Par Frédéric Mas.
Facebook aujourd’hui représente plus de 2 milliards d’utilisateurs à travers le monde, qui échangent sur le célèbre réseau social, photos, idées et expériences à plus ou moins grande échelle. Lieu convivial pour les uns, de vifs échanges, voire de microagressions et de fake news pour les autres, il est surtout un poids lourd de la nouvelle économie, celle qui entraîne la croissance mondiale, stimule l’innovation et investit massivement dans l’intelligence artificielle.
Avec un chiffre d’affaires de plus de 40 milliards en 2017 et une croissance du chiffre d’affaires de 47% en un an, l’entreprise se positionne comme l’une des plus dynamiques des fameuses GAFAM, ces géants du web dont la domination a bouleversé tout l’écosystème économique mondial de ces 15 dernières années. Les GAFAM ont leur équivalent chinois, les BATX, qui à deux se partagent le marché de l’économie cognitive, laissant loin derrière le concurrent européen. Celui-ci semble plus préoccupé par la protection de ses citoyens-consommateurs que par l’émergence d’une véritable concurrence dans le domaine sur son propre sol.
Suffirait-il de snober facebook pour contrecarrer les mastodontes venus de la Chine ou de la Silicon Valley ? Assurément non.
Laurent Alexandre, auteur à succès de la guerre de l’intelligence, a invité les Européens à prendre conscience de leur situation de dominés numériques à l’occasion d’une matinée d’étude organisée par l’Institut Sapiens et la plateforme de réseaux sociaux Whaller : en moins de 10 ans, ceux-ci se sont laissés coloniser par leurs concurrents de l’économie digitale, abandonnant toute ambition de participer à la bataille du Big data et de l’intelligence artificielle.
“Il faut une prise de conscience généralisée en France et arrêter de croire que seule la régulation pourra nous protéger des #GAFA et #BATX“@OlivierBabeau #JournéeSansFacebook pic.twitter.com/1gdUgBoDwB
— Institut Sapiens (@Instit_Sapiens) 27 février 2018
Cette prise de conscience constitue pour L. Alexandre le prélude à toute réflexion sur l’économie numérique en France avant même de se poser la question de la nocivité réelle ou supposée du célèbre réseau social. L’arbre facebook ne doit pas cacher la forêt de l’économie des plateformes, qui pèse des centaines de milliards et que l’Europe peine à intégrer.
Pour le président de l’Institut Sapiens Olivier Babeau, la journée sans facebook est aussi l’occasion de s’interroger sur la demande grandissante de vie privée de la part des consommateurs.
À la fois cible des États et des entreprises dans la quête sans fin des données pour mieux les contrôler ou répondre à leurs attentes, ces derniers deviennent plus sensibles aux plateformes soucieuses de préserver leur intimité. On pense peut être à Qwant, le moteur de recherche français qui entend se différencier de la concurrence en refusant de récolter des informations sur leurs clients, mais il n’est pas le seul.
Pour Thomas Fauré, le fondateur de Whaller, la journée sans Facebook doit surtout être l’occasion de rappeler que réfléchir aux alternatives au fameux réseau social n’a pas seulement une dimension économique, mais aussi politique, voire civilisationnelle : il est temps de réfléchir à ce que pourrait être un modèle européen concurrent à celui chinois et californien, à condition de s’y prendre à temps. Dans cette perspective, les entrepreneurs français peuvent tirer leur épingle du jeu par leur inventivité et l’originalité de leur offre.
“En France, aucune entreprise ne fait de l’#IA. Pour être performant dans ce domaine, il faut au moins avoir un réseau de 500 millions à 2 milliards d’utilisateurs. On confond l’utilisation et la production d’IA”. @dr_l_alexandre #JournéeSansFacebook pic.twitter.com/9i4I0TkR4u
— Institut Sapiens (@Instit_Sapiens) 27 février 2018
Plutôt que de se couper de Facebook et de refuser d’intégrer la course numérique, la question en suspens reste de savoir comment inciter l’État à se réformer pour devenir cette structure de liberté, pour paraphraser Randy Barnett, susceptible d’aider entreprises et innovateurs à entrer sur le marché de l’innovation digitale.
Les GAFA sont en train de se tuer eux-mêmes, grâce au politiquement correct: au pays du 1er amendement (liberté du droit de parole) il n’y a jamais eu autant de comptes bloques, censures, bannis … Alors que les BATX prennent le devant avec le paiement entre contact sociaux (s’envoyer de l’argent par weechat ou alipay ou payer en magasin) gratuitement et instantané. Vous croyez que quelqu’un va utiliser un compte facebook pour payer alors qu’il sait qu’il peut avoir son compte bloque a n’importe qu’elle moment ?
ben ….je vais passer pour être un peu ringard sur les bords mais je ne me sert pas de facebook , alors du coup ça ne me manque pas …..
@ véra
Ce n’est évidemment pas ringard mais simplement prudent si l’on tient à garder un minimum d’intimité sans s’exposer en “clair” ou dans l’ombre, par les cookies et les trackers: voir:
https://www.culture-informatique.net/
C’est quand les tendances politiques de Zuckerberg influent sur l’entreprise et ses décisions que le problème se pose!
Les gafas sont l’incarnation de l’internet centralisé.
Ils ne fournissent pas de réels services mise a part l’hébergement, et la configuration / maintenance.
Pour la plus part, ils utilisent des protocoles libres modifiés afin de ne plus être inter-opérables. Ils tentent ainsi de casser la concurrence en jouant sur l’effet réseau.
Mon opinion est que le futur sera vers un internet décentralise.
Chacun aura ses data et utilisera des protocoles ouverts. Comme XMPP pour l’instant messaging, l’email, les webDav pour les fichiers, mastodon pour le micro bloging, etc.
L’hébergement sera bientôt un problème résolu. Chacun auto-hébergera ses data et fournira un ensemble de service et d’interconnexion via ces protocoles publiques.
On se rendra compte que les GAFAS ne servent en fait a rien, tout existe déjà, en version libre.
(Sauf Amazon, qui fourni un service de type différent)
Je ne dis pas que l’on doit intervenir contre eux ou autre. Ni qu’ils n’ont servi a rien. Je dis juste que le marché va mûrir, et que les dangers que les GAFAS représentent seront éviter par la route que le marché va empreinter.
J’aimerais être aussi optimiste.
Malheureusement, dès que l’on invente un espace ouvert et réparti comme l’est l’Internet, ils se trouve rapidement des parasites suprêmes pour le “privatiser”… Ceci existe dans absolument tous les domaines…
Quitte à passer pour “un dinosaure” Facebook ne me manque pas et je ne m’en porte que mieux. Des amis, qui y sont, me racontent quelquefois ce qu’ils y lisent : l’étalage de la vie privée et intime (agrémenté quelquefois de photos – !?-), déballage de querelles de familiales…etc… le tout, détaillé et déployé aux yeux de tous, sans la moindre décence.
Certes, chacun à le choix de son mode d’expression ; mais on ne peut exposer sa vie privée en pâture et revendiquer, par la même occasion, le respect de celle-ci. Curieuse démarche !
Cela démontre à quel point l’homme est incohérent ! Certains jeunes se plaignent de harcèlement, alors qu’ils fournissent les armes pour l’être, telles ces filles qui postent des photos nues!