« Le procès du cochon » d’Oscar Coop-Phane

Le roman d’un fait oublié de l’Histoire : le procès des animaux.

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« Le procès du cochon » d’Oscar Coop-Phane

Publié le 16 avril 2019
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Par Johan Rivalland.

J’en avais déjà entendu parler, mais l’avais un peu oublié : du XIIe ou XIIIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, les chrétiens étaient persuadés que les animaux avaient une âme. Aussi, lorsque ceux-ci se rendaient coupables d’un acte jugé répréhensible, a fortiori lorsqu’il y avait mort d’homme, se trouvaient-ils traînés devant la Justice. Un authentique procès avait lieu, avec ses témoins, enquêteurs et même avocats.

Voilà qui paraît totalement incroyable, vu d’aujourd’hui. Et pourtant – et c’est ce qui a particulièrement interpellé l’auteur, Oscar Coop-Phane – c’est que cela s’est donc étendu jusqu’au siècle des Lumières. Ce qui semble absolument stupéfiant.

Un procès en bonne et due forme

Le récit nous amène donc dans cette situation imaginaire où l’on se met dans un premier temps dans la peau d’un cochon. Celui-ci vaque librement entre village et forêt, jusqu’à ce que, tiraillé par la faim, il s’approche du berceau d’un bébé dans un jardin… Je vous laisse imaginer la terrible suite.

Aussitôt, les hommes en furie partent à la recherche du coupable. Le cochon est identifié, vilipendé, accusé d’infanticide. Peu s’en faut pour qu’il se trouve lynché par la foule.

Un procès a lieu. Assez ridicule et décalé, comme on peut l’imaginer sous la plume habile de l’auteur, qui nous relate aussi les préparatifs.

Et puis vient la condamnation, la mise en scène de la mise à mort, de l’exécution du coupable. Le tout sous la plume acerbe et sarcastique d’Oscar Coop-Phane, qui dresse au passage un réquisitoire sans concession des mauvais instincts populaires, de la foule peu subtile et elle-même animale (avec cependant un peu trop de mépris, à mon avis, même si l’on connait les mauvais instincts réels de certains).

Un roman dont le thème est intéressant et le rappel historique bienvenu. Un peu court sans doute, en revanche. Mais une évocation utile, qui nous rappelle à la fois un épisode méconnu de notre histoire, tout en nous interrogeant sur le caractère parfois étonnant de l’âme animale humaine.

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  • Je me suis souvent demandé si ces procès d’animaux n’étaient pas de bonnes grosses fraudes. Le propriétaire d’un animal ayant commis l’irréparable soudoie le juge ami pour que l’on juge son animal et qu’on l’épargne. Ça me semble plus vraisemblable.

  • Les commentaires sont fermés.

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