Par Johan Rivalland.
Amateur de l’oeuvre de Jirô Taniguchi, j’ai eu le grand plaisir de découvrir, il y a déjà un an environ, cet album tout à fait dans le type de thématiques du grand maître. Servi par de plus jeunes auteurs, dont on peut espérer qu’ils constituent en quelque sorte une relève, suite à la disparition de Taniguchi il y a maintenant deux ans.
Il y est, en effet, question de vie de tous les jours, de petits moments de bonheur, de tendresse, mais aussi de peine, d’efforts, de volonté, de dignité, de temps qui passe et de petits ou grands malheurs, bref de tout ce qui peut résumer une vie ordinaire.
Quatre histoires jalonnent cet album :
Sous un ciel nouveau (1 et 2)
Pour commencer, celle d’un vieux couple vivant modestement : le mari pêcheur et l’épouse tenant un petit restaurant provincial japonais typique aux mets délicats. Leur vie va prendre une tournure inattendue alors que leur fils et son épouse décèdent dans un accident de la route, laissant derrière eux deux jeunes orphelins et un restaurant “branché” à Tokyo. Le couple âgé va devoir quitter sa province pour prendre le chemin de Tokyo, où il va être amené à prendre en charge les enfants tout en prenant la succession au restaurant, conformément aux dernières volontés de leur fils avant de décéder. Une aventure pas évidente pour un couple aussi âgé… Mais une situation à laquelle ils vont faire face avec un courage exemplaire.
Remarquable.
Le gant de base-ball de Maman
L’histoire d’un orphelin de père, qui souffre de l’absence de celui-ci et envie les autres garçons de son entourage, qui ont la chance de pouvoir s’entraîner au base-ball avec leur père. Heureusement qu’il a la chance d’avoir une maman attentive et bienveillante, qui va alors savoir faire plaisir à son fils et compenser avec une certaine subtilité le manque qui est le sien…
Touchant.
Un bel enfant
Il est question ensuite d’une jeune femme un peu seule et pas vraiment belle, dont un très beau jeune homme va s’enticher et lui proposer rapidement le mariage. Une situation un peu paradoxale, dont elle se doute qu’elle n’est probablement pas sans arrières-pensées… Au-delà de la supercherie dont elle est victime, se cache l’histoire d’une souffrance. Et c’est dans la plus grande des dignités que chacun des deux protagonistes surmontera cet épisode.
Rédempteur.
La dernière leçon
Enfin, “La dernière leçon” nous présente un cours peu ordinaire, durant lequel un professeur va donner à ses élèves “une vraie leçon d’histoire”. Mais aussi sa dernière… Une leçon pas banale, qui va réveiller même les plus ingrats d’entre eux, jusqu’à les subjuguer, pour ne pas dire les effrayer, en mettant à mal toutes leurs certitudes et en les amenant à réfléchir profondément sur le sens de la vie… Une leçon dont, arrivés à l’âge adulte, deux d’entre eux se souviendront encore, en son heure.
Prodigieux.
Sous un ciel nouveau (3)
Et l’album ne finit pas là , puisque – avant de recueillir le témoignage du scénariste Kei Fujii et de la dessinatrice Cocoro Hirai sur ce qui a motivé chacune de ces quatre histoires – le volume s’achève par une dernière partie, en forme d’épilogue, qui joue en partie sur la nostalgie tout en apportant de nouveaux éléments, montrant que la vie ne s’arrête pas là …
Émouvant.
- Kei Fujii et Cocoro Hirai, Sous un ciel nouveau, Latitudes, avril 2018, 240 pages.
Bon, encore un livre qui me tente…
Merci de votre partage littéraire.