Par Mathieu Bédard.

Jusqu’à récemment, tout ce que vous pouviez savoir à propos d’un vin vendu à l’épicerie, outre son nom, était sa couleur. Syrah, cabernet sauvignon et merlot étaient vendus sous un seul et même « cépage » : rouge.
Affichage de l’information : pas interdite partout
Une loi adoptée en décembre permet maintenant d’inscrire plus d’information sur les bouteilles. On pourra dorénavant indiquer le cépage du vin, soit le type de raisin qui entre dans sa composition. En revanche, il est toujours interdit d’inscrire le nom de lieu ou d’aire géographique réservé selon la législation du pays d’origine. L’étiquette sur la bouteille d’un vin vendu en épicerie peut donc mentionner s’il s’agit d’un cabernet sauvignon ou d’un merlot, et si le vin vient par exemple de France ou d’Espagne.
Mais il est encore interdit de dévoiler l’appellation, c’est-à-dire s’il s’agit d’un Côtes-du-Rhône ou un Beaujolais-villages, alors que cette information est disponible sur les bouteilles achetées dans les succursales de la SAQ1.
Pourtant, n’importe quel amateur de vin vous confirmera que cette information est essentielle. Les merlots de France n’ont pas tous le même goût !
Quelle logique dans ce peu de transparence ?
Quelle logique s’applique derrière cette nouvelle réglementation ? Celle de la protection du consommateur… celle de la protection de la SAQ ?
La réponse est sans équivoque. Alors que l’éducation à propos des vins est parfois considérée comme l’une des principales raisons derrière l’existence de la SAQ, la loi empêche en même temps une certaine forme d’éducation pour les consommateurs achetant leur vin à l’épicerie. Il n’y a aucune justification légale ou sanitaire à ce genre de règle.
Imposer l’obligation d’informer… mais pas pour tout le monde
La plupart du temps, lorsque l’État cherche à justifier la réglementation de l’économie, il invoque le manque d’information. L’État intervient donc sur presque tous les marchés et force les entreprises à divulguer toutes sortes de données pour éclairer les choix des consommateurs, par exemple les informations nutritionnelles des aliments, la consommation énergétique pour les appareils électroménagers ou celle d’essence pour les voitures. La loi l’oblige et, bien souvent, il s’agit d’informations très utiles qui permettent de prendre de meilleures décisions de consommation.
Parfois, ces exigences ont même un coût important pour les entreprises, alors que les informations ne sont pas toujours lues. Dans ce cas-ci, en revanche, l’État veut délibérément tenir les consommateurs dans l’ignorance de sorte qu’ils soient incapables d’identifier correctement le vin lorsqu’il est vendu par quelqu’un d’autre que lui.
Il n’y a tout simplement aucune raison à cette interdiction, à part la protection du monopole de l’État qui a manifestement une crainte : si les consommateurs avaient davantage d’informations sur les vins disponibles dans les épiceries, ils verraient moins l’utilité de faire le détour par une succursale de la SAQ.
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- Société des Alcools du Québec. ↩
L’administration québécoise brillerait-elle par son incompétence en ce domaine précis ? C’est une décision ridicule . Un vin de cépage est différent d’un terroir à l’autre . Quant aux crus (châteaux , domaines …etc.) , une indication d’origine est une nécessité pour le consommateur avant d’acheter un produit . Le Québec agit-il de la même façon quand il s’agit de produits cosmétiques , pharmaceutiques , ménagers , industriels , etc. ? Qu’en est-il du Traité de libre échange CETA ? Quand j’achèterai du sirop d’érable , je veux que ce soit de l’authentique sirop d’érable du Canada et non un succédané mélange de sirop de maïs ou autre saloperie …