Jirô Taniguchi : (13) Elle s’appelait Tomoji / (14) Un zoo en hiver / (15) Terre de rêves

Retour sur une œuvre atypique et originale, hors des sentiers battus. Par le maître et poète du manga japonais, Jirô Taniguchi : (13) Elle s’appelait Tomoji / (14) Un zoo en hiver / (15) Terre de rêves.

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Jirô Taniguchi : (13) Elle s’appelait Tomoji / (14) Un zoo en hiver / (15) Terre de rêves

Publié le 27 août 2019
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Par Johan Rivalland.

Trois œuvres bien dans le style de Jirô Taniguchi. Un hommage aux femmes japonaises, une narration en forme d’autobiographie, et un éveil au monde des animaux de compagnie.

Elle s’appelait Tomoji

Très belle parution, tout à fait dans l’esprit du grand maître japonais.
Un dessin, comme à son habitude, très minutieux et extrêmement travaillé, des visages expressifs, une réelle sensibilité. Mais surtout une histoire qui constitue un très bel hommage au personnage de Tomoji Uhida, qui a réellement existé (une interview de l’auteur, en fin de volume, permet de savoir exactement qui était cette personne et en quoi elle l’a intéressé).

Et, au-delà du personnage lui-même, itinéraire d’une jeune japonaise dont on suit les grandes étapes de la vie difficile depuis sa naissance jusqu’à l’âge adulte, ce sont les vestiges d’une époque (celle de l’ère Taishô, de 1912 à 1926, puis le début de l’ère Shôwa, qui va de 1926 à 1989) que l’on découvre, à travers l’existence classique de la femme japonaise de milieu rural.

Un bel hommage, donc, à la fois au personnage dont il est question ici, mais aussi à travers elle à toutes les femmes japonaises.

Bien sûr, on ne lit pas du Taniguchi comme on lit un manga classique. Il faut éprouver une certaine affinité avec la simplicité, les événements quotidiens, la vie des gens et l’histoire des moeurs d’un pays et d’une époque.
Pour ceux qui attendent, donc, du suspense et de l’action, ils n’y trouveront pas leur compte. Ceci ne pourra convenir qu’aux contemplatifs ou aux personnes dotées d’une sensibilité particulière, seule susceptible de s’accorder avec un tel univers.

Jirô Taniguchi, Elle s’appelait Tomoji, Rue de Sèvres, janvier 2015, 175 pages.

Un zoo en hiver

 

Au départ, j’éprouvais peu d’attrait pour ce volume. Cette histoire en forme d’autobiographie s’annonçait intéressante sur le principe, mais peut-être davantage susceptible d’intéresser les futurs dessinateurs de mangas. Finalement, au fur et à mesure de la narration, elle a fini par m’émouvoir réellement. L’esprit qui caractérise son auteur s’y retrouve pleinement et la lecture permet de passer d’excellents moments.

L’histoire est celle de l’émergence des talents de l’auteur, de son itinéraire au départ difficile dans la voie qui était la sienne. Quand on a la chance de faire coïncider profession et passion… il faut donner du meilleur de soi-même, jusqu’à parvenir à l’accomplissement.

Pourtant, la route sera longue et le jeune Tamaguchi, en panne d’inspiration, devra compter sur la providence pour que son destin vienne à lui sourire, dans un univers très difficile où beaucoup sont prétendants mais peu élus.

 

Jirô Taniguchi, Un zoo en hiver, Casterman, juin 2009, 231 pages.

Terre de rêves

Le monde des animaux ne m’intéressait pas particulièrement. Pourtant, Taniguchi, à travers les histoires qui composent ce volume parvient une nouvelle fois à émouvoir ses lecteurs.

La première des cinq nouvelles aborde un sujet délicat et auquel je n’avais pas vraiment pensé en termes concrets : la vieillesse des animaux (ici un chien). Très comparable aux difficultés de la grande vieillesse chez les humains. Et, toujours avec ce style incomparable, qui parvient par le seul dessin à imprimer des expressions ou des regards profonds aux personnages, l’animal fait passer lui aussi des émotions et sentiments à travers ses postures ou expressions.

Bouleversant. Une fois de plus, Jiro Taniguchi ose aborder avec courage les sujets difficiles ; sans tabous, ni fausses pudeurs, mais toujours avec une grande sobriété et sens de la mesure.

Les trois « nouvelles » suivantes ne sont, en réalité, qu’une suite de la première, avec des thématiques légèrement différentes (l’arrivée d’un chat, la naissance de trois petits et la difficulté de la séparation, la venue inopinée d’une petite fille dans le foyer sans enfant). Autant de petites scènes de la vie courante, cependant pleines de forces et d’émotions, émaillées de questions existentielles fondamentales.

La dernière nouvelle, en revanche, se distingue radicalement des autres, puisque l’on retrouve l’univers (évoqué dans « Le sauveteur », mais décliné différemment ici) de la montagne, des alpinistes chevronnés, pour qui la montagne est tout, constitue le coeur de leur vie, une « terre de rêves ».

Un volume une nouvelle fois envoûtant, délassant, source de détente et d’apaisement.

 

Jirô Taniguchi, Terre de rêves, Casterman, mars 2005, 174 pages.

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