Jean d’Ormesson disait qu’être bon dans les médias n’est pas le signe qu’on est un bon écrivain.
Il était bon dans les médias et grand écrivain, immortel de par ses écrits et son bel habit vert. Immortel malgré lui, puisqu’il avait en horreur l’immortalité d’ici-bas…
Parce qu’il était écrivain, il était invité dans les médias. Or il ne serait pas devenu écrivain s’il n’avait pas voulu plaire à une fille avec son premier roman. Sans succès, d’ailleurs, ni auprès d’elle, ni auprès du public…
Notre avant-guerre de Robert Brasillach, qui est un livre magnifique, lui donne envie de faire Normale comme lui.
La voie de la littérature
Une femme, un livre, et s’ébauche le destin d’un homme qui n’a pas de vocation et qui, a priori, ne veut rien faire…
Un homme qui prend la voie littéraire comme d’autres prennent la mer, de manière romanesque.
Un homme qui se rend compte que toute vraie littérature ne parle que du temps, c’est-à -dire celui de Saint-Simon, de Chateaubriand et de Proust, et qui en tient compte très naturellement quand lui-même écrit.
Un homme qui dira que Les Mémoires d’Outre-Tombe, les Essais (de Montaigne) et la Recherche sont des Å“uvres avec lesquelles on peut passer une vie entière.
Ces traits de vie caractérisent un homme en qui se fondent légèreté et gravité, étonnement et admiration, et qui, sur le tard, se reprochera un peu d’avoir trop voulu être aimé :
J’ai voulu plaire aux autres et je me rends compte qu’il vaut mieux se plaire à soi-même.
Des mots qui faisaient mouche
Il était invité par les médias parce qu’il faisait mouche en quelques mots, plus profonds qu’ils ne paraissaient dans l’instant :
Hugo est un baiseur et Chateaubriand est un séducteur.
Je n’ai pas du tout l’angoisse de la page blanche, mais celle de la page écrite.
Imaginez quelqu’un qui va faire un attentat, qui va donc accepter de mourir, et il va se dire : Oh ! Je vais perdre ma nationalité française !
La Pléiade, ce n’est pas fait pour être lu, mais pour être là .
Altruisme élégant
Ce conteur, cet écrivain, qui aura écrit paresseusement une quarantaine d’ouvrages, était un joyeux mélange de tradition et de modernité, car, pour lui, la tradition ce n’était pas se complaire dans le passé mais regarder vers l’avenir.
Son altruisme était sa manière élégante de faire oublier – lui s’en souvenait – qu’il était un privilégié, bien né et bien entouré, mais que ce n’était pas une raison pour s’en enorgueillir :
La naissance est le lieu de l’inégalité. L’égalité prend sa revanche avec l’approche de la mort.
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Comme un bon vin et lui fut excellent, il était devenu avec le temps encore meilleur. Son espièglerie, sa légèreté profonde, sa lucidité, son élégance naturelle, sa courtoisie… me manqueront.
@ Sans blague
C’était un Prince! Lui (ils ne sont pas nombreux!) il possédait ce que le mythe de “l’élégance française” représente: la pétillance de son regard, toujours un peu moqueur et souriant, ses formules précises qui disent tout, ses réparties inattendues qui interrogent, une bonté qui ne condamnait qu’exceptionnellement, je crois qu’il aimait la vie, le monde, les gens et lui-même: la formule magique!
Un très Grand “Monsieur”!
“Je suis pleinement favorable au mariage gay, mais seulement entre politiciens de gauche. Tout ce qui peut contribuer à leur non-reproduction est un bienfait pour tous”
Jean d’Ormesson
On devrait l’étendre à tous les gens de gauche, qui empoisonnent notre existence et notre avenir!
@ Virgile
Laissez tomber vos lunettes binaires “gauche-droite”: elles pervertissent votre perception de la réalité!
Du râleur très déçu votant Front National, par réaction, à l’illuminé qui espère encore que le communisme français dépasse les modèles chinois ou soviétiques, il y a des citoyens (politisés ou pas!) sur votre éventail qu est très loin de la réalité vécue!
Votre histoire est écrite et la “gauche” y a participé! C’est la présence nombreuse de communistes qui a fortifié la résistance, ce qui lui a valu une place dans les gouvernements d’après guerre! C’est l’histoire! Et nier les changements humanistes de 1936 et après, qui n’ont fait que, comme partout, prendre en compte la partie “travail” de la production de produits finis, il a bien fallu la gauche pour y arriver!
Désolé, mais vos compatriotes ont majoritairement des tendances “de gauche”! Et “la droite” désunie reste “la plus bête du monde”!
Créez votre parti libéral et on verra bien!
@mikylux
A ce propos, Jean d’O disait, entre autres: Quand je discute avec un homme de gauche, je me sens de droite et quand je discute avec un homme de droite, je me sens de gauche.
Qui dit mieux?
Une autre version lue dans le “questionnaire Jean d’Ormesson (Le Point du 7/12) :”Je me sens parfois de gauche en face de gens de droite. Je me sens toujours de droite en face de gens de gauche”.
@ Synge et @ Sans blague
En vieillissant, je crois que chacun à un trésor, souvent caché mais qu’il vous dévoilera doucement si vous avez la patience de l’écouter se raconter.
Face à J.d’Ormesson, on ne parvenait pas à faire autrement, quel que soit le sujet: sa conversation était suave dans le fond comme dans la forme!
Vous y allez un peu vite dans votre résumé historique, sur 36 et la résistance et les communistes . Il y a les apparences et ce que on ne voit pas . L’analyse historique sérieuse de ces périodes problématise grandement(pour être courtois) vos assertions…
@ Did
J’avoue: c’est un plaidoyer partisan “emprunté” (je n’ai jamais eu la moindre sympathie pour le communisme(, sauf en 1956 pour la Hongrie – premier “printemps”-, contre les chars,) pas même en ’68!).
Ce qui m’agace, c’est le parti pris pour la “droite” comme plus proche du libéralisme qui, le libéralisme, dans ma conception, a une importance pour moi sans pour autant condamner tous ceux qui sont “de gauche” comme “des ennemis à détruire”!
Corollaire: un certain espoir de voir E.Macron rassembler les Français dans un large “centre”, bien moins idéologique que pragmatique. Je crois que le “modèle” théorique s’appelle “sociale démocratie”, sorte d’idéal européen à maintenir dans un difficile équilibre entre 27 partenaires et entre forces socialistes et néo-libérales (si, ça existe dans la réalité si pas dans le libéralisme théorique français!)
C’est pour ça que j’invite les Français à fonder un parti libéral significatif qui trouvera des partenaires dans les partis-frères existant un peu partout en Europe, pour se lancer enfin dans le concret!