Autolib : Hidalgo rime encore avec fiasco – ce n’est pas un hasard

Autolib, qui n'a jamais réussi à être rentable, va devoir rembourser une dette colossale. Bolloré ne compte pas tout reprendre. Hidalgo se retrouve avec un nouveau problème. Un de plus !
Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Autolib bluecar side By: Francisco Gonzalez - CC BY 2.0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Autolib : Hidalgo rime encore avec fiasco – ce n’est pas un hasard

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 4 juin 2018
- A +

Oh, que vois-je poindre à l’horizon de la Ville de Paris ? Mais ma parole, on dirait une nouvelle brouettée d’emmerdes monumentales ! Sapristi, ce n’est vraiment pas de chance pour la pauvre Anne Hidalgo !

Difficile d’échapper aux nombreux articles qui ont, ces derniers jours, émaillé l’actualité de la Ville de Paris tant la presse semble avoir fait grand cas des nouveaux déboires d’Anne Hidalgo dans sa gestion chaotique de la municipalité parisienne.

Il faut dire que le dernier rebondissement vaut son pesant de cacahuètes fiscales (en variété salée). Jugez plutôt : tous calculs faits, il semble bien qu’Autolib, le magnifique service de partage de voitures mis en place conjointement par le groupe Bolloré et la Mairie de Paris, accumulerait de coquets déficits à hauteur de près de 300 millions d’euros.

Lancé en 2011 avec toute la maestria de Delanoë lorsqu’il sévissait encore aux manettes de la Ville, le service n’a jamais réussi à être rentable ni même atteindre un point d’équilibre, alors qu’il devait normalement fonctionner sans aucun fonds publics et même dégager 56 millions d’euros par an selon les prévisions pas du tout réalisées sous de puissants hallucinogènes.

Malheureusement, il n’y eut depuis pas plus de bénéfices que de beurre en broche.

Bolloré, épongeant au départ les dérapages budgétaires constatés, a fini par trouver le temps long, les déficits trop gros et réclamer que la collectivité prenne ses responsabilités : suite à une procédure de conciliation entre son groupe et la mairie de Paris, il a été convenu que cette dernière prendrait la moitié des déficits à sa charge. Le 25 mai dernier cependant, Bolloré met fin aux procédures de conciliations et réclame le financement de cette dette. On peut donc garantir qu’il va y avoir une rude bataille, de chiffre et légale, entre le groupe breton et l’équipe municipale pour déterminer le montant exact des fonds que les uns et les autres devront débourser.

En attendant, l’observateur extérieur ainsi que le contribuable parisien pourront constater à quel point tout ceci était pourtant prévisible, tant dans son dénouement que dans le déroulement global de ce dossier au fil des années, démonstration flagrante que le capitalisme de connivence finit toujours par coûter un maximum de temps et d’argent à la collectivité.

Il faut en effet se rappeler que toute cette histoire prenait, dès le départ, une bien mauvaise tournure. Comme je le mentionnais déjà il y a plus d’un an et demi dans un précédent billet, tout partait du constat (faux et ridicule) qu’il faut absolument que la puissance publique fournisse une solution de transport économique et écologique aux Parisiens, tout en sabotant consciencieusement tout usage de la voiture dans la capitale.

Si, jusqu’à présent, la Mairie s’est employée de façon guillerette à saboter avec succès le transport individuel dans la capitale, la seconde partie – fourniture d’une solution alternative – a connu quant à elle des hauts et des bas. S’y ajoute la concurrence de nouvelles formes de transport (covoiturage, VTC) qui ont nettement amoindri l’intérêt du service. Enfin, la bonne tenue des véhicules s’est avérée problématique, souvent sujets à des dégradations ou des pannes les rendant indisponibles.

Je passerai rapidement sur la gestion calamiteuse du Vélib : bien qu’enquillant des dettes tout aussi musclées qu’Autolib (et pour des raisons similaires), le service avait au moins le mérite de fonctionner à peu près. Le changement de contrat, passant de Decaux à Smovengo, piloté par la fine équipe d’Anne Hidalgo, aura précipité les problèmes au point d’aboutir à une performance jamais égalée mais typiquement française : la grève des vélos.

Si l’on ajoute la grogne montante suite aux changements de limitations sur le périphérique (pour des raisons idéologiques et au prétexte d’une accidentologie dont tout indique qu’elle fut bidon), la fermeture des voies sur berge, provoquant des bouchons et une détérioration de l’air parisien que cette fermeture était censée améliorer, la présence maintenant encombrante de rats au milieu d’une saleté de plus en plus repoussante et la gestion foutraque des masses tumultueuses de migrants économiques et autres passant par la Capitale, on comprend que le tableau d’ensemble commence à faire fort chargé.

Dans ce tableau, la position de Bolloré apparaît donc comme un élément supplémentaire de la déroute complète de la Mairie de Paris : même si la gestion très dogmatique et idéologique de l’équipe en place pourra encore contenter quelques frétillants bobos, il est peu probable que la facture globale de ce genre de pitreries lamentables ne les fasse pas à leur tour sortir de leurs gonds. Eh oui, on rigole, on s’amuse jusqu’au moment où la facture arrive et qu’elle devient, d’un coup, trop élevée.

À présent, on est en droit de se demander ce qu’Anne Hidalgo va bien pouvoir faire pour se sortir de ce trou financier qu’elle a amplement contribué à creuser.

Si la mairie refuse de payer son écot, il semble assez probable que l’affaire traînera en longueur ce qui ne sera bon ni pour les finances, ni pour l’image de la Ville et qui pourrait quelque peu altérer les perspectives de réélection de la maire actuelle.

Si la mairie décide finalement de trouver un terrain d’entente, il serait piquant de voir les taxis et autres VTC porter plainte auprès de l’Union Européenne pour subvention ou aide publique déguisées, tant le service en question marche évidemment sur leurs plates-bandes.

Lorsque Macron est arrivé au pouvoir, on pouvait croire la question « Qui veut la peau d’Anne Hidalgo ? » purement rhétorique tant il semblait évident que cette arrivée coïncidait avec l’avalanche de problèmes que la maire semble subir avec répétition.

Cependant, à l’analyse, Macron n’est pas seul responsable.

La dette de la mairie, abyssale, n’est pas nouvelle. Et si l’affaire Bolloré / Autolib promet déjà de l’aggraver, il ne faut pas perdre de vue que les années Delanoë puis Hidalgo depuis 2014 ont multiplié l’endettement parisien par plus de trois. S’ajoutent les choix idéologiques calamiteux d’Hidalgo et son équipe qui ont poussé les entreprises et les commerces hors de la ville à force de pilonnage de la voiture et de chasse contre les classes moyennes incompatibles avec leurs vues politiques.

En somme, à Macron et ses sbires qui ne retiendront aucun coup tant leur envie de récupérer la ville est évidente, il faut ajouter un passif particulièrement délicat qu’Hidalgo, devenue sa propre ennemie, n’a su qu’aggraver.

Les prochaines élections municipales promettent d’être agitées et les prochains impôts locaux, particulièrement irritants pour les Parisiens.
—-
Sur le web

Voir les commentaires (25)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (25)
  • mais les parisiens ne se sentent ils pas un peu responsable d’avoir donné la possibilité au Ps de remplacer un incapable par une nullité a leur téte, le PS est comme Attila ou il passe les comptes positifs trépassent et les dettes s’accumulent et ce n’est pas avec Macron que ça s’arrangera en France nous faisons deux erreurs :
    la 1ère est de penser que ceux qui ont fait les meilleures études sont les plus intelligents ,ce qui est faux .
    ce qui ont fait les meilleures études croient être les meilleurs faire l’ena prouve d’un manque de caractère. celui qui en a , qui est performant crée une entreprise et apporte de la richesse et de la plus value ; l’énarque , non il n’emmène que les théories apprises , mêmes si elles ne sont plus d’actualité depuis longtemps . il n’y a qu’a constater le nombre de ceux qui plantent la France depuis 50 ans!
    dire que les études donnent l’intelligence est faux !
    la 2 emme erreur des Francais est de croire que ceux qui ont fait les meilleures études sont aptes a prendre les meilleures décisions , faux !
    on a donc a notre tête des personnes instruites qui ont un certain bagage, une grande mémoire , mais aucun caractère .
    exemple B Lemaire qui après avoir critiqué ouvertement Macron avant la présidentielle le traitant de tous les mots , s’est associé a lui pour un poste important de ministre , pour lequel il n’a aucune envergure et aucune compétence, il parle de reformer ceci ou cela alors qu’il est incapable de se gérer lui même !
    et les tares de notre système dans tous les domaines sont liées a ces deux choses!

    • Je pense que beaucoup de Français ne se font aucune illusion sur les [in]compétences de leurs dirigeants. Simplement, ils n’ont pas la possibilité de choisir un programme ou simplement des principes plutôt que d’élire un membre de la liste choisie par les partis et les médias. En l’occurrence d’ailleurs, on voit bien avec Anne Hidalgo que ce qui leur tombe dessus quand ils prennent une personne qui n’a pas fait l’ENA n’est pas mieux.

      • En l’occurrence, et en 2014, les Parisiens avaient le choix entre deux nullardes : Hidalgo ou Pécresse.
        Ils ont élu celle qui a été capable de mentir le plus effrontément. Elle s’est fait passer pour la championne de la tolérance pour les automobilistes alors qu’elle n’a cessé de les harceler dès son élection. Ainsi elle avait pendant la campagne affiché clairement son hostilité aux Zapas inventées par la droite pour mettre en place exactement la même chose, mais sous un autre nom, une fois élue…

    • L’intelligence, l’expérience ou les études sont des critères importants d’une forme d’intelligence mais ne sont pas les seuls. Il n’y a pas lieu de douter que de nombreux élus et fonctionnaires présentent ces qualités.

      L’incompétence des élus et des fonctionnaires n’est pas liée à leurs capacités personnelles mais à leur situation particulière d’irresponsables par rapport à la propriété des capitaux qu’on leur confie malencontreusement. Pour gérer des capitaux de manière responsable, seuls sont compétents leurs légitimes propriétaires. Les élus et fonctionnaires, même les mieux formés, même dotés de la bonne volonté la plus bienveillante, même profondément inspirés par l’idée qu’ils se font de l’intérêt général, sont nécessairement incompétents par destination, par le seul fait de la nature de leur fonction ou celle de leur employeur, parce qu’ils ne sont pas les propriétaires légitimes des capitaux récoltés à partir des impôts. Ils sont irresponsables parce qu’ils ne peuvent prendre aucun risque personnel, parce que leur vie ne peut être durement affectée par leurs décisions. Incapables d’observer les conséquences néfastes de leur gestion, ils répètent les mêmes erreurs encore et toujours, sans possibilité de se corriger puisque l’information en retour leur fait défaut. La démocratie telle que nous la pratiquons n’apporte qu’un bien pâle substitut à la responsabilité pleine et entière de la propriété privée des capitaux. La démocratie politique, c’est sans doute mieux que tous les autres régimes politiques, mais ça reste largement insuffisant.

      Chez les humains, le défaut d’information en retour s’appelle l’insensibilité congénitale à la douleur. Le défaut de toute institution publique correspond à cette maladie mortelle. Pour l’Etat, il s’agit d’incapacité congénitale à la responsabilité. La pathologie inhérente au domaine étatique explique l’incompétence notoire de l’Etat et de ses membres, y compris les plus éminents, et conduit irrémédiablement à l’effondrement économique des institutions publiques à terme (ou assimilés dans le cas des monopoles légaux), la crise ou la révolte fiscale constituant la phase terminale de la maladie.

      Le seul et unique moyen d’avoir un pays performant équipé d’un Etat efficient consiste à instaurer un Etat régalien minimal, strictement confiné, celui à qui on confie le moins d’argent possible, réservé aux quelques cas rares (armée, police, justice) où l’expérience passée ne nous a pas encore appris collectivement comment faire autrement.

  • Quand on nomme des fonctionnaires maire d’une ville c’est forcément une catastrophe, vu que ces gens sont des incompétents irresponsables et incapables! De plus cette bonne femme est idiote!

    • Très juste! Les études demandent de la mémoire pour emmagasiner le plus de choses possibles. L’intelligence c’est s’en servir à bon escient, ce qui est totalement différent. Les énarques le démontrent en ne faisant que des âneries depuis 40 ans, ruinant la France!

      • Virgile, même si je suis d’accord avec vous, l’autocongratulation diminue la force de votre commentaire 🙂

        • ???? Où donc avez vous vu de l’autocongratulation. Je ne fait qu’approuver vos dires!

          • @Virgile

            Sauf que vous vous êtes trompé de commentaire pour y apposer votre approbation. Aussi, cela porte à confusion.
            Faites attention, car sans précision, on pourrait vous croire suffisant.

    • J’adore ces commentaires : tout en finesse, avec des arguments et des références sourcées… Pas du tout le genre à insulter de manière irresponsable et idiote, comme le ferait un fonctionnaire forcément incompétent !
      Continuez, M. Virgile, vous apportez tant au débat public !

      • pourquoi des arguments? H16 les a donnés plus haut..si vous n’arrivez pas à vous faire une opinion du personnage, c’est peut être vous le problème…

        • Ne vous faites pas aussi …. que Virgile ! Je parlais de ses avis de café du commerce : « Quand on nomme des fonctionnaires maire d’une ville c’est forcément une catastrophe, vu que ces gens sont des incompétents irresponsables et incapables! De plus cette bonne femme est idiote! »
          Café du commerce, sans intérêt. H16, lui, argumente toujours et fournit généralement des sources. En plus, il écrit bien.
          M’enfin, si les commentaires de M. Virgile vous apportent qqchose…

  • Le point de départ de l’affaire est liée à l’incompétence crasse des édiles de Paris, qui a osé signé un contrat stipulant que toute la dette supérieure a 60 millions d’euros serait prise en charge par le contribuable !

  • Le dogmatisme prive de la vue et du fonctionnement cervical ceux qui en sont atteints, ils deviennent pavloviens. Alors qu’ils soient structurés par l’ ENA ou leur propre lecture ne change en rien le problème (cF Adolphe grand lecteur)
    La solution est, dès que vous voyez une personne qui, à partir de ses certitudes, vous promet le paradis pour demain, fuyez, brûlez le, mais éloignez-vous en le plus vite possible, le pire est que sa maladie est contagieuse.

  • vous avez voté ..et bien payer maintenant!!! vous n’avez toujours pas compris !!! ce n’est pas leur fric …aucune responsabilité pénale et financière. …les impôts ne sont pas pour financer des entreprises privées. …c’est jamais gratuit !!!

    • Non justement. Les électeurs qui font la différences sont ceux qui ne payent pas. C’est pour ça qu’il faut encore et encore du logement socialiste…

  • Hidalgo rime avec Fiasco, mais aussi avec Franco. Une petite dictature menée par des parasites de la société qui s’en mettent plein les poches pour le restant de leurs jours sur un seul mandat de 5 ans !
    Seul la France se permet cela.

  • faut quand même avouer qu’aller chercher un contrat public avec la mairie de Paris c’est aimer les ennuis…perso je serais chef d’entreprise mais je n’irais jamais signer des contrats avec des gens qui ont un passif aussi important ou qui semblent incompétent dans la gestion des dividendes publics..0 pour Hidalgo mais idem pour Bolloré…l’appât du gain peut être..

  • Ce qui va être nettement plus drôle est que la mairie de Paris va tenter de refourguer les 46 millions par an aux 97 communes autres qui ont des stations. Cela sortant du cadre strict des délibérations parisiennes, on devrait en entendre beaucoup parler…

  • les appartements vendus en HLM.méfiance vérifier le rapport des travaux prévisionnelle de l’immeuble avant d’acheter…c’est une manière de se dédouaner de l’entretien…

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Mardi 27 février, Florian Grill, le président de la Fédération française de rugby, menaçait de délocaliser les matchs du XV de France hors du Stade de France à l'occasion d'un entretien à l'AFP. Le bras de fer entre la mairie de Paris et le PSG au sujet du Parc des Princes avait, lui aussi, connu un nouveau rebondissement le mois dernier : l’adjoint écologiste à la mairie de Paris, David Belliard, ne souhaitait pas le voir vendu au Qatar. Le président du PSG Nasser Al-Khelaïfi s’en était ému, accusant à demi-mot la mairie de Paris de racisme.... Poursuivre la lecture

4
Sauvegarder cet article

Une fois de plus, Anne Hidalgo a transformé deux bonnes idées en un échec cinglant. Les Parisiens expriment depuis longtemps leur souhait d’être écoutés par leurs élus sur des enjeux locaux au cours du long mandat municipal de six ans. C’est particulièrement vrai pour les enjeux de densification et de mobilité qui sont au cœur du dynamisme d’une ville comme le rappelle Alain Bertaud, urbaniste de renommée mondiale et directeur de recherche à l’Université de New York. Il n’était a priori pas absurde de solliciter les Parisiens sur ces sujets.<... Poursuivre la lecture

Anne Hidalgo
10
Sauvegarder cet article

Par Aurélien Véron, élu LR à la Ville de Paris.

Un nouveau Plan Local d’Urbanisme a été voté par le Conseil de Paris le 5 juin dernier.

Il traduit en filigrane la nouvelle ambition d’Anne Hidalgo : faire de Paris la première ville-monde décroissante. Ce gosplan foncier vise à verrouiller les règles d’urbanisme de la capitale au lieu de lui permettre d’évoluer en fonction de ses activités sociales et économiques, et d’intégrer les innovations urbaines et architecturales à venir en matière climatique.

Cette stratégie a comm... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles