Jirô Taniguchi, esquisse d’une œuvre poétique et atypique (4) : L’orme du Causase

Retour sur une œuvre atypique et originale, hors des sentiers battus. Par le maître et poète du manga japonais, Jirô Taniguchi (4) : L’orme du Caucase.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Jirô Taniguchi, esquisse d’une œuvre poétique et atypique (4) : L’orme du Causase

Publié le 18 août 2019
- A +

Par Johan Rivalland.

Rien que le titre est magnifique. Et il symbolise à lui seul la beauté du volume.

Ceux qui ont aimé Quartier lointain, entre autres chefs-d’œuvre de Taniguchi, ne seront pas forcément captivés de la même manière, n’y trouvant notamment peut-être pas le même rythme.

Pourtant, ce volume de huit histoires courtes n’en est pas pour autant moins fort en émotions et en beauté. Il est simplement différent. Encore qu’on y retrouve parfaitement bien le style du dessinateur, qui fait tout son charme.

Pour le reste, les scénarios sont écrits par Utsumi, que Taniguchi adapte ensuite superbement par ses dessins magnifiques et pleins de finesse.

L’Orme du caucase : un récit poignant

On peut parler d’instants poétiques, de moments de réflexion philosophique profonde. Réflexions sur la vie, sur la jeunesse parfois difficile, sur l’attachement, la séparation, la vieillesse ou la mort, l’amour ou l’amitié aussi.

Des instants simples, du moins en apparence, parfois plus complexes ; toujours très profonds. Un vrai ravissement pour le lecteur et une invitation à réfléchir sur les choses ou le sens de la vie.

La relation aux autres, aussi, les erreurs ou tourments de la vie, les réconciliations même tardives ; la force de caractère des uns et les faiblesses des autres. Et surtout, l’idée que les apparences peuvent être trompeuses face aux incompréhensions, et que chacun, dans ce contexte, peut prendre conscience de sa capacité ou son pouvoir d’agir et de changer sa vie.

Les destins peuvent tenir à très peu de choses ; chacune des huit situations le montre bien.

Et même si on n’entre pas toujours aussi facilement dans la lecture que dans les autres Taniguchi, on en ressort ravi et touché par cette manière de percevoir aussi finement et délicatement les choses, en particulier les sentiments.

Loin d’être une simple bande dessinée, cette création de génie est un véritable chef- d’œuvre qui me conduira peut-être aussi au passage à m’intéresser à l’œuvre d’Utsumi, s’il en existe une.

Éloge de la lenteur

Le seul reproche que je pourrais faire tient aux personnages qui, à travers les productions de Jirô Taniguchi, se ressemblent trop souvent. Mais quel mystère et quel éclat dans les yeux, dans les attitudes, les silences, leur manière d’être, qui les rendent très profonds et très attachants. L’inconvénient est donc bien mineur au regard de leur qualité.

On lira enfin avec intérêt en fin d’ouvrage la critique du romancier Ushio Yoshikawa, dont l’analyse est très juste.

Si vous n’avez rien contre la lenteur, la réflexion, la sensibilité et les émotions, alors courez. Nul besoin d’être adepte de lecture de B.D, encore moins de mangas pour apprécier à sa juste valeur ce somptueux volume.

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
0
Sauvegarder cet article

La chute de l’URSS fut un choc pour les anciens membres du bloc soviétique. Tous croyaient appartenir à une grande puissance indestructible, et tout s’est effondré en quelques années : la précarité, la pauvreté ont envahi le pays. D’où la nécessité pour nos deux héros de tenter le tout pour le tout.

Après la chute de l'URSS, et pendant les folles années Eltsine, Slava Segalov et son ami Dimitri Lavrine sont amenés à pratiquer des activités commerciales peu légales. Ils pillent sans vergogne les anciennes installations industrielles et ... Poursuivre la lecture

Dans la nuit du mercredi 6 au jeudi 7 septembre, à 01 h 42 du matin (08 h 42 au Japon), une fusée H-IIA (H-2A) a quitté la Terre, du centre spatial de Kanegashima[1. petite île, la plus méridionale de l’archipel Nippon, à la latitude 30°23 N. Partir de là permet au Japon d’être au plus près de l’équateur tout en restant sur son territoire national, afin de bénéficier au maximum de l’effet de fronde de la Terre.], emportant à son bord deux missions spatiales.

La première, SLIM (Smart Lander for Investigating Moon), a pour objet l’atterr... Poursuivre la lecture

0
Sauvegarder cet article

Abarenbō Shōgun, la chronique de Yoshimune, est une série japonaise à succès déjà ancienne. Elle a débuté en 1978, et met en scène un des plus populaires monarques de la dynastie Tokugawa. On le sait, du XVIIe au milieu du XIXe siècle, cette famille mit fin aux guerres civiles et établit un pouvoir fort à Edo, l'actuelle Tokyo.

L'empereur subsistait à Kyoto, mais était réduit à un rôle purement symbolique. De nombreux films et séries se déroulent à l'époque shogunale, mais très souvent le pouvoir des Tokugawa est présenté, sinon négati... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles