Macron, l’Europe et le chaos

Macron, une nouvelle fois, nous propose le choix entre l'Europe et le chaos. En pratique, nous n'aurons pas la première et nous risquons d'écoper du second.
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Macron, l’Europe et le chaos

Publié le 6 mars 2019
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Le début de la campagne électorale pour les Européennes n’a pas été acté seulement par un guignol costumé en moule-burnes jaune comme je le relatais il y a quelques jours, mais aussi par le président de la République des Dettes et du Bisounoursland, Emmanuel Macron, qui nous a, pour l’occasion, gratifié d’une petite tribune légère comme une charlotte au cassoulet.

La fulgurance de Jupiter a donc encore une fois frappé. En à peine 8 500 caractères, en même pas 1 600 mots, notre sémillant Président nous délivre une brave louchée de pensée complexe©™ avec laquelle il espère probablement redorer un peu son blason passablement jauni par les derniers mois de mouvements sociaux et, par là, limiter l’éventuel dérapage électoral de mai prochain.

On pourra se réjouir de n’avoir pas eu à subir la lecture mécanique de cette tribune par des journalistes officiels ce qui aurait peut-être provoqué quelques intéressants bafouillages comme certains Algériens purent en être les témoins alors qu’une journaliste présentait la lettre officielle de candidature de Bouteflika.

On peut se demander au passage si on aurait vu nos fiers journalistes, toujours prompts à démarrer le kärcher à moraline, faire preuve de courage et couper court à ce genre d’exercices. Il faut dire, il y aurait eu de quoi faire avec la tribune macronienne, un texte rempli de raccourcis, de caricatures voire de contre-vérités qui frisent gentiment la fake news si l’on voulait être lucide méchant, comme en témoigne cet intéressant petit passage :

Le Brexit en est le symbole. Symbole de la crise de l’Europe, qui n’a pas su répondre aux besoins de protection des peuples face aux grands chocs du monde contemporain.

Belle tentative du Président pour détourner l’Histoire à son profit, puisqu’il faut se rappeler que la majeure partie de ceux qui ont voté pour le Brexit l’ont fait afin que le Royaume-Uni retrouve sa souveraineté.

Ceci signifie la volonté de revenir au principe de subsidiarité européenne qui fut un fondement pendant des décennies et qui a été progressivement abandonné à la faveur d’une folie normative qui ne s’est toujours pas calmée. Dit autrement, les Britanniques en avaient simplement assez que le calibre de leurs cornichons soit décidé d’une façon obscure et éloignée d’eux. Le vote pro-Brexit indique avant tout un ras-le-bol de ces dérives.

Pourtant et sans surprise, Macron transforme cela en un problème populaire de protection contre une mondialisation terrible et sans pitié, avec laquelle les Britanniques n’ont pourtant jamais eu de problème, et ce d’autant plus qu’ils en ont même inventé le concept, il y a deux cents ans, nom d’un flutiau.

Et au-delà de ces petites torsions de la vérité, Emmanuel, fidèle à lui-même et à ses studieux exercices de français d’antan, nous assène ensuite son indispensable ode européenne, inévitablement teintée de son petit agenda personnel qui a bien du mal à ne pas dégouliner peu discrètement de chaque paragraphe.

Pour Macron, ce qu’il nous faut, c’est une Europe, certes, mais surtout :

l’Europe qui nous libère et nous protège

Sans même trop nous attarder au slogan qui rappelle des refrains de la Reine des Neiges (à ce train, le Président pourrait réclamer le rôle) et que Nathalie MP déboulonne très bien dans son dernier billet, Macron semble oublier – avec une application têtue – ce que d’autres, qui ont davantage réfléchi à la question que notre jeune énarque, ont pourtant expliqué maintes et maintes fois.

À savoir que les notions de liberté et de sécurité étaient philosophiquement peu compatibles en ce que réclamer plus de sécurité, généralement au détriment de la liberté, revient à laisser échapper aussi bien l’un que l’autre.

Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’une ni l’autre, et finit par perdre les deux.
Benjamin Franklin

Cela n’empêche cependant en rien le Président, avec une ironie ou un cynisme assez époustouflant, d’évoquer, directement dans son paragraphe sur la liberté, tout ce qu’il entend faire pour… « interdire » (certaines formes de financements de partis) et « bannir » (certaines libertés d’expression sur les méchants intertubes). Parce que la liberté, c’est toujours derrière des cadres, des barrières, des barreaux, tout le monde sait ça.

Le reste n’est qu’une longue suite de propositions vagues, toutes aussi socialistes et assises sur l’argent des autres les unes que les autres. On y apprend pèle-mêle que l’Europe doit sanctionner ou interdire (les entreprises qui, en toute vilaine liberté, ne font pas ce qu’on leur demande), couper (ses émissions carbones) ou réguler (les méchants géants internet). Cela vend du rêve, et peu importe si le tuyau d’arrosage de la liberté a manifestement été garroté très près du robinet, moyennant une loi supplémentaire, un règlement en plus, z’inquiétez pas M’ame Ginette, cette fois, ça va le faire.

Notons aussi que l’Europe doit se tourner vers l’Afrique (mais l’Amérique et l’Asie, quelle importance ?) parce que, parce que, parce que « pacte d’avenir » et puis c’est tout. Mettez ce que vous voulez dans ce paquet cadeau. En réalité, on s’en fiche, c’est les États qui payent.

À la lecture de la pesante tribune, le plus cocasse reste que Macron tente de se faire chantre de l’unité européenne à la recherche d’une « nouvelle Europe » toute bien unie et sans couture, tout en construisant l’intégralité de sa tribune comme une suite d’oppositions entre d’un côté, les citoyens qui ont la bonne idée d’avoir la même vision que lui, et ceux, indubitablement idiots ou méchants, qui ne l’ont pas et versent donc forcément ou bien dans la catégorie des populistes menteurs et propagateurs de fausses informations, ou bien dans celle des manipulateurs fourbes aux desseins inavouables.

En somme, tout se résume, une fois encore, au choix idiot et faux entre le Bien et le Mal, entre lui et les populistes, entre l’Europe et le Chaos. Cette pirouette, il l’a déjà tentée et il pense que les élections européennes lui permettront de rejouer le coup de mai 2017, contre Marine Le Pen.

Le calcul, sur le plan électoral, n’est évidemment pas stupide. Il était même couru d’avance. Mais c’est de la petite cuisine politicienne qui tient largement plus du damage control que d’un quelconque combat contre des forces obscures dans lequel il serait un rempart crédible.

Et le principal souci, c’est qu’à force de camoufler l’absence consternante de toute réforme profonde en France, de toute remise en état des finances publiques actuellement exsangues, à force d’enfumer le monde avec des mots (peu coûteux mais sans aucun impact sur la réalité), non seulement le pauvret ne combat rien du tout, mais en plus attise-t-il assez vigoureusement ces populismes qu’il entendait ferrailler.

Nous n’aurons ni liberté, ni protection.

Et en fait d’Europe, on risque surtout de finir avec le chaos.
—-
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  • par un guignol costumé en moule-burne jaune
    Oui, le Captain Thurion, le bien nommé, avec un super-pouvoir sur les asperges. Au moins, il le lave son moule-burne? Car sinon, on dira qu’il sent Thurion…

    Voilà ou l’Europe, France comprise, est rendue 🙁
    Notre parrain protecteur sait ou il nous mène… Peut-être même que comme Thurion…

    CPEF 🙁

  • prendre le désir « social’ imbécile des français , qui au passage nous a mis dans le merde ou nous nous trouvons , pour un projet europeen
    crédible , c’est deja une imposture..
    La france bon dernier du train europeen est particulièrement mal placée pour sonner des conseils.. ailleurs ils se marrent!

    • @ claude henry de chasne
      « ailleurs ils se marrent! »
      Pas tout le temps!
      Quand on entend la proposition d’E.Macron d’harmoniser la fiscalité de l’€-zone, il ne faut pas être grand clerc pour comprendre qu’il voulait surtout jouer aux vases communicants au bénéfice de la France.
      Il a été bien accueilli partout mais ce fut « niet » tous-azimut, en souriant, évidemment!

  • Macron reprendrait le rôle de la Reine des Neiges.
    Ah Ah Ah .
    Quand ça va faire boom, je lui conseille d’avance un vol direct, loin d’ici, dans le billet de retour.

  • La parole de la France est autant crédible que celle de la Grèce. Il n’y a qu’en France pour croire encore aux sornettes de macron. De la poudre de perlimpinpin ! D’ailleurs n’en a t’il pas abusé de cette poudre ? Macron c’est génial, c’est l’intelligence pour nourrir l’incompétence. Ce type est encore plus cool que normal 1er. Je me demande bien ce que le prochain président fera. C’est de pire en pire.

    • Sachant qu’il a admis sur le Andrew Marr show qu’en cas de referendum en France, Frexit il y aurait. Vite, plus de ce qui ne marche pas depuis 30 ans. A ce niveau on ne parle plus ni en termes d’intelligence ni en termes de competence. On parle de tyrannie.

  • Chaque président se doit de faire la promotion pour l’export du savoir-faire et de la technologie française : vendre des mirages aux Pays du Golfe, des autos à l’Empire du Vélo, et des Gilets Jaunes aux Etats Ecologiques d’Europe.

    • … et vendre des « mirages » aux veau-tants Français qui n’y voient que du feu et applaudissent à tout rompre. Si toutefois, les sondages propagandistes qui circulent depuis deux ou trois semaines « disent » vrai !

      • @ delor974
        Oui et c’est bien dommage!
        On voit bien que la campagne électorale des élections européennes tournent au franco-franchouillard pur jus!
        Un peu stupide alors que c’est l’Union Européenne qui vous donne quasi 50% de vos lois et règles et la France a 74 députés (près de 10%).
        Alors vos querelles majorité-opposition, c’est un peu mesquin dans le tableau!

        • C’est bien parce que, si l’on ne maitres pas grand-chose en France…il est acquis que nous ne maitrisons rien à l’échelon Européen. Demandez aux citoyens Européens les différents gourdes présents au parlement européen, leurs programmes etc…
          Je me demande si l’on atteint 1% de « sachants »…et j’en fait parti.
          C’est bien ce qui rend cette europe abstraite, d’où descendent des lois hors sol sans assentiment des citoyens.
          Pour le moment, sauf erreur on continue la descente aux enfers : la BCE a proclamé qu’elle continuerai de fournir de l’euro en faisant marcher la planche à billets pour garder les taux bas…
          Fuite en avant

          • Désolé : foutù$ correcteur orthographique qui profite des fautes de frappes :
            …si l’on ne maitrise pas…
            …les différents groupes…
            …qu’elle continuera…

  • Pour comprendre que tout cela va TRÈS mal se terminer il suffit d’aller là :
    http://www.dettepublique.fr/

  • L’argent des autres, chez nous c’est vendeur : c’est le « pognon qu’est dans la poche des patrons ». Mais est-ce aussi vendeur à l’international ?

    Il me semble que les Allemands ont du être vacciné par les Grecs. Va-t’il être bien accueilli avec sa grosse seringue pour la piqûre de rappel ?

    • Il paraît que, en échange de plusieurs dizaines de milliards d’€, les entreprises françaises (enfin, celles qui existent encore) auraient créé (je mets au conditionnel puisque les fakes news gouvernementales circulent à « grosses goulées » ces derniers temps en période électorale) 100 ou 200000 emplois. Ce qui donne combien d’€ par emploi créé ?

  • on ajoutera qu’avec une croissance attendue de 1,3% en 2019 et 2020 la cigale Macron va se ramasser une gamelle : hausse du chômage, déficits incontrôlable et problèmes budgétaires insolubles

  • « le tuyau d’arrosage de la liberté a manifestement été garroté très près du robinet »

    en forme h16, très bien.

  • « Le choix entre l’Europe et le Chaos »
    Macron a fait du « en même temps » sa devise, il ne va pas y renoncer maintenant.

    • mdr, c’est donc « les 2 mon capitaine ! » … enfin… mdr… jaune…

    • Dans ses mémoires il nous expliquera qu’avant la fondation des « marcheurs », le pays était au bord du gouffre.

    • C’est un élément de langage rhétorique. C’est le style des arracheurs de dents modernisés. On vous glisse sous le nez un premier argument alléchant. Une fois l’anesthésie active, il est temps d’appliquer le second argument massif (pas en or…). Quand le patient se réveille, le charlatan (Charles n’attends pas) est loin, impossible de le rattraper.

      Pourquoi renoncer à un schéma qui fonctionne si bien. Son art est d’avoir mis un peu de graisse dans le rouage, et c’est bien sa seule qualité. Quand à la graisse, elle va se transformer en Grèce, et cela va gripper d’un coup 🙁

  • vous attendez quoi de Macron ? ils se préparent à étoffer son réseau au cas il ne serait pas élu , c’est le même moule que Hollande , les anciens Présidents réunis au Conseil Constitutionnel et de nommer style Juppé ,
    leur moralité n’est pas la même qu’un citoyen lambda ..un élu peut être condanné ,il a le culot de vous demander l’oubli et pas un mot des élus qui sont de connivence , la racaille des cols blancs ..

  • Amis européens, ne vous laissez pas embobiner par les envolées verbales de Macron. N’écoutez même pas ce que disent les communicants de l’Elysée. Regardez ce qu’il a fait en France…

    • Les Européens sont pragmatiques, les communicants ils ne connaissent pas. Ils regardent et se marrent, se marrent… sont pas près de copier ce qui est fait en France, d’ailleurs, qu’est-ce qui a été copié depuis 1981 ?

    • c’est surtout ce qu’il compte faire qui m’inquiète ; ce type est prêt à tout pour son parti , que ce soit aux européennes , aux municipales ou au présidentielle ; des fakes news , on n’a pas finit d’en entendre ;

  • Belle analyse, malheureusement pour la France et l’Europe. Il reste à espérer que les Européens auront moins d’œillères!

  • cela n’est hélas pas cocasse du tout…

  • La France veut decider pour les autres !! D’abord qu’il s’occupe de L’ÉTAT financier de la France , encore un donneur de lecons !!!

  • Moi je re-dis les autres pays de l’EU ne sont pas gogols comme la France. Le Brexit n’est que le début. C’est bien pour cela que l’EU le rend si compliqué. Sinon les autres suivraient immédiatement !

    • @ golum
      Pas du tout! Ce n’est pas parce que la France devient vraiment un pays du sud que les autres font pareil!
      La Grèce, l’Italie et l’Espagne avancent dans l’autre sens (plus d’intégration), bien sûr avec des efforts et des économies mais aussi de l’aide.

  • Après ses propos injurieux tenus aux Polonais qui lui fort bien répondu, le mignon poudré ferait bien de ramasser les ordures qui traînent dans la cour de l’arrière boutique.

  • Les gilets jaunes vont-t-ils casser le rêve macronien : devenir le premier président européen ? C’est finalement l’alpha et l’oméga de sa carrière politique, la raison pour laquelle il veut faire le beau en diminuant le déficit public français à nos frais. Son ignorance sociologique lui a fait oublié qu’un jour les veaux se transforment en lions. Il a de nouveau de la chance : pour l’heure, nous n’en sommes qu’aux chiens. Mais il est entêté, il vise le gros lot, et à force de jouer…

    • S’il diminue le déficit public, ça sera surtout dans notre intérêt… et non pas « à nos frais ». Même si une période de transition peut être difficile.
      Et pour le moment, il dépense encore (service civique et chèque culture en vue, cadeaux de décembre, souhait pour de nouvelles institutions européennes (des couches de mille-feuilles en plus ?), suppression de la taxe habitation non financée…
      J’aimerais le voir plus rigoureux avec l’argent public…

      • J’aimerais le voir se barrer à Tonga, de préférence en pédalo, PUIS être remplacé par quelqu’un qui ne soit pas un pantin arrogant, et qui déciderait de trancher dans la dépense publique ET « en même temps » de baisser massivement les prélèvements, quitte à ne pas se soucier de déficit pendant 2-3 ans.
        Je peux toujours courir.

    • @ Roven
      Évidemment non!
      E.Macron ne sera pas le premier président européen: il y en a déjà un: Donald Tusk, président du Conseil Européen, citoyen polonais.

    • « en diminuant le déficit public français à nos frais »

      Malheureusement, si Laffer a raison et si on a atteint le sommet de la courbe, il est tout simplement impossible de réduire le déficit en augmentant les impôts. D’autant qu’il augmente le périmètre de l’état en parallèle – escrologie oblige.

  • Nous en sommes arrivés aux lois à deux balles;

    il est un fait que l’écart est mince entre ‘une loi à deux balles’ et ‘deux lois et une balle’ …

  • @ claire , doucement il a besoin de vote en sa faveur , vous voulez foutre le bordel !!

  • « Il est étonnant qu’après avoir enterré un monstre, l’URSS, on en construise un tout autre semblable, l’Union européenne (UE).
    Qu’est-ce, au juste, que l’Union européenne ? Nous le saurons peut-être en examinant sa version soviétique.
    L’URSS était gouvernée par quinze personnes non-élues qui se cooptaient mutuellement et n’avaient à répondre à personne. L’Union européenne est gouvernée par deux douzaines de gens cooptés qui se réunissent à huis clos, ne répondent à personne et ne sont pas limogeables.
    On pourrait dire que l’UE a un parlement élu. L’URSS aussi avait une espèce de parlement, le Soviet Suprême. Nous avalisions sans discussion les décisions du Politburo, tout comme le Parlement européen, où le temps de parole de chaque groupe est rationné et souvent se limite à une minute par intervention. À l’UE, il y a des centaines de milliers d’eurocrates, avec leurs émoluments énormes, leur personnel, leurs larbins, leurs bonus, leurs privilèges, leur immunité judiciaire à vie, simplement transférés d’un poste à un autre, quoi qu’ils fassent, bien ou mal. N’est-ce pas l’URSS tout crachée ?
    L’URSS fut créée par la contrainte, très souvent avec occupation armée. On est en train de créer l’UE, pas par la force armée, non, mais par la contrainte et la terreur économique. Pour continuer d’exister, l’URSS s’est étendue toujours plus loin. Dès qu’elle a cessé de s’étendre, elle a commencé à s’écrouler. Je soupçonne qu’il en sera de même pour l’UE.
    « On nous avait dit que le but de l’URSS était de créer une nouvelle entité historique, le Peuple Soviétique. Il fallait oublier nos nationalités, nos traditions et nos coutumes. Même chose avec l’UE, semble-t-il. Ils ne veulent pas que vous soyez anglais ou français, ils veulent faire de vous tous une nouvelle entité, des européens, réprimer vos sentiments nationaux, vous forcer à vivre en communauté multinationale. 73 ans de ce système en URSS se sont soldés par plus de conflits ethniques que nulle part ailleurs au monde.
    Un des buts grandioses de l’URSS était de détruire les états-nations. C’est exactement ce que nous voyons en Europe aujourd’hui. Bruxelles a l’intention de phagocyter les états-nations pour qu’ils cessent d’exister.
    Le système soviétique était corrompu du haut jusqu’en bas. C’est la même chose pour l’UE. Les activités antidémocratiques que nous voyions en URSS, fleurissent en Union Européenne. Ceux qui s’y opposent ou les dénoncent sont bâillonnés ou punis.
    Rien n’a changé.
    En URSS nous avions le goulag. Je crois qu’on l’a aussi dans l’UE. Un goulag intellectuel, nommé « politiquement correct ». Essayez de dire ce que vous pensez sur des questions de race ou de sexualité, et si vos opinions ne sont pas bonnes, vous serez ostracisés. C’est le commencement du goulag. C’est le commencement de la perte de votre liberté.
    En URSS, on pensait que seul un état fédéral éviterait la guerre. On vous raconte exactement la même chose dans l’UE.
    Bref, c’est la même idéologie dans les deux systèmes. L’UE est le vieux modèle soviétique habillé à l’occidentale. Mais, comme l’URSS, l’Union européenne porte en elle les germes de sa propre perte. Hélas, quand elle s’écroulera, car elle s’écroulera, elle laissera derrière elle une immense destruction et de gigantesques problèmes économiques et ethniques. L’ancien système soviétique était irréformable. De même, l’Union européenne.
    Mais il y a une alternative à être gouvernés par deux douzaines de ronds-de-cuir à Bruxelles. L’indépendance.
    Vous n’êtes pas forcés d’accepter ce qu’ils vous réservent. On ne vous a jamais demandé si vous vouliez vous joindre à eux.
    J’ai vécu dans votre futur, et ça n’a pas marché. »

    (Vladimir BOUKOVSKI)
    Transcription/traduction d’un entretien avec Vladimir Boukovski en 2005, qu’on peut retrouver sur youtube.com

    Vladimir Boukovski est un ancien dissident soviétique qui a passé douze ans de sa vie emprisonné. Il est le premier à avoir dénoncé l’utilisation de l’emprisonnement psychiatrique contre les prisonniers politiques en URSS. En 1976, il est échangé contre le dirigeant communiste chilien Luis Corvalán. La même année, il évoque un point commun entre l’Union européenne et l’URSS : le totalitarisme. Il développe sa thèse dans un essai au titre évocateur : « L’Union européenne, une nouvelle URSS ? » (Éditions du Rocher, 2005, 179 p) Il s’est installé au Royaume-Uni pour terminer sa carrière à l’université de Cambridge.

    • Remarquable de justesse ce texte de Boukovski… Merci.
      Juste une remarque, les découpes du copier/coller wiki de sa bio à la fin sont mal faites, donnant l’impression que sa dénonciation de l’UE est faite dès 1976 (« la même année ») au lieu de 2005.

      • @humpty-dumpty ; merci… y compris de votre remarque parfaitement justifiée ; au temps pour moi !
        PS : j’ai posté aujourd’hui un autre texte, pour comparer l’UE à un autre monstre bureaucratique de passé

    • Une nouvelle URSS , ouais ça y ressemble énormément et il semblerait que la guerre froide a déjà commencé !
      M’enfin tant qu’il y a des portes dans les WC public….

    • Impressionnant… ça fait peur…

    • @ Liger
      Non, pas du tout!
      Vous ne donnez que l’avis d’un seul homme marqué par le communisme soviétique d’un seul pays avec un seul parti qui n’a pas vécu la démocratie à l’occidentale, en Europe, différant d’un pays à l’autre!

      En fait, je ne pense pas qu’il y ait une structure plus démocratique que l’Union Européenne sur le continent.
      Pourquoi?
      Parce que l’U.E. collecte, elle, l’avis de 27 pays, lesquels pays ne font évidemment pas ça pour eux-mêmes!

      Dire que l’U.E. est dirigée par 12 personnes non élues, c’est se foutre du monde!
      Le seul abcès antidémocratique qui reste dans l’U.E., c’est évidemment l’influence de ce conseil européen des chefs d’état et de gouvernement (tous purement exécutifs) qui, en toute logique, devrait revenir au parlement européen élu démocratiquement par les euro-citoyens! Et n’oublions pas que toute loi européenne est revotée dans chacun des 27 pays européens!
      Donc non, l’UE n’est pas une nouvelle URSS! Pas du tout!

      • @mikylux :
        Je crains que, comme maints européistes, vous ne puissiez vous empêcher de dévaloriser les personnes qui ne partagent pas votre conception des relations entre pays européens. Vous laissez entendre que Vladimir Boukovski est un individu dont l’ « horloge mentale » est restée à l’heure de l’URSS. Or il a tenu ces propos en 2005, soit 29 après avoir quitté l’URSS et après avoir complètement refait sa vie, notamment en passant un mastère en biologie et en écrivant plusieurs livres et essais politiques. Bref, pour rester modéré, l’appréciation non argumentée que vous portez sur Vladimir Boukovski est pour le moins téméraire.

        Pour le reste, sans entrer dans des débats interminables, quelques points sont à garder en mémoire :
        – plusieurs conceptions des relations entre nations européennes sont envisageables et tout autant légitimes : il est donc inacceptable que les européistes – dont vous êtes et c’est votre droit – affirment qu’il n’existe pas d’autre conception que la leur, sauf à être nationaliste, fasciste, réactionnaire, etc. Et ils se définissent comme « européens » et ils qualifient ceux qui ne partagent pas leur avis d’ « anti-européens » : ce strident sectarisme est inacceptable ;
        – vous écrivez « euro-citoyens » : parlez pour vous ! Maintes personnes se considèrent comme citoyens français, italiens ou britanniques et pas du tout comme des citoyens européens ; pour ma part, si je me sens « européen » (ce qui ne se limite évidemment pas à l’UE), c’est pour des raisons historiques, culturelles, etc. qui font que je me sens un peu chez moi quand je suis à Carouge (canton de Genève) ou devant le Palais Royal à Varsovie ; pour autant, je ne me sens pas du tout citoyen européen ;
        – je finirai sur la démocratie dont vous me tympanisez : depuis des décennies, dès qu’il est question de demander (si peu souvent) aux peuples de s’exprimer directement sur des sujets majeurs comme la soi-disant constitution européenne en 2005, les hiérarques non élus de l’UE s’étranglent de rage et hurlent que la canaille est bien trop ignorante pour voter sur des questions qui échappent à son petit entendement ; dois-je rappeler combien de textes majeurs, comme l’accord de libre-échange avec les États-Unis, ont été négociés en douce, le vil peuple ne devant en apprendre l’existence qu’une fois ces beaux traités signés, c’est-à-dire trop tard pour les contester ?

        In cauda venenum : Vladimir Boukovski aurait aussi pu rappeler que, comme les dirigeants de feue l’URSS, les européistes ne cessent d’affirmer – et sur quel ton ! – que l’intégration européenne est irréversible. Comme conviction et pratique démocratique, on fait mieux ! Dès lors, on comprend encore mieux la haine et la hargne avec laquelle les européistes ont réagi suite au Brexit : il ne s’agit pas là de dire si ce vote bénéficie(ra) ou non au Royaume-Uni (au passage, qui peut en être sûr à moyen ou à long terme ?) ; simplement, n’en déplaise aux eurocrates et à leurs partisans européistes, les Britanniques se sont prononcés souverainement et librement et ont ainsi fortement mis à mal le mythe de l’irréversibilité que j’évoque ci-dessus, grâce leur en soit rendue.

        Bref, l’UE est une entité qui tourne de plus en plus en circuit fermé avec comme premier objectif de se perpétuer indépendamment de ce que pensent et veulent les citoyens des différents États membres : malheureusement, il devient de plus en plus difficile d’interdire le printemps des peuples.

  • « Depuis sa création (1503), la Casa [de Contratación, de Séville : c’était l’administration coloniale espagnole] n’avait cessé de croître et de s’étendre, augmentant ses effectifs et ses pouvoirs. Elle était devenue une plante monstrueuse, une araignée géante, une pieuvre, et ses règlements de plus en plus précis et péremptoires ordonnaient tout, prévoyaient tout sur les navires et en Amérique, depuis la largeur des bords des chapeaux des Indiens esclaves des colons espagnols jusqu’aux cantiques à entonner chaque matin à bord des galions selon le propre du temps – et cette masse de règles minutieuses et maniaques était une montagne creuse, un néant, car plus elle grandissait, moins on la respectait, la Casa finissant par être une bureaucratie en soi sans effet hors d’elle-même. »

    (Georges BLOND, Histoire de la flibuste, 1969, chap. 1 ; Éd. Stock – Paris-Match, 1969, p. 15)

    Tout rapprochement avec … serait le fait de mauvais esprits « anti-européens », faut-il le préciser, voués à la damnation éternelle par les européistes, lesquels sont les seuls à connaître le Vrai, le Bon, le Beau, le Juste, etc. On doit dire que, à l’époque de la marine à voile et des lampes à huile, une partie de ces tumeurs règlementaires et leurs métastases juridiques se noyaient dans les océans ; hélas, armé des techniques les plus sophistiquées et coûteuses payées avec les impôts levés sur les citoyens des pays européens, l’organisme actuel visé dans ce débat peut développer sans entrave son délire règlementaire…

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Voilà, c’est fait : après deux mois d’atermoiements et de « consultations » aussi théâtrales qu’inutiles, Macron a fini par désigner Michel Barnier comme nouveau Premier ministre en remplacement du stagiaire Gabriel Attal qui venait pourtant tout juste de maîtriser la photocopieuse du rez-de-chaussée.

 

Comme on pouvait le prévoir depuis la dissolution et les résultats en demi-teinte des élections législatives de juin, la nomination de ce vieux cacique de la droite centriste a provoqué une cataracte de larmes de gauchistes ... Poursuivre la lecture

Emmanuel Macron se complaît à brocarder les programmes économiques du Front populaire et du RN pour mieux les disqualifier : « on est chez les fous ». Le président a même déclaré récemment : « ce sont des programmes qui n'ont soit pas d'honnêteté politique, soit qui font porter un très grand danger, pas seulement à l'économie française et à ses taux d'intérêt, mais je crois à nos compatriotes, contribuables, épargnants ».

Une idée largement répandue voudrait qu’Emmanuel Macron serait meilleur pour attirer les investisseurs. Certes, la ... Poursuivre la lecture

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