Et si on (re)lisait Stefan Zweig cet été ? (5)

Une série destinée à vous faire découvrir ou redécouvrir l’œuvre de l’auteur autrichien Stefan Zweig. Aujourd’hui, présentation de « La peur » et « Révélation inattendue d’un métier », deux nouvelles captivantes.

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Stefan Zweig au Jardin du Luxembourg by Jeanne Menjoulet(CC BY 2.0)

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Et si on (re)lisait Stefan Zweig cet été ? (5)

Publié le 9 juillet 2017
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Par Johan Rivalland.

La peur

La peur est bien pire que la punition, parce que cette dernière est quelque chose de précis ; forte ou petite, elle est toujours préférable à la tension horrible de l’incertitude.

Cette phrase, prononcée par l’un des personnages, est à la fois emblématique de ce dont il va être question dans cette nouvelle et suffisamment énigmatique pour que je ne vous en dévoile pas prématurément le contenu.

Une nouvelle palpitante de Stefan Zweig
La Peur de Stefan Zweig

La peur constitue, de mon point de vue, l’une des meilleures nouvelles de Stefan Zweig.

L’auteur, pour ceux qui connaissent bien ses oeuvres, nous a habitués à la finesse de ses analyses psychologiques, à ce qu’il parvient à communiquer de façon remarquable et même incroyable à ses personnages.

Ici, nous sommes dans l’accomplissement ultime et la représentativité parfaite de ce qui constitue le caractère unique et la qualité de ses nouvelles. On adhère parfaitement au personnage, sans le juger, on se confond avec lui et on ressent pleinement la tension qui le hante, le ronge jusqu’au plus profond de son âme.

Le sujet : une femme bourgeoise, probablement en mal d’événements qui changent de l’ennui du quotidien, malgré une vie accomplie d’épouse et de mère qui ne manque de rien, ou justement parce qu’elle ne manque de rien, commet l’adultère. Déjà angoissée et quelque peu nerveuse chaque fois qu’elle quitte les bras de son amant, sa tension va être accrue par certains événements qui vont mettre ses nerfs à rude épreuve, lui donnant quelques raisons sérieuses de paniquer.

Une tension permanente, pour une nouvelle forte et surprenante jusqu’au bout.

  • Stefan Zweig, La peur, Rivages, avril 2013, 128 pages.

Révélation inattendue d’un métier

Révélation inattendue d’un métier. De quel métier, au juste ? Je ne vous le dirai pas. Mais sa description est absolument unique.

D’autres s’y sont intéressés, tel le célèbre auteur du célèbre roman cité par Stefan Zweig lui-même, mais que je me garderai bien de vous citer, afin de ne pas vous mettre la puce à l’oreille.

Une nouvelle fois, nous nous trouvons ici dans l’évocation de la psychologie humaine, ses ressorts, sa part secrète, magnifiquement décrite et mise en lumière par cet expert en description du ressenti humain qu’est Stefan Zweig.

Un homme, qui éprouve après plusieurs années le grand plaisir de retrouver Paris l’espace de quelques jours, décide de se livrer à un petit jeu qu’il affectionne : suivre une personne et observer ses déplacements, ses agissements, ses moindres gestes, les caractéristiques de sa personnalité. Et deviner ainsi qui peut se cacher derrière cette âme, ce qui la caractérise, ce qu’elle peut ressentir.

Mais pour cela, il convient de ne pas retenir n’importe qui.

Après une bonne demi-heure qui s’avère non concluante, il s’apprête à abandonner, lorsqu’il remarque cet homme au pardessus jaune élimé, dont l’attitude l’intrigue. La personne idéale pour ce petit jeu d’observation.

Mais qui se cache derrière cet homme et que fait-il au juste ?

C’est ce que Stefan Zweig va nous permettre de découvrir, en adhérant une fois de plus au personnage, avec lequel on se prend à se confondre, en oubliant temporairement ses a priori et ses principes les plus absolus.

Une nouvelle captivante et passionnante, avec son lot de surprises et rebondissements.

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