Sainte-Sophie transformée en mosquée : l’impasse politico-religieuse ?

Il est urgent de trouver des solutions afin d’éviter que cette crise ne dégénère en nouveaux affrontements politico-religieux.

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Sainte-Sophie Istanbul by Rog01(CC BY-SA 2.0)

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Sainte-Sophie transformée en mosquée : l’impasse politico-religieuse ?

Publié le 3 août 2020
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Par Antoine Arjakovsky1.
Un article de The Conversation

Ce vendredi 24 juillet, le gouvernement turc a ouvert aux prières musulmanes l’ancienne cathédrale Sainte-Sophie d’Istanbul.

Le patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomée a vigoureusement condamné cette décision. Pour lui cette transformation de la basilique-musée en mosquée risque de tourner le monde chrétien contre l’islam.

Le Conseil œcuménique des Églises, qui regroupe plus de 350 Églises chrétiennes, a également demandé au président turc de changer sa décision au plus vite. Le pape François s’est dit publiquement « très affligé » de la décision d’Ankara.

Malgré ces vives réactions de leaders religieux représentant plus de deux milliards de fidèles dans le monde, mais aussi de l’Unesco et de leaders politiques comme la présidente grecque, le gouvernement turc est resté inflexible.

La plupart des commentateurs ont reconnu la dimension politique du geste de Recep Tayyip Erdogan. Selon le journal grec Ta Nea  la politique étrangère a joué un rôle déterminant dans cette décision :

« Non, Erdoğan n’a pas décidé de transformer Sainte-Sophie en mosquée pour démanteler l’héritage kémaliste. Cette initiative est une manœuvre purement géopolitique, minutieusement élaborée à Ankara et à l’étranger. […]

C’est l’alliance militaire et commerciale stratégique conclue avec la Russie, et le mépris d’Erdoğan pour Washington et pour l’OTAN qui en résulte, qui constituent la motivation première et définitive d’une décision dont la nature et le timing laissent tout de même perplexes. »

Symbole d’unité pour les chrétiens

C’est l’empereur Justinien qui avait fait construire en 537 cette église dédiée à la sagesse de Dieu. Pendant un millénaire cet édifice impérial fut la plus grande église chrétienne jamais construite. De nombreuses légendes entourent ce bâtiment. On murmurait autrefois que les portes de la cathédrale ont été formées avec le bois de l’arche de Noé.

Sainte-Sophie représente également un symbole d’unité entre les chrétiens car c’est là que se tint un concile célèbre en 879, considéré par certains comme le huitième concile œcuménique, ayant rétabli l’unité entre les sièges de Rome et de Constantinople. Dans ses murs fut aussi célébrée la liturgie de proclamation de l’Union entre les Églises d’Orient et d’Occident le 12 décembre 1452.

La prouesse architecturale est telle qu’encore en 1921 le théologien orthodoxe russe Serge Boulgakov s’exclamait à son sujet dans La sagesse de Dieu :

« Celui qui a visité le temple de Sainte-Sophie à Constantinople et qui en a perçu la révélation est à jamais enrichi par une connaissance nouvelle du monde en Dieu, de la Sagesse divine. Ce dôme céleste qui s’incline vers la terre pour l’embrasser figure, par ses formes finies, l’infini, l’unité multiple du tout, l’éternité immuable dans l’image de la création : un miracle d’harmonie […] Il y a là Platon qui reçoit le baptême du christianisme, dans les hauteurs où les âmes s’élèvent pour contempler les idées. Mais la Sophie platonicienne se regarde et s’atteint dans la Sophie divine. L’église de sainte Sophie en est vraiment la démonstration artistique, qui couvre le monde de sa protection. »

Mais la cathédrale de Constantinople fut convertie en mosquée après la chute de la ville face à l’envahisseur turc. Ce n’est qu’en 1934 que la basilique fut transformée en musée « offert à l’humanité » par Mustafa Kemal en signe de reconnaissance de son histoire plurireligieuse.

Mosaïques dissimulées

La décision du gouvernement turc en 2020 a des conséquences très pratiques. La grande mosaïque du Christ pantocrator et d’autres mosaïques byzantines vont devoir être cachées. Certains observateurs comme le journal portugais Publico considèrent qu’elles pourraient être murées, sort qui leur avait été réservé pendant des siècles, et dans l’ensemble du bâtiment, beaucoup de détails de l’histoire chrétienne vont devoir être supprimés ou dissimulés.

Or, comme l’a écrit récemment un diplomate grec, Constantinos Alexandris, une telle évolution représente pour au moins 300 millions de chrétiens orthodoxes un authentique viol symbolique.

Les chrétiens catholiques doivent pouvoir imaginer le choc que représenterait pour eux la transformation de la basilique Saint-Pierre de Rome en mosquée.

Certes, Sainte-Sophie a été une mosquée par le passé, mais la majorité des chrétiens orthodoxes n’ont pas accepté que cette cathédrale, qui représente le siège du patriarcat œcuménique, l’autorité la plus importante dans l’Église orthodoxe, comparable à Saint-Pierre de Rome pour les catholiques, ait été transformée en musée et encore moins en mosquée.

Le patriarche Bartholomée continue à s’appeler et à être désigné de « patriarche de Constantinople » et non d’Istanbul malgré le fait qu’il ait perdu sa cathédrale il y a près de six siècles…

Sortir de l’impasse

C’est pourquoi il est urgent de trouver des solutions afin d’éviter que cette crise ne dégénère en nouveaux affrontements politico-religieux. Le fait que cette cathédrale ait été dédiée à la Sagesse de Dieu pourrait constituer une issue à la crise.

En effet pour les spécialistes du dialogue interreligieux, la sagesse n’est pas seulement une vertu divine, elle représente la corporéité même de Dieu. « La Sagesse est, écrit Boulgakov, comme le corps par rapport à l’esprit. L’un ne peut vivre sans l’autre. Le corps (dans sa double détermination de forme et de matière, de raison et de beauté) est une icône de l’esprit qui vit en lui (la Sagesse et la Gloire). »

Or si la Sagesse de Dieu est vénérée par les chrétiens, elle l’est aussi par les juifs et les musulmans. N’y aurait-il pas un sens comme le recommande le patriarche arménien de Constantinople, Sahak Mashalian, à ce que la basilique Sainte-Sophie puisse dès lors abriter des prières juives, chrétiennes et musulmanes ?

Pour les chrétiens en effet, ce n’est pas le bâtiment qui est porteur de sacré. Comme le Christ le dit à la Samaritaine il convient d’adorer Dieu « en esprit et en vérité » (Jean 4, 21).

Par ses paroles le Christ inventait ni plus ni moins qu’une nouvelle forme d’attitude religieuse qu’on désigne par le terme de spiritualité. Ce que Jésus inaugure, par ses paroles à la Samaritaine c’est un processus d’intériorisation qui établit un rapport nouveau à la Loi, à soi-même, à la religion. « À la source extérieure du puits profond du patriarche s’est substituée une source intérieure qui révèle la vérité intérieure de chacun et s’ouvre sur un culte intérieur. »

Les musulmans ont également intérêt à ce que le sacré ne soit pas instrumentalisé à des fins politiques. On se souvient du texte signé en février 2019 par le pape François et l’imam Ahmed al Tayeb de la mosquée Al Azhar du Caire intitulé « la Fraternité humaine pour la paix mondiale et la coexistence commune » :

« Nous déclarons – fermement – que les religions n’incitent jamais à la guerre et ne sollicitent pas des sentiments de haine, d’hostilité, d’extrémisme, ni n’invitent à la violence ou à l’effusion de sang. Ces malheurs sont le fruit de la déviation des enseignements religieux, de l’usage politique des religions et aussi des interprétations de groupes d’hommes de religion qui ont abusé – à certaines phases de l’histoire – de l’influence du sentiment religieux sur les cœurs des hommes pour les conduire à accomplir ce qui n’a rien à voir avec la vérité de la religion, à des fins politiques et économiques mondaines et aveugles. C’est pourquoi nous demandons à tous de cesser d’instrumentaliser les religions pour inciter à la haine, à la violence, à l’extrémisme et au fanatisme aveugle et de cesser d’utiliser le nom de Dieu pour justifier des actes d’homicide, d’exil, de terrorisme et d’oppression. »

Sur le web

  1. Historien, Co-directeur du département «Politique et Religions», Collège des Bernardins.
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  • si tout le monde était athée , on serait moins emmerdés ….quoique l’homme étant ce qu’il est , il trouverai bien d’autres raisons pour se taper sur la gueule ….

    • Quand il n’y a plus de dieu il y a des idoles, et si il n’y a pas d’idoles, on a des hommes qui se prennent pour des dieux… Et qu’il n’en reste qu’un.

    • @ véra

      Les pays communistes étaient et sont plutôt athées (URSS, Chine, Corée du Nord), et effectivement, il y avait beaucoup moins de problème, toute opposition étant balayée.

    • entièrement d’accord avec vous, la religion a a toujours été un motif pour les puissants de se foutre sur la tronche et de diviser les peuples et aucune de ces religions n’a pas de sang sur les mains..

      • C’est d’ailleurs pour ça que le conflit le plus meurtrier de l’histoire à été déclenché par des athées pour des régions athées et en lutte contre deux religions considérées comme abominables (le judaïsme et le christianisme)…
        Les puissants comme vous dites (pensez « gouvernements » ou « Etats » plutôt) utiliseront n’importe quelle justification pour la guerre. Publiquement. La vraie c’est l’extension du champs de leur pouvoir. Comme pour le « Covid19 » qui n’a pourtant rien de religieux !

        • je m’en fiche je suis agnostique. ^^

          • @ dekkard

            L’agnosticisme est une forme d’athéisme.

            L’athéisme absolu est en réalité assez rare, ce qui n’est pas étonnant puisqu’il est impossible de prouver l’inexistence d’un être.

  • Oui bon.. 99% des turc sont musulmans, ils sont chez eux, Sainte Sophie était une mosquée. Tout cela me paraît être une tempête dans un verre d’eau.

    • Sainte Sophie a été une mosquée, ce qui lui a permis d’arriver jusqu’à nous, mais comme dit dans l’article elle était avant ça la plus grande église de la chrétienté, et le siège de l’Eglise orthodoxe.
      Ce n’est pas vraiment « juste une église », contrairement par exemple aux mosquées de Séville ou Cordoue qui ont subi plus ou moins le même sort. Pour une comparaison valide, il faudrait imaginer que l’église Saint Pierre de Rome serait convertie en mosquée, ou la grande mosquée de la Mecque en église.

    • Ils ont conquis par la force leur « chez eux », en détruisant beaucoup de la civilisation qui était présente alors.

    • 50% des turcs étaient encore chrétiens en 1900. Mais l’extermination des arméniens et l’expulsion « manu militari » des grecs puis les persécutions continuelles contre les quelques pour-cent restants ont effectivement réduit ce nombre à 1% ou moins.
      Ont doit féliciter les gouvernements turcs de cette « épuration ethnique et religieuse » réussi et donc admettre qu’ils transforment des bâtiments qui font partie du patrimoine mondial de l’humanité et du patrimoine Chrétien ? Ou au contraire s’en plaindre ?

  • Non, ce n’est pas une tempête dans un verre d’eau. C’est une provocation, d’autant plus réfléchie qu’elle s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe dans lequel la Turquie vise à retrouver la place qu’elle avait dans le monde arabe sous l’empire Ottoman appuyée par les frères musulmans dont Erdogan est un leader.

  • La notion de « dialogue » avec d’autres religions n’a aucun sens en Islam.

    L’objectif de l’Islam n’est pas la cohabitation pacifique avec les autres religions, mais la conquête (violente s’il faut) du monde.

    Cette reconversion n’en est qu’une phase (violente) symbolique supplémentaire.

  • Oui, les chrétiens n’attachent pas d’importance au lieu de culte, et les Turcs sont libres de disposer à leur guise de leurs bâtiments.

    Mais ce qui advient à Sainte-Sophie est le résultat du laxisme des chrétiens face à l’islam. Si ce laxisme continue, nos Eglises subiront un jour le même sort et le rayonnement de nos pays s’éteindra tout comme s’est éteint l’Empire byzantin.

    Il est autant faux de prétendre que le dieu de l’islam est le même que le dieu chrétien, que de prétendre que les religions ne conduisent pas à la guerre.

    Le Coran est l’ouvrage d’un chef militaire, qui considère la guerre comme un pilier de la foi islamique, le Jihad. Il ne s’agit pas d’une guerre spirituelle comme dans le christianisme, mais d’une guerre réelle, puisque contrairement à Jésus-Christ, Mahomet a passé sa vie à faire la guerre au nom de sa religion, et le Coran proclame que là où va un musulman, cela devient une terre islamique.

    L’islam est une religion d’invasion, c’est un fait théologique et historique, et au lieu de pleurer sur Sainte-Sophie ou de vouloir unir l’islam et le christianisme dans la même soupe progressiste, nous ferions mieux d’utiliser l’Etat de droit pour stopper l’invasion islamique organisée contre nos pays.

  • Mais quand va-t-on parler avec l’islam sur un ton raisonnable ou affectif ?
    Ces gens-là, d’ordre divin, se moquent complètement du reste du monde, mentent par devoir, n’ont aucune parole aucun honneur, sauf entre musulmans, méprisent tout ce qui n’est pas musulman, pardonnent tous les crimes s’ils sont musulmans.
    Les mahométans sont nos ennemis et les chrétiens parlent avec eux. Chaque parole chrétienne est suivie de crachats par les musulmans: et ils attendent, conscients que leur duplicité et leur fausset leur fera, tôt ou tard, gagner la bataille.
    Ils ont été et restent très proches du nazisme (v.Saïda Savitri), ils ont aimé Hitler, je parle des politiques, pas des pauvre types du quotidien.

    • Ces chrétiens, à l’image du pape François et du patriarche, sont des vendus.

      Déjà à l’époque, c’est la trahison des croisés qui avait permis aux Ottomans de vaincre Constantinople. Le résultat est désastreux, Constantinople était une ville lumière, équivalente à Rome, Istanbul est devenue aujourd’hui une ville très secondaire, dans un pays aux mains d’un dictateur, et où les persécutions contre tout ce qui n’est pas islamique sont légions.

      Il serait temps d’appliquer dans nos pays à l’islam le même traitement qu’aux nazies: interdire leurs associations et leurs signes distinctifs. Ce n’est pas une atteinte à la liberté de croyance, mais c’est de la légitime défense face à une stratégie d’invasion.

      • Ils trouvent toujours chez nous des « défenseurs de leurs droits » qui oublient bien souvent le côté guerrier de l’affaire. On dirait que ces gens ne voient pas les infos, ne connaissent pas l’histoire.

  • Islam veut dire soumission,dont acte!
    Quant à leurs « défenseurs » ce seront les premiers qui se retrouveront avec leurs attributs coupés dans la bouche si ils venaient au pouvoir….

  • Arrêtez un peu avec votre islam conquérant. Si l’islam est forte c’est en raison de notre faiblesse. Que l’Europe se retrousse les manches et sorte de cette chienlit social- démocrate.
    Sainte-Sophie n’est plus chrétienne depuis plus de 5 siècles, il faut vous y faire. Voyez de l’avant plutôt de ronchonner sur des vieilles lunes.

    • @ gillib

      Dans les années 30, auriez-vous aussi demander d’arrêter avec votre Hitler conquérant? Si Hitler était fort, c’était aussi à cause de la faiblesse de la France. Hitler avait écrit sa doctrine dans mein Kampf, il suffisait de le lire pour savoir ce qu’il en serait.

      C’est pareil avec l’islam, il suffit de lire le coran, d’écouter le discours des musulmans très pratiquants, et de regarder plus de 1000 ans d’Histoire… Les imams prêchent dans les mosquées que c’est par le jeu des naissances et de la démocratie, qu’ils pourront prendre le contrôle politique de l’Europe, et nombreux musulmans mettent en pratique cette stratégie des naissances.

      On enseigne souvent que l’Inquisition était une déviance de la religion catholique, mais on oublie comme hasard de dire qu’elle fut créée pour désislamiser l’Espagne, car beaucoup de musulmans se prétendaient chrétiens pour pouvoir continuer le combat islamique. Si l’on veut éviter une guerre civile comme il y en a eu dans tous les pays avec forte présence musulmane (Liban, ex-Yougoslavie, Birmanie, Inde, etc), il est encore temps d’agir.

      • « Si Hitler était fort, c’était aussi à cause de la faiblesse de la France. »
        C’est ce que je dit. Au lieu de faire le front populaire et détruire l’économie française, le français aurait mieux fait de conserver un économie forte. Les allemands faisaient des avions et des tanks, nous on partait en congés payés.
        Pareil pour les Turcs, ils se sont fait piétiner par les européens au XIX, ils défendent leurs intérêts maintenant sans se faire dicter leur conduite.

        • @ gillib

          Les Allemands faisaient des avions et des tanks grâce à un régime encore plus socialiste que la France. Ce n’est donc pas l’économie française qui était alors le problème, mais bien le fait que les Français ne croyaient pas en l’imminence d’une guerre, ni au danger que représentait Hitler.

          Ce n’est pas la Turquie qui a été piétinée au XIX, mais l’Empire ottoman. Et il était plus que temps d’en finir avec cet empire rétrograde, principal responsable de l’esclavage dans le monde. La Turquie a réussi à se moderniser sous l’impulsion d’Atatürk et à réduire l’influence néfaste de l’islam, mais la reconversion de Sainte-Sophie marque la fin symbolique de cette impulsion. L’islam reprend le peu de terrain qu’il avait cédé et la Turquie s’enfonce à nouveau dans l’obscurantisme.

          Les Turcs n’ont jamais cessé de défendre leurs intérêts, tout comme les Ottomans avant eux, dont la longévité de leur Empire doit plus aux antagonistes européens et à la mainmise impitoyable qu’impose l’islam à sa population, qu’à une quelconque suprématie…

        • @ gillib

          Ce n’est pas ce que vous dites, puisque vous aller jusqu’à exiger une auto-censure par rapport à l’islam. Par contre, comme vous le mentionnez, ce n’est pas avec une économie forte qu’Hitler a envahi la France, mais bien avec des avions et des tanks.

          L’économie allemande était à l’agonie quand Hitler est arrivé au pouvoir, l’économie soviétique de même, c’étaient des économies socialistes et cela n’a pas empêché ces pays de vaincre militairement. Pareil au Vietnam, les USA avaient largement la supériorité économie, cela n’a pas empêché qu’ils ont échoué.

          Dans un conflit armé, ce sont les ressources militaires qui font la différence dans un premier temps, l’économie ne jouera un rôle que si la guerre dure très longtemps. C’est ce qu’avait compris Reagan avec sa guerre des étoiles, en obligeant l’URSS à refaire la course aux armements, il a contribué à achever son économie et une décennie après l’URSS s’est effondrée.

          Le problème de la France n’est pas seulement économique, il y a aussi la fin de l’Etat de droit, et le laxisme face à l’invasion islamique. Et malheureusement, aucun parti politique ne fait campagne sur un de ces thèmes.

      • OUI. Tout à fait d’accord. De plus, il a fallu de 732 à 1492 .. aux Royaumes ibériques pour chasser l’islam d’Europe occidentale.
        Les Turc ne sont … que depuis 1453 à Constantinople..Un temps viendra où ils subiront le même sort qu’en Occident!

  • Bof, si gaïa décide de faire des siennes, un bon séisme et la brillante stratégie de reconquête se transforme en punition divine.

  • Dès qu’un lieu est revendiqué par plusieurs religions (cf. la destruction d’une mosquée en vue de rebâtir un temple à Ayodhya en Inde, cf. la Palestine au sens large qui est constellée le « lieux saints » revendiqués par plusieurs religions, etc.), les risques d’affrontements violents sont grands. On est en grande partie dans le domaine de l’irrationnel, chaque partie pouvant presque toujours une argumentation mêlant des faits historiques (souvent tronqués ou maquillés) et des « raisons spirituelles » évidemment « indiscutables ».

    J’invite les lecteurs de Contrepoints à lire l’excellent roman d’Arthur Koestler, « La tour d’Ezra », censé se passer vers 1947, dans lequel cela est décrit avec une ironie féroce et lucide, comme lorsque le haut-commissaire britannique en Palestine dit à Miss Clark, sa digne secrétaire (qui en est choquée) : « Ne trouvez-vous pas, Miss Clark, qu’il y a trop de sainteté dans l’air ? L’atmosphère en est empoisonnée. La sainteté n’est supportable que très diluée, comme les sels de bain. L’essence concentrée est du poison. » Ou encore, lorsqu’un personnage juif [NB : Koestler était juif, ce qui lui permettait d’écrire un certain nombre de choses en étant à l’abri des accusations d’antisémitisme] réfléchit ainsi : « Quel pays, se dit Joseph, quel pays que celui où chaque pierre, chaque arbre est chargé à haute tension et empesté de souvenirs archaïques ! Votre regard se pose sur une paisible maison arabe, mais, soudain, votre cerveau émet une étincelle, car vous avez remarqué que l’une des pierres provient d’une colonne romaine brisée par les Macchabées rebelles ou du linteau d’une synagogue byzantine de l’époque de Bar Giora… »

    Dans le même esprit, je ne puis résister à la tentation de citer un passage de ce roman mettant cette fois en scène une grotesque dispute entre chrétiens dans la basilique de la Nativité à Nazareth :
    « C’était un rapport, adressé en 1920 au gouverneur de Jérusalem d’alors, Sir Ronald Storrs, par un sous-inspecteur arabe ; il contenait une définition admirablement concise des privilèges contestés, objets d’empiétements qui provoquaient, au moins deux fois par an, des coups et des blessures parmi le clergé des diverses religions. Sous le titre Nettoyage de la Basilique de la Nativité, on pouvait lire ce qui suit :
    (1) Que la Communauté grecque orthodoxe a le droit d’ouvrir les fenêtres de la basilique donnant au sud, seulement pendant le temps du nettoyage ;
    (2) Que la Communauté grecque orthodoxe a le droit de placer une échelle sur le sol de la chapelle arménienne pour pouvoir nettoyer la partie supérieure de cette chapelle, au-dessus de la corniche ;
    (3) Que les Arméniens ont le droit de nettoyer la face nord du pilier contre lequel s’appuie la chaire des Grecs orthodoxes, et cela seulement jusqu’à la corniche ;
    (4) Que par suite d’un accord, il a, en outre, été convenu :
    a) Que les Grecs doivent attacher leur rideau au clou numéro 2, au pied du pilier placé au sud-est de l’escalier de gauche conduisant à la Crèche. (Le haut commissaire adjoint souligna ce passage au crayon bleu.)
    b) Que les Latins doivent laisser leur rideau tomber naturellement le long de ce même pilier, à une distance de 16 centimètres du rideau des grecs orthodoxes ;
    c) Que le clou numéro 1 ne doit pas être utilisé par aucune Communauté (le H. C. A. souligna de deux traits cette phrase.)
    (5) Que chaque fois que le gouvernement entreprend de nettoyer cette basilique, il doit le faire au moyen de ses propres instruments ;
    (6) Que l’accord ci-dessus peut être modifié au cas où il serait produit des documents officiels quelconques en faveur de l’une quelconque des Communautés ci-dessus mentionnées, avant le nettoyage de l’année suivante.
    « Regardez, dit le H. C. A. à Miss Clark : « Le clou numéro 1 ne doit être utilisé par aucune des Communautés. » Voilà une affaire d’une clarté parfaite ; je voudrais bien qu’elles fussent toutes comme cela. » »

    La controverse sur Sainte Sophie constitue une autre illustration de ce problème. En la transformant en musée, le grand Atatürk avait résolu avec finesse et bon sens, en respectant la sensibilité de toutes les parties, une question à laquelle on ne pensait pas trouver de solution. C’était dans le droit fil de sa pensée et de sa politique : ainsi, il combattit durement les Grecs durant l’horrible guerre gréco-turque de 1919-1922, durant laquelle les deux parties commirent des atrocités ; mais, une fois qu’il eut remporté la victoire, il fit le nécessaire pour se rapprocher de la Grèce et régler le plus pragmatiquement possible cette douloureuse question. La transformation de Sainte Sophie en musée tout comme la préservation, également comme musée, de la maison natale de Mustapha Kémal à Salonique ont été des gestes forts allant au-delà du symbole parce que voulant dépassionner les débats. Je ne suis pas naïf au point de croire que ce type de geste suffit à surmonter des oppositions, voire des haines, pluriséculaires. mais il ne faut pas non plus négliger la force de certains symboles.

    En retransformant Sainte Sophie en mosquée, ce pénible et néfaste butor qu’est Erdogan ruine tous ces efforts pour satisfaire de minables calculs politiciens en espérant faire oublier les énormes échecs de sa politique économique et de sa politique étrangère. Ceci est d’autant plus grave que cette décision suscite l’approbation, parfois passionnée, de nombreux musulmans en Turquie et au-delà, ce qui rendra difficile la seule solution raisonnable, à savoir le retour au statut de musée.

    Enfin, bien évidemment pour quiconque a un minimum de connaissances historiques et géopolitiques, cette affaire n’est pas seulement un problème intérieur turc. Dans certains pays, il y a des lieux qui revêtent une charge symbolique parfois très forte qui dépasse les frontières, comme Auschwitz en Pologne. C’est ce que Mustapha Kémal avait très bien compris en ce qui concerne Sainte Sophie.

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