant du pouvoir de par le financement octroyé est devenu pour le moins risible.
    C’est magique!

  • Et que dire du Monde,journal le plus lu paraît-il ,notamment par un lectorat de gauche,mais pas le plus vendu…ooohh
    la gauche ne paierait pas ?

    • Vous êtes sévère ; ils inventent un nouveau « business model ». Dénigrer pendant des mois les entreprises qui réussissent sous divers prétexte socialo-écolo, puis accueillir les publicité de ces mêmes entreprises qui las s’inquiètent pour leur image de marque.
      Une sorte de « piso » inscrit au registre du commerce !

  • L’Etapéra ! La première fois mentionné, je n’avais pas compris. Puis la lumière a jailli ! 😉

  • Je sauvegarde ce beau tableau des bienfaiteurs de l’humanité (nécessiteux) qui représentent notre démocratie.

    Cela peut servir pour faire une analyse de contenu comparative quand parfois on est étonné des positions de certains titres.

  • Je ne sais pas si le patron a compté dans ses 840 millions d’euros, les aides fiscales, du genre « abattement de 7.650 euros ». Multiplié par le nombre de journalistes, ça fait du mankagagné..

  • Manque le milliardaire tchèque planqué derrière Niel.

  • Le détail de cette gabegie : https://www.culture.gouv.fr/Presse/Communiques-de-presse/Annonce-du-plan-de-soutien-a-la-filiere-presse
    Sûr que les « partenaires européens » vont adorer ce que l’on fait de leur pognon .. attachez vos ceintures avant d’ouvrir ce lien ! ça arrache !!

  • Extrait :
    « Au total, en plus du renforcement des dispositifs IFCIC et des mesures transversales, ce sont ainsi 483 M€ qui sont mobilisés au soutien de la filière (106 M€ pour les aides d’urgence mobilisées en 2020 et 377 M€ pour les mesures de relance 2020-2022). Ils permettront d’aider la presse écrite à faire émerger de nouveaux modèles indispensables à la qualité du débat démocratique à l’ère des réseaux sociaux et de la manipulation de l’information. Ces soutiens s’ajouteront aux dispositifs d’aide existants qui représentent en 2020 plus de 840 M€. »
    Que du bonheur.

  • ça évidemment, vous le saviez déjà :
    Comparaison internationale (Wiki)
    « Un rapport parlementaire de 2004 met en évidence un niveau élevé d’aides à la presse en France au regard de ses partenaires européens. L’Allemagne, l’Espagne, le Royaume-Uni et la Suisse ne fournissent aucune aide directe.
    Il ressort également de ce rapport que le prix de vente des journaux en France est parmi les plus élevés des pays industrialisés, l’indice du prix des journaux ayant augmenté deux fois plus vite que l’indice général des prix depuis 1970. Le monopole d’embauche du comité intersyndical du livre parisien (CILP) induit des niveaux de salaires avantageux qui représentent 80 % des coûts d’impression. »

  • UNE seule explication à tout cela: 2022, la SEULE chose qui (pré)occupe en « haut lieu », le reste est littérature

    • 2022 en vue ! Notre sémillant président investit là où il le faut ! Combien de couvertures sur papier glacé avec Bribri par ci ou Bribri par là (excellente ambassadrice il faut le reconnaître ! les jeunes veulent vieillir en cougar comme elle, les vieille rêvent de lui ressembler, bref public féminin acquis + une part du public masculin car enfin, elle a des formes et des jambes et un sourire à faire fondre la banquise cette Bribri !) donc nous la reverrons chaque semaine souriant à belles dents avec le chien, sur la plage, en vélo, en trottinette, et l’électeur, bien formaté, votera dans le bon sens ! (et c’est la suite des lectures enfantines : Martine fait du vélo, Martine à la plage…) à chacun ses références littéraires, certains évoluent d’autre pas, et il faut toujours viser vers le bas !
      Nous alons nous délecter de ces belles images colorisées ! (creuses à souhait !)

  • Subventionner la presse ?? Ah bon et pour quelle bonne raison ??
    Pourquoi ne pas subventionner mon boulanger, mon épicier et toutes les autres professions libérales qui souffrent au quotidien;
    Oui ! Pourquoi pas ?
    Pourquoi subventionner ces p…T de syndicats qui ne servent…qu’à faire grève au grand détriment de ceux qui bossent ? Oui, pourquoi ??
    Pas capables de s’assumer seuls ?? Pas assez d’adhérents ??
    Ce pays est nul, malheureusement, il se fait tard pour moi et le quitter maintenant ne serait pas réaliste.
    J’ai beaucoup de compassion pour les générations futures (dont mes petits-enfants)

  • A la fois jubilatoire, merci h16 et quand même très inquiétant à l’approche de l’élection présidentielle. Ce n’est peut-être pas du réchauffé mais ça y ressemble beaucoup.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
9
Sauvegarder cet article

Ah, finalement, qu'il est doux d'être journaliste en France dans un journal de révérence !

Jadis, c'était un travail fatigant, voire stressant et parfois même risqué : il fallait aller chercher l'information directement sur le terrain et la corroborer le carnet de notes à la main. Certains événements pouvaient impliquer de mettre sa vie en danger ; et certaines informations, une fois obtenues, pouvaient signifier une exposition directe aux rétorsions des puissants...

Heureusement, en France, ce temps est révolu : de nos jours, l... Poursuivre la lecture

0
Sauvegarder cet article

par h16

Il règne une étrange ambiance dans la presse, les médias officiels et les nombreux fact-checkers plus ou moins autoproclamés : progressivement, il apparaît qu'on doive donner un peu de crédit aux thèses farfelues (évidemment farfelues) des complotistes, ces petits rongeurs agaçants, qui sentent le dessous de bras et suintent la haine d'extrême droite voire le populisme rance et facile.

Bien évidemment, ces médias officiels ne peuvent ni l'admettre ni, à plus forte raison, expliquer où, quand et combien ils se sont trompé... Poursuivre la lecture

par h16

Dans de récents billets, je notais la multiplication des demandes de censure des réseaux sociaux. L'analyse montre qu'elle ne doit évidemment rien au hasard et qu'elle est même une tendance inévitable de ces plateformes.

Schématiquement, cela fait 30 ans qu'internet atteint les masses, 20 ans qu'il est commercialement rentable, et 10 que les réseaux sociaux se sont mis en place.

Les États ont senti, d'abord confusément, que ce réseau servirait leur soif de taxes et de propagande, sans saisir au début sa nature dis... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles