Sommes-nous au début ou à la fin d’un cycle ?

Nous pensons être à la fin du cycle économique selon l’économie autrichienne. Dans ce cas, la gueule de bois qui suit l’abondance de liquidités est pour bientôt.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Sommes-nous au début ou à la fin d’un cycle ?

Publié le 9 août 2017
- A +

Par Nick Hubble. 

La théorie autrichienne du cycle économique (ou ABCT, pour Austrian Business Cycle Theory) explique comment les banquiers centraux fabriquent les booms et les récessions qu’ils prétendent empêcher ou du moins minimiser.

Bien que la théorie ait été d’abord raillée par les économistes allemands traditionnels, elle a été reprise par les investisseurs qui la trouvèrent utile du fait de son fort pouvoir prédictif.

Comme avec toutes les théories de cycles, la question clé est de savoir où nous en sommes actuellement. Identifier sa situation dans un cycle permet de positionner profitablement ses investissements.

L’ABC de l’ABCT

Pour tenter de comprendre les crises comme celle de 2008, ce n’est pas tant la récession qu’il faut étudier, mais le boom (les anglophones pourront visionner Fear the boom and bust, une superproduction Econstories).

Pour ceux qui préfèrent la lecture, nous reprenons la métaphore. L’ABCT est assez semblable à une sortie très arrosée. Au début d’une réception, vous buvez un peu et c’est très agréable. Puis, quelqu’un dope le punch et la fête commence alors vraiment. La soirée échappe à tout contrôle lorsque survient un événement désastreux – invités se dénudant, meubles, membres ou cœurs brisés. Généralement, c’est tout cela à la fois. Enfin, arrive la gueule de bois.

Dans la version économique de ce cycle, la banque centrale dope le punch. Au début du boom, les taux d’intérêt sont bas, ce qui encourage l’emprunt et l’investissement. Mais à partir d’un certain moment, le boom, l’expansion, dérapent et la banque centrale perd le contrôle.

La banque centrale finit par resserrer les taux d’intérêt et la fête est finie. Arrive là-dessus une crise – généralement financière – et alors le malaise économique qui suit correspond à la gueule de bois.

La banque centrale tente de faire redémarrer l’économie en offrant un dernier verre avec des taux d’intérêt encore plus bas. Et le cycle se répète.

La plupart des théories économiques expliquent le boom et la récession séparément. L’ABCT propose une explication globale – pour tout le cycle. C’est pour cela que cette théorie offre un tel pouvoir prédictif. Tout se répète.

De nos jours, l’ABCT est mieux connue du grand public. Même si personne ne l’admet, on utilise sa terminologie qu’auparavant on rejetait comme incorrecte. Par exemple, le « malinvestissement » est l’investissement guidé par la manipulation des taux d’intérêt par la banque centrale, et qui est considéré comme une erreur durant une crise. Les ensembles immobiliers fantômes en Irlande et au Nevada en sont de bons exemples.

Mais cela ne répond toujours pas à la question : où en sommes-nous aujourd’hui dans le cycle ?

Boom ou récession ?

Les gens qui étudient les cycles ont tendance à ne pas avoir besoin qu’on leur explique ce qui se passe. Après tout, qui a besoin d’explications quand on peut simplement utiliser un timing de cycle pour prédire les marchés comme celui de l’immobilier et le marché boursier ?

Pour autant que je puisse en juger, les banquiers centraux du monde entier en sont à diverses étapes de leur réduction progressive dans leur soutien monétaire à la crise. Le PIB augmente progressivement et l’inflation suit le rythme. Les marchés boursiers sont dans une tendance haussière.

Mais les banquiers centraux resteront-ils maîtres de la situation en relevant les taux d’intérêt ? La politique monétaire fonctionne-t-elle vraiment comme le laisse croire la théorie générale ?

Pour Jim Rickards, l’expansion économique mondiale commence à se faire vieille. Les crises financières éclatent régulièrement. On s’y attend déjà depuis quelques temps.

Les banques centrales ont à peine commencé leur habituel cycle de hausse. Les taux dans les économies développées sont à peine en hausse.

Les taux d’intérêt connaissent une tendance à la baisse depuis les années 1980. Chaque pic dans un cycle de hausse des taux est plus bas que le précédent. Il n’est donc pas surprenant que le cycle de hausse actuel ne représente qu’une hausse minuscule.

Il ne faut pas oublier qu’une hausse des taux de 0,25% à 0,5% est un doublement des taux, tout comme l’est une hausse de 2,5% à 5%.

Où sommes-nous vraiment ?

Nous l’apprendrons en payant le prix fort.

La pagaille dans les retraites américaines commence à se faire sentir

General Motors (GM) a publié une présentation détaillant ses développements financiers attendus dans les mois à venir. On peut y lire cette phrase remarquable : « projet pour lever environ 3 Mds$ de dette aux États-Unis pour répondre aux engagements dans les fonds de pensions. »

Ceci est extraordinaire, pour trois raisons.

Une grande entreprise emprunte de l’argent pour payer ses retraités ? Les retraites sont censées être payées à partir d’actifs investis. Pourquoi GM ne vend-elle pas des placements faits antérieurement pour répondre à ses engagements en la matière ?

Emprunter de l’argent pour payer ses obligations sur les retraites ressemble fort à de la cavalerie financière ou à un système de Ponzi. L’argent d’un emprunt doit être investi pour générer un rendement afin de pouvoir rembourser la dette. Emprunter de l’argent pour répondre à des engagements sur les retraites ne génère pas un rendement et ce n’est pas un investissement. C’est une utilisation dangereuse de la dette. Elle met l’entreprise en plus mauvaise posture. Et par conséquent, en plus mauvaise posture encore pour répondre aux obligations futures sur les retraites.

GM a fait faillite au cours de la dernière crise financière ; pourtant elle doit encore répondre à ses obligations en matière de retraites en empruntant. Comment l’entreprise peut-elle être dans un si mauvais état si rapidement après un dépôt de bilan ? Comment s’est-elle réellement sortie de la faillite alors qu’elle ne peut pas assumer ses engagements sur les retraites ?

Le chroniqueur financier Peter Atwater explique que « la plupart de l’émission obligataire de 3 Mds$ sera achetée par les fonds de pension d’entreprises qui émettent de la dette pour acheter la dette d’entreprises qui elles-mêmes l’émettent pour financer les plans de retraite. » Oui. Vous avez bien lu, pas d’erreur de traduction. (« Much of the $3 billion bond issue will be bought by pension funds of companies who issue debt to buy the debt of companies raising debt to fund pension plans »).

En d’autres termes, les entreprises s’empruntent mutuellement de l’argent pour leurs plans de retraite. Pourquoi ? Parce qu’elles ne peuvent les financer normalement.

Ce système de retraite des grandes entreprises américaines est bien de la cavalerie. Les fonds de pension s’empruntent de l’argent les uns aux autres pour répondre à leurs demandes de retraites. Au sein d’un seul fonds, ce serait de la fraude.

La pression vendeuse que ces fonds pourraient créer s’ils se mettaient à vendre leurs actifs restants serait dangereuse. Tout comme les fonds de pension ont fourni un flux régulier d’achats sur les marchés financier avec les cotisations versées par les travailleurs, l’argent pourrait ressortir.

Voilà pourquoi cela devient également votre problème — qui dépasse peut-être les classiques théories cycliques.

Pour plus d’informations et de conseils de ce genre, c’est ici et c’est gratuit

 

Voir les commentaires (6)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (6)
  • GM qui lève trois milliards de dollars pour faire face à ses engagements sur les retraites… ça fout la trouille. Etrangement, l’info est sortie fin juin et le cours de bourse de GM ne s’est pas effondré.

    • Faudrait voir par rapport à son chiffre d’affaires, ses profits, son bilan comptable réel (pas truqué). 3 milliards de dollars, c’est peut être des peannut pour Ford.

    • Beaucoup de sous-entendus qui n’existent peut-être pas : GM manquerait-elle à ses engagements si elle ne pouvait lever ces 3 Mds. ? N’est-ce pas de bonne gestion que de mutualiser les dettes correspondant aux retraites afin que les éventuels défauts soient absorbés au lieu de laisser sur la paille les retraités du failli et de tourner en nababs ceux des success stories ? N’est-il pas normal d’optimiser sa gestion financière, de préparer ses échéances de débours sans compromettre son calendrier d’investissements, etc. ?

      • Pour voir la bonne réponse, il faudrait parler avec la personne qui a pris cette décision. Il y a peut être une logique qui nous échappe.

      • Mon oncle a travaillé toute sa vie chez Nortel. J’en ai entendu des histoires: vols, fraudes, magouilles comptables, haute direction qui supporte le chef du syndicat qui a volé le fond de grève des employés, Une haute direction qui avait une comptabilité très créative (transformé des déficits en profits).

        C’est pas facile de juger une compagnie lorsque nous n’avons pas toutes les informations.

      • Je ne suis pas familier avec la comptabilité en générale. Peut être pourras-tu me dire si je me trompe.

        Selon le site suivant:
        http://www.zonebourse.com/FORD-MOTOR-COMPANY-12542/fondamentaux/

        Ford résulats nets (profits?) 2016 = 4,6 Milliards $

        Donc, si je ne me trompe pas, ils auraient pu amputer les profits pour payer le 3 milliards $ au lieu de l’emprunter.

        Pour 2017, ils anticipent un résulats nets de 6,8 milliards $

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L'influent économiste Olivier Blanchard (ancien économiste principal au FMI) avait prévu, un peu imprudemment, que les taux d’intérêt (réels) allaient rester faibles et inférieurs aux taux de croissance réels pour les 20 prochaines années, et cela pour tous les pays (cf. PIIE, Reexamining the economic costs of debt, O. Blanchard, Nov. 2019). Donc inutile de procéder à un ajustement, la dette publique allait décliner par enchantement.

Pour M. Blanchard, les taux étaient sur une tendance séculaire à la baisse depuis le XIVe siècle… Dans ... Poursuivre la lecture

Par Damien Theillier Un article de l'Institut Coppet

[caption id="attachment_218127" align="alignleft" width="230"] J-B Say, domaine public.[/caption]

Jean-Baptiste Say est né à Lyon en 1767. Il est issu d’une vieille famille protestante du sud de la France, qui s’est installée à Genève puis à Paris. À l’âge de quinze ans, au plus fort de la Révolution française, il est fortement influencé par l’autobiographie de Benjamin Franklin, ses principes d’économie, d’éducation et de vie morale. Il passe également deux ans à Londres, où ... Poursuivre la lecture

Image générée par IA
2
Sauvegarder cet article

J’avais proposé, par le passé, sept lectures en économie autrichienne. Si il y a bien évidemment, encore cette fois-ci, des lectures autrichiennes, quelques lectures n’en sont pas, ou pas nécessairement.

 

Scientisme et sciences sociales - Friedrich Hayek

Ce livre court mais très instructif n’est pas vraiment un livre sur l’économie, mais plutôt sur la méthodologie en vigueur dans les sciences et notamment les sciences sociales, et la différence entre celles-ci et les sciences exactes. Scientisme et sciences sociales revie... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles