Les hologrammes remplaceront-ils les rapports humains ?

Les quelques années qui arrivent risquent d’être décisives dans l’évolution des hologrammes, et les réponses à certaines de ces questions pourraient bien être surprenantes…

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Les hologrammes remplaceront-ils les rapports humains ?

Publié le 15 novembre 2017
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Par Théophile Gacogne.

Aujourd’hui, le terme « hologramme » est utilisé pour caractériser toutes sortes de représentations d’images fixes ou en mouvement en trois dimensions, qui semblent flotter dans les airs.

Depuis plusieurs années maintenant, les hologrammes ne sont plus réservés au monde du cinéma ou de la science-fiction. Différentes technologies ont déjà été mises au point pour rendre les représentations holographiques possibles. Ces technologies sont utilisées dans toutes sortes de secteurs différents.

Des hologrammes dans tous les secteurs

Certaines entreprises ont développé des appareils capables de projeter des hologrammes destinés à de l’affichage publicitaire, d’autres se sont concentrées sur les hologrammes dans les spectacles vivants, on assiste même cette année à l’ouverture du premier théâtre holographique du monde à Hollywood.

Mais les utilisations des hologrammes ne se limitent pas à la pub et au divertissement. Le secteur de la défense et les forces armées utilisent des procédés holographiques pour voir à travers les murs et ainsi détecter des ennemis dans une pièce voisine, ou encore des rescapés dans les décombres de bâtiments endommagés dans les zones de combat, ou dans les pays touchés par des catastrophes naturelles…

Le monde de la médecine utilise aussi des hologrammes dans ses processus de détections de cancers et d’autres maladies graves, ainsi que dans certaines parties de leurs programmes de formations professionnelles… Bref, les hologrammes sont de plus en plus présents dans notre vie de tous les jours, et ce phénomène n’a pas l’air d’être prêt à ralentir…

Les hologrammes et le lien émotionnel

En ce moment, des chercheurs américains se posent des questions sur les possibilités de création de liens émotionnels entre un individu en chair et en os, et un personnage sous la forme d’une représentation holographique.

En partant de cette problématique, plusieurs expériences ont été menées, et certaines toujours en cours. Deux des exemples les plus marquants sont celui de la Shoah Foundation, et celui des expériences de l’entreprise 8i.

Le projet « New Dimensions in Testimony »

Le titre de ce projet signifie « De nouvelles dimensions dans le témoignage ». C’est la Shoah Foundation de Los Angeles qui est à l’origine de ces recherches, qui utilisent les hologrammes ainsi que la réalité virtuelle et la réalité augmentée. La fondation a été créée en 1994 par le célèbre réalisateur Steven Spielberg.

Elle est entièrement dédiée à faire vivre le souvenir des atrocités commises lors du génocide de la communauté juive pendant la Seconde Guerre mondiale. Pour ce faire, l’organisation se concentre sur l’enregistrement des récits de vie et des souvenirs racontés par les survivants de cette période noire de l’histoire de notre civilisation.

Pour ce nouveau projet, la fondation enregistre les témoignages de rescapés de la Shoah dans un studio spécialement conçu pour l’enregistrement de vidéos holographiques, puis retransmet les clips obtenus dans différentes parties de leurs locaux.

Pour rendre l’expérience encore plus impressionnante, et pour parvenir à créer un lien émotionnel entre l’hologramme et son interlocuteur, la fondation a développé un logiciel de traitement du langage qui est censé offrir une discussion naturelle entre une machine et des individus du monde réel.

Les vidéos de témoignages holographiques couplées à ce logiciel de discussion permettent d’obtenir une expérience impressionnante, durant laquelle le spectateur est également interlocuteur du personnage en hologramme qui raconte son histoire, et qui répond aux questions que l’on lui pose…

Les premiers visiteurs des locaux de la fondation qui ont eu la chance de vivre l’expérience ont tous témoigné du fait que les discussions qu’ils avaient eues avec la représentation holographique des survivants de la Shoah étaient d’un naturel déroutant. Certains ont même avoué s’être sentis coupables d’avoir par mégarde coupé la parole de l’hologramme avait qui ils conversaient.

Autant dire que c’est un pari réussi pour la Shoah Foundation, qui parvient à toucher ses visiteurs d’une façon novatrice en leur faisant vivre des témoignages poignants de manière intense et immersive grâce aux hologrammes.

Les souvenirs holographiques

Pour continuer sur une touche un peu plus joyeuse, abordons le sujet des expériences de l’entreprise 8i, start-up américaine elle aussi basée à Los Angeles, qui consacre tous ses efforts au développement d’hologrammes. En 2015, l’entreprise effectuait des tests avec leur nouvelle technologie d’enregistrement de vidéos holographiques.

Pour l’occasion, ils ont lancé des appels de castings de plusieurs profiles d’individus qu’ils voulaient tenter de modéliser et dont ils voulaient créer des représentations holographiques. Parmi les profils recherchés se trouvaient une mère et son bébé. C’est Ashley Scott qui s’est prêtée au jeu, avec sa fille Reese, alors âgée de quatre mois.

La mère et son enfant se sont donc rendues dans les studios de 8i et y ont enregistré des vidéos sur fond vert avec plus de quarante caméras vidéo placées tout autour d’elles.

Une fois les images sources enregistrées, elles doivent être transformées pour obtenir une vidéo holographique. Cette transformation se fait grâce à un logiciel développé en interne par 8i, qui permet de reconstituer des vidéos en trois dimensions en comblant les éventuels « trous » dans les données brutes enregistrées par les nombreuses caméras.

Il s’agit d’un logiciel complexe utilisant des technologies de pointe, qui était encore à l’état de prototype à l’époque, et qui est encore aujourd’hui en phase de perfectionnement. Les clips reconstitués par le logiciel peuvent ensuite être visualisés avec un casque de réalité virtuelle, ou en utilisant une application pour smartphone développée elle aussi par 8i, intitulé Holo.

Quoi qu’il en soit, il semblerait que le prototype de l’époque fût déjà relativement efficace, puisque la première fois qu’Ashley a enfilé son casque de réalité virtuelle pour visionner sa propre représentation holographique et celle de sa fille, est s’est presque instantanément mise à pleurer.

Le résultat était tellement réaliste que l’expérience fut un vrai choc pour la jeune maman. Cette réaction incontrôlée et incontrôlable a également profondément touché les membres de 8i, qui ont alors commencé à prendre conscience de l’ampleur du projet sur lequel ils travaillaient, et sur la puissance émotionnelle que pouvait avoir un hologramme sur un individu.

Suite à cette expérience, d’autres sujets, dont des employés de l’entreprise et certains de leurs amis proches, ont commencé à enregistrer des hologrammes de leurs enfants, en guise de média souvenir, dans le but de les re-visionner dans le futur pour se remémorer les bons moments passés.

De nombreux parents qui ont participé à cette expérience ont exprimé le sentiment que leurs enfants grandissaient trop vite, et ont avoué que le fait d’enregistrer des représentations holographiques de leurs progénitures à différents stades de leur croissance pouvait d’après eux devenir un nouveau standard dans la pratique de sauvegarde d’un moment en particulier. Fini les diapositives, les albums photos de vacances, et les vidéos classiques des spectacles de l’école…

En plus de pouvoir enregistrer des vidéos holographiques d’individus, on peut ensuite les incorporer dans des univers virtuels, ou les superposer avec des personnages en chair et en os dans des vidéos de réalité augmentée. Il est donc envisageable de créer une vidéo dans laquelle on voit un enfant d’un an, danser aux côtés d’une version de lui à ses deux ans, pendant que la version du même enfant âgé de 5 ans serait en train de jouer d’un instrument, etc… Les possibilités sont illimitées.

Et demain ?

Ces deux expériences semblent bien montrer que les technologies holographiques développées à ce jour sont déjà assez performantes et efficaces pour créer des hologrammes au niveau de réalisme suffisant pour obtenir des réactions émotionnelles plus ou moins fortes de la part des individus qui sont soumis à l’expérience. Plusieurs questions se posent alors :

Des réactions uniquement liées à la nouveauté ?

Souvenez-vous de l’anecdote racontant que les premiers spectateurs qui ont assisté à la projection du court métrage « L’arrivée d’un train en gare de La Ciotat » sorti en 1896, donc très peu de temps après les premières projections cinématographiques du monde, seraient sorti de la salle en courant, effrayés que le train à l’écran leur arrive vraiment dessus.

Cette anecdote a été démentie par certains, et reste mystérieuse aujourd’hui, mais elle prouve bien que les nouvelles expériences peuvent déclencher des réactions émotionnelles et des comportements irrationnels chez les individus.

Ce qui peut nous amener à nous demander si les réactions que déclenchent les hologrammes aujourd’hui sont liées à l’aspect nouveauté de la technologie, et si oui dans quelle mesure ? Cette immersion deviendra-t-elle banale une fois qu’elle sera généralisée ? Est-on en présence d’une technologie qui fera le Buzz et qui tombera dans l’oubli rapidement, ou sommes nous témoins de la naissance d’une véritable révolution technologique qui changera à jamais notre vie au quotidien ?

Jusqu’où ira-t-on ?

Les progrès technologiques en matière de création d’hologrammes se font à une vitesse folle, et ne sont pas prêts de s’arrêter. Lorsqu’on voit que les techniques « basiques » d’enregistrement de vidéos holographiques permettent déjà d’obtenir un réalisme impressionnant et que notre cerveau est déjà en partie trompé par ces hologrammes au point de les confondre avec de véritables êtres humains dans certaines situations, que peut-on attendre des évolutions à court, moyen, et long terme dans ce secteur ?

On se souvient de la théorie du célèbre milliardaire Elon Musk, qui évoque la possibilité que nous vivions tous dans une réalité virtuelle, un peu comme dans le film « MATRIX » de la fin des années 90’…

Si les progrès continuent au rythme d’aujourd’hui, ou pire, que les découvertes explosent de manière exponentielle, serait-il possible que la science-fiction devienne réalité ? Pourrions-nous bientôt choisir dans quel univers évoluer, et passer le plus clair de notre temps dans un monde artificiel sous la forme d’un avatar holographique, entouré d’hologrammes plus vrais que nature ?

Les technologies que l’on pensait pendant des années réservées exclusivement au monde de l’imaginaire, et que nous utilisons maintenant quotidiennement ne sont pas rares. En sera-t-il de même avec la technologie d’immersion complète dans d’autres dimensions créer artificiellement ? Et dans ces environnements artificiels, les hologrammes sont ils en phase de remplacer les rapports humains ?

Les quelques années qui arrivent risquent d’être décisives dans l’évolution des hologrammes, et les réponses à certaines de ces questions pourraient bien être surprenantes…

 

Source : https://www.hologramme-france.com/souvenir-holographique/

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  • je suis loin d’être un spécialiste de l’holographie, mais il me semble que s’il est nécessaire d’avoir un casque de réalité virtuelle il s’agit plutôt… de réalité virtuelle, pas véritablement d’un hologramme.
    Le travail de l’entreprise 8i tel que présenté ici semble plutôt correspondre à de l’incrustation d’une image en 3D dans la réalité, ce que fait aussi… Pokemon Go.

  • C’est génial ,la prochaine étape sera faire naître une émotion à un hologramme face à un autre hologramme…..
    Bon , ,sérieux de la 2 D permet également l’émotion et même un simple coup de fil….tout ça n’a vraiment aucun intérêt..à part pour les publicitaires …si les gogos existent encore ainsi que la publicite l
    Quoique pour les match du PSG ,pouvoir supprimer les spectateurs serait sécuritaire..et puis un hologramme n’a pas besoin de millions tous les mois.

  • Les commentaires sont fermés.

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