Par Temba A Nolutshungu.
Un article de Libre Afrique
Le chômage est une crise nationale durable, touchant 9,4 millions de Sud-Africains. Le président Cyril Ramaphosa a assisté à un sommet sur l’emploi organisé par le Conseil national du développement économique et du travail (Nedlac). De nombreuses solutions possibles à la crise de l’emploi ont été discutées, mais seront inévitablement vaines, car les bonnes n’ont pas été abordées.
Des décisions audacieuses, créatives et, dans de nombreux cas, impopulaires, doivent être prises pour résoudre une telle catastrophe nationale. Comme il s’agit d’un problème lié à de mauvais choix le gouvernement doit avoir le courage politique et moral de le régler. Les intérêts personnels doivent céder le pas aux droits des chômeurs afin qu’ils puissent subvenir aux besoins de leurs familles.
De la démagogie aux vraies décisions
Prendre des décisions impopulaires lorsqu’il le faut permet de différencier un homme d’État d’un homme politique ordinaire, qui se focalise sur des solutions à court terme et préfère amuser la galerie, plutôt que de faire le nécessaire pour réellement augmenter les opportunités d’emploi. Des décideurs politiques jusqu’à la présidence, le choix réside entre opportunisme et jugement rationnel fondé sur des principes.
Les décisions difficiles exigent souvent un changement d’approche. Le chômage persistant a de graves conséquences. Il exclut une grande partie de la population adulte de la participation productive à l’activité économique et le pays s’en trouve le plus pénalisé. Les personnes sans emploi sont des personnes désespérées. Le coût, en termes d’impact sur la santé mentale et physique des chômeurs et de leurs familles, est indescriptible.
Mais que faut-il faire ?
Dans son livre Jobs for the Jobless (des emplois pour les chômeurs), Eustace Davie a proposé une solution ingénieuse qui permettrait aux chômeurs, y compris les non qualifiés, d’accéder à des emplois leur permettant d’apprendre sur le tas, de retrouver leur estime de soi et de se tourner vers l’avenir avec confiance. Le point de départ de la proposition concerne la législation du travail du pays.
Davie propose de laisser la législation du travail en l’état, à l’exception d’un petit changement visant à prendre en compte ce qu’il décrit comme un certificat d’exemption des chercheurs d’emploi (JSEC). Le JSEC exempterait les chômeurs d’obéir à la législation du travail et leur donnerait la possibilité de conclure des contrats de travail quelles que soient les conditions et le salaire qu’ils jugeraient acceptables.
En d’autres termes, ils pourraient dire à un employeur : « Donnez-moi un emploi, vous n’aurez pas à vous soucier de la législation du travail. Je suis exempté. Nous pouvons rédiger un contrat entre nous et je peux décider si j’en suis satisfait. Si les inspecteurs du travail arrivent, il vous suffit de leur montrer la copie certifiée conforme de mon JSEC, que je vous remettrai, ainsi qu’une copie de notre contrat. Vous n’atterrirez pas devant la Commission nationale d’arbitrage des conflits du travail. »
Si le gouvernement craint que les employeurs licencient des employés pour les réintégrer lorsqu’ils auront obtenu un JSEC, on peut introduire une disposition stipulant que, pour pouvoir prétendre à un JSEC, le demandeur doit être au chômage depuis plus de six mois. Les chômeurs devraient avoir droit à une exemption de plein droit pendant au moins deux ans afin de permettre aux titulaires de changer d’emploi jusqu’à ce qu’ils en trouvent un qui leur convienne mieux. Les certificats doivent être facilement disponibles, par exemple aux bureaux de l’autorité locale la plus proche.
Compte tenu du grand nombre de chômeurs en Afrique du Sud, les grands et petits employeurs devraient pouvoir embaucher les chômeurs de longue durée qui sont exemptés. Les syndicats s’opposeraient probablement à une exemption générale. Ils souhaiteront sûrement que le gouvernement puisse limiter l’emploi de travailleurs exemptés aux petites, moyennes et micro entreprises (PMME) qui représentent généralement la plus grande source de création d’emplois au niveau des travailleurs non qualifiés et semi-qualifiés.
Les PMME sont des points d’entrée essentiels sur le marché du travail des jeunes et des personnes non qualifiées, tant au niveau de l’entreprise que des employés. Une étude réalisée en 2018 par la Small Business Development Agency montre que le nombre de PMME est passé de 2,48 à 2,44 millions. Le secteur des petites, moyennes et micro entreprises (PME) emploie près de 8,9 millions de personnes en Afrique du Sud (2018).
Il est très probable que certains groupes de pression crient à l’« exploitation », mais face à cette critique, il est important de rappeler la dure réalité qui est pire que l’exploitation. En effet, c’est bien pire de ne trouver personne qui veuille vous exploiter car si vous pouvez obliger les employeurs à respecter la loi, vous ne pouvez sûrement pas les obliger à recruter.
La triste réalité est que beaucoup de chômeurs ne font face qu’à de mauvaises options : travailler pour ce que beaucoup d’entre nous considérons comme un salaire d’exploitation, mourir de faim ou dépendre totalement de parents ayant un emploi. Le temps est venu pour les législateurs de faire preuve de compassion envers ceux qui ont désespérément besoin de trouver du travail, tous ceux pour qui un petit quelque chose vaut mieux qu’un grand rien.
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