L’écologisme à la lumière de la théorie des choix publics

Des considérations d’ordre économique et politique ont remplacé la curiosité comme moteur de la science, en particulier quand il s’agit d’écologie.

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Science Fiction By: Dave Parker - CC BY 2.0

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L’écologisme à la lumière de la théorie des choix publics

Publié le 16 juillet 2019
- A +

Par Thierry Godefridi.

Qu’en est-il advenu de la méthode scientifique ? C’est la question que se posa Kary Mullis en guise de titre de l’un des chapitres, le onzième, d’un essai publié en 1998, Dancing Naked in the Mind Field (un titre que l’on pourrait traduire par « Danser nu dans les méandres de l’esprit », puisqu’il comporte, en anglais, un double sens, avec la combinaison des mots « mind field » pour « minefield », qui signifie « champ de mines »).

À la suite du précédent article au sujet de la problématique du climat vue sous l’angle critique des limites de la connaissance, un lecteur aimable et attentif s’est étonné de ce que ni François Gervais, ni Drieu Godefridi, dans leurs récents essais à succès sur l’écologisme, ne mentionnaient le nom de Kary Mullis, l’un des premiers scientifiques à dénoncer l’écologisme comme la plus grande fumisterie de l’Histoire.

Ce biochimiste n’est pourtant pas n’importe qui. Il fut, notamment lauréat du prix Nobel de chimie (avec Michael Smith) en 1993, pour l’invention de l’amplification en chaîne par polymérase, procédé désormais courant en biologie moléculaire.

Dans son essai, Kary Mullis citait un autre prix Nobel, d’économie cette fois, James Buchanan (1919-2013), un économiste américain récompensé en 1986 pour le développement de la théorie du choix public, laquelle souligne les dysfonctionnements de l’intervention publique et explique les comportements de l’État à partir des agents qui le constituent.

Théorie des choix publics

Buchanan divisait le monde en quatre catégories, expliqua Kary Mullis : les électeurs, les politiciens, les bureaucrates et les groupes d’intérêt. Chaque membre de chacune de ces catégories attend quelque chose du Système, mais, là où les trois autres catégories sont constituées de professionnels avertis, seule celle des électeurs ne l’est pas. Ces derniers – la plupart d’entre nous ! – passent le plus clair de leur temps à accomplir leurs jobs et leurs tâches domestiques ; il ne leur en reste que très peu ou pas du tout pour tenter d’extraire quelque chose du Système.

Dans les groupes d’intérêt (ce peut être un lobby quelconque, une ONG ou autre), des gens gagnent des salaires confortables en organisant des symposiums et en concoctant des histoires à caractère scientifique dont les médias raffolent. Ce microcosme incite les politiciens à l’action. Ces derniers n’ont généralement aucune connaissance scientifique, quand bien même aimeraient-ils prétendre le contraire. Quelqu’un doit les conseiller.

Il est important de savoir qui les conseille, avertit Mullis, car ces gens qui parviennent toujours à identifier quelque désastre imminent susceptible d’être évité grâce à un projet cautionné par quelques politiciens bien intentionnés, ces « parasites », comme Mullis les nomme, qui échouèrent à se dégoter un emploi sérieux dans le monde légitime de la publicité, ce sont eux qui vous manipulent en tentant de faire croire que les problèmes qu’ils imaginent sont vos problèmes.

La science, rappelait Mullis, consiste en une méthode dans laquelle toute assertion, quel qu’en soit l’auteur, doit pouvoir être vérifiée indépendamment au moyen de l’expérimentation. Il n’est pas question de présenter comme un fait une simple opinion. « Les lois scientifiques sont démontrables. Ce ne sont pas des croyances. »

Des considérations d’ordre économique, et politique, ont remplacé la curiosité comme moteur de la science, fit encore remarquer Mullis. Comme Buchanan le relevait il y a déjà environ un demi-siècle, il n’y a, d’une manière générale, guère d’intérêt à vérifier la validité d’une assertion scientifique à caractère public. Il suffit qu’elle soit convaincante pour les électeurs mal informés. Quelques-unes des grandes vérités que ces derniers ont accepté pour argent comptant n’ont qu’une faible ou aucune base scientifique.

À titre d’exemples, Mullis signalait la croyance que les émissions de combustibles fossiles puissent contribuer au réchauffement climatique et celle que le dégagement de chlorofluorocarbures dans l’atmosphère puissent créer un trou dans la couche d’ozone.

Les gens croient à ces choses et à quelques autres du même acabit, non parce qu’ils en ont reçu la moindre preuve, mais parce qu’ils sont crédules : ils ont la foi. Or, ces questions ne relèvent pas de la foi. Elles n’ont aucun caractère transcendantal.

Il ajoutait :

Des scientifiques qui se prononcent avec vigueur sur l’imminence d’un désastre écologique et qui insinuent que l’Homme porte la responsabilité des changements qui se produisent, sont hautement suspects.

Mullis concluait :

Nous vivons sur une planète pleine de mystères, et les évolutions du climat en sont un.

Pour cet homme de science, Prix Nobel de surcroît, il n’est pas question d’arguer qu’il y ait réchauffement ou non (encore que, vu sur le long terme, il pencherait plutôt pour un refroidissement), mais il s’agit de dénoncer ces politiciens, bureaucrates et groupes d’intérêt qui, dans l’état actuel de nos connaissances, rendent l’Homme responsable d’un changement du climat, font accroire qu’il puisse y remédier et en profitent, entre temps, pour gruger l’immense majorité des électeurs et ruiner nombre d’industries qui leur procurent leur bien-être.

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  • excellent article! c’est exactement çà!
    Dans le passé c’était la menace religieuse qui adoubait les puissants,dans leur frénésie de tout contrôler et de justifier leurs privilèges.. aujourd’hui c’est la manipulation de l’électeur via les médias télévisuels avec les ayatollahs verts promettant l’apocalypse aux non croyants..

    La manipulation des masses est une source de profits , pour les élus, et les petits malins appelés a profiter de la manne financière publique pour services rendus..Nos nouveaux évêques pètent dans la soie , rien de neuf sous le soleil..
    Par définition le peuple est très con.
    En effet quand on voit ce qu’il est capable d’accepter sans foutre le feu a la baraque on est en droit de se poser des questions.. Les éoliennes payent les homards ? tout va bien brave gens continuez a ramer , enchaînés a l’établi par vos crédits a la consommation..
    L’important c’est que l’élite continue a vous faire croire que vous avez quelque chose a obtenir en votant lui ou l’autre..
    votez qui vous voulez le systeme est verrouillé!

  • Hormis des affirmations péremptoires, je ne vois rien de concret en termes d’arguments : dire ainsi que le CO2 n’a pas d’effets demande des preuves, preuves autres que dire que la corrélation entre réchauffement et augmentation du CO2 est inversée (argument couramment développé) : on connait des phénomènes qui s’auto-alimentent, et les réchauffistes s’appuient là-dessus.
    En règle générale, ils balaient beaucoup de contre-arguments et on a du mal à y voir clair.
    A signaler peut-être : https://www.nature.com/articles/s41598-019-45584-3

    • C’est dire que le CO2 a des effets qui demande des preuves. Contrairement à ce que semblent croire certains, on doit rejeter l’hypothèse nulle, celle de l’absence d’effets, si l’on veut prouver quelque chose, et on ne peut pas poser le problème à l’envers. Or là, on attend toujours.

    • Lisez (ou écoutez) William Happer, l’homme au monde qui connait sans doute le mieux la molécule de CO2.

  • Je ne constate aucune science dans cet article, aucune étude ni aucun débat scientifique.

    Vous ouvrez votre article en fermant même le débat et en censurant implicitement ceux qui pourraient s’opposer à ce qui n’est que votre idéologie, puisque vous employez le mot « écologisme » dans un but péjoratif, par amalgame, comme d’autres censeurs emploient les suffixes en -isme pour diaboliser sans discernement le préfixe qu’il qualifie..

    Faire un tel emploi du -isme que ce soit pour qualifier l’écologie ou n’importe quoi d’autre est profondément mal honnête, c’est un refus de suivre les règles de la langue française et donc un terrorisme intellectuel.

    Vous faites donc tout le contraire de ce que vous prônez et vous employez ici les méthodes du marxisme culturel pour empêcher les sciences d’exister ou même de s’exprimer en matière de climat, au motif de votre idéologie, par laquelle indépendamment de toutes sciences vous avez décidé sans aucune connaissances scientifiques de ces questions, qu’il n’y avait pas de déstabilisation climatique par les technologies humaines, ni même de trou dans la couche d’ozone (allez regarder les taux de cancer de la peau en Nouvelle-zèlande et en Patagonie, si vous souhaitez vraiment faire de la science)..

    Tout en récusant les études scientifiques qui contredisent votre idéologie, vous déniez même leur existence !

    Vous dites que la science est basée sur l’expérience, soit, mais pourquoi prétendez-vous que la thèse d’une déstabilisation climatique par les gaz à effet de serre ne serait basée sur aucune expérience ?

    Puisque vous aimez autant les sciences, je vais donc vous en donner une d’expérience scientifique à réaliser chez vous :

    Vous prenez deux bocaux de confiture avec leurs couvercles. Vous allez remplir l’un des bocal avec les gaz d’échappement de votre voiture et l’autre simplement avec l’air ambiant. Vous allez préalablement placer un thermomètre dans chacun des bocaux et vous allez placer ces bocaux dehors en plein soleil.

    Après quelques temps vous constaterez que la température à l’intérieur du bocal qui contient les gaz d’échappement, est beaucoup plus élevée que celle qui est mesurée dans le bocal qui ne contient pas de gaz d’échappement.

    Alors, si vous souhaitez faire de la science, voilà un bon début, car pour l’heure de votre vulgate, il ne ressort que de l’idéologie, de la censure, de l’obstruction aux sciences et du marxisme culturel.

    • Toupie verte
      Entièrement d’accord avec vous !

    • « Vous prenez deux bocaux de confiture avec leurs couvercles. Vous allez remplir l’un des bocal avec les gaz d’échappement de votre voiture et l’autre simplement avec l’air ambiant. Vous allez préalablement placer un thermomètre dans chacun des bocaux et vous allez placer ces bocaux dehors en plein soleil. »
      Turbo LOL & Turbo facepalm !!! Non mais sérieux … le coup du bocal ? mais t’a quel age ??

    • MMMM belle expérience, qui a été « démontée » 100 fois
      mais vous avez raison, il suffirait que les vrp en poele à frire nous démontre, par une expérience incontestable, que ,effectivement, l’ajout de CO2 dans un volume d’air, soumis à un rayonnement infrarouge, augmente la t° de celui-ci, on ne demande pas plus.
      Mais voilà, personne ne m’a encore montré cette expérience, et c’est très curieux, car cela serait un bon début pour clarifier le problème.
      Après, appliquer le même raisonnement à l’atmosphère devient plus « périlleux »

      Concernant le trou dans la couche d’ozone, ben il va, il vient,comme il l’a sans doute toujours fait, vu que l’on ne dispose pas de mesures sur de longues durées.

      Dites donc, ça marche avec des bocaux à cornichons?

    • C’est la première fois que je lis que l’absence de croyance ou la réfutation d’une théorie est une idéologie. Et le coup des pots de confiture…

  • L’auteur n’est pas sérieux quand il ose citer d’obscures prix Nobel de CHIMIE et ECONOMIE, avec les illustres cadors du prix Nobel de la Paix : Al Gore, Jean Jouzel, etc…

  • Lorsque je travaillais au Ministère de l’environnement, je ne pensais pas qu’on en arriverait là.
    Dans “L’état de l’environnement” que j’écrivais, il y avait des chiffres venant de l’agence de l’eau, de l’agence de l’air, du ministère de l’agriculture, de l’ONF, du ministère de l’industrie, de l’INSEE, etc., et jamais il n’a été écrit que les agriculteurs devaient renoncer aux produits phytosanitaires ou aux engrais chimiques, on prônait simplement un emploi raisonné de tous ces produits, on s’inquiétait de l’artificialisation des meilleures terres agricoles comme en région parisienne, de la disparition de zones forestières, etc..
    Les Parcs nationaux, les réserves naturelles, les parcs régionaux, les ZNIEFF (Zone d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique) datent de cette époque ainsi que le développement des stations d’épuration, des réseaux d’assainissement, la chasse aux rejets atmosphériques et dans l’eau de polluants par les entreprises, la plantation d’arbres le long des roues (projet abandonné à cause des associations de victimes sur les routes car les arbres “se jetaient” sur les voitures et non l’inverse selon elles) pour une meilleure lecture du paysage et faire de l’ombre l’été, etc..
    Oui, on peut faire de la protection de l’environnement intelligente et non punitive, qui n’élimine pas à terme tous les pauvres et les classes moyennes pour ne garder que les plus riches avec quelques clandestins comme esclaves à leur service.

    Tous ces charlatans de la transition climatique, du réchauffement climatique, appelez cela comme vous voulez, sont ridicules et imbéciles à moins qu’ils ne soient les porte paroles du business du climat ou au contraire des gauchistes anti capitalistes, pires que les communistes ou Lutte Ouvrière, qui ne disent pas leur nom.

    • lapaladine ce que vous devez comprendre c’est que – au nom du dogme « libéral » mal maîtrisé par certains auteurs ou intervenants au forum de contrepoints – tout ce que vous évoquez est à abandonner : Les Parcs nationaux, les réserves naturelles, les parcs régionaux, les ZNIEFF (Zone d’Intérêt Ecologique Faunistique et Floristique) datent de cette époque ainsi que le développement des stations d’épuration, des réseaux d’assainissement, la chasse aux rejets atmosphériques et dans l’eau de polluants par les entreprises. Tout ce qui est écologie ou environnement est rejeté en bloc car marqué de l’infâme sceau de l' »intervention de l’état » ou de la « réglementation »…..

      • Bah oui, à moins que vous vous ayez besoin d’une réglementation pour tirer la chasse de vos chiottes…
        Il y a les libéraux qui balaient devant chez eux et puis les pastèques qu’on doit effrayer pour qu’ils arrêtent de balancer leurs papiers gras partout en fumant leur clopes et en promenant leur clébards.

  • Les commentaires sont fermés.

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