Comment tomber amoureux d’un parfait inconnu ?

L’amour se raconte. Et quand il se raconte bien, c’est encore mieux.

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Comment tomber amoureux d’un parfait inconnu ?

Publié le 1 août 2019
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Mandy Len Catron enseigne l’anglais et la création littéraire à l’université de Colombie-Britannique, à Vancouver. Elle écrit aussi pour quelques éminents organes de presse comme le Washington Post, le Walrus et le New York Times. C’est ce dernier qui publie son article « To Fall in Love with Anyone, Do This » (« Pour tomber amoureux d’un inconnu, suivez le guide ! »). L’article sera lu par plus de 8 millions de personnes et le blog de son auteur deviendra l’un des cinq les plus lus aux États-Unis.

Après que ses parents eurent divorcé et que la relation qu’elle entretenait depuis 10 ans avec son compagnon rencontré pendant leurs études à l’université eut pris fin, l’idée que Mandy Len Catron se faisait de l’amour s’effondre. Elle s’interroge et s’immerge dans les études psychologiques et les données sociologiques sur le sujet. C’est ainsi qu’elle prend connaissance des travaux d’Arthur Aron, un professeur de psychologie à l’Université de l’État de New York, selon lequel deux inconnus peuvent tomber amoureux l’un de l’autre en 36 questions et 4 minutes de silence (pendant lesquelles les protagonistes s’observent l’un l’autre, les yeux étant, dit-on, le miroir de l’âme). Mandy Len Catron se livre à une expérience grandeur nature avec un homme qui, par la suite, devient son petit ami. C’est cette histoire qu’elle raconte dans l’article du New York Times et c’est ainsi que son couple devient l’objet de la curiosité de millions de personnes à travers le monde.

L’amour… mais au-delà

Son essai Comment tomber amoureux d’un parfait inconnu dépasse le stade de la narration de sa vie sentimentale. Elle y partage le fruit de ses recherches et de ses réflexions sur ce mystère qu’est le véritable amour, dont La Rochefoucauld écrivit qu’il en est « comme de l’apparition des esprits : tout le monde en parle, mais peu de gens en ont vu ».
Pour l’anthropologue Helen Fisher, citée par Mandy Len Catron, le mystère de l’amour réside dans le cerveau : il provient d’un afflux de dopamine observé dans les circuits neuronaux à l’imagerie par résonance magnétique fonctionnelle, d’une part, et d’une volonté de concourir à la reproduction de l’espèce, d’autre part.Cette volonté transcendante, Arthur Schopenhauer (1788-1866) en avait déjà émis le postulat dans sa Métaphysique de l’amour sexuel, lui faisant prendre place dans l’ensemble de sa conception du monde, à savoir l’effet d’une action sous-jacente de la Volonté de vivre (« Wille zum Leben »). Schopenhauer fit ainsi lui-même figure, à certains égards, de précurseur de Sigmund Freud.
L’amour fait aussi partie de ces histoires (« toujours trop simples », selon Alain de Botton dans sa Petite philosophie de l’amour) que nous nous racontons. L’écrivain américain Kurt Vonnegut et, à sa suite, Mandy Len Catron en ont établi la structure narrative, que suivent la plupart des récits, du « meet cute » de Billy Wilder (les forces supérieures à l’œuvre dans la rencontre fatidique) et de la prise de conscience amoureuse, aux obstacles à surmonter et à l’union finale.« Les humains sont accros à la fiction », affirme un universitaire américain, Jonathan Gottschall, spécialisé en littérature et en évolution et cité par Mandy Len Catron. Ce rapport à la fiction est bien connu, tant du point de vue de la psychologie comportementale que de celui du succès planétaire de certaines histoires.

L’idéale rencontre

Que l’on pense aux exemples de Pretty Woman (près de 500 millions de dollars de recettes mondiales) ou de Cendrillon, le conte populaire par excellence, dont l’on a répertorié trois mille récits semblables à travers les époques et le monde et dont Pretty Woman est, en quelque sorte, une énième version. (Le film est sorti en 1989, il y aura 30 ans l’an prochain, et il reste à ce jour le plus grand succès de Julia Roberts.)

Les sites de rencontres sur Internet font, estime Mandy Len Catron, que ce n’est plus un problème de rencontrer quelqu’un. La question est de savoir comment et quand choisir le bon partenaire. Il n’y a, selon elle, pas de recette miracle. Il faut s’en remettre à son jugement : la personne nous rendra-t-elle meilleur ? La technique d’Arthur Aron a l’avantage de vous pousser hors de votre zone de confort et de permettre de vous dévoiler progressivement et durablement, dans la réciprocité.

Sauf à vouloir entrer dans les considérations socio-économiques du mariage ou à savourer son célibat, le livre de Mandy Len Catron qui reprend l’intégralité du questionnaire du Docteur Aron et de l’article de l’auteur dans le New York Times, a le mérite, et ce n’est certes pas le seul, ni le moindre, d’envisager la relation amoureuse sous l’angle volontariste et non comme le fruit du hasard. « Nous aimons, conclut-elle, parce que nous en avons fait le choix. »

Comment tomber amoureux d’un parfait inconnu, Mandy Len Catron, Massot Editions, 304 pages.

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  • « Nous aimons, conclut-elle, parce que nous en avons fait le choix. »
    pas d’accord ! nous aimons parce que nous en avons besoin..nuance

    Par ailleurs , le terme « amour » se trouve etre parfaitement galvaudé.. s’agit il de « l’amour courtois  » inventé en occident au moyen age ou de la relation amoureuse au sens large..

    j’ai pour moi une définition sociale beaucoup plus simple, il suffit de considérer l’amour comme un sentiment qui commence , qui se vit et disparaît assez rapidement , pour ne pas baser son existence dans une relation unique dont l’escroquerie la plus évidente est le mariage ..
    Ne vous mariez pas! et vive toutes les histoires d’amour que vous voulez, tout simplement..

    • les mariés bientôt cocus lancent des fatwa

    • Bref vous ignorez tout de l’amour que vous confondez avec vos instincts.
      Le mariage c’est un contrat, qu’elle est le rapport avec l amour ?

      • je vous pose la question , quoique en occident on pretend se marier exclusivement par amour, pas comme ailleurs ou on établit un contrat en échange de quelques chèvres

        • L’amour est un mot symbole qui représente une abstraction. Il y a donc autant de définitions que d’êtres humains.
          Mais je suis assez d’accord avec la notion de choix. Nous faisons une évaluation d’un autre être humain, celle-ci pour des raisons ou d’autres est assez positive pour échanger une certaine intimité (mettre ce que vous voulez dans ce dernier vocable).
          « le besoin d’amour » soit la combinaison ou l’addition de deux abstractions me parait une notion discutable. Nos besoins sont infinis, en revanche nos besoins vitaux sont assez basiques et l’amour n’en fait pas forcément partie; à moins de confondre le sexe et l’amour et cela amène à d’autres discussions.

      • @AerosolKid
        vous semblez au fait de de que je sais ou pas , qu’est ce que çà peut bien vous foutre?

        • Ben, c’est un peu votre vision du truc que vous semblez vouloir imposer avec toute la négativité et violence verbale qu’est la votre.

          C’est à vous de régler vos propres problèmes et jugement de valeur, Chacun ayant sa sensibilité (qui peut mener au mariage parce qu’on sent que c’est « bien comme ça »), le libéralismes chargeant de faire en sorte que tous puissent réaliser leurs envies sans ruiner celles des autres.

          • @ungars
            on est ici pour échanger des arguments sur un sujet , juger les autres par rapport a leurs arguments me parait un peu primaire ..
            voire déplacé.
            je n’ai rien contre le fait que d’autres aient une autre vision , c’est leur droit , ceci dit il me semble un peu léger de dire que je voudrai imposer quoi que ce soit..
            Les jugements ad hominem sur des opinions je m’en tamponne le coquillard avec des tibias de langouste.;
            nous ne sommes pas dans la cour de recréation ou chez le proviseur ici, mais sur un site ou ou nous sommes libres d’afficher des opinions entre adultes responsables..

            • Si vous utilisez l’impératif dans une phrase dans le genre du « ne vous mariez pas! » de votre premier commentaire c’est que vous voulez imposer votre jugement aux autres alors votre pamphlet sur l’argumentaire vous vous le carrez avec vos langoustes.
              Vous provoquez la cour de récré avec une opinion bien tranchée et provoquante (une fatwa? Sérieusement?) et vous voulez jouer maintenant le sage entre adultes responsables ? Oui, je me permets donc de faire un jugement ad hominem : vous êtes ridicule!

  • Et que fait-on des phéromones?

  • Les commentaires sont fermés.

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Michel Desmurget est l’auteur notamment de La Fabrique du crétin digital, ouvrage sorti en 2019. Docteur en neurosciences et directeur de recherche à l’Inserm, il s’appuie sur ses travaux, ainsi que sur de très nombreuses études approfondies qui ont été menées à travers le monde, pour mesurer l’impact de la lecture sur l’intelligence dès le plus jeune âge, et d’autres qualités humaines essentielles qu’elle permet de développer.

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François Kersaudy est un auteur, historien reconnu, spécialiste de la Deuxième Guerre mondiale et de l’histoire diplomatique. Auteur de De Gaulle et Churchill (Perrin, 2002), De Gaulle et Roosevelt (Perrin, 2004), il a aussi écrit une biographie de Churchill pour Tallandier, et une autre consacrée à Lord Mountbatten pour Payot. Il est aussi l’auteur d’ouvrages consacrés à l’Allemagne nazie.

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