Pauvreté et liberté : faire le développement autrement

« Pauvreté et liberté », ouvrage collectif dirigé par Matt Warner, s’adresse à toutes celles et tous ceux qui s’intéressent au développement, que cela soit au plan théorique ou pratique. 

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Pauvreté et liberté : faire le développement autrement

Publié le 8 juillet 2020
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Par Emmanuel Martin.

Pour quelles raisons, après six décennies d’aide au développement, un grand nombre de pays pauvres ne se sont-ils pas développés ? N’est-il pas temps de « faire le développement autrement » ? Mais, après toutes les « modes du développement » qui se sont révélées être des déceptions, comment faire ? Dans son dernier ouvrage Pauvreté et liberté, Matt Warner, président de l’Atlas Network, s’attaque à ces questions difficiles. 

Tout chercheur sérieux qui s’est penché sur ces thèmes sait que l’obstacle majeur aux politiques visant le développement est la complexité : culturelle, sociale, institutionnelle, et pas simplement économique. Le développement ne se décrète pas d’un claquement de doigt d’un expert éclairé.

Il ne suffit pas d’injecter un « montant optimal d’investissement » dans le pays pour que l’économie démarre. Il ne suffit pas non plus de changer « par le haut » les institutions formelles du pays afin que les incitations des acteurs fassent décoller l’économie. Il ne suffit pas de subventionner des projets que les populations locales sont censées « s’approprier »…

Le dilemme de l’extérieur

En fait toute tentative d’aider se heurte à ce que Matt Warner nomme « le dilemme de l’extérieur » : en voulant aider, un extérieur va forcément changer la donne dans le sens d’une dépendance des récipiendaires, ce qui va casser la dynamique réellement endogène de développement.

En outre les extérieurs, de par leur position, ne disposent pas de la connaissance nécessaire et pertinente pour initier véritablement  le changement. Ce sont les populations locales qui possèdent ces connaissances. Un pays « sous-développé » regorge en effet de talents, de « connaissances productives » qui malheureusement sont étouffées. Comment faire pour les libérer ? 

La meilleure solution commue à ce jour est la liberté économique. C’est dans ce cadre que les connaissances productives des populations pourront être utilisées de manière efficace par elles-mêmes et ainsi tirer le développement du pays.

Mais, évidemment, notre obstacle, notre dilemme, est toujours là : on ne peut imposer cette liberté économique de l’extérieur. Comment aider dans ces cas-là ?

La meilleure stratégie est de faire confiance aux acteurs du système pour initier le changement vers la liberté économique. Ce sont ici les think tank locaux, dotés des connaissances locales nécessaires, qui sont les mieux à mêmes de pousser de manière incrémentale vers la libération du potentiel des connaissances productives des populations.

La dimension internationale de la société civile

Leur action d’éducation, d’information, de lobbying intellectuel et politique est essentielle pour le changement institutionnel qui passe par la liberté économique. Mais est-il aussi facile de se reposer sur des think tanks pour pousser le développement d’un pays ?

C’est là que la dimension internationale de la société civile, et notamment l’action de l’Atlas Network, prend tout son sens : parce qu’ils sont intégrés à un réseau international de « pairs », les think tanks peuvent apprendre les uns des autres, comparer leurs stratégies respectives et se mesurer aux autres.

Cette émulation et ce partage des connaissances leur permettent de mieux définir et cibler leurs objectifs et leur impact, et ainsi gagner en efficacité. 

L’ouvrage propose ainsi une immersion dans quelques projets de think tanks qui ont réussi à faire avancer les choses, de l’Argentine au Liban, en passant par le Sri Lanka et le Burundi, et bien d’autres encore.

Au-delà de l’aspect « théorique », qui permet d’analyser parfaitement les enjeux des politiques de développement aujourd’hui, l’ouvrage propose une approche résolument pratique qui servira les think tanks tout autour de la planète à se dépasser, en apprenant des exemples du livre, que cela soit en matière de stratégies et de bonnes pratiques, ou d’erreurs commises et de défis. 

Pauvreté et liberté s’adresse donc à toutes celles et tous ceux qui s’intéressent au développement, que cela soit au plan théorique ou pratique. 

Pauvreté et liberté, ouvrage édité par Matt Warner, Atlas Network, 2020, traduction Emmanuel Martin.

Découvrez Pauvreté et liberté en le téléchargeant gratuitement

PDF_Pauvrete_Liberte_Matt_Warner_2020_FRENCH_compressed

Voir les commentaires (4)

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  • six décennies d’aide au développement ….la corruption des uns fait le malheur de millions d’autres …..

  • Il est clair que l’aide au développement n’a pas aidé à grand chose, et que son effet (comme celui des ONG internationales) est plutot allé dans le sens de déséquilibrer les situations locales. L’adage dit « aide toi, le ciel t’aidera », et c’est aux locaux de trouver leur système qui fonctionnera. Pour prendre le cas de l’Afrique, il y a des pays qui « fonctionnent » mieux que d’autres. Quand à dire si c’est grace aux think tanks locaux, aidé par leur intégration dans un système international, il y a plus qu’un pas. L’ Ethiopie, le Rwanda, le Ghana et sans doute d’autres s’en sortent. Même un pays comme la Libye de Khaddafi avait des aspects économiques et de développement intéressants. Khadaffi était peut-être fou, mais c’était leur fou, et les femmes conduisaient seules. Que la RDC fonctionne dans une espèce de surréalisme politico économique depuis si longtemps devrait être un sujet d’admiration (et on y met en oeuvre plein d’idées ultra-libérales : pas de règles ou de normes pour les exploitations minières, le régalien privatisé). L’Egypte et le Nigeria sont eux aussi des cas de dis-développement assez exceptionnels. Mais dans ces pays, il y a plein de choses de grand intérêt (e.g. le cinéma, Fela Kuti et Sole Woyinka au Nigeria). Et qui doit juger ? Et pourquoi vouloir proposer une « solution » qui ne pourra être qu’en référence à nos idées ?

  • Et l’Egypte truste les numéros 1 de squash.

  • La carte du QI moyen se superpose presque a l’identique sur le niveau de developpement des pays.
    Sauf systeme politique impropre au developpement comme pour la Chine avant son ouverture.
    Tres politiquement incorrect.

  • Les commentaires sont fermés.

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