Laïcité : la religion est devenue la différence par excellence

La religion est pointée du doigt par ses détracteurs en tant que l’unique obstacle à la cohésion française, ce qui nous empêche de faire enfin société tous ensemble. C’est une erreur. OPINION

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Laïcité : la religion est devenue la différence par excellence

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 26 juin 2019
- A +

Par Émile Ackermann.

Suite à un bref passage télévisé à France Info dans lequel j’apparaissais dans la rue avec une kippa sur la tête, j’ai pu voir certaines personnes sur Facebook se demander pourquoi, alors que nous étions dans un État laïc, j’étais autorisé à en arborer une sans problème.

Cette question révèle à mes yeux la grande erreur de la conception française du principe de laïcité, conception propre à notre pays et bien éloignée de celle des Anglo-saxons.

En effet, la loi de 1905 vient surtout s’assurer que les cultes ne seront plus subventionnés par l’État, mais ne dit rien des signes religieux ostentatoires dans les lieux publics. Au contraire, un des effets de cette loi a été la création des aumôneries dans les milieux fermés (casernes, lycées, prisons, hôpitaux) et, plus tard, des émissions religieuses sur les chaînes publiques de télévision. Aristide Briand précise ensuite, que « l’État laïque n’est pas anti-religieux mais a-religieux ».

Tout porte à croire qu’il s’agit d’un projet d’assainissement de la vie politique en fixant des frontières claires, mais nulle trace d’une quelconque interdiction du fait religieux ou d’une démonstration publique d’appartenance. D’où vient donc cette idée, qui semble ancrée dans la culture française ?

La volonté louable des personnes désirant interdire ces signes, qui est de rassembler les citoyens sous un même drapeau, un même projet, en essayant de gommer les conceptions différentes de l’existence qui nous séparent est l’une de ces bonnes intentions qui pavent un lieu bien connu. Elle est révélatrice de l’un des dangers de la civilisation moderne qui est la tendance à l’uniformisation des pensées. Le vent très à gauche soufflant des États-Unis jusqu’à nous, qui a pu éveiller les consciences sur les problèmes et discriminations que rencontrent les minorités d’aujourd’hui, se traduit malheureusement dans certains cercles par un refus de se confronter à un avis différent du sien qui mène à considérer comme une agression toute affirmation contraire à ses valeurs.

Création de safe spaces

La création de safe spaces, où certains groupes se sentiront à l’aise car ils savent que des avis contraires ne sont pas tolérés, en est la preuve. Mais un véritable safe space n’est-il pas un endroit où chacun peut exprimer son avis librement, à l’abri de toute agression physique ? Si arborer une casquette, un habit avec un message politique peut être ressenti comme une agression, ce n’en est pas une pour autant, sinon il n’y aurait qu’un pas pour justifier une véritable agression physique envers la personne arborant ces signes.

En effet, si je pense que la kippa est une proclamation d’une souveraineté raciale ou que le voile affirme que la femme doit se soumettre aux diktats de l’homme, et que je considère cela comme une violence égale à une agression physique, alors ma violence devient une défense légitime. On devine bien vite que nous serons alors dans une société totalitaire et violente, qui légitimerait l’agression envers toute personne qui affirmerait un avis contraire à la pensée majoritaire (souvent bien-pensante et politiquement correcte).

Le problème est donc qu’on devient incapable de penser la différence de manière saine. Or en France, la religion est devenue la différence par excellence. Elle est pointée du doigt par ses détracteurs en tant que l’unique obstacle à la cohésion française, ce qui nous empêche de faire enfin société tous ensemble.

Cette conception est erronée car elle part du principe qu’il existe UN projet français, porté par une majorité de personnes d’accord entre elles, qui est entravé par des idées contradictoires portées par les religions. Difficile d’y lire plus qu’une tentative grotesque de désigner un bouc émissaire, quand on voit l’état actuel du champ politique et les divisions internes de notre société.

Par contre, il est intéressant de constater que c’est précisément la religion, donc la différence la plus voyante qui est pointée du doigt, ce qui confirmerait que le problème est effectivement là. Alors que c’est précisément cette différence qui enrichit la culture et fait progresser l’humanité, pas la production d’êtres confortablement installés dans leur posture et consensuels.

C’est d’un débat citoyen, plein d’avis contradictoires mais d’échanges cordiaux que peut jaillir un meilleur lendemain. C’est d’une recherche du sens et du bien commun, d’une écoute des idées autres qu’on pourra produire une société qui fonctionne et réduire nos tensions internes. Une pensée de la différence qui les célèbrerait toutes, sans exception, qu’elles soient politiques ou métaphysiques, ouvrirait à un dialogue sain bien qu’agité.

Tendre l’oreille

Je crois à l’idéal socratique, qui voit dans le conformisme l’arrêt de la recherche de sens et de la perfectibilité et en déduit donc la nécessité d’un dialogue infini avec toutes les opinions même minoritaires. Au lieu de poser des mains devant les bouches, nous ferions bien de tendre l’oreille.

Une fois ce point de départ accepté, nous pourrons alors discuter, contredire ces opinions qui nous dérangent : il ne s’agit pas d’accueillir à bras ouverts toute opinion contraire à nos valeurs dans un relativisme moral dérangeant, mais de poser les bases d’une conversation républicaine saine. Une société dans laquelle la parole est libre progresse généralement plus qu’une société qui la briderait, et un signe religieux ostentatoire n’est rien d’autre qu’une parole librement exprimée.

L’erreur française sur la laïcité est donc plus profonde que ça ; elle provient d’un nombrilisme fort, d’une incapacité d’être à l’écoute et d’un besoin toujours plus pressant de troquer sa responsabilité individuelle de réflexion et de progression intellectuelle personnelle pour une entité politique ou médiatique qui me dirait comment agir et penser, qui me dispenserait d’avoir à argumenter de manière non dogmatique et à analyser l’opinion de l’Autre.

L’Autre est la source de mes maux : c’est à cause de celui qui n’est pas d’accord avec moi que tout va mal, et celui qui affiche publiquement son appartenance à une philosophie de vie qui n’est pas en accord avec la mienne est le premier visé car le plus exposé. Ce besoin de déléguer sa pensée et d’avoir un système manichéen est largement répandu par les réseaux sociaux : nous sommes passés des analyses politiques aux 140 caractères, la facilité et l’immédiateté sont plus à la mode que la nuance et la complexité.

Il faut toutefois préciser que les religions ont aussi leur part de responsabilité : il ne suffit pas d’afficher publiquement une appartenance, il faut aussi s’engager activement en tant que religieux dans la société. C’est en tant que croyant que j’agis pour mon pays, pour le monde qui m’entoure. S’afficher dehors pour ne rester qu’entre soi ne fait que renforcer l’idée que l’appartenance religieuse est un frein au vivre ensemble ; aux États-Unis, par exemple, tout le monde peut venir travailler avec un foulard, ou un turban sikh.

En Angleterre aujourd’hui, une femme voilée peut entrer dans la police. C’est parce qu’il est ancré dans la culture que chacun donne à la société pour en profiter ensuite, que les divisions postérieures n’ont pas la même importance : et c’est précisément cela que devrait être le projet républicain.

C’est donc un changement de perspective sur le sujet qui est nécessaire : une prise en main des citoyens qui d’un côté, s’ouvriront à l’idée d’une responsabilité individuelle de penser par soi-même et de confronter ses idées; et de l’autre à l’idée de la responsabilité collective qui ne passe pas par l’effacement des différences mais par l’attachement à un projet commun qui les dépasserait.

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  • Et se promener dans la rue avec un T-shirt à l’effigie de Che Guevara, ce n’est pas une agression?

  •  » responsabilité individuelle  »
    voila ou le bat blesse.. en france çà c’est l’ennemi.. l’irresponsabilité est cultivée a l’extrême pour faire place aux pouvoirs publics

  • hé bien voyez vous , en France , les femmes musulmanes imposent aux autres citoyens le droit de se baigner dans une piscine en burkini
    bien que ce soit interdit pour raisons d’hygiène et le maire ( EELV
    de Grenoble) n’a pas bronché ….du coup , pour protester un groupe facebook a interpellé les internautes à venir se baigner  » à poil  » pour lutter contre l’islam radical ……voilà ou on n’en est …..

    • « … bien que ce soit interdit pour raisons d’hygiène » : mais, chère véra, ils/elles se fichent pas mal de l’hygiène ! Allez faire un tour dans les « quartiers perdus de la République » où ils/elles sévissent et vous comprendrez de quoi je veux parler !

  • L’auteur est un gros naïf.

  • Se balader avec la Robe a Bouddha ou une kipa, ce n’est pas pareil qu’arborer une Kalache en gueulant Allah Akbar. Il n’est pas honnête ni sérieux de faire semblant de confondre une démarche spirituelle personnelle, et une idéologie mortifère.

    • « ce n’est pas pareil »


      Effectivement, se balader avec une kippa ou gueuler « Allah Akbar » , cela renvoit à la liberté de religion et d’expression (1er amendement de la Constitution US), tandis que le fait d’arborer une kalash, cela renvoit au droit de porter des armes (2e amendement de la Constitution US.)
      Voilà, j’ai tout bon ! Merci de vos applaudissements, oui je sais je sais, vous avez raison, j’suis le meilleur !

  • L’auteur ne manquera pas de nous apprendre, dans un prochain article, comment il fait pour dialoguer avec quelqu’un qui considère qu’il n’est pas un être humain et que son existence est une insupportable agression, au point de penser que le tuer est une exigence divine, avec bénédiction à la clé.

    On peut dialoguer avec une religion, pas avec une secte. Les conceptions françaises comme anglo-saxonnes de la laïcité sont mises en échec dans ce cas. L’une comme l’autre font l’erreur naïve de croire que tous jouent le même jeu avec les mêmes règles.

    • « On peut dialoguer avec une religion, pas avec une secte. »


      Les religions ne sont que des sectes qui ont réussi.

      • « Les religions ne sont que des sectes qui ont réussi ». J’aurais préféré « les religions sont des sectes qui ont réussi ». Ce n’est pas qu’un détail, parce que votre proposition sous-entend que les religions qui ont réussi ne sont plus des sectes. Or, c’est justement là que le bât blesse, si je puis dire : les religions sont restées des sectes. Le mot « religion », en effet, vient du latin « religare » qui veut dire « relier » et le mot « secte » vient à la fois du latin « sequi » qui veut dire « suivre » (un maître, un guru dans sa doctrine) et du latin « secare » qui veut dire « couper ». Chaque religion fait à la fois les deux : elle se coupe de l’ensemble pour suivre les doctrines hérétiques ou déviantes d’un maître ou guru. Elle est et demeure une secte. Là où il y a danger, c’est lorsqu’un religion fait montre de prosélytisme invasif et intrusif voire violent et surtout d’intolérance exacerbée et paroxysmique non seulement vis à vis des autres religions, mais également du « reste » de l’ensemble dans lequel il évolue, en dépit des lois régissant l’organisation et le fonctionnement de cet ensemble. Je suis pour des religions lorsqu’elles cherchent à vraiment « relier », mais pas pour des sectes qui se coupent et qui de surcroît coupent (qui égorgent des moutons les « insoumis » ou « roumis »).

    • « avec les mêmes règles » : aller essayer de créer dans certains pays de « droit coranique » (choisissez celui que vous voudriez) un petit commerce de charcuterie où vous vendriez, en respectant scrupuleusement les règles sanitaires universelles, de belles côtelettes de porc, du saucisson, du boudin, du jambon, le tout de la meilleure qualité possible, des canettes de bière, d’excellent vin millésimé, quelques icônes mariales, des petites croix (crucifix ou non) pourtant en bois d’ébène ou en ivoire, quelques médailles … Si vous ne vous retrouveriez pas expulsé (au mieux) ou égorgé (au pire) à la croisée de deux rues, vous seriez le plus chanceux des humains !

  • Monsieur Ackermann, d’un côté le dialogue, le partage, l’écoute et le respect – et je vous remercie de nous proposer cette disposition d’esprit – de l’autre la conquête, la violence faite aux femmes et aux tenants d’autres religions, la vôtre, monsieur, la charia étendue à tous, volontaires ou pas… Je vous suggère de ne pas vous promener dans certains quartiers oubliés de la république avec votre kippa ou avec un collier portant une croix. Maintenant, qu’il y ait, hors islam, des fous de la laïcité est une autre affaire. Si ceux-là se contentent d’éructer, passe encore, s’ils deviennent islamo-gauchistes pour détruire notre passé et nous asservir, alors je me défends avec toutes mes forces. Tenez bon et attendez-vous au pire…

  • Je ne lense pas qu’il s’agisse d’uniformisation des pensées, mais plutôt de bien séparer ce qui relève du privé et de l’espace public. Je le comprends comme une forme, que certains peuvent juger excessive, du respect d’autrui: ne pas imposer aux autres ce qui me différencie d’eux.

    • Au bout du bout de la conception anglo-saxonne, il y a la partition.
      On peut préférer donner la prééminence au fonds commun social et à l’appartenance au même pays.

  • Il est nécessaire de rappeler une chose, au sujet de la laïcité française : le devoir de neutralité (absence de signes religieux visibles) ne s’applique qu’aux agents de l’Etat.
    Les Français peuvent tout à fait porter, dans tout lieu public, une kippa, un voile, une croix, un turban…
    Evidemment, il sera prudent de se balader sans kippa dans certaines cités, d’éviter le keffieh dans le marais et de ranger les grosses bagouses la nuit dans le métro, mais ceci est une autre histoire…

  • Non ! « …l’État laïque n’est pas anti-religieux mais a-religieux.. ».
    Si l’Etat était laïc il ignorerait les mariages religieux.
    Or, il est interdit de célébrer un mariage sans avoir eu auparavant une autorisation d’un représentant de l’Etat (article 433-21 du Code pénal, 6 mois de prison).

    La Manif Pour Tous avait promis de faire appel à la CDEH pour permettre les mariages religieux sans être obligé de faire un mariage civil « pour tous », si la loi Taubira était votée. On attend toujours la suite.

    • Si au moins les maires pouvaient éviter de nous infliger leurs sermons pénibles, ça nous ferait des vacances.

    • L’État se dit laïc, mais « en même temps » il veut contrôler votre vie. Concernant le mariage, il est effectivement interdit de contracter un mariage religieux sans y être autorisé par un représentant de l’État – en général via un « mariage civil ». Conséquence : un mariage uniquement religieux ne donnera pas reconnaissance du statut de « mariés », avec tous les effets qu’il implique pour les successions – sauf s’il a été contracté dans un pays où c’est la manière « normale » de se marier.

      Pour revenir sur la laïcité « à la française » le problème est à mon avis que trop de personnes, par manque de culture, confondent effectivement « laïcité » avec « rejet total du religieux ». Le premier article de la Loi de Séparation des Églises et de l’État dit seulement : « la République ne reconnaît et ne subventionne aucun culte ». Point. Tout est dit dans cette seule petite phrase.

      • Ce n’est pas le contrôle de votre vie, mais juste que le mariage civil entraîne des droits et devoirs, et une filiation par la suite, reconnus par l’Etat. Ce qui n’est pas le cas du mariage religieux, qui n’a pas les mêmes valeurs et ne peut donc pas être reconnu.
        Ainsi un divorcé ne peut pas se remarier à l’église, mais à la mairie oui. Donc il est normal que le mariage civil précède le mariage religieux. Maintenant, vous avez le droit de ne pas vous marier civilement et de vouloir une bénédiction pour votre couple.
        C’est la même chose pour les parrains marraines religieux, non reconnus par l’etat.

  • J’étais il y a peu de temps encore un anticlérical primaire.
    J’ai arrêté quand j’ai constaté comme monsieur Ackermann que les religions sont des différences.
    «Je crois à l’idéal socratique, qui voit dans le conformisme l’arrêt de la recherche de sens et de la perfectibilité et en déduit donc la nécessité d’un dialogue infini avec toutes les opinions même minoritaires. Au lieu de poser des mains devant les bouches, nous ferions bien de tendre l’oreille.»
    Pas mieux.

  • Ce n’est pas parce que certaines personnes se demandent pourquoi vous portez une kippa dans la rue que vous devez conclure à une grande erreur de la conception française du principe de laïcité.
    Notre conception de la laïcité est différente de celle des Anglo-saxons, problement que nous n’avons pas les mêmes problèmes (étrangers à votre religion),
    Mais La Grande Bretagne en revient de son soi-disant multiculturalisme, le Québec se pose la question sur une certaine immigration, pas toutes.
    La loi de 1905 a été faite dans un contexte donné. Ce n’est pas un communautarisme apaisé qui pose problème. C’est celui, conquérant, violent, qui ne respecte pas les autres tout en faisant croire qu’il est ouvert et que les autres sont intolérants et dans l’erreur : ce n’est pas le cas de la religion juive.
    Aujourd’hui, la religion n’a plus la même importance, n’a plus de rôle qu’elle avait à la fin du 19ème siècle.
    D’où le fait que nous sommes plus attentifs au maintien des religions dans leur strict domaine de compétences, ce qui n’empêche pas le port d’une kippa en public.

  • En clair, vous nous dites que ceux qui refusent le port des signes religieux dans la rue sont les sectaires qui veulent gommer les différences. Il ne vous vient pas à l’esprit que, probablement, ce sont ceux qui arborent leurs signes religieux avec ostentation, qui veulent changer les mœurs d’un pays, qui sont les sectaires, portant leur différence comme un étendard.
    Je ne rappellerai jamais assez que le voile n’a rien à voir avec l’islam, on peut être musulmane sans voile, et que ceux qui revendiquent cette « liberté » de port font le jeu de cette religion conquérante. Le port des signes religieux dans la rue n’est devenu un sujet de polémiques que depuis une 20aine d’années, depuis que les musulmans ont décidé de se battre pour tout (cantine, salle de prière dans les entreprises, jour férié pour l’aïd etc)
    Ne mélangez pas tout et n’inversez pas les responsabilités, même si je comprends que ce soit tentant puisque vous ne pouvez rien dire sur les musulmans mais tout sur les petits blancs.

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