Peut-on être « libéral-conservateur » ?

Quelle est la part de libéralisme dans le « libéral-conservateur » ?

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Peut-on être « libéral-conservateur » ?

Publié le 19 octobre 2022
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Au détour des conversations que j’ai pu avoir avec différents membres de la famille libérale, il arrive souvent que mon interlocuteur me dise en substance : « Pour ma part, je suis libéral-conservateur, c’est-à-dire libéral en économie et conservateur sur le plan sociétal. »

Et il me demande ensuite où je me situe selon cette variante particulière du libéralisme. 

 

Les libéraux, une petite famille tout en nuances

La famille libérale est certes petite en nombre, mais il est vrai qu’elle se rattrape largement quand on en vient à faire la liste extensive de ses mille et une nuances. À supposer que vous vous sentiez une petite inclination libérale, savez-vous si vous êtes anarcho-capitaliste, libéral-libertaire, minarchiste, libertarien, libéral classique, ordo-libéral… ?

La multiplication des étiquettes qualifiant les libéraux tient d’abord au fait que le mot anglais liberal a été progressivement préempté par la gauche américaine, rendant nécessaire l’adoption de nouveaux vocables, notamment celui de libertarian. Mais en règle générale, les différences entre ces termes s’expliquent par la place plus ou moins grande – quoique toujours limitée – accordée à L’État.

 

Libéral dans un domaine seulement ?

Avec « libéral-conservateur », rien de tel. L’ampleur étatique n’est pas en cause. Elle est naturellement souhaitée la plus réduite possible, notamment dans le domaine économique, par opposition à l’interventionnisme et au dirigisme propres au socialisme ou même à la social-démocratie. Nombreuses sont les personnes qui souhaiteraient que l’État les laisse travailler en paix, sans les harasser de contraintes absurdes et sans leur prendre en impôt des portions confiscatoires de leurs revenus. Mais le terme renvoie plutôt à un tri effectué dans les activités humaines afin de voir quels domaines peuvent relever ou pas du libéralisme.

À la question posée ci-dessus, je réponds ainsi :

« Je suis totalement libérale, donc sur le plan sociétal, je suis ravie que des personnes puissent bénéficier de la liberté de fumer, divorcer ou avorter (par exemple). Mais à titre personnel, je mène une vie des plus classiques ; je trouve que fumer est idiot car dangereux, et serais-je confrontée à une situation d’avortement ou de divorce, que je me trouverais face à un grave problème de conscience. »

 

Le choix personnel du libéral

À titre personnel. Voilà le petit détail qui fait, je crois, que le terme « libéral-conservateur » associe deux qualificatifs qui ne sont pas situés au même niveau. « Libéral » renvoie au principe général de responsabilité et de liberté des personnes dans une société qui valorise les droits naturels, c’est-à-dire la liberté, la propriété et la sécurité, tandis que « conservateur » donne une indication sur les préférences spécifiques de la personne qui parle. Préférences que, dans un contexte libéral, elle est parfaitement en droit d’avoir, mais qui ne sauraient s’imposer à tout le monde.

Il est certain que nous vivons dans une société où s’épanouit chaque jour un peu plus un constructivisme progressiste rampant. Par exemple, il faut désormais se déclarer officiellement opposé au don d’organe pour ne pas être considéré comme donneur d’office, et il existe maintenant un délit d’entrave numérique à l’IVG qui consiste à pénaliser les sites internet coupables, aux yeux du gouvernement, de diffuser de « fausses informations » dans le but de décourager  les femmes d’avorter.

Si « conservateur » signifie qu’on refuse, à titre personnel, d’être entraîné à marche forcée par décision gouvernementale dans les valeurs obligatoires du progressisme et qu’on souhaite avoir le droit d’adopter un mode de vie qu’on pourrait qualifier de « classique » ou « traditionnel », tout en reconnaissant aux autres le droit de faire des choix différents, il devient inutile d’accoler ce mot à « libéral » dans la mesure où le libéralisme est justement l’environnement qui laisse la société évoluer par elle-même et permet à chacun de vivre à sa façon dès lors qu’il n’y a pas d’atteintes aux personnes et aux biens.

 

Le libéral-conservateur selon Hayek

Mais l’on peut songer à une autre définition du « conservateur ». Pour Friedrich Hayek  dans son texte « Why I am not a conservative »1-, il s’agit de quiconque se montre hostile aux changements radicaux. Dès lors, le « conservateur » sera enclin à protéger l’ordre établi, y compris en recourant à l’autorité de l’État, afin de ralentir la marche de la société et graver dans le marbre de la loi l’ordre ancien qui lui est cher contre le « déplorable relativisme » qu’il attribue à toute personne qui se déclare ouverte aux valeurs qui ne sont pas les siennes.

Cette attitude n’est pas libérale, mais le contexte socialiste (au sens large) dans lequel nous vivons depuis plusieurs décennies a contribué à créer une confusion et une forme d’assimilation erronée entre le libéralisme et le conservatisme.

Dans un précédent article, je notais que lorsque le gouvernement est de gauche, il pratique avec enthousiasme une politique typiquement socialiste selon la trilogie « lubies écolo-sociétales, dépenses, impôts », ce qui déclenche chez le blogueur libéral des réflexions peu amènes sur le sujet qui lui attirent la sympathie de personnes qui détestent les socialistes mais qui ne sont pas nécessairement très libérales.

De façon conjoncturelle, libéralisme et conservatisme se rejoignent dans leur opposition au progressisme à marche forcée dont je parlais plus haut, mais ces deux approches sont cependant à l’opposé dans leurs valeurs essentielles. Car dans cette configuration, le libéral refuse le terme « marche forcée » tandis que le conservateur refuse le terme « progressisme », quitte à imposer d’en haut son conservatisme.

Le libéral ayant des préférences personnelles conservatrices rejettera éventuellement l’avortement pour lui-même, mais il ne l’interdira pas aux autres. Dans la formulation de Hayek, que je partage totalement, cela donne :

Il y a maintes valeurs des conservateurs qui me conviennent mieux que celles des socialistes ; mais aux yeux d’un libéral, l’importance qu’il attache personnellement à certains objectifs n’est pas une justification suffisante pour obliger autrui à les poursuivre aussi.

À l’inverse, le conservateur tel que défini par Hayek n’aura de cesse de mettre en place un gouvernement qui l’interdira. Notre conservateur n’est certes pas progressiste, bien au contraire, mais il est néanmoins tout autant « constructiviste » que le socialiste et use des mêmes coercitions pour faire advenir, ou plutôt revenir l’ordre social auquel il aspire. Hayek à nouveau :

Comme le socialiste, il (le conservateur) est moins soucieux de la façon dont les pouvoirs du gouvernement devraient être limités, que du choix de qui les exercera, et comme le socialiste il se considère autorisé à imposer aux autres par la force les valeurs qu’il révère.

Dans cette seconde acception du terme « conservateur », il y a bien un mot de trop dans la formule « libéral-conservateur », mais contrairement à la première définition, c’est le mot « libéral », le mot le plus important, qui n’a plus sa place.

 

Alors, peut-on être « libéral-conservateur » ?

Le mot composé « libéral-conservateur » a-t-il un sens ? J’ai tendance à répondre que non. Soit le conservateur est conservateur pour lui-même sans chercher à voir ses opinions prévaloir pour l’ensemble de la société, et dans ce cas il n’a pas besoin d’ajouter le terme conservateur à libéral dans la mesure où son cas est prévu dans le libéralisme.

Soit le conservateur ne sera satisfait dans ses convictions que si celles-ci s’imposent à tous. Pour ne pas être progressiste, il n’en est pas moins constructiviste selon ses propres valeurs. Cela l’écarte à tout jamais de la philosophie libérale qui appelle à la tolérance et à l’esprit de responsabilité des individus, dans l’unique limite du respect des personnes et des biens. Dans ce cas, le terme libéral est non seulement de trop : il est incompatible avec le conservatisme en question.

C’est pourquoi, comme Hayek avant moi, « I am not a conservative ».

Sur le web

 

Un article publié initialement le 15 janvier 2018 .

  1. « Why I am not a conservative » a été publié en postface de The Constitution of Liberty (p. 397), Friedrich Hayek, The University of Chicago Press, 1960. Version française de l’Institut Coppet ici.
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  •  » il s’agit de quiconque se montre hostile aux changements radicaux. Dès lors, le « conservateur » sera enclin à protéger l’ordre établi, y compris en recourant à l’autorité de l’État »
    Comme c’est les 50 ans de 68, je me dis qu’Hayek devait jeter des pavés avec ce type de discours.

    Remarque, tout type de modèle sociétal ou économique, qu’il soit theologique, socialiste, liberal, social démocrate, fachiste, entraîne une concentration des pouvoirs aux mains d’une petite caste supérieure, qui cherchera à conserver l’ordre établi.
    Et de temps en temps, une révolution, un Jesus, une guerre viendra pour rebattre les cartes.

    • Je ne suis pas libéral, mais il y a une grande différence si on vit dans une société relativement libre où des changements sont possibles par les voies normales alors aucune raison de jeter des pavés.
      La seule raison valable de jeter des pavés est pour tenter de renverser un régime dictatorial ou pour retrouver l’usage de ses libertés.
      Les gens peuvent encore voter avec leurs pieds et partir…

  • « Le libéral ayant des préférences personnelles conservatrices rejettera éventuellement l’avortement pour lui-même, mais il ne l’interdira pas aux autres »
    La problématique de l’avortement est tout de même plus complexe, on n’avorte pas soi-même mais de l’enfant à naître. Il est possible alors d’interdire l’avortement dans une perspective totalement libérale. En effet, l’avortement étant simplement le meurtre d’un enfant à naître et donc la négation de son droit le plus élémentaire, celui de vivre.
    On peut toujours discuter des droits de l’enfant à naître mais l’affirmation libéral => autorisation de l’avortement est simpliste et non justifiée dans le cadre de cet article.

    • @Vigogne
      Bonsoir et bonne année
      L’enfant à naître n’est donc pas né et n’a donc pas de droit, il appartient à sa mère, car il fait partie de son corps à elle. C’est à elle seule de choisir car son corps de femme libre n’appartient qu’à elle. Quoiqu’elle choisisse, c’est elle qui devra vivre avec son choix, personne d’autre.
      Un libéral, ou un être libre, dispose de son corps.

      -1
  • Je me positionne comme vous Nathalie mais pour moi , conservateur consiste sur certains sujets à rester dans le statu quo : ni interdiction, ni légalisation, ainsi chacun est laissé à sa responsabilité . Vous présentez les choses comme si seule les solutions : interdire/autoriser n’existaient. En faisant cela vous posez de fait l’individu en enfant sous tutelle de l’état qui quémande l’aval ou la réprimande de l’état.

  • Difficile en effet d’être à la fois libéral et conservateur. C’est pourquoi l’expression a couramment un autre sens : les libéraux-conservateurs prônent une alliance politique (et circonstancielle) entre les libéraux et les conservateurs. Et toute alliance politique se forme autour d’un compromis, dans une situation donnée…

    • Cela a fait le succès des conservateurs britanniques, en particulier avec Thatcher, mais c’est plutôt rare.
      En général les libéraux s’associent avec les sociaux-démocrates mais avec des résultats très mitigés.

  • Il me semble qu’il ne faut pas confondre la notion de conservatisme avec celle d’un soutien inconditionnel avec des formes anciennes de société. Il ne faut pas non plus le limiter aux problèmes « sociétaux » (avortement, couples non-standard…). Pour moi le conservatisme signifie simplement que l’on s’assure soigneusement qu’une évolution de la société l’entraine vers un état meilleur que le précédent. Tout changement doit être largement étudié et débattu avant d’être mis en œuvre ce qui est tout le contraire des changements imposés au pas de charge et par le terrorisme intellectuel. Le libéralisme consiste à laisser chacun faire ce qui lui plait pourvu que cela ne cause pas de dommages aux autres. Il implique automatiquement le respect de la propriété issue des efforts d’un individu (qui en fait ce qu’il veut) et donc non moins automatiquement un cantonnement de l’état au strict nécessaire pour ne pas avoir besoin de dépouiller les individus. Ce « strict nécessaire » fait partie d’un contrat social et il est donc assez naturel que ce contrat soit respecté et n’évolue qu’après des négociations apaisées et approfondies ce qui est selon moi l’essence du conservatisme. Je dirai donc que le libéral-conservatisme n’est rien d’autre qu’un libéralisme réfléchi ne confondant pas le progrès avec une agitation irréfléchie.

  • Dans la mesure où le peuple, surtout français, n’est pas du tout libéral, je me demande si ce n’est pas plutôt l’expression « libéral-démocrate » qui relève de l’oxymore.

  • Il me semble que vous evitez les sujets qui fâchent, mariage pour tous, PMA, GPA, autant de «d avancees progressistes» qui transforment profondément notre société. La Libéral ne peut pas être celui qui regarde les trains passer sans réagir.

  • Excellent article. Il n’y a rien à ajouter.

    Peut-être fera-t-il prendre conscience à certains qu’ils ne sont pas libéraux pour un sous.

  • Article très précis, très juste, et – serais-je tenté d’ajouter – très courageux. Les libéraux qui ne sont pas des conservateurs déguisés, c’est-à-dire qui ne veulent pas imposer leurs préférences personnelles aux autres, sont extrêmement peu nombreux. J’ai particulièrement aimé le passage suivant : « [face au progressisme à marche forcée] le libéral refuse le terme « marche forcée » tandis que le conservateur refuse le terme « progressisme », quitte à imposer d’en haut son conservatisme. »

  • On peut aussi être conservateur un peu, beaucoup à la folie……On peut être pour l’ avortement et le divorce mais contre l’ immigration incontrollée………..Bref c’ est une manie que de vouloir ranger les gens dans un grand tiroir.

  • On peut-être libéral sur le plan économique, rejeter la bureaucratie paralysante, la fiscalité confiscatoire,vouloir la stricte limitation du rôle de l’Etat aux fonctions régaliennes, laisser à chacun son choix de vie personnelle: avortement, divorce, fumer, manger suivant son goût,laisser la liberté de parole, etc.Mais on peut aussi vouloir que son pays garde son identité, que l’école revienne aussi performante qu’elle l’était il y a 40 ans, que la police ne se fasse pas tabassée et ne soit plus en sécurité (un comble) etc.

    • Oui, mais on peut aussi prendre conscience du fait que tous ces « problèmes » découlent de l’absence de liberté. Par exemple si l’enseignement, la police et la justice sont aussi dégradées, c’est parce que ce sont des monopoles d’État. Le propre d’un service public est justement de ne pas avoir à servir le public, car « financé » par la contrainte, au contraire d’une entreprise privée, qui doit satisfaire des clients volontaires. Concernant l’immigration, lisez la réponse de « GN », plus bas. Il n’y aurait pas de « problème » d’immigration dans une société libérale.

  • Tout à fait d’accord, l’état n’a aucun droit à nous imposer quoi que ce soit sur le plan social, ou à nous interdire!

  • Quelle confusion des termes! Tout fout le camp! Aux USA surtout, comme un tas de républicains se sentent trahit par l’orientation TRUMP. Celui-ci n’étant pas conservateur (mais quoi alors?). Ou donc se réfugier si les libéraux n’en veulent pas? Les « nouveaux libéraux » et libertarien qui sont assimilés à la droite (à cause de R Paul) n’en veulent pas non plus car … ils leurs donnent mauvaise réputation. Sarkozy qui se dit Rèpublicain en France. Les conservateurs sont des gens de tradition en tout cas. Il faut dire que sous toutes étiquettes politiques même (faussement!) libérale, on a fait bcp de mal d’après la loi des effets involontaires.

    Le terme de libéral est passé à Keynes par exemple (sauf l’opposition de Hayek) et justifie de la dévaluation systématique des économies individuelles … il sert aujourd’hui même parfois à défendre le revenu universel. Mais si Keynes est adoré des socialistes modernes, il n’est certainement pas socialiste. Lui même valorisait davantage l’individu que le collectif.

    Il y a bien eu depuis Riccardo ou Mills des sensibilités libérales localement très variées. Le moment de se rappeler que le terme de neo-libéral n’est pas finalement une simple invention de « libé » – Ne marquerait-il pas plutôt la rupture volontairement thématisée par ces hybrides du libéralisme tels Keynes et le moins célèbre Guido de Ruggiero (liberalisme anti-mussolinien). Eux voulaient voir la fin du libéralisme classique (« philosophique= conservateur? ») qui aurait amené la richesse industrielle mais aussi l’horreur de la 1ere Guerre Mondiale. La nécessité de se « compromettre » avec toutes les autres mouvances politiques, servant à éviter que ce type de conflit ne revienne…

    • Il existe une règle très simple pour savoir si une politique est libérale ou non : respecte-elle le Droit « chacun a le droit de faire tout ce qu’il veut avec ce qui lui appartient, à condition de reconnaître ce même droit à tous les autres » ? D’une manière générale, l’une des principales armes des socialistes (opposés au Droit), est de travestir le sens des mots, dans le but d’embrouiller les esprits. Toute « l’œuvre » de Keynes visant à justifier l’expropriation via l’expansion monétaire, et rien que pour cette seule raison, il doit être classé parmi les socialistes.

  • Je suis d’accord avec l’article. Un détail me tarabuste :
     » Libéral » renvoie au principe général de responsabilité et de liberté des personnes dans une société qui valorise les droits naturels, c’est-à-dire la liberté, la propriété et la sécurité, »
    Point de Droit fondamental à la sécurité, mais à la Sûreté, et celui qui est souvent oublié : celui de la Résistance à l’Oppression.

  • Les mots sont tellement galvaudés dans le débat public aujourd’hui que tous ceux qui ne suivent pas la fuite en avant progressiste sont qualifiés de conservateurs juste avant d’être traités de réactionnaires. Il n’y a plus de place pour les libéraux.

  • Je suis globalement en accord avec l’article, spécialement quant à l’attitude à adopter face aux dilemmes moraux comme l’avortement. On admet que c’est un dilemme, y compris pour soi, et on laisse chacun le résoudre comme il l’entend.
    Mais la solution n’est pas toujours évidente. Sur l’immigration par exemple: si un pays appartient à ses nationaux, pourquoi des tiers auraient-ils le droit d’y entrer? Le respect des droits de propriété, fondement de la société libérale, implique le droit de refuser l’entrée à quiconque, en dehors de toute considération d’opportunité… Or la position libérale est classiquement vue comme ouverte à l’immigration par principe (et non seulement pour des raisons économiques).
    Ou sur le « mariage pour tous »… un libéral pourra simplement dire que l’Etat n’a rien à faire avec les choix de vie des individus, et que le mariage doit rester une affaire privée (y compris pour les hétérosexuels). Position qui respecte l’égalité devant la loi, mais qui n’apporte aucune reconnaissance à l’homosexualité et in fine rejoint de facto les conservateurs qui en la matière préfèrent aller à l’église que devant monsieur le maire.
    Par ailleurs, le refus libéral du constructivisme implique nécessairement le respect d’une certaine tradition – pas nécessairement pour la maintenir évidemment, mais un libéral ne peut écarter la tradition sans avoir de bons arguments (et je précise que cela arrive assez souvent…)

    • Concernant l’immigration, pour un libéral, ce ne devrait même pas être un sujet de débat :
      – le migrant va dans un pays,
      – le migrant cherche du travail,
      – le migrant trouve du travail et s’il n’en trouve pas, il change encore de pays.
      Mais l’état met encore ses gros doigts gourds dans le dossier et débourse des fortunes avec de l’argent gratuit pour subvenir aux migrants à qui on interdit même de travailler.
      Résultat : les populistes raflent la mise. Bravo.

      -2
  • Merci à Nathalie MP pour cet excellent article de clarification sur le libéralisme. Dès lors qu’on se croit obligé d’adjoindre une étiquette à « libéral », c’est qu’on s’éloigne du libéralisme, et ce, quelle que soit l’étiquette (conservateur, social, …).
    Je pense qu’il y a cependant un moyen d’attirer tous ces « libéraux quelque chose » au libéralisme tout court : en leur faisant prendre conscience de la distinction fondamentale entre politique et morale, distinction dont Nathalie nous donne quelques exemples bien choisis.
    Le débat politique porte sur « ce que chacun a le droit de faire et de ne pas faire » alors que le débat moral porte sur « ce qui est bien et ce qui est mal ».
    Le libéralisme est la seule doctrine qui répond à la question politique par une règle universelle (qui s’applique également à tous) et cohérente (non contradictoire) : « chacun a le droit de faire tout ce qu’il veut avec ce qui lui appartient, à condition de reconnaître ce même droit à tous les autres ».
    Le débat moral est subjectif : il n’y a pas 2 individus sur terre qui soient d’accord sur tout ce qu’ils trouvent « bien » et « mal ». Le libéralisme ne s’occupe pas de morale, sauf pour s’opposer à toute (fausse) morale contraire au droit, c’est à dire à toute (fausse) morale qui dérive vers le politique.
    La règle libérale universelle ou Droit implique :
    1) Qu’en dehors des atteintes au Droit, chacun est libre d’adopter et de mettre en pratique les valeurs morales en lesquelles il croit et que personne n’a le droit de s’y opposer
    2) Qu’en dehors des atteintes au Droit, chacun est libre d’exprimer, de divulguer, diffuser ces valeurs ainsi que de critiquer ouvertement les valeurs des autres avec les moyens qui lui appartiennent.
    On en est très loin. Partout, débats politique et moral sont confondus. Une minorité se sert effrontément du pouvoir politique pour imposer ses propres préférences (ou prétendues telles) à tous les autres, avec ce qui leur a été volé sous forme d’impôts, cotisations dites sociales, expansion monétaire, monopoles d’État etc., tout en interdisant toute contestation de ces valeurs.
    D’où l’exaspération légitime des victimes, qui se classent actuellement, grosso-modo, comme plutôt « conservatrices » (attachées à des valeurs dites « traditionnelles », ce qui ne veut pas dire grand chose). Si ces victimes comprennent la distinction entre politique et morale, elle porteront le débat sur le terrain politique pour reconquérir le droit d’exprimer et de divulguer leurs idées, celui de ne pas avoir à payer pour les préférences (ou prétendues telles) des autres, sans chercher à les imposer aux autres. Sur le plan moral, elles pourront se servir de cette liberté retrouvée pour exprimer ouvertement leurs valeurs et leurs critiques.
    Le même raisonnement vaut pour les « libéraux sociaux », attachés à la vraie solidarité, qui ne peut être que volontaire. Une fois comprise la distinction entre politique et morale, il pourront porter le débat sur le terrain politique pour reconquérir le droit de donner une partie du fruit de leur travail à qui bon leur semble, ou d’exercer toute forme de charité qui leur semble bénéfique (rappelons que dans notre société socialiste, les dons entre personnes sont très lourdement taxés, ce qui est contraire à la libre disposition de ses biens), sans chercher à imposer aucune obligation aux autres. Sur le plan moral, ils pourront pratiquer le don et en faire la promotion pour gagner à leur cause de nouveaux contributeurs volontaires.

    • « chacun a le droit de faire tout ce qu’il veut avec ce qui lui appartient, à condition de reconnaître ce même droit à tous les autres »

      Ce principe me paraît parfaitement convenir au… libéralisme économique ou à la seule composante « propriété privée » du libéralisme !
      Mais, en réduisant le libéralisme à sa part économique, vous me semblez apporter de l’eau au moulin de ceux qui pensent que « libéral-conservateur » n’est pas un oxymore. Ce terme définissant, pour moi, peu ou prou quelqu’un qui est libéral sur le plan économique et conservateur sur le plan sociétal.

      Au pire, votre définition pourrait s’accommoder de l’esclavage (je fais ce que je veux de mes esclaves, qui sont ma propriété, tu fais ce que tu veux des tiens) ; on devine par là les limites d’une telle définition.

      Mais, par la suite, je vous rejoins sur la nécessaire élimination des valeurs morales du champ politique. Sans cela, il est impossible de fonder un libéralisme qui ne soit pas conservateur, c’est-à-dire un vrai libéralisme, qui respecte mon droit à ne pas me plier aux concepts moraux d’autrui ainsi que mon droit à faire ce que je veux de mon corps.

      Pour ma part, si je devais utiliser une seule phrase pour qualifier le libéralisme, ce serait : « ne pas nuire à autrui ».
      (sous-entendu : je respecte sa vie, son intégrité physique, ses valeurs morales, ses biens, ses opinions… et je réclame qu’il en fasse de même avec moi).
      J’arrive ainsi, par un chemin légèrement différent de celui qu’a emprunté Nathalie MP, au même résultat.

      -1
      • @ Jean Roule Du Cable
        Étrange interprétation ! Votre propre corps n’est-il pas la première de vos propriétés ?
        C’est du droit exclusif que vous avez sur votre corps que se déduisent tous les autres droits de propriété. Le droit de ne être atteint contre votre volonté dans votre intégrité physique implique nécessairement votre droit de ne pas être réduit en esclavage total ou partiel, qui implique votre droit de jouir de l’intégralité des fruits de votre travail. Il n’y a pas de différence en libéralisme et libéralisme « économique », c’est la même chose.
        Votre propre définition du libéralisme est acceptable en tant que valeur morale, probablement partagée par de nombreux libéraux, mais elle ne peut constituer une définition du Droit.
        Il est en effet impossible de garantir qu’aucune action, même conforme au Droit tel que je l’ai défini, ne nuira jamais à personne, et ce pour au moins deux raisons fondamentales :
        – la perception de nuisance est subjective (contrairement à l’agression physique)
        – personne ne peut prévoir tous les effets de ses propres actions.
        Si on s’en tenait à votre définition et qu’on la respecte, aucune action ne serait permise (car elle pourrait toujours nuire à quelqu’un) et nous serions tous morts.

        • « chacun a le droit de faire tout ce qu’il veut avec ce qui lui appartient »
          Si « ce qui lui appartient » recouvre plus que la simple possession de biens matériels, alors nous pouvons tomber d’accord.
          Ceci étant précisé, je ne pense pas que tout le monde s’accorde pour considérer que le libéralisme est la copie carbone du libéralisme économique. Notre conservateur, vous savez, celui qui aimerait imposer ses valeurs morales aux autres, refuse ce parfait recouvrement. Lui se satisfait du seul libéralisme économique, mais continuera de rêver d’une société où vous n’aurez pas le droit de décider de votre propre mort, ou des drogues que vous inhalez.
          Je précise, ça allait sans dire, mais je m’aperçois que ça va mieux en le disant, que « ne pas nuire » vise les nuisances faites à autrui par la force, la violence, la contrainte sans son consentement (ce qui règle le cas des masochistes). Il s’agit donc bien d’éviter les agressions physiques destinées à obtenir quelque chose d’autrui. Ainsi, un citoyen ne pourrait se prévaloir de dommages causés à ses valeurs morales par le fait qu’il serait choqué par la légalisation du cannabis, de la prostitution, de l’avortement ou de l’euthanasie.
          Je vous renvoie, pour plus de détails, sur le concept d’éthique minimale, élaboré par le philosophe Ruwen Ogien.

          • @ Jean Roule Du Cable
            Encore un petit effort et nous allons finir par tomber d’accord. Pour prendre possession de n’importe quel bien matériel (ou d’un service), c’est à dire de n’importe quel bien « économique », il faut avoir la libre disposition de son corps, ce qui est le synonyme de sa propriété. Si vous n’êtes pas propriétaire de votre corps, vous devez demandez la permission à son « propriétaire » (qui ?) avant d’entreprendre quoi que ce soit, et vous mourrez.
            Concernant la disposition que certaines personnes ont de vouloir imposer leurs valeurs morales en usant de la contrainte (usage de la violence physique ou menace de son usage), il est plus que probable que leur position effective serait différente dans une société où :
            1) une majorité aurait compris la différence fondamentale entre Droit et morale
            2) ces mêmes personnes ne seraient pas obligées de se soumettre à la morale de ceux qui sont au pouvoir et ni de supporter les conséquences des choix de vie des autres.
            Le simple fait que nous vivons dans un paradigme collectiviste, dans lequel « tout le monde » (prétendument) décide de tout, fausse grandement le débat.
            Combattez (avec la force des idées) le socialisme sous toutes ses formes, réduisez le périmètre d’intervention de l’État, et vous aurez une société dans laquelle chacun sera bien plus tolérant des préférences des autres. Vous remarquerez que dans les rares domaines dans lesquels la propriété privée est encore respectée, il n’y a pas d’intolérance. Par exemple, jusqu’à présent, personne ne se soucie de la couleurs des murs intérieurs de votre maison. Mais si quelque constructiviste se mettait à décider que, pour votre bien, vous devez obligatoirement les peindre telle ou telle couleur, alors le choix de la couleur des murs intérieurs à chaque logement deviendrait un « débat national ». L’extension de la sphère privée est la meilleure garantie contre l’intolérance.

            • A propos de sphère privée, il me semble que c’est là que se trouve la meilleure place pour la morale, à l’instar de la religion. Qui sont deux mots pour désigner à peu près la même chose.
              Je crois bien que nous allons garder, sur le sujet du libéralisme économique, notre ligne de fracture initiale. Car pour moi, la libre disposition de son corps n’est pas une condition nécessaire pour l’acquisition d’un bien ou d’une propriété. On peut être parfaitement aliéné et n’en être pas moins un consommateur actif ; les anti-consuméristes ont même réussi à théoriser ce lien. Il est possible également de vivre au sein d’une dictature où notre vie ou notre liberté est quantité négligeable mais le droit à la propriété privée totalement acquis. Même la Chine commence à reconnaître la propriété privée.

              • Formidable ! Sans être propriétaire de « votre corps » (pardon, ce n’est plus le vôtre), comment avez-« vous » fait pour acquérir et disposer des moyens matériels que « vous » utilisez (encore une contradiction) pour débattre sur Contrepoints ? Je suis curieux. Mais qui va me répondre ?

    • Bravo pour la distinction entre droit et morale : c’est fondamental. Le libéralisme est une philosophie du droit et rien d’autre? Et NMPM passe un peu à côté à cause de son angle mort sur la responsabilité individuelle (pléonasme, il n’y a qu’elle d’existante).
      Il est amusant de voir qu’à titre privé les individus s’encombrent de moins en moins de morale et refuse qu’on la leur fasse mais demandent de plus en plus à l’état de lois « morales » ce qui est pain bénit pour lui car ça permet d’accélérer la mise en place du contrôle social (la servitude volontaire). Se souvenir que le socialisme est un tribalisme et qu’au-delà de 200 personnes et sans la menace du bannissement (au goulag), c’est voué à l’échec.

  • Impeccable, cet article.
    Le libéral-conservateur est bien une chimère…
    Ou encore un vieux cheval sur la tête duquel on a collé une corne pour le faire ressembler à cet animal mythique.

    -1
  • Votre analyse est typique d’une libérale « pur jus » et quelque peu déconnectée de la réalité (j’avoue d’ailleurs avoir eu la même position que vous pendant longtemps).

    Le conservatisme tel que vous le définissez est assez caricatural. En réalité, libéralisme et conservatisme sont non seulement compatibles, mais il me semble même impossible d’être authentiquement libéral sans être conservateur.

    La raison en est que le libéralisme, comme dirait Charles Gave, est une philosophie du Droit. Ses principes prennent racines dans l’antiquité gréco-romaine pour s’épanouir durant les Lumières, et sont profondément liés à notre culture et à notre civilisation. Notre vision des Droits fondamentaux (socle du libéralisme) est quelque chose de profondément original dans l’Histoire des civilisations humaines, et n’est certainement pas partagée par tous.

    Les anciens romains considéraient comme un devoir sacré le fait de conserver et de perpétuer la « mos maiorum », i.e. les moeurs des anciens. Non pas par immobilisme ou peur du changement, mais simplement par conscience du fait que les édifices humains sont fragiles par nature, et qu’ils peuvent vaciller à tout moment. L’Histoire romaine l’aura d’ailleurs largement prouvé par la suite.

    Un système libéral, c’est-à-dire fondé sur l’individu et ses Droits fondamentaux, ne peut pas fonctionner en apesanteur. Il nécessite l’existence d’un sentiment d’appartenance à une même entité et une culture commune, ce que les affreux conservateurs constructivistes dont je fais partie appellent la Nation, la Patrie, ou que sais-je. En effet, l’échange libre entre individus consentants suppose un socle culturel et des moeurs communes si l’on souhaite que tout le monde s’y intègre et puisse tirer les marrons du feu. Sans cela, la dislocation sociale est inévitable, et le libéralisme se retrouve rapidement rejeté comme cause de tous les maux.

    Par ailleurs, nos valeurs fondamentales n’étant pas partagées par tous, il convient pour une Nation libérale d’être en mesure de pouvoir se défendre, aussi bien contre des agressions extérieures, que contre l’installation massive d’individus ne partageant pas ses valeurs. Hélas, ce serait magnifique bien sûr si tout le monde ne visait qu’à vivre pacifiquement dans une société libre, mais dans la pratique ce n’est pas le cas. Et que cela plaise ou non, une grande partie de la population mondiale aujourd’hui ne partage pas nos valeurs et ne souhaite pas l’intégration si elle vient à émigrer chez nous. C’est comme ça, et on n’y peut rien.

    Il en résulte, et c’était vrai du temps de la République romaine comme d’aujourd’hui, qu’une société « libre » (et la République romaine en était une, comparativement aux moeurs de son temps) doit savoir se protéger pour se pérenniser. Cette protection suppose que le libéralisme soit un système qui s’applique aux citoyens de cette société, à l’intérieur des frontières de cette société. Vis-à-vis de l’extérieur, la notion même de libéralisme n’a aucun sens, c’est une notion qui est par nature intérieure.

    Autrement dit, un pays par exemple comme la Suisse qui restreint fortement son immigration (hélas pour elle, de moins en moins…), impose des conditions drastiques à la naturalisation, refuse de faire partie de toute entité juridique supra-nationale, organise une armée de milice populaire, protège certains secteurs de son économie, etc, est un pays qui peut être tout à fait libéral sur le plan intérieur (bien plus que nous), alors même que toutes ces mesures sont habituellement mal vues des libéraux. Et le fait est que ça fonctionne.

    Pour conclure, je dirais donc que le conservatisme n’est pas une histoire d’avortement, de sexe, ou de drogue. Le conservatisme, c’est simplement la conscience de la fragilité des institutions humaines, et de la valeur du passage du temps sur celles-ci. Le conservatisme, c’est la « mos maiorum », comprise dans un sens philosophique et politique, et non telle ou telle position particulière sur tel sujet de société du moment.

    • @BrunoJ

      Ce n’est pas du conservatisme. Ce ne doit pas être du conservatisme. Cela doit être du bon sens. Je crois que l’on peut certes s’instruire en se basant sur les leçons du passé mais il ne faut pas que cela devienne une paresse. Le bon sens doit s’acquérir, se cultiver et non être le résultat d’un héritage. Sans compter que tout change et évolue et qu’il faut également pouvoir s’adapter pour rester dans la course de la Reine Rouge.
      Ensuite vous fermez, comme d’autres, votre définition du libéralisme. Peut-être partez comme les autres d’un mauvais postulat en prenant notre socialie actuelle. Si la France était purement libéral, ce ne serait plus « l’argent gratuit des autres » qui ferait de la pub pour les attirer… Peut-être même a contrario, attirerions nous des personnes qui aspirent à une liberté plus complète, plus réelle.
      Penser état, penser frontières, c’est le chemin vers l’abîme. Pourquoi ne pas se tourner plutôt vers la devise de Star Trek.

    •  » Et le fait est que ça fonctionne.  »

      ça fonctionne peut-être mieux qu’ailleurs; mais ça fonctionnerait certainement mieux si la suisse était plus libérale qu’elle ne l’est. Faut pas croire qu’en Suisse tout va mieux pour le meilleur des mondes. Logement et droit de construire toujours plus cher car de plus en plus réglementé. Restriction pour l’accès à son propre logement. Primes de l’assurance maladie devenu hors de prix pour beaucoup de ménage malgré un système de santé performant. Un excellent système de retraite basé sur trois piliers ( par répartition, par capitalisation financé paritairement entre employés et employeurs et assurance vie ) mais très fragile à l’avenir incertain. Tentation de vouloir toujours plus d’interdictions et d’obligations etc…etc..

    • @BrunoJ
      Votre commentaire est intéressant et rien de ce que vous écrivez n’est faux. Il me semble cependant que vous n’en tiriez pas toutes les conclusions.
      Tout votre commentaire est un plaidoyer en faveur de la reconnaissance de la force des idées. Ce sont les idées qui forgent les institutions (même si celles-ci influencent à leur tour les façons de penser). Il ne peut y avoir de société libérale sans diffusion d’idées libérales dans une large couche de la population. Comme vous le dites, il faut qu’il y ait une « culture commune », ne serait-ce que parce qu’il faut qu’une majorité soit convaincue que le respect du Droit est meilleur que la loi du plus fort. Si le libéralisme est effectivement l’héritier du Droit Romain, de la Bible (pensez aux premiers des 10 Commandements), du Christianisme et des philosophes de la Renaissance aux Lumières, c’est à dire de l’Occident, il n’en demeure pas moins que le même Occident a produit récemment en son sein les nouvelles justifications du socialisme que sont le marxisme, le nazisme, le fascisme, la social-démocratie, l’écologisme, toutes doctrines politiques négatrices du Droit. Le socialisme est lui-même une doctrine très ancienne qui a dominé l’histoire du monde depuis la nuit des temps, avec de brèves parenthèses locales. Parmi les traditions « solidement établies » par « la valeur du temps passé sur elles », quelques une sont libérales, la plupart sont socialistes. Si le temps passé était en lui-même le garant d’une valeur, le socialisme serait infiniment supérieur au libéralisme.

    • Je suis entièrement d’accord avec ce que vous exprimez, je n’ai rien à enlever, ni à rajouter.

  • Moi non plus.

  • Quand j’entends ou lis certains libéraux pur sucre, j’ai à chaque fois l’impression de lire ou entendre une version à peine modifiée de la gauche libertaire soixante-huitarde, athée, anti-religieuse, utopiste et radicale à souhait. Certains libertariens américains ont même sauté le pas à la fin des années 60 et pris fait et cause pour les mouvements libertaires de l’époque. Le problème en France c’est qu’historiquement le pays a été tellement chamboulé, déstructuré et restructuré depuis la révolution de 1789 que même être conservateur à l’heure actuelle pose problème, enfin disons surtout pour moi. En gros être conservateur aux USA c’est vouloir conserver les idées (libérales) de la Constitution, en France la Constitution de la Vème République sert plus de paillasson que de phare. Libéral ou Conservateur, ou une combinaison des deux, on peut certes se poser la question mais ça dépend grandement où on se la pose mais comme j’entends souvent par ici que les frontières, la Nation, la Civilisation sont des question nulles et non avenues, j’ai comme l’impression que votre libéralisme flotte quelque part mais à du mal à s’incarner dans un endroit bien particulier… comme toute utopie qui se respecte.

  • Implacable de chez implacable.
    Et, bon, pas la peine de se donner des grands airs de monsieur important, en France, « libéral-conservateur » ça veut juste dire « de droite ».

  • Le libéral est celui qui estime que chacun fait ce qu’il veut pourvu que cela ne porte pas tort aux autres. Économiquement cela implique la prédominance du marché et des contrats sur l’état invasif et tentaculaire. Cela n’exclut pas un certain conservatisme tant que celui-ci n’a pour but que de conserver ce qui nous touche personnellement et à quoi nous tenons. Que m’importent les mœurs les plus bizarres tant que l’on ne veut pas les imposer de force à moi et à ma famille ?
    Par ailleurs un conservatisme raisonnable ne signifie pas que l’on veut tout figer mais simplement que l’on souhaite être surs qu’une évolution est vraiment un progrès.

  • Il y a une façon simple de répondre à la question : le libéralisme est avant tout le refus de la contrainte et la défense des droits naturels : sûreté, propriété, liberté. A partir de là on n’a que faire des « lois morales » et des droits à. A titre public je suis libéral je demande donc à l’état de défendre mes droits naturels et peut accepter de payer pour ça. A titre privé je suis conservateur et accepte les conséquence de mes choix et de payer pour et seulement pour cela. Je refuse donc de payer pour les conséquences des choix d’autrui, avortement, drogues minima sociaux etc. Mais je suis prêt à accepter la légalisation de l’avortement, de l’usage des drogues, de la prostitution : on est propriétaire de son corps quand même et on a donc le droit de le louer à quiconque : c’est un « contrat entre individus libres et capables » ; en revanche le mac qui veut exploiter une fille contre son gré doit être sévèrement puni car il attente aux 3 droits naturels de cette dame. Celle-ci peut toujours passer un contrat de services (de protection) si elle le désire. Dommage que l’article comporte cet angle mort de la responsabilité consécutive aux choix individuels.
    En résumé la morale du libéral c’est « fais ce que tu veux du moment que je n’en subis pas les conséquences » i.e. que cela impacte mes 3 droits naturels.
    Le libéralisme est une chose très simple quand on a compris qu’une société libérale fait respecter les droits naturels de tous ses membres : pour cela il faut une justice, une police, une diplomatie et une armée fortes et rien d’autre. De mon point de vue le libéral est fortement minarchiste.

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