Les prénoms épicènes, d’Amélie Nothomb

Rentrée littéraire : la nouvelle fable d’Amélie Nothomb.

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Les prénoms épicènes, d’Amélie Nothomb

Publié le 15 septembre 2018
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Par Francis Richard.

– Nous avons un point commun, toi et moi. Nos prénoms ne spécifient pas de quel sexe nous sommes.

– Oui. Nous portons des prénoms épicènes.

– Épicènes ? Je ne connais pas ce mot.

– Ben Johnson, un célèbre contemporain de Shakespeare, a donné ce titre à l’une de ses pièces. Il en fait le nom de la femme parfaite.

Et Claude Guillaume et Dominique Rosec n’eurent qu’une seule enfant qu’ils prénommèrent Épicène, le prénom le plus épicène du monde…

Claude et Dominique se sont rencontrés le 12 septembre 1970 à la terrasse d’un café de Brest. Ils ont tous deux vingt-cinq ans. Elle, Dominique, est secrétaire chez Terrage. Lui, Claude, est sur le point de monter à Paris pour créer une société. Coïncidence, c’est pas croyable, elle apprendra peu après qu’il s’agit de Terrage Paris…

Un flacon de Chanel N°5

Quoi qu’il en soit Claude met le paquet pour séduire Dominique : ce jour-là il lui offre le champagne, du Deutz. Puis il circonvient ses parents, lesquels trouvent qu’il est très bien ce garçon. Enfin, à son retour de Paris, il lui offre un flacon de Chanel n°5, qu’il a acheté dans une boutique des Champs-Élysées avant de reprendre le train.

Très vite ils se marient. Claude souhaite qu’ils aient un enfant. Comme cela ne vient pas, il est de plus en plus désagréable avec Dominique. Quatre ans plus tard il parvient à ses fins. Il redevient attentionné, mais une fois que l’enfant paraît, il la déteste. Celle-ci, sans le lui montrer, est très tôt dans la même disposition à son égard :

À l’âge de cinq ans, Épicène sut qu’elle n’aimait pas son père. Ce ne fut pas une révélation, mais la première formulation d’une vérité qui avait germé en elle deux ou trois ans plus tôt.

À l’âge de onze ans, son père, délibérément, fait perdre à Épicène sa meilleure amie, Samia. Elle découvre en lui le monstre qui la hait depuis la naissance. Mais elle ne s’avoue pas vaincue pour autant : Ce qu’il ne sait pas, c’est que je le hais. Je le hais encore plus qu’il me hait. Et un jour, je ne sais pas comment, je le tuerai…

Un aboutissement dans sa carrière

La même année, Claude demande à Dominique de devenir l’amie de Madame Cléry, dont les deux filles, nées l’une en 1972, l’autre en 1973, sont dans la même école qu’Épicène : il s’agit d’approcher par elle l’inaccessible Monsieur Cléry, un homme important avec lequel faire affaire constituerait un aboutissement dans sa carrière…

Peu à peu, Amélie Nothomb révèle la face cachée de Claude. Ainsi s’explique pourquoi ce mec ignoble voue une telle haine à sa propre fille et quel but il poursuit dans la vie. Cette histoire, qui trouve son épilogue dix ans après cette révélation, est en quelque sorte une fable dont la morale se trouve dans ce que dit Épicène à sa mère :

La personne qui aime est toujours la plus forte.

Amélie Nothomb, Les prénoms épicènes, Albin Michel, 2018, 162 pages.

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  • Masturbation intellectuelle sans saveur. Bref, du Nothomb pur jus. Et on s’étonne que la littérature française soit en crise. Copinages et inceste… Vive Amazon.

  • Si le produit se vend, c’est qu’il y’a des consommateurs. Tant mieux pour Amélie Nothomb.

  • Les commentaires sont fermés.

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