La vie humaine n’a pas de prix

La tragique ascension du mont Nanga Parbat par Élisabeth Revol et Tomasz Mackiewicz.

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La vie humaine n’a pas de prix

Publié le 10 février 2018
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Par Philippe Lacoude. 

Il y a une quinzaine de jours, l’alpiniste française Élisabeth Revol s’est trouvée en difficulté sur le mont Nanga Parbat, le neuvième sommet le plus élevé au monde à 8,126 mètres, situé au Pakistan. Elle a lancé une série de SOS à l’aide de sa balise. Les secours n’ont hélas pas réussi à sauver son compagnon de cordée, le Polonais Tomasz Mackiewicz.

Polémique

Une semaine après son retour de l’Himalaya, Élisabeth Revol a exprimé sa « colère » et crée la polémique en mettant en cause la lenteur des secours.

Apparemment, les deux alpinistes ont envoyé leur premier signal de détresse à 23h10 heure locale et le Pakistan étant ce qu’il est, les hélicoptères capables de monter à 7200 mètres d’altitude par mauvais temps n’étaient pas prêts à partir le lendemain matin au lever du soleil.

Et, pays du tiers monde oblige, le prix de l’intervention est passé de 15000 à 40000 dollars au cours de la nuit, payables d’avance et en liquide. Une somme que l’Ambassade de France n’avait pas – tant il est vrai que ce pays est foutu en perte de vitesse – mais que la Pologne et ses diplomates ont fini par avancer. Hélas, beaucoup trop tard…

Une digression : la courbe de Laffer

Trop d’impôt tue l’impôt : cette idée que l’on trouve un peu partout dans l’histoire des sciences économiques consiste à remarquer que « … des impôts lourds […] engendrent souvent des recettes fiscales plus faibles que celles qui auraient pu être obtenues avec des taux plus modestes » (Cf. Adam Smith, 1776). Le « vrai problème crucial de la fiscalité doit donc être vu dans le paradoxe suivant : plus les impôts augmentent, plus ils sapent l’économie de marché et, parallèlement, le système fiscal lui-même. […]. Chaque impôt, considéré en lui-même, et de même l’ensemble du système fiscal d’un pays, se détruit lui-même en dépassant un certain niveau des taux de prélèvement » (selon Ludwig von Mises, 1966).

Naturellement, un impôt nul ne rapporte aucune recette. Pareillement, une « fiscalité, poussée à l’extrême, a pour effet lamentable d’appauvrir l’individu [sans enrichir l’État] » (selon Jean-Baptiste Say, 1826) et un impôt de 100% ne rapporterait donc aucune recette, personne ne travaillant volontairement pour rien.

Entre ces deux extrêmes, les recettes fiscales étant généralement strictement positives, la courbe des recettes fiscales – ou courbe de Laffer – a probablement la forme d’une cloche1 :

Alpinisme

Que peut bien venir faire la courbe de Laffer dans notre histoire d’alpinisme ? Le lecteur de Contrepoints est-il victime du double fait que je suis d’une part savoyard et d’autre part obsédé par les questions de finances publiques ? En partie, oui.

Mais en partie seulement.

La courbe de Laffer peut être utilisée pour illustrer de nombreuses relations autres que celle entre les taux d’imposition et les recettes fiscales.

Les économistes J. R. Clark et Dwight Lee l’ont utilisée pour analyser la relation entre la sécurité de l’escalade et le nombre de morts en montagne sur le mont McKinley, le plus haut sommet de l’Amérique du Nord, au cours du début des années 19902.

Alors que le risque de mourir en escaladant le mont McKinley a diminué grâce à une amélioration du sauvetage en montagne, le nombre de personnes tentant de le conquérir a augmenté de façon significative. Cette augmentation du nombre d’alpinistes a plus que compensé la baisse du risque de décès au cours d’une escalade. Il en a résulté un plus grand nombre de morts.

Si le U.S. Park Service – l’organisme public en charge des parcs nationaux aux États-Unis – ne fournissait aucun secours, le risque de décès serait très élevé. Moins de gens tenteraient l’aventure mais ils mourraient souvent, comme le Polonais Tomasz Mackiewicz au Nanga Parbat.

Partant de cette situation à la pakistanaise, à mesure que ce risque baisserait, le nombre de morts baisserait. Mais le nombre d’alpinistes augmenterait. Il arrive un point où les alpinistes sont si nombreux que la baisse du risque ne compense plus leur nombre. Bien sûr, à l’autre extrême, si le risque est éliminé, le nombre de morts l’est également.

Le nombre effectif de morts est donc plus faible pour les très fortes et les très faibles probabilités de décès à chaque tentative d’escalader. Et le nombre de morts est plus élevé pour les valeurs intermédiaires de la probabilité de décès.

Là aussi nous avons une sorte de courbe en forme de cloche : c’est la courbe de Laffer appliquée à l’escalade. Il ne suffit pas de diminuer le risque pour diminuer les morts : la surproduction de secours en montagne peut aggraver les choses.

Lorsque J. R. Clark et Dwight Lee ont examiné les faits à propos des morts sur le Mont McKinley, la réalité était encore pire que ce que je viens de décrire : il existe en fait une courbe de Laffer de court terme et une courbe de Laffer de long terme.

À court terme, la relation entre le risque et le nombre de morts est généralement positive. À long terme en revanche, les comportements humains changent parce que la perception que le risque baisse se généralise à la communauté des alpinistes : dans le long terme, les gains de vies du secours en montagne disparaissent tragiquement.

Conclusion

La leçon de J. R. Clark et Dwight Lee est poignante : d’un point de vue économique, il n’est pas toujours optimal d’améliorer le secours en montagne parce qu’il est possible d’avoir une surproduction de services publics de secourisme.

Lorsque Dwight Lee m’a expliqué le contenu de son papier il y a plus de vingt ans lors d’une de ses visites à Paris, cela m’a paru évident : si les auteurs se focalisent sur le Mont McKinley, il en va probablement de même dans l’Himalaya et dans les Alpes. Au Pakistan, nous venons d’avoir l’exemple de l’absence d’un bon système de secours en montagne. À l’autre extrême, chaque été, à Chamonix, des alpinistes se mettent dans des situations où ils risquent leur vie et celle des secours.

Parce que la vie n’a pas de prix, doit-on tout faire pour les sauver ? Certains économistes répondent par la négative…

 

  1.  Nous ne tomberons pas dans le double piège de cette courbe. Premièrement, il n’y a aucune raison que son maximum soit atteint à 50% (à moins que la courbe d’offre de travail en fonction des taux d’imposition soit une droite) et la littérature suggère que des taux d’imposition de plus de 30% sont déjà délétères pour les recettes fiscales.  Deuxièmement, il n’y a aucune raison de chercher à maximiser les recettes de l’Etat…
  2.  Voir “Too Safe to Be Safe: Some Implications of Short- and Long-Run Rescue Laffer Curves” de J. R. Clark et Dwight R. Lee dans le Eastern Economic Journal, volume 23, no. 2, printemps 1997, pages 127-137.
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  • certains prennent beaucoup de risques pour pas grand chose… pour jouer les héros et d’autres pour les sauver risquent la leur. Il y a de quoi s’interroger

    • Bonjour,
      En tant qu’ancien Chasseur Alpin, je dirai surtout que certains s’entêtent à éconduire toutes les mises en garde ((et, en plus, organisent négligemment les procédures de survie)). L’adrénaline du défi qui vacille MET ALLEGREMENT EN DANGER la vie d’autrui.
      En somme, et comme le répétait souvent le navigateur Jean-François Deniau, « Trop fort n’a jamais manqué ».
      C’est le même entêtement, sourd à tous avertissements, qui a mené au naufrage de la Costa « Concordia ((répétition fidèle du naufrage de La Méduse en 1816. Quant à £’Empereur, son Etat-Major lui avait fortement déconseillé de pousser jusques à Moscou…….
      ((quant à insulter les secours, ça ne mérite aucun commentaire)).

      • insulter une personne qui vous porte secours est à la limite pathologique, toutefois, le terme secours englobe les hommes mais aussi la structure, les moyens matériels et la mission éventuelle si il s’agit par exemple d’un service publique ou du contrat préalable dans un cas privé. On peut donc accuser les secours voire les insulter si on manque d’éducation.. faut voir.. je ne sais pas ce qu’à dit la femme précisément..

  • Les remerciements de Madame Revol envers les sauveteurs qui mis en danger leur vie pour sauver la sienne viendront peut-être de sa famille ou d’un proche doté d’un cerveau entre les deux oreilles et d’un coeur près du poumon gauche.

    Ce n’est pas évident, tant il y a en France de gens qui s’estiment supérieurs aux autres et à qui on devrait tout passer au nom de je ne sais quoi.

    Je félicite l’équipe de sauveteurs pour leur travail.

  • quel est le coût de l’heure de vol d’un hélicoptère capable de voler à 7 200m d’altitude (car il n’y a pas beaucoup capable de le faire)?

  • On aime à croire que la vie n’a pas de prix, mais elle en a un. Environ 6M€ en France. Comment est calculée cette valeur? On regarde la dépense marginale moyenne de quelqu’un pour augmenter sa vie de un an. Puis on multiplie par l’espérance de vie restante. Cette valeur est importante car elle permet de rappeler qu’il ne faut pas allouer trop de moyens pour sauver des vies dans certains cas, car la population préférerait l’argent (en gros payer moins d’impôts en ayant de moins bons secours). De plus le cas ici est en plus au Pakistan. Ce n’est pas le Pakistan qui paye, mais c’est le Pakistan qui investit en achetant les hélicos. Et peut être que le pays se dit qu’il y a mieux à faire, et à raison. Avec un prix de la vie humaine au Pakistan de l’ordre de 10k€, on peut même dire que les secours sont ici absurdes. A la place d’un seul hélico, le pays pourrait acheter des millions de vaccins, lutter contre la malaria (statistiquement 2600€ de filets de protection pour la nuit suffisent pour sauver une vie en moyenne). Et le retour sur investissement (plusieurs milliers de pakistanais sauvés pour chaque hélico en moins) ne devrait pas être négligeable. En fait la seule raison que je vois à l’existence même d’un seul hélico est la publicité pour attirer ces riches alpinistes. Madame n’est pas contente? Elle peut demander à l’état français d’investir dans un hélicoptère. Voire encore mieux, investir elle même dans du matériel et sauver des vies, elle verra bien si c’est rentable.

    • Calcul d’un matérialisme inique digne d’un polytechnicien ou d’un énarque (je ne sais pas si c’est un compliment …)

      A quand l’élevage d’humains en batterie ? à priori ça a l’air rentable.

      cpef

      • Déjà fait. Cf allocations familiales. Faire des enfants est considéré comme un service rendu à l’état.

      • Facile d’écarter ces calculs au nom du matérialisme, mais ce sont ceux qu’il faut faire. Les moyens matériels de sauvetage demandent des investissements, et les investissements demandent des justifications pour ceux qui devront les financer. On s’en moque peut-être en France, où l’on attend toujours que les circonstances accidentelles se présentent pour découvrir qu’on n’a pas préparé de plan catastrophe, et simultanément pour bloquer tout ce qui ne concerne pas le sauvetage de la vie en danger (et surtout si c’est un bébé, les vieux peuvent crever), quitte à en mettre en péril des dizaines d’autres.
        L’accusation de matérialisme est le premier argument de Gribouille pour défendre sa politique. Ne pas être polytechnicien ne vous donne pas le monopole du coeur !

        • Juste : pourquoi ces investissement doivent-ils être fait avec nos impôts ?

          • D’abord, ils ne le sont pas forcément (ce qui ne change rien à la nécessité de choisir pertinemment les investissements). Les deux tiers des interventions de sauvetage en mer sont le fait de la SNSM, une association de bénévoles pour laquelle d’innombrables bénévoles et donateurs se mobilisent quotidiennement.
            Ensuite, il m’apparaît qu’il y a un grand consensus pour que la collectivité prenne en charge les moyens de secours qui demandent des investissements hors de portée avec les moyens des bénévoles locaux, en particulier parce qu’il est particulièrement efficace de ne pas dupliquer les moyens entre sauvetage et sureté nationale. Demandez à un Breton ou un Normand s’il voudrait revenir au temps des négociations entre le commandant de l’Amoco et celui du remorqueur Pacific, ou à celui du Commandant Malbert, qui a donné son nom au quai qui accueille la SNSM et surtout servi de modèle pour « Remorques », ou s’il donne de bon coeur la partie de ses impôts qui sert à financer la veille des magnifiques Abeilles Bourbon et Liberté affrétées par la Marine Nationale. En Normandie et en Bretagne, et même ailleurs bien que le sujet ne vienne pas si souvent sur la table, je n’ai jamais rencontré quiconque qui rompe ce consensus pour un financement avec nos impôts. Vous même, je suis sûr qu’en y réfléchissant, vous admettrez que l’efficacité de ce financement par les impôts est parfaitement compatible avec le libéralisme.

            • Non, c’est de l’Etat nounou tout craché : les dépannages sur autoroutes ne sont pas gratuits il me semble. Il n’y a absolument aucune différence.

              Mme Revol devrait payer l’intégralité des secours mis en oeuvre ET en plus être assujettie à une amende.

              Pas mon problème si elle n’a pas pris une assurance ou d’autres précautions.

              • Rembourser l’intégralité des secours, OK, encore que le système maritime où les vies sont sauvées gratuitement et le matériel moyennant remboursement me paraît satisfaisant, mais pourquoi et comment chiffrez-vous une amende ? Les médias, qui vont chercher sur les lits d’hôpital des déclarations que les gens n’auraient sans doute jamais faites en situation normale simplement pour lancer des polémiques et augmenter leur audience ne devraient-ils pas être mis à contribution ?

    • Je vous trouve bien optimiste. En réalité, la vie s’estime à environ 1-1,5 million d’euros. C’est cette base qui est utilisée quand on détermine le cout du tabac ou des accidents de la route.
      Ce qui, soit dit en passant, fausse complètement la réalité des dépenses, qui sont essentiellement des dépenses de santé, elles bien réelles.
      Car enfin, quand je mourrai, je doute que quelqu’un, reçoive jamais un jour 1,5 million d’euros du fait de ma mort.

      • La valeur donnée vient de http://chairegestiondesrisques.hec.ca/wp-content/uploads/pdf/cahiers-recherche/10-07.pdf
        Quant à votre mort, une petite euthanasie avant le début de votre retraite rapporterait gros à la collectivité je pense (enfin je ne la souhaite pas, c’est juste un calcul actuariel).

        • Beaucoup de théorie votre truc, mais pas d’application pratique chiffrée.
          Moi, je vais vous en donner : http://www.lerepairedesmotards.com/dossiers/cout-insecurite-routiere.php

          Vous y verrez que le cout d’une vie est estimé à 1,8 million (moyenne européenne), compte non tenu des couts liés à la perte de production, et à divers autres coûts.
          Mais j’insiste à nouveau sur le caractère totalement virtuel de ces calculs. Car l’argent relatif au « cout humain » n’est en réalité jamais dépensé…
          Comme rappelé dans l’article, cette présentation sert surtout à justifier des politiques interventionnistes (répression dans le cas de la sécurité routière, ou augmentation du prix du paquet de cigarettes pour la lutte contre le tabac…)…

      • 🙂
        Je ne serais toutefois pas surpris, si vous ne mourez pas, de recevoir de Bercy ma part de la facture de 1.5 million…

    • @titi
      Bonsoir,
      J’ai une valeur statistique de la vie différente de la vôtre.
       » la valeur de la vie statistique (VVS), utilisée par les autorités pour évaluer le coup des politiques publiques. La VVS définit le coût d’une vie humaine. Elle s’élevait à 1,24 million à l’époque ou l’étude avait été réalisée (elle a depuis été réévaluée à 3 millions d’euros) »
      (trouvé dans cet artricle : https://www.msn.com/fr-fr/finance/actualite/limitation-de-vitesse-%C3%A0-80-km-h-un-co%C3%BBt-exorbitant-pour-l%C3%A9conomie/ar-BBIa8Vg?li=BBoJGcB&ocid=mailsignout)

  • Personne n’est obligé d’aller escalader des sommets. J’imagine, en outre, qu’il doit exister des assurances pour ce type d' »excursion » qui prennent en compte les statistiques du nombre d’alpinistes et le nombre de sauvetage par alpiniste. Evidemment, l’assurance doit être un peu cher, mais tout dépend du prix qu’est prêt à mettre un alpiniste pour sauver sa propre vie.
    J’espère que quand l’ambassade de France paie pour un sauvetage, elle envoie ensuite la facture aux personnes concernées. Il n’y a aucune raison que l’ensemble des contribuables paient pour les loisirs de certains.

  • A rapprocher d’une notion assez connue en matière de sécurité (notamment routière) : l’homéostasie du risque.
    Opérant, elle, à titre individuel, mais avec des effets statistiques.

    L’idée est que chacun a son propre niveau de risque, et qu’il va adapter les différents paramètres qui s’offrent à lui pour adapter sa conduite, en maintenant grosso modo ce niveau de risque.
    Le cas le plus simple est la conduite sur le mouillé : le risque étant plus grand, on diminue sa vitesse. Pour la réaugmenter quand il fait beau.
    Un cas moins connu : le recours à l’ABS sur les deux roues. Par l’excès de confiance qu’il induit, la prise de risque est plus grande (on roule un peu plus vite, on freine un peu plus tard). Résultat : aucune amélioration significative en terme d’accidentalité routière…
    De fait, si l’on souhaite qu’une avancée technologique, ou une amélioration de la sécurité soit efficiente, elle doit rester discrète voire inconnue. Car alors, l’individu n’est plus tenté, plus ou moins inconsciemment, de la compenser par une grande prise de risque.

    Dans le cas de nos alpinistes, cela signifierait qu’il ne faut faire aucune publicité sur l’amélioration de la quantité/quantité/rapidité des secours pour laisser croire que le risque réel est toujours aussi important. De la sorte, ceux qui tenteraient l’aventure seraient moins nombreux, et en cas de pépin, systématiquement sauvés.

  • Le partage de risque donne de l’assurance mais ne diminue pas le risque.
    Cette donzelle se plaint que son risque ne soit pas partagé..elle est de gauche ,vote socialiste et est pour la sécu obligatoire….ce n’est pas une vrai alpiniste,une bobo ?

  • Au lieu d’accabler les secours, Mme Revol devrait s’estimer heureuse d’être encore en vie. Quel égoïsme, quelle ingratitude!

    • Bonjour,
      SVNT SVPERIS SVA IVRA écrivait Kant ((aux être supérieurs leurs propres règles)) et cette dame se sent manifestement quelqu’un de supérieur…..

      • @hugo bien d’accord sur les paroles plus que déplacées de la donzelle. Ceci dit, j’aimerais connaître le contexte dans lequel elle les a dites . Elle a failli mourir et son collègue est mort. Elle regrette peut être ses dire maintenant.On vit de nos jours H24 sous le regard des médias et tout le monde peut péter un câble et avoir des paroles déplacées. Il y aurait bcp à dire sur les médias .

        • « Sa haine contre vous se répand en injures,
          « Il dit que votre bouche est pleine d’impostures….. » ((Phèdre, Acte IV))
          Elle est sur TOUS les media!!!!!!
          Publics et privés.
          Sans relâche.
          Qui s’en gargarisent.
          Et ça l’encourage à dénoncer à-tout-va.
          Vous avez entendu la moindre récrimination du garçon dans un National Park, aux U.s.a., victime d’un éboulement de roches coinçant sa jambe, et qui a dû s’amputer, seul, avec un canif pour se traîner à un endroit où quelqu’un viendrait enfin le secourir???
          « On dit et sans horreur je ne puis le redire
          « Qu’aujourd’hui par votre ordre Iphigénie expire.
          « On dit même et ce bruit est partout répandu… » Il paraît qu’elle, ce n’est pas son premier compagnon qui meurt en expédition. Le monde de la montagne n’a pas du tout envie que la série s’allonge à l’infini pour ses beaux yeux.
          « Et c’est pourquoi je me permets d’intimer l’ordre à certains salisseurs de mémoire qui feraient mieux de fermer leur claque-….. »
          ((Francis Blanche, £es Tontons flingueurs, scène de « £a Cuisine »)).

        • Oui et je ne doute pas que votre hypothèse soit la seule qui nous permette de sortir du débat qui s’est ouvert à cette occasion, tant la question ne me paraît avoir aucune solution satisfaisante.

  • Derrière l’empirisme incontestable de la courbe, il y a une question de fond sur la notion de prix de la vie.

    Notre cerveau formaté par quelques siècles de matérialisme et de positivisme nous fait associer la notion de « prix » ou de « valeur » à celle du travail et (à lire les commentaires) essayer d’évaluer le prix « dépensé » par rapport à l’argent « gagné » ou le travail que le sauvetage induit et donc le prix de celui-ci. D’où les mathématiques obscènes et les comparaisons douteuses, les avis sur l’estimation des risques et le gaspillage.

    Nous vivons dans une religion implacable : celle de la monnaie.

    En dehors de la question morale sur la valeur de la vie, où il paraît assez simple de minimiser celle des autres tant que cela ne nous concerne pas, nous associons quasi automatiquement la notion de prix à la notion d’argent.

    On pourrait utiliser la même courbe de Laffer pour réduire ces arguments : imaginez un monde où l’on ne dépenserait jamais rien, où l’économie serait nulle parce que personne ne ferait jamais appel aux autres pour quoi que ce soit. Cette économie (et cette société) serait … morte ! La notion de « gaspillage » n’existe pas en économie : tout dépense est une recette pour quelqu’un d’autre. L’usage de l’hélicoptère a fait travailler les pilotes, les mécaniciens, les constructeurs etc.. rien ne se perd, rien ne se crée.

    Une autre réflexion est celle du marché : la valeur d’une vie est bien évidemment celle que l’on est prêt à lui donner. Or s’il n’y a pas de vie, il n’y a pas de marché. La valeur de la vie ne repose pas sur ce qu’elle coûte, mais bien sur ce qu’elle peut rapporter : à soi et aux autres.

    La troisième est d’arrêter de croire cette ânerie matérialiste de la valeur travail : le travail, ça n’existe pas et ça n’a aucune valeur : creuser un trou pour le reboucher ne crée absolument rien (à part l’exercice physique et donc la consommation d’énergie) : c’est une des base de la thermodynamique : l’entropie. Tout « travail » n’est en fin de compte qu’une destruction d’énergie et une transformation des choses, donc ne peut en aucune façon créer quoi que ce soit, surtout pas de la valeur.

    Mais en fin de compte, l’asservissement à la monnaie régalienne nous fait oublier le rôle principal de l’économie : celui d’économiser. Le prix d’un légume cultivé n’est pas celui de ce qu’il a fallu pour le faire pousser, mais le prix de ce qui est économisé par l’acheteur (temps, outils, graines …) qui au lieu de cultiver la terre a pu faire autre chose. La monnaie est une reconnaissance de dette, ce ne sont que les souverains qui à force de loi en ont fait un crédit.

    Poser la question du prix d’une vie est donc un non-sens total : la vie est un droit naturel, absolument pas un objet spéculatif dans les mains du souverain (l’Etat en l’occurrence et le peuple dans une démocratie).

    S’arroger le droit de calculer le prix de la vie de quelqu’un est un abus de pouvoir, une dérogation aux droits naturels de cette personne. Il est totalement amoral et faux de se croire légitime de réguler la vie des autres en y donnant un quelconque prix.

    • Tout ça c’est bien beau depuis votre divan. Mais si vous êtes sauveteur, ou responsable de la mise en place de moyens de sauvetage, vous ne pouvez pas refuser de calculer, et juste dire « tous les moyens disponibles » et « quels que soient les risques pour les sauveteurs ». Pire, si vous dites ça, ça revient à obliger à choisir entre zéro et l’infini pour la vie d’autrui, et donc ce sera zéro, qu’il crève !

      • Je n’ai jamais parlé de « tous les moyens disponibles » ni de « quelques soient les risques » : une personne partant prendre des risques sans aucune assurance et en comptant sur « l’Etat » pour en assumer les coûts fait par personne interposée exactement ce que je dénonce.

    • « la vie est un droit naturel, absolument pas un objet spéculatif dans les mains du souverain ».
      Exact, tant que le maintien de cette vie ne dépend que du bon vouloir de son propriétaire.
      A partir du moment où le maintien de cette vie nécessite une intervention d’autrui, cette intervention à un coût (temps détourné d’autres activités, matériels ou compétences utilisés, …etc) que cela vous agace ou pas.
      Si cet « autrui » est un simple individu (ou plusieurs) agissant de leur propre chef, libre à lui (à eux) de le faire gratuitement ou pas. Si cet « autrui » est la société (publique ou privée) qui met en œuvre matériels et personnels, le coût induit est financé par « les autres ». Et là, tout doit pouvoir se discuter.
      Si on considère cela comme amoral, soyons logique, on doit sauver toutes les vies à n’importe quel prix. La conséquence inévitable est un détournement des ressources (détournement croissant de par les modifications du comportement que cela induit, ce qu’illustre l’article) aux dépends d’autres objectifs tout aussi importants. A l’extrême, cela peut entraîner un tarissement des ressources et la mise en danger d’autres vies.
      Il y a donc un arbitrage à faire. Certains le font selon une évaluation financière d’autres selon la «morale». Vous vous placez sur le plan de la morale or celle-ci est à géométrie variable d’une personne à l’autre et extrêmement subjective. En quoi est-ce une meilleure garantie d’une bonne répartition des ressources ?

      • Si le maintien de cette vie ne dépend plus que du bon vouloir de son propriétaire, c’est qu’il est justement devenu un objet spéculatif dans les mains de la collectivité : que l’individu a imposé à la collectivité son manque total de responsabilité.

        Dans ce cas là, non seulement il sera redevable du coût mais a en plus commis une faute.

        Donc trois choix : soit il paie intégralement le prix des secours (et en plus clairement une amende) soit il a fait savoir qu’il n’en voulait pas et c’est son choix. Soit il a trouvé une société d’assurance qui voulait bien couvrir ce risque.

        • « Si le maintien de cette vie ne dépend plus que du bon vouloir de son propriétaire, c’est qu’il est justement devenu un objet spéculatif dans les mains de la collectivité : que l’individu a imposé à la collectivité son manque total de responsabilité. »
          Désolé,je ne vois pas la corrélation ni relation de cause à effet entre ces trois assertions.

          « Si le maintien de cette vie ne dépend plus que du bon vouloir de son propriétaire, » Cela n’est pas ce que j’ait dit. Le maintient de notre vie dépend en 1er de la volonté de chacun de se soigner, d’éviter de s’exposer sciemment à des situations dangereuses…etc C’est une des rares libertés individuelles encore peu empiétée.
          Et en quoi est-ce la conséquence d’une éventuelle transformation en objet spéculatif de cette vie (transformation que vous n’expliquez pas d’ailleurs). De plus, en France, l’individu n’impose pas à la société son manque de responsabilité concernant sa propre santé. C’est le système de soins collectivisé qui déresponsabilise l’individu qui n’a plus que des « droits à » quelque soit son comportement.

  • L’analyse proposée ici est incomplète car elle est faite en partie sur l’hypothèse « ceteris paribus », elle suppose en effet que les alpinistes devant un niveau de risque élevé, renonceraient, mais c’est oublier que le niveau de risque est une variable qui fait justement la différence entre alpinistes.
    – Donc, que l’on réduise ou non le niveau de risque, les alpinistes s’orienteront vers un niveau admissible de risque, ce qui explique les destinations exotiques devenant de plus en plus fréquentes avec les améliorations des secours dans nos massifs (et particulièrement dans le Mont Blanc où l’hélicoptère fait le tour des cordées lentes le soir pour leur proposer une redescente plus sûre et plus confortable…).
    – Enfin, renoncer à réduire les risques est proprement régressif, dans la mesure où les mêmes pratiques procurerons éternellement le même niveau de satisfaction, sans avoir à innover.

  • Quand on part en haute montagne, on accepte l’axiome qu’on y est, in fine, seul et qu’il est tout à fait possible qu’on y reste.

  • L’accident est « un évènement malheureux, fortuit, imprévisible ».
    Tel n’est pas le cas de l’alpinisme de très hautes montagnes. « L’accident » n’y est ni fortuit ni imprévisible. La pulsion qui incite à prendre de tels risques est totalement inutile et profondément égoïste. Celle des sauveteurs qui prennent les mêmes risques, est, non seulement utile, mais profondément généreuse. Accabler ces derniers est méprisable et odieux ; surtout venant de celle qui devrait leur vouer une reconnaissance impérissable.

    • Le problème est que cette alpiniste n’accepte pas, qu’en très haute montagne, on ne doit compter que sur soi-même. Si vous n’êtes pas capable de descendre seul, vous ne montez pas. C’est la première règle de l’alpinisme et il ne faut pas le perdre de vue.

      • Il n’empêche que la distinction entre être manifestement capable de redescendre seul dans toutes les circonstances raisonnablement prévisibles et compter sur une intervention extérieure s’il y a la moindre anicroche est complètement brouillée par les déclarations de cette personne. Du coup, nous voyons certains préconiser de punir tous ceux qui prennent des risques, indépendamment de savoir si ces risques sont réels, faibles ou forts et s’ils sont assumés.

    • « L’accident » n’est ni fortuit ni imprévisible en très haute montagne. Il resterait donc à l’assurer comme un risque personnel. Ce n’est pas pour le bien commun que l’alpinisme est pratiqué mais pour des satisfactions personnelles, la collectivité n’a pas à prendre en charge obligatoirement toutes les actions y compris les insensées. Il faut laisser en paix, les dieux en haut de leurs montagnes comme les anciens Grecs pleins de sagesse l’avaient bien compris sinon il faut être moderne et payer les conséquences de ses actes.

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