PMA : le débat est ouvert !

Y aura-t-il un débat national pour ou contre l’élargissement de la prise en charge de la PMA « à toutes les femmes » ? Le gouvernement souhaite éviter le psychodrame du mariage pour tous.

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PMA : le débat est ouvert !

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 17 septembre 2017
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Par Nathalie MP.

Depuis François Mitterrand, il est entendu que tout mandat présidentiel réussi se doit d’avoir sa grande arche culturelle et/ou sociétale. Sur ce dernier point, lui-même a aboli la peine de mort, son prédécesseur avait déjà légalisé l’avortement et François Hollande a ouvert le mariage aux couples homosexuels. Il semblerait bien que l’extension de la PMA (procréation médicalement assistée) aux femmes célibataires ou lesbiennes sera la grande arche sociétale du Président Macron.

Conformément aux promesses du candidat Macron, Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, a annoncé mardi 12 septembre 2017 que le gouvernement1 soumettrait dès 2018 au Parlement le projet d’ouvrir la PMA à toutes les femmes, et ce dans le cadre de la révision de la loi bio-éthique :

 

Emmanuel Macron s’était engagé à attendre l’avis du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) avant de se lancer « afin d’assurer dans la société un vrai débat, pacifié et argumenté ». On se rappelle que le mariage pour tous (2013) avait fracturé la France dans les grandes largeurs pendant plusieurs mois. Il serait certes désolant de voir le pays se diviser à nouveau sur un sujet qui ne concerne finalement que très peu de monde alors qu’il y a par ailleurs urgence économique.

Or le CCNE2 a justement rendu un avis positif sur l’extension sociétale de la PMA en juin dernier. Un sondage réalisé par l’IFOP à ce moment-là montre que les Français évoluent sur le sujet : ils y sont maintenant favorables à 60% pour un couple de femmes contre 47% en 2013. Ils sont toutefois plus réservés (49% d’approbation) lorsqu’il s’agit d’une femme célibataire. Dans l’ensemble, plus on est jeune, plus on vote à gauche (ou FN, plutôt favorable) et plus on a des homosexuels parmi ses proches, plus on soutient le projet.

PMA : de quoi parle-t-on exactement ?

Actuellement, la PMA est réservée aux couples hétérosexuels « en âge de procréer » qui ont des problèmes d’infertilité pathologique médicalement constatés ou qui risquent de transmettre une maladie grave à leur enfant. Les techniques varient selon la nature du problème : insémination artificielle du sperme du conjoint ou d’un tiers-donneur, fécondation in vitro (FIV) d’ovules et de spermatozoïdes des conjoints ou de tiers-donneurs afin d’obtenir des embryons qui seront réintroduits ensuite dans l’utérus de la femme. Notons que l’assurance maladie prend la PMA en charge à 100% si la femme a moins de 43 ans.

D’après les statistiques disponibles, il y a eu 145 000 « tentatives » de PMA en France en 2015. Dans 97% des cas, les ovules et spermatozoïdes utilisés étaient ceux des parents. Sur un total de 800 000 naissances en 2015, 25 000 enfants (soit 3%) sont nés par PMA.

L’extension projetée par le gouvernement consiste à réaliser « l’égalité » entre toutes les femmes en autorisant le recours à la PMA pour procréer sans partenaire masculin, en dehors de toute infertilité d’origine pathologique. La technique sera d’évidence celle de l’insémination artificielle avec tiers-donneur de sperme. Dans le cas d’un couple de femmes, une FIV sera nécessaire si l’une d’elles donne les ovocytes et l’autre choisit de porter l’enfant.

Selon les termes du rapport du CCNE, on assiste donc à l’apparition d’une nouveauté anthropologique par le choix de couples de femmes ou de femmes seules d’accéder à la procréation en dehors de l’acte sexuel fécondant et sans homme institué juridiquement comme père, et à trois disjonctions par rapport aux naissances « classiques » :

  1. Disjonction entre sexualité et procréation : c’est le cas de toutes les PMA.
  2. Disjonction entre procréation et filiation : c’est le cas de 3% des PMA actuelles (qui sont réalisées avec donneur) et ce sera le cas de toutes les PMA envisagées pour les couples de femmes et les célibataires.
  3. Disjonction entre maternité génétique et maternité gestationnelle : cas des PMA pour les couples de femmes dont l’une donne les ovocytes et l’autre porte le bébé.

Problèmes techniques induits par la demande d’extension de la PMA

• L’insémination artificielle avec donneur fonctionne grâce à des dons de sperme. Or aujourd’hui, ces dons suffisent à peine à satisfaire les demandes des couples hétérosexuels souffrant d’infertilité pathologique et les délais d’attente ne sont pas rares. L’ouverture de la PMA à toutes les femmes pose donc un problème de ressource et entraîne forcément des questions sur la hiérarchisation des demandes et sur la gratuité du sperme.

• Dans la loi française, les donneurs bénéficient de l’anonymat. Or la convention européenne des droits de l’homme estime que l’intérêt supérieur de l’enfant inclut le droit de connaître ses origines. On peut donc s’attendre à ce que l’anonymat des donneurs soit un jour remis en cause au niveau européen, avec des conséquences possible sur le niveau des dons (qui sont tout juste suffisants).

• Les auteurs du rapport du CCNE, notamment ceux qui ont signé un avis divergent en fin du document, soulignent aussi que la profession médicale, de plus en plus sous pression pour répondre aux détresses thérapeutiques, est également de plus en plus sollicitée pour mettre ses compétences et ses équipements au service de demandes qui dépassent largement ses missions traditionnelles.

Quelques réflexions à propos de la PMA

Comme pas mal de monde, j’imagine, je ne suis pas hostile d’entrée de jeu à ce projet d’extension, mais je ne suis pas non plus totalement à l’aise. J’aimerais partager ici quelques observations et réflexions en vrac pour lancer un débat – pacifié et argumenté, comme dirait Macron ; courtois, en tout cas.

• En 1980, on riait beaucoup de la petite scène des Monthy Python (dans La vie de Brian) où l’un des personnages, un homme, disait : « I want to have a baby » et auquel un autre répondait : « you can’t have a baby, but you can have the right to have a baby ! »

Ce qui était de l’humour anglais, jeu permanent entre le réel et l’absurde, est devenu petit à petit la matière concrète d’une évolution législative importante dans nos sociétés.

• Remplaçons « je veux avoir un enfant » par « j’ai un désir irrépressible d’avoir 50 Picasso dans ma maison. Je ne peux pas, mais par souci d’égalité et d’humanité, la société doit répondre à ma souffrance ».

La comparaison paraitra choquante car on peut certainement dire que le désir d’enfant est anthropologique, mais remarquons toutefois que notre société fortement redistributrice s’inscrit nettement dans cette tendance à obtenir une égalité formelle entre des individus dotés de capacités différentes.

• Les sujets sociétaux, notamment ceux qui concernent l’homosexualité ou certains aspects du féminisme, sont souvent amenés sur la table des discussions par des associations tellement militantes qu’elles en viennent à exprimer des exigences outrancières sur le mode « je veux tout, tout de suite et gratuitement » qui ressemblent à s’y méprendre à des caprices d’enfants gâtés et donnent furieusement envie de leur claquer la porte au nez.

Elles rendent un très mauvais service aux personnes qu’elles prétendent défendre et contribuent plus à les ridiculiser qu’à les aider, alors que le désir d’enfant, d’où qu’il vienne, est un sentiment plausible et honorable qui, à défaut de pouvoir être forcément toujours satisfait, mérite d’être écouté avec bienveillance.

• La demande d’extension de la PMA à toutes les femmes est-elle un simple caprice, une nouvelle expression du politiquement correct qui voit partout des minorités opprimées et des droits nouveaux à satisfaire ? Ou est-ce une revendication légitime dans une société de liberté et d’égalité des droits ?

Ma réponse libérale consisterait à dire que même si à titre personnel (et en dehors des cas thérapeutiques) j’ai du mal à concevoir la procréation sous cette forme, je n’ai aucun raison de l’interdire à quiconque à partir du moment où cela ne porte atteinte à personne.

Dans ce cadre, une pratique autorisée n’est nullement une pratique obligatoire. À chacun de définir en toute responsabilité le sens qu’il donne à la vie, à l’amour et à sa postérité. Notons que l’adoption de la loi Taubira, à part le « rattrapage » du début, n’a pas donné lieu à une explosion de mariages gay (7 000 par an, en baisse depuis 2014).

Dans le cas de la PMA sociétale, la question cruciale qui se pose alors concerne l’enfant qui naît de ce projet sans père. L’intérêt supérieur de l’enfant (bien-être, transparence des origines) est-il préservé ou bafoué ?

• Le rapport du CCNE indique que toutes les études pour évaluer le bien-être des enfants dans des familles homoparentales émettent une conclusion positive sur le devenir des enfants. Mais il ajoute aussi, sans retenir l’objection dans l’avis favorable final :

Les biais méthodologiques, les disparités des critères retenus et le recul encore insuffisant ne permettent pas de l’affirmer avec certitude.

De plus, il n’existe pas d’études sur les enfants élevés volontairement par des femmes seules.

• Dans la tentative de répondre à la question de l’intérêt supérieur de l’enfant, je réalise que je suis beaucoup plus réticente à l’égard de la PMA envisagée par des femmes célibataires que par un couple de femmes.

La femme célibataire ne peut pas arguer que ses orientations sexuelles lui interdisent tout rapport intime avec un homme, elle peut seulement dire qu’elle n’a pas ou ne veut pas d’homme dans sa vie. Elle compte réaliser son projet d’enfant non seulement sans père, ce qui est aussi le cas des couples de femmes, mais également sans le double lignage qui résulte d’un projet de couple.

• On objectera que les enfants élevés dans des familles monoparentales sont légion, soit par divorce, veuvage, recompositions diverses etc. Mais il s’agit là d’accidents de la vie qui n’étaient pas planifiés ab initio et qui ne privent pas totalement l’enfant d’un père et d’un double lignage, dans la mesure où le souvenir du père demeure et sa famille aussi.

De plus, les difficultés des femmes seules avec enfants ont souvent été soulignées. Il semble alors plutôt contradictoire de vouloir encourager une forme de cellule familiale considérée par ailleurs comme fragile.

J’en viens à me demander si l’adjonction des femmes célibataires dans l’extension de la PMA n’a pas un objectif politique : englober les lesbiennes dans un ensemble qui permettrait de parler de « PMA pour toutes » et réaliser une égalité formelle entre toutes les femmes plutôt que d’en faire une affaire d’homosexuelles.

• Je vois la « parentalité » comme la suite logique de l’amour que se portent deux personnes. C’est un projet de couple qui, pour être banal et fort répandu, est loin d’être toujours simple. Tous les parents savent que les enfants sont une immense joie et aussi parfois beaucoup de soucis.

Il serait très immature de se lancer dans un projet d’enfant sans y avoir un petit peu réfléchi et sans réaliser que lorsque l’enfant paraît, la vie ne sera plus jamais comme avant. Les parents se trouvent face à un engagement qu’ils ne pourront jamais renier.

• Si l’on ne veut pas d’un homme dans sa vie, pourquoi ne pas adopter ? En fait, dans la loi française, les femmes seules peuvent adopter, de même que les couples homosexuels depuis la loi sur le mariage pour tous. Mais est-ce une si bonne idée ?

L’adoption a l’avantage de donner un foyer à un enfant existant – si ce n’est qu’il s’est déjà vu des encouragements à la procréation pour fournir de jolis bébés à des familles occidentales adoptantes. Mais elle consiste aussi à intégrer dans une famille un enfant qui a une histoire particulière douloureuse marquée par l’abandon.

La question ici n’est pas de dire qu’un couple de femmes (ou d’hommes) ou une femme seule ne saura pas éduquer et entourer d’affection un enfant, mais il est préférable de savoir que dans ce cas précis, on ajoute de la complexité  à une situation déjà complexe.

• Dans la mesure où il est fait appel à un donneur, qu’est-ce qui empêchera à terme de sélectionner le donneur sur ses qualités génétiques, c’est-à-dire qu’est-ce qui empêchera de procéder à une certaine forme d’eugénisme ?

Il est vrai que la formation d’un nouveau couple relève aussi d’un processus implicite de sélection. On essaie en général de ne pas choisir le plus idiot du canton pour se marier et avoir des enfants, mais c’est une appréciation très subjective qui n’a rien de systématique.

• La PMA est une procédure longue et complexe qui a un coût. Autant on peut concevoir qu’elle soit remboursée par la Sécurité sociale pour les couples qui l’utilisent dans sa version thérapeutique, autant il est exclu d’imaginer accorder le remboursement à des personnes qui y ont recours pour des raisons de pure convenance personnelle. C’est encore plus vrai dans la situation tendue de nos comptes publics.

On se demande cependant quelles sont les intentions du gouvernement en ce domaine. Marlène Schiappa a précisé à Jean-Jacques Bourdin qu’elle en faisait une affaires de justice sociale. D’après elle, seules les femmes riches peuvent se permettre d’aller à l’étranger pour bénéficier d’une PMA. On en déduit facilement que dans son esprit la légalisation française entraîne de facto la prise en charge par la Sécurité sociale.

• La PMA étendue à toutes les femmes existe dans des pays européens voisins, la Belgique et l’Espagne par exemple. Dans ces conditions, il semble illusoire de pouvoir maintenir encore longtemps l’interdiction en France.

De plus, le gouvernement dispose d’une majorité confortable à l’Assemblée et le Modem ne lui fera pas faux bond sur ce sujet. Même si plusieurs ministres, à commencer par le Premier, étaient vent debout contre la PMA élargie quand ils s’opposaient au Parti socialiste au pouvoir, il y a fort à parier qu’on ne les entendra pas beaucoup ou qu’ils se livreront à des contorsions amusantes pour expliquer qu’ils n’ont pas changé d’avis.

• Il existe enfin  la question de la pente glissante : quand le mariage pour tous a été voté, il a vite été clair que le mariage en lui-même n’intéressait pas vraiment les associations LGBT, si ce n’est pour ouvrir le droit des couples homosexuels à l’adoption.

La PMA et la GPA (gestation pour autrui) étaient en embuscade. Une fois que la PMA aura été adoptée, c’est-à-dire une fois que les femmes auront le droit à toutes les procréations possibles pour avoir un enfant sans père juridiquement institué, imagine-t-on pouvoir interdire encore longtemps aux hommes de recourir à la GPA pour avoir un enfant sans mère juridiquement instituée ?

Pour l’instant, on nous explique que la GPA représente un marchandage sur le corps des femmes. Mais que vaudra cette réticence face à l’inégalité que la PMA va de fait introduire entre les hommes et les femmes ?

Le débat est ouvert !

Sur le web

  1.  Aux dernières nouvelles, il se murmure cependant que Marlène Schiappa ne serait pas en 1ère ligne sur ce dossier et que le gouvernement souhaiterait prendre son temps pour éviter « le psychodrame du mariage pour tous ».
  2.  Notons que dans le même document, le CCNE a rendu des avis négatifs sur les deux autres points examinés : l’auto-conservation ovocytaire chez les femmes jeunes et la gestation pour autrui (GPA).
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  • Autoriser la pma pour toutes les femmes disposant d’un projet serieux pour l’enfant à venir est souhaitable…
    Et on ne pose pas la question du serieux du projet parental aux autres parents…

    Par contre, je ne comprendrais pas le remboursement par la secu….. alors que trop de risques santés ne sont pas ou si mal pris en charge.

    • @ Cap2006
      « Autoriser la pma pour toutes les femmes disposant d’un projet serieux pour l’enfant à venir est souhaitable… »
      Un « libéral » ne serait ni pour ni contre, décidant pour lui/elle-même: donc « souhaitable » est déjà prendre parti.
      Le remboursement est parallèle avec la chirurgie esthétique non justifiée médicalement (oui, il y a des justifications médicales: réparations de dommages d’apparence après accident ou brûlure, poitrine de poids excessif et effet sur la colonne vertébrale …).

      Dans les 2 cas, il s’agit de satisfaire un désir individuel: dans ces cas, cela se négocie et la déontologie ajoute « avec tact et mesure ». Dans les 2 cas, une évaluation de la motivation semble indispensable. La médecine n’est pas un commerce « comme un autre »! Les articles avec photos ne manquent pas sur la chirurgie esthétique « ratée »; dans le cas de la PMA, l’enjeu concerne un humain qui n’a rien demandé et dont l’article ne tient pas suffisamment compte à mes yeux!

      Il est vrai que l’adoption d’un enfant vivant (peut-être né de l’amour de 2 parents biologiques?) peut paraître plus efficace et empathique que la « création » d’un enfant né « artificiellement ».

      Comprenez que, hétéro et père, je n’aimerais pas devoir décider pour les autres!

  • Dommage que les enfants ne soient pas des électeurs, parce qu’eux aussi pourraient exiger des droits nouveaux :
    – ne pas être procréé par des personnes stupides
    – ne pas être obligé de subir la religion de leurs parents
    – choisir d’avoir des parents de sexes différents
    – empêcher leurs parents de divorcer

    On a le droit de faires des caprices pris en compte par la société à partir de 18 ans.
    J’espère que les personnes de petite taille vont bientôt exiger de la société de faire 1,80M minimum. Et que les gens avec un QI de 50 pourront accéder de pleins droits à de hautes responsabilités (j’oubliais que c’était déjà le cas : voir les précédents gouvernements).

  • remboursement par la sécu….ben voyons ; quel joie de savoir que je vais cotiser pour ça alors que je ne peux même plus me payer une mutuelle santé et que je paie presque plein pot quand je vais voir le toubib ……

  • Le mariage pour tous est devenu un débat uniquement parce qu’il y avait un agenda de la part de Hollande pour ringardiser la droite.

    La droite n’existe plus et tout du moins n’a pas besoin d’être ringardisée, elle se débrouille très bien toute seule.

    Ce sujet sera peut être ce que le mariage aurait du être : un non sujet, à moins que les associations LGBT, médias et autres politiques corrects n’hystérisent le débat, en distribuant des points Godwin comme des bonbons le soir d’Halloween et en hurlant au complot réactionnaire.

    On verra bien la tournure que les choses prennent.

    Il suffira sans doute de quelques années pour se rendre compte des impacts psychologiques de cette revendication de « normalité » autant sur les enfants que sur les parents : les rêveurs pensant que la vie libre à deux (ou seule) allait devenir encore plus fantastique après un mariage et avec des enfants à élever vont vite se rendre compte de la réalité des changements que procure l’arrivée d’un intrus qui a sa propre personnalité. Connaissant la propension des enfants à se rebeller contre leurs parents, il est loin d’être certain que ceux-ci seront tout aussi bisounours que leur(s) mère(s) l’auront candidement rêvé.

  • Il faut accélérer le process et autoriser PMA et en effet GPA pour les hommes, homos ou hétéros, souhaitant assumer une responsabilité parentale…. sans femme, donc sans mère.
    Je pense que si les féministes opposent la non marchandisation du corps de la femme ou autres inepties du même acabit, il faut accélérer la mise au point de l’ectogenèse.

    • Sommes nous vraiment certain que c’est bien de l’aspiration à une responsabilité parentale dont il est question, dans un monde où le mot « responsabilité » est une insulte et où prévaut partout l’assistanat et la défausse sur des boucs émissaires ?

    • @ François ALLINE
      Il ne s’agit pas de technologie: l’ectogenèse est en bonne voie: donc tout sera « possible » (mais toutes les PMA ne réussissent pas alors qu’elles on toutes un coût!).
      Il s’agit bien d’une décision malheureusement politique qui restera pourtant un choix individuel malgré, sans doute, des « tentations » ou des possibilités bienvenues » nouvelles!
      La France est « anti-OGM » mais pas à une contradiction près!

  • Je pense même qu’il faut que ces actes soient pris en compte par la sécu. (GPA, Ectogenèse)
    Il serait tout de même étrange de rembourser un avortement, c’est à dire l’élimination d’une possible vie en devenir et de ne pas soutenir des hommes qui souhaitent au contraire s’engager en tant que pères.

    • Je propose que plutôt que par la sécu, ces actes soient remboursés par une caisse privée à laquelle seuls cotiseraient, sur une base volontaire, ceux qui en ressentent la nécessité.

    • @ François ALLINE
      La gratuité de l’avortement est un non-sens! (Et le nombre de médecins « avorteurs » diminue!).

      Mais un non-sens ne doit pas en justifier un autre! C’est idiot!
      Pour l’autre phrase, voir le commentaire de Stéphane Boulots, ci-dessus ou le mien (parallèle chirurgie esthétique) plus haut.

      • Dans un pays, le nôtre, où la démographie est en recul, aider des parents à engendrer mais surtout à l’être ne me paraît pas être un non sens.
        Ajoutez-y qu’en raison d’une utilisation massive de la pilule, ce redoutable perturbateur endocrinien qui détruit la spermatogénèse, d’autres moyens de conception sont étudier d’urgence, à moins de ne faire un choix politique comme Angela Merkel ou la Suède consistant à « Importer » du sang neuf sous forme de géniteurs pas encore castrés, stériles ou impuissants… (comme chez nous…)

  • Tel bel article ! Tout est dit…

  • je doute que tout ceci finisse bien, notamment pour tout ceux qui ne peuvent donner leur avis (les enfants).
    Et comme d’habitude, ce ne seront pas les responsables qui paieront, mais les plus faibles qui n’auront pu s’exprimer.
    Ecoeurant et triste.

    • Certes, on remarque que les seuls dont on ne parle pas dans cette affaire ce sont les principaux intéressés, les enfants qui n’auront pas de père ou de mère, et qui subiront les quolibets et le harcèlement des autres enfants, dont la cruauté est bien connue!

      • @ Virgile
        Complètement d’accord avec @ breizh ou vous: il manque le « plaidoyer de la défense »!

        Par contre, les enfants, forcément plus jeunes, s’adaptent plus et mieux à tout et acceptent la réalité: ce sont les réactions des enseignants (pris au sérieux par les enfants) qui sont plus à craindre, eux qui n’ont jamais quitté l’école mais représentent le savoir pas toujours objectif!

      • Ne vous tracassez pas Virgile, la cruauté des enfants n’est que le miroir de celle des adultes. Aujourd’hui les enfants sans père sont légion. Ils le savent et s’en accommodent très bien. Du moins c’est ce qu’ils croient. De fait, à l’expérience c’est un désastre…

  • Très bel article très complet.
    À vrai dire, le problème est qu’il n’y a pas débat : comme dans bien d’autres sujets, les décisions proviennent d’on ne sait où, éventuellement confortés par des sondages effectués sans que les sondés aient vraiment tous les éléments en main pour apporter une réponse éclairée.
    Pour ma part, bien qu’hétéro, j’ai déjà défilé dans une marche des fiertés contre les discriminations et j’étais favorable au mariage pour tous, mais je suis radicalement contre la PMA en l’état.
    Le problème est qu’on mélange deux choses différentes. J’ai déjà vu le cas où une lesbienne s’était entendue avec un homo pour faire un enfant et je peux assurer que la voie « naturelle » était loin d’aller de soi : dans ce cas, je ne vois pas d’objection pour qu’ils soient aidés par la science.
    Mais ce n’est pas du tout la même chose de passer par un donneur anonyme. Jusqu’ici il s’agissait d’un dernier recours face à une infertilité pathologique : mais on ne peut pas dire d’un côté que l’homosexualité n’est pas une maladie, et bénéficier des droits des « malades » en même temps. Et je ne reconnais pas davantage qu’un adulte puisse s’arroger le droit de priver un enfant du droit d’avoir un père, et de procréer en consultant un catalogue. La loi peut contraindre un géniteur à s’assumer s’il s’y refuse sur la base d’un test génétique ; mais elle arrogerait le droit à une minorité de s’affranchir de la notion de père ? C’est pour moi complètement incompréhensible. Et les problèmes liés à la rareté des donneurs (qui devraient d’ailleurs être consultés au préalable) plus la menace d’une autorisation ultérieure de la GPA me rendent hostile à cette idée, alors que j’étais particulièrement ouvert aux avancées antérieures.

  • A propos du paragraphe commençant par « Dans la mesure où il est fait appel à un donneur,… »
    Le choix d’un partenaire pour la vie de couple résulte d’un compromis prenant en compte les diverse caractéristiques physique, psychologiques, intellectuelles,… de la personne choisie.
    Celui d’un donneur de sperme se réduira à ses caractères physiques.

  • le probleme est deja qu on ne demande pas l avis des principaux interessés: les enfants.
    Apres il est clair que la strategie des groupes de pressions LBGT est claire : PACS->mariage homo->PMA->GPA
    On a eut les 2 premiers, le 3eme est en cours et le 4 sera la d ici 10 ans au plus tard. On remarque ici l hypocrisie qui consiste a nier les choses : mariage home devient mariage pour tous et mere porteuse devient GPA

    Personellement je me moque que les homosexuels se marient mais je ne crois pas au droit a l enfant. Un enfant a des droits mais je n ai pas de droit a avoir un enfant. Surtout que ca risque vite d arriver au droit a l enfant parfait vu qu on peut faire pas mal de chose avec l ADN (pour ceux que ca interesse, je vous recommande le film bienvenu a Gattaca)

    Si on est tres cynique, la PMA & GPA c est pas mal d avantage:
    – la possibilite d un filtrage genetique vu que la conception se fait en labo avec des donneurs
    – pour les mere porteuse, la possibilite de delocaliser la grossesse: au lieu de perdre 9 mois et de risuquer une fausse couche ou un trisomique (si vous etes plus trop jeune les risques augmentent) pourquoi ne pas sous traiter ca a une pondeuse indienne/africaine ? En plus vous avez une garantie de conformite a 100 % : si le bebe n est pas conforme a la commande, vous l abandonnez : http://www.lexpress.fr/actualite/monde/asie/thailande-l-enfant-trisomique-a-t-il-reellement-ete-abandonne-a-sa-mere-porteuse_1563922.html

  • Sous peu nous aurons les usines à bébés …. Hitler le socialiste l’avait crée ….. Aie aie aie !

  • « Le rapport du CCNE indique que toutes les études pour évaluer le bien-être des enfants dans des familles homoparentales émettent une conclusion positive sur le devenir des enfants. Mais il ajoute aussi, sans retenir l’objection dans l’avis favorable final :

    Les biais méthodologiques, les disparités des critères retenus et le recul encore insuffisant ne permettent pas de l’affirmer avec certitude. »
    Finalement, c’est la grande inconnue.
    Et la PMA permettra la GPA pour les couples masculins homos au nom de l’égalité et de la discrimination hommes/femmes (c’est bien dans ce sens). Pari ouvert !

    • @ Franchounet

      Il serait quand même temps que les questions concernant « toute la PMA », GPA comprise soient déclarées légales ou pas (je ne prends pas parti et refuse de le faire pour qui que ce soit d’autre! C’est évidemment à des Français de choisir: qui? À vous à décider.

      Mais il est temps: pour la seule Belgique, 2 000 enfants français sont »conçus » en Belgique « médicalement assistés », par an: Il y a même, maintenant, des « quota » afin de ne pas pénaliser les femmes belges pour des « femmes Thalys »!

      La Belgique n’est certainement pas le seul pays, bien sûr, même si facilement accessible.

      La Belgique a pris des mois pour prendre position, après un examen par le sénat, les plus « sages » des politiciens (à l’époque: la fonction et la composition du sénat ont changé depuis le fédéralisme), par une très large consultation de tout le monde civil. En « bio-éthique », le vote est traditionnellement individuel, en conscience, sans aucune consigne de parti.

      Résultat: des décisions « sérieuses » et « réfléchies » avec une exigence éthique transmise, persistante dans le temps.

      Maintenant qu’E.Macron connait bien le premier ministre belge, Ch. Michel, la France peut profiter de l’expérience d’un pays plus pionnier, à ne pas transposer en « copier-coller », évidemment.

      Et pas seulement en Belgique! (Mais c’est le pays que j’ai vu progresser).

  • Réflexions intéressantes, commentaires idem, qui relèvent d’un débat moral (discuter de ce qui est bien et de ce qui est mal) et non d’un débat politique (discuter de ce qui est permis et de ce qui est interdit). Mariage, PMA, GPA, avortement… sont des décisions de l’ordre des choix individuels qui devraient pouvoir être librement assumées et ne devraient donc pas avoir leur place dans le débat politique. C’est parce que nous vivons dans une société socialiste que ces questions deviennent politiques car il s’agit alors de savoir qui va être contraint de payer (au sens large) et pour qui. Car, bien évidemment, ces revendications comportent une exigence de « prise en charge par la société », c’est à dire par les autres, des choix individuels qui sont faits (et ne sont donc pas, d’entrée de jeu, assumés). Notons que si chacun a de la liberté de faire ce qu’il veut avec son propre corps, donc d’avorter, de donner son sperme ou de prêter son corps pour une GPA, personne n’a le droit de disposer du corps d’autrui, ce qui implique que personne ne doit pouvoir être être contraint :
    – de payer contre son gré pour les choix d’autrui (donc pas de prise en charge par la « société »)
    – de pratiquer des actes qui lui répugne (pratiquer un avortement, donner son sperme, prêter son corps pour une GPA…).
    De plus, chacun a le droit de donner publiquement son avis sur toutes questions, dont les questions morales, et donc de critiquer les choix des autres.

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Par Johan Rivalland.

À la suite de différents articles parus dans Contrepoints généralement en faveur de la GPA, je propose ici un autre point de vue, tout à fait personnel, que celui que propose par exemple Benjamin Faucher très récemment.

Il s’agit d’un point de vue éloigné des considérations politiques et qui sera assurément source de contestation, espérons-le plutôt de débat sain et sans acrimonie.

Un enjeu de civilisation ?

Si je comprends l’idée de Benjamin Faucher, le mot me semble fort. Défendre des valeurs, oui c... Poursuivre la lecture

Par Benjamin Faucher.

En année d’élection présidentielle, le sujet va probablement revenir sur la table. On pourrait prendre la légalisation de la gestation pour autrui (GPA) pour un marqueur idéologique évident, partageant l’échiquier politique entre la gauche progressiste et la droite conservatrice. Pourtant il n’en est rien : Pascal Praud a surpris dernièrement ses chroniqueurs sur Cnews en affirmant être favorable à la GPA.

Inversement, Sylviane Agasinsky, Nathalie Heinich ou Michel Onfray ont manifesté et argumenté depuis l... Poursuivre la lecture

PMA
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Par Daniel Borillo.

Après la déclaration, sans réserve, de conformité à la Constitution par le Conseil constitutionnel, la nouvelle loi bioéthique a été promulguée le 2 août 2021. L’élargissement de la procréation médicalement assistée (PMA) aux femmes célibataires et aux couples de femmes, tout comme la fin de l’infertilité (comme condition sine qua non à l’accès à cette technique) constituent, à n’en pas douter, une avancée incontestable.

Toutefois, l’enthousiasme diminue lorsqu’on constate que, dans le même texte, le législa... Poursuivre la lecture

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