Liberté de la presse : le New York Times abdique face aux pressions

Le petit renoncement en matière de liberté éditoriale du New York Times n’apaisera pas les factions et les groupes d’intérêts qui veulent réduire au silence les voix dissidentes ou trop critiques à l’égard du pouvoir politique.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
New York Times Building (Midtown) By: JasonParis - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Liberté de la presse : le New York Times abdique face aux pressions

Publié le 11 juin 2019
- A +

Par Claire Libercourt.

Le New York Times a décidé de supprimer de son édition internationale tous les dessins politiques à la suite de la polémique née le mois dernier après la publication d’une caricature jugée antisémite. L’un des dessinateurs vedettes du célèbre journal américain, Patrick Chappatte, s’en est inquiété. Pour lui, le climat politique qui règne aux États-Unis après l’élection de Donald Trump touche aussi le dessin de presse. La critique du pouvoir politique est devenue tellement risquée que la profession craint pour son avenir.

Plus largement, l’affaire en dit long sur l’état de dégradation du débat public après l’élection du candidat du parti républicain, qui a révélé la distance creusée entre les différentes sensibilités du spectre politique américain. Le phénomène de polarisation politique est sans précédent dans l’histoire américaine et a très largement transformé les formations et sensibilités politiques en camps retranchés incapables d’établir le dialogue entre elles. Quand un camp s’estime offensé par l’autre, toutes les techniques d’intimidation et de pression sont bonnes pour réduire le camp opposé au silence. Le fameux esprit de « factions » que cherchaient à apaiser les Pères fondateurs de la constitution américaine s’est réveillé, et contamine tous les secteurs de la vie sociale d’Amérique du Nord.

La disparition de cette note d’humour en politique est inquiétante car elle témoigne de l’extrême tension au sein d’un pays où les grandes questions politiques du moment —avortement, immigration, éducation — sont en train de diviser le pays en une multitude de chapelles inconciliables.

Le petit renoncement en matière de liberté éditoriale du New York Times n’apaisera pas les factions et les groupes d’intérêts qui veulent réduire au silence les voix dissidentes ou trop critiques à l’égard du pouvoir politique. Il risque plutôt d’encourager à son niveau la crise de la presse papier au profit de son principal concurrent, la galaxie Internet, où les barrières de la censure et du politiquement correct disparaissent en quelques clics. C’est d’ailleurs pour cette raison que les États cherchent à leur tour à en contrôler le contenu. Plus que jamais, la liberté d’expression doit être défendue.

Notre dossier du mois est consacré à la liberté d’expression.

Voir les commentaires (24)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (24)
  • En effet, l’élection de D. Trump a joué un rôle de révélateur en exprimant une orientation politique réduite au silence depuis longtemps.
    La réponse de la presse dominante est la censure…

  • Le NYT ferait bien de cesser de produire des fake news à la pelle s’il veut retrouver son honneur perdu. Quand on marche sur le râteau du mensonge permanent, il ne faut pas s’étonner ensuite de se prendre le manche du râteau en travers de la figure. Quand on renonce à faire son métier de journaliste pour s’abaisser à devenir un vulgaire organe de propagande de bas étage, il ne faut pas s’étonner de subir le rejet des honnêtes gens.

    L’élection de Trump a révélé aux yeux du monde entier que les démocrates refusaient l’alternance démocratique et étaient prêts à toutes les bassesses, même les pires, pour parvenir à leurs fins méprisables. S’ils perdent l’élection de 2020 et les suivantes, ce sera entièrement de leur faute, de leurs mensonges, de leur haine exposée crûment aux yeux du public qui n’en revient pas. Aux USA, il y a environ un tiers de républicains, un tiers de démocrates et un tiers de non-partisans. L’enjeu des élections est de convaincre le dernier tiers. Croyez bien que les Américains ont été édifiés par l’attitude déplorable du camp démocrate ces dernières années.

    Les démocrates ont ouvert la boite de Pandore qui mène à la guerre civile. Ils ne devront pas se plaindre si jamais leurs actes aujourd’hui conduisent demain aux conséquences regrettables qu’ils ont volontairement provoquées.

    • NYT entre autres. Cela ne date pas d’hier. Rappelez vous le traitement médiatique de Ronald Reagan.
      Ce qui change, c’est effectivement d’une part le déplacement vers le monde digital. Avec entre autres, Contrepoints, Reason, Quillette, qui a réellement besoin de relire le journal tv de CNN? Et je caricature a peine. D’autre part, vous etes virulent mais vous avez raison de le noter: les démocrates ont corrompu la machine d’état US et l’ont politisée. Le comportement du FBI en particulier est tout simplement scandaleux depuis 2016.

    • Je suis en plein accord avec votre commentaire.

    • et les démocrates somme les socialistes en france on oublié de dire que comme les prolos votaient mal, ils avaient changé d’électeur cible..

      désormais c’est les communautés…

  • Le « New York Times » parle de liberté de la presse mais cela fait longtemps que ce journal a malheureusement choisi un camp : celui des démocrates. Cela n’a fait qu’affaiblir son message. Est il crédible ?

  • La liberté d’expression ? Deux choses :
    Soit il s’agit d’un respect des règles de l’expression non biaisée,
    soit il s’agit de l’acceptation que l’alternative existe.

    Dans le cas du NYT, il n’y pas l’un parce que l’autre est refusé.

    Quant à la censure, elle est venue d’un camp, sur la justification que le peuple votait mal si on laissait les réseaux sociaux sans surveillance ! Où était l’auteure quand les GAFAM ont commencé à appliquer censure et favoritisme ?

  • Je dirais que le NYT fait preuve d’une certaine cohérence.
    La presse et le NYT ont contribué au rayonnement de l’idéologie SJW (néo-marxiste intersectionnelle, divisant la société entre gentils opprimés et méchants oppresseurs). Il est désormais interdit d’offenser, et obligatoire de se sentir offensé.
    Malheureusement en popularisant l’idée qu’offenser les sentiments d’une personne ou d’un groupe est une intolérable agression, on finit par ne plus pouvoir publier que de la bouillie consensuelle.
    L’arroseur arrosé.
    Et ça n’est qu’un début.

    • Beau commentaire. Qui me fait penser a ce celebre entretien Petersen / Newman. https://www.youtube.com/watch?v=aMcjxSThD54 .

    • Cela devait arriver avec la jeune génération de journalistes biberonnés au socialisme et politiquement correct.

      • Le terme « politiquement correct » est un terme employé par l’extrême droite… et la pseudo « gauchisation » de la société était un moyen efficace par tout régime autoritaire de droite (brésil) voire totalitaire comme l’Allemagne nazie d’exterminer tout opposant crédible…
        Comme quoi…

        • Eh oui, le « politiquement correct » recouvrant la plupart du temps des sujets/idées plutôt à gauche, l’usage de ce terme ne peut provenir que de l’extrême-droite. 🙂

          C’est simple avec vous: toute idée critiquant la gauche, c’est de l’extrême-droite. Tout gouvernement non gauchiste est un gouvernement autoritaire (et d’extrême-droite bien sûr) voire totalitaire.
          C’est sympa, vous nous présentez une petite révision du bréviaire du militant gauchiste. Cela faisait longtemps. 🙂

          Petite précision: le partie nazi (National-Socialisme) était un parti à doctrine socialiste de base (couplé à un nationalisme) qui a appliqué la plupart (sauf 2) des items de la doxa socialiste. Il faisait parti de l’Internationale Socialiste.

  • « Le @nytimes recule et plie devant les moralistes religieux. »
    Le choix du tweet par l’auteur, pour parler d’une « caricature » qui n’avait rien à voir avec la religion et tout avec des poncifs haineux recuits, est « intéressant »…

  • Le sujet est trop complexe pour un bref billet. La montée phénomémale de l’antisémitisme au sein de la gauche et de l’ultra gauche est largement sous estimée. Georges Orwell nous avait mis en garde: les prochains nazis s’apelleront anti nazis.

    • Remontée, pas montée. De nombreux pourfendeurs de l’antisémitisme dans l’entre deux guerres sont devenus de fervents partisans de l’hitlerisme. Chassez le naturel, il revient toujours au galop.

    • La gauche a toujours été antisémite. Rappelez vous les paroles de Jaurès:
      Le libre échange livre aux frelons juifs le miel des abeilles françaises (Jean Jaurès, Programme économique, La Dépêche, 1er septembre 1889).
      Nous savons bien que la race juive, concentrée, passionnée, subtile, toujours dévorée par une sorte de fièvre du gain quand ce n’est pas par la force du prophétisme, nous savons bien qu’elle manie avec une particulière habileté le mécanisme capitaliste, mécanisme de rapine, de mensonge, de corset, d’extorsion (Jean Jaurès, 1898, Discours au Tivoli).
      Pour elle juif = capitalisme! Mais elle masquait cela avec son hypocrisie habituelle, jouant aux moralisateurs et accusant la droite de racisme. Elle a jeté le masque et affiche maintenant clairement ses véritables sentiments.

  • Cette histoire est risible quant on connait, en France, la grossièreté, la vulgarité, la betise, la méchanceté des caricatures de « Charlie Hebdo ». Mais eux ne sont jamais poursuivis …. Ah si quand ils caricaturent Mahomet !

  • La tyrannie du politiquement correct est pire aux US qu’en France. Et quand on sait que ce qui se fait là- bas finit toujours par arriver chez-nous, il y a de quoi s’inquiéter.

  • La faute en est aux démocrates qui refusent la démocratie et rejettent toute tolérance avec leur hystérie depuis l’annonce de la candidature de Trump!

  • comment un journal en arrive à refuser la polémique???? voient ils où ça va conduire?

    le premier crétin qui donne une opinion a raison…car polémiquer avec lui est inacceptable…

    et le plus rigolo est que j’ai observé ça..
    quand un sujet nouveau est abordé il y a une phase où les gens militants se regardent…parce que ils ne savent pas quel est la bonne opinion a avoir…puis des phares de la pensée donne les leurs et les militants se positionne là dessus…

    si le pen dit blanc…je dis noir…absurdite et pain bénit pour les manipulateurs!!!

    • par exemple…on ne peut être que contre les migrants ou pour les migrants…
      en rejeter un seul c’est les rejeter tous..

      ça a le mérite de la simplicité…

  • Réaliser en première page du NYT un dessin du plus pur style antisémite, puis prétendre qu’il s’agit d’humour, c’est un peu comme si on envoyait Ben Laden prier dans le grotte de Bernadette à Lourdes. Il n’est pas sur qu’il apprécie l’invitation et que les choses se passent bien !

    Il est inquiétant d’entendre que la liberté d’expression est menacée dans la bouche même de ceux qui s’ingénient à la faire disparaître par divers artifices, dont un des plus connus est celui de la pensée unique.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Ce vendredi 2 février, les États membres ont unanimement approuvé le AI Act ou Loi sur l’IA, après une procédure longue et mouvementée. En tant que tout premier cadre législatif international et contraignant sur l’IA, le texte fait beaucoup parler de lui.

La commercialisation de l’IA générative a apporté son lot d’inquiétudes, notamment en matière d’atteintes aux droits fondamentaux.

Ainsi, une course à la règlementation de l’IA, dont l’issue pourrait réajuster certains rapports de force, fait rage. Parfois critiquée pour son ap... Poursuivre la lecture

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

La campagne de Joe Biden ne se déroule pas bien. Bien qu’il semble se diriger vers la nomination de son parti, sa cote de popularité ne cesse de chuter, laissant croire que Donald Trump le vaincra s'il obtient la nomination. Son bilan économique mitigé ne sera pas la seule raison pour laquelle plusieurs de ses électeurs en 2020 s’abstiendront ou changeront de camp.

En effet, le récent rapport d’un procureur spécial affirme que Biden a bel et bien été négligent avec des documents confidentiels qu’il a conservés secrètement. Et à l’insta... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles